Les festivités du 50ème anniversaire se déroulent à de nombreux endroits sur le territoire : compétitions sportives, expositions, soirées, etc... Parfois quelques changements de programme impromptus qu'il est difficile de suivre (changements de salle, d'horaires). La communication sur les modifications est tardive, voire inexistante, seul le bouche à oreille permet de les connaître. Une petite confusion est également parfois de mise car il existe deux comités d'organisation, l'un qui est officiel et l'autre lié aux "rénovateurs" du nord. Cette double programmation est liée aux séquelles d'évènements datant de 2005, dont vous pouvez avoir une idée en lisant la fiche Wikipédia de Wallis. L'île s'était divisé alors en partisans loyaux au roi et un camp, qui a été présenté comme "rénovateurs", qui souhaitait une évolution des coutumes et introniser un autre roi.
Je suis allé lundi 25 février à une soirée organisée par "les rénovateurs" qui se tenait au Nord à Vaitupu, juste à côté de l'église Saint-Pierre et Paul. Le préfet du Territoire était l'invité d'honneur. Il s'agissait d'un tauasu, qui est une coutume locale consistant en une veillée pendant laquelle on déguste le kava et où l'on évoque la vie du village. Compte tenu de l'anniversaire du statut, le kauasu avait été élargi et le thème du débat était justement l'évolution du statut. La petite place avait été décorée d'immenses guirlandes tendues aux couleurs du drapeau français. Une large banderole au balcon de la maison paroissiale accueillait tous les invités.
Joyeux Anniversaire, Wallis ...
Le représentant des rénovateurs a prononcé un discours dans lequel il a tenu à rappeler le profond attachement de l'île à la République française, il a émis le souhait de voir le statut évoluer et il a mis l'accent sur la future modernisation nécessaire de l'île, et notamment de ses infrastructures. Il a exprimé également le voeu que l'Etat investisse davantage dans l'éducation. Le préfet a tenu à remercier ceux qui l'avaient invité, et dans son discours il a surtout insisté sur le sens de sa visite. Elle n'était pas destinée à prendre parti pour l'un ou l'autre des camps, mais à entendre toutes les revendications qui s'expriment sur le territoire. Il a insisté sur la nécessité de la réconciliation, il a rappelé la devise républicaine en mettant l'accent sur la fraternité indispensable pour la cohérence d'une société.
Ces discours étaient à chaque ponctués par la cérémonie du kava et des danses. Le kava est une boisson présente dans toutes les îles du Pacifique, qui joue un très grand rôle dans la vie culturelle et religieuse. C'est une boisson euphorisante, anesthésiante et qui aurait également des effets diurétiques. Elle est tirée d'une plante nommée kawa. Cette boisson imprègne depuis des temps très anciens la vie culturelle et religieuse des îles. Elle a la réputation d'améliorer la sociabilité, de permettre une discussion pacifique entre les membres d'une communauté. Lors du tauasu, à intervalles réguliers, une voix retentissait et quelques hommes et femmes se levaient pour offrir cette boisson à l'ensemble des invités, y compris les papalanis. Ils se penchaient vers de grands récipients, y puisaient le breuvage puis venaient gentiment nous tendre les petits bols en bois remplis de kava. J'y ai donc goûté, et en toute sincérité ... je n'ai pas aimé. Je trouve à la boisson un goût poivré, très inhabituel et surprenant.
Distribution de kava
Pour résumer la soirée, il y eut un peu de tauasu, un peu de kava mais surtout beaucoup de danses ... Ce sont les danses qui ont été la principale attraction de la soirée. Dans une atmosphère bon enfant et festive, les danses se sont multipliées. Elles se faisaient dans une totale improvisation, en mélangeant la tradition et la modernité. J'ai eu déjà l'occasion de voir quelques danses traditionnelles wallisiennes. L'attitude caractéristique du danseur est d'avoir les deux jambes écartées, les genoux fléchis et d'exécuter des mouvements de bras amples et parfois répétitifs, sous la direction d'une personne qui donne le tempo. Les gestes sont gracieux et élégants pour les jeunes filles, tandis qu'il y a plus de mouvements, de déplacements, de gestes énergiques et saccadés chez les hommes. J'avais déjà assisté à une fête de village, où j'avais trouvé les danses un peu monotones, car elles pouvaient durer très longtemps. Lors de ce tauasu, elles étaient beaucoup plus rythmées et entraînantes. Sur la piste se sont succédés les femmes puis les hommes, puis de temps en temps, hommes et femmes se faisaient face et dansaient ensemble. A un moment donné, un vieil homme avec un manu vert, le visage rieur et rayonnant, légèrement voûté, s'est levé et a entraîné de nombreux adolescents dans une petite marche cadencée et rythmée vers le milieu de la piste
En avant la jeunesse ...
D'autres musiques plus modernes retentissaient, tels que le tube de Boney M. "Rivers of Babylon". Vieux et jeunes enfants dansaient aussi sur la piste, mélange générationnel que j'ai rarement vu en métropole, si ce n'est lors des mariages.
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