lundi 25 juillet 2011

50ème anniversaire du statut de Wallis-et-Futuna : Histoire de Wallis

Dans le cadre des festivités du cinquantenaire de la loi du 29 juillet 2001 qui a permis le passage de Wallis-et-Futuna au statut de Territoire d'outre-mer, deux conférences m'ont permis de mieux appréhender l'histoire de Wallis-et-Futuna. J'avais fait des recherches avant mon départ pour l'île, mais je n'avais absolument rien trouvé dans les librairies de la métropole. Je vais faire une petite synthèse d'une conférence donnée par l'universitaire Frédéric ANGLEVIEL, historien basé à Nouméa et je m'appuie également sur une exposition qui se tient près du palais royal. Résidant à Wallis, j'évoquerai essentiellement cette île et je mentionnerai seulement quelques éléments pour Futuna. Ces deux archipels francophones, distants d'environ 250 km, ont un destin lié bien que les relations internes  soient assez limitées. C'est la tradition religieuse qui cimentera leur avenir conjoint.

La période des premiers peuplements ( -1400 avant J.C à 1616)

La période des premiers peuplements est très difficile à dater, il existe quelques traces archéologiques, et les traditions orales ont été recueillies par les premiers religieux. Les premiers habitants de l'ile, qui sont en réalité les véritables découvreurs de ces archipels, sont les austronésiens, population insulaire de l'Asie du Sud-Est. Le peuplement se fait par vagues successives. Pour Wallis-Uvea, on distingue une première période "Utuleve" de - 1400 à + 1000 après J.C avec un peuplement océanien dont on retrouve les traces grâce à la forme spécifique de poterie (les lapitas), puis une deuxième période "Atuvalu" qu'on date de + 1000 à 1400 ans après J.C, avec un nouveau peuplement austronésien, dont l'empreinte est décelée dans huit tombes pré-tongiennes trouvées dans un fort à Wallis. Dernière période, "le temps des forts" de + 1400 à 1616 après J.C, avec un peuplement originaire des îles Tonga qui prennent possession de l'île d'Uvéa. La généalogie royale devient alors plus riche et détaillée. Les Tongiens cherchent à prendre possession de Futuna, dont le peuplement est originaire des îles Samoa, mais subiront des échecs répétés.

Le temps des royaumes (1616-1887)

Les îles vont être successivement découvertes (bien que le terme exact devrait être "repérées" puisqu'elles ont  déjà été découvertes par les austronésiens...) par les Européens, cartographiées puis liées de plus en plus à l'économie-monde. C'est l'île de Futuna qui est découverte en première en 1616 par les navigateurs hollandais Le Maire et Schouten. Le navigateur français Bougainville atteint l'ile de Futuna le 11 mai 1768 et la dénomme poétiquement "L'enfant perdu du Pacifique". L'île d'Uvéa est découverte en 1767 par le navigateur anglais Samuel Wallis qui lui attachera donc son nom, mais les Wallisiens continuent de dénommer l'ile par sonnom autochtone d'Uvéa. Dans un premier temps, c'est le pouvoir économique qui va lentement lier le destin de ces îles au reste du monde. Les baleiniers, qui écument le Pacifique font de courts séjours sur les îles de Wallis et de Futuna, pour se ravitailler en vivres. Certains aventuriers  s'intègrent à la société des îles et s'opère un premier mouvement de métissage. Quelques commerçants sur ces îles s'enrichissent via le négoce du coprah, matière première séchée issue de la noix de coco, qui peut être utilisée dans la fabrication de savon et de cosmétiques.
Au cours du 19ème siècle débute un phénomène qui marquera durablement les îles, c'est celui de l'évangélisation. Celui-ci s'opère avec les catholiques de la congrégation des frères maristes à laquelle appartient le contemplatif Pierre Chanel mais aussi le missionnaire "batailleur" Bataillon, qui évangélise Wallis. Ces religieux vont profondément modifier le destin des îles, ils seront à l'origine du destin commun avec la France. Bataillon prend pied sur l'île en qualité de linguiste en 1837, son dictionnaire de la langue wallisienne fait toujours autorité. Toutefois, il commence également à gagner les cœurs en offrant des cadeaux aux indigènes et il évangélise l'ile, secrètement dans un premier temps puis de plus en plus ouvertement. Une guerre de religion menace même entre les partisans de Bataillon et les troupes fidèles à l'ancienne religion menées par le frère du roi. Bataillon interdit à ses fidèles d'attaquer et il s'avance en priant, seul face à ses adversaires. Ceux-ci sont frappés de stupeur et s'arrêtent nets. Bataillon fait à la suite de cet acte de bravoure le tour de l'île et tous les villages l'accueillent. Le roi, le lavelua Vaimua, est baptisé en 1842 et Uvéa se convertit lentement à la nouvelle religion. Les deux religions, les deux cosmogonies ancestrale et chrétienne coexistent pendant un certain temps. Entre 1850 et 1860 les derniers adeptes de la religion coutumière de l'île disparaissent. 

La lente montée du pouvoir du protectorat (1888 - 1961)

Le protectorat officiel de 1888 est précédé d'une période de protectorat officieux datant de 1842. Là encore, l'influence de Bataillon est prépondérante puisque c'est lui qui rédige le courrier qui place l'île sous la protection de la France, mais il n'y a pas encore de traité réciproque, car celle-ci pour des raisons stratégiques d'alliance avec l'Angleterre, ne souhaite pas officialiser ce traité.  Le lavelua demande la protection au roi Louis Philippe 1er  en raison de "la communauté de religion". Le protectorat est formellement établi avec la reine Amélia de Wallis et institué par décision du ministre des colonies le 5 mars 1888.
Les résidents, représentants de la France sur l'île, jouent un rôle important dans son développement et doivent souvent se battre pour obtenir de l'argent pour la moderniser. La vente de timbres pour Wallis-et-Futuna est une source de recettes importante et permet la construction du port de l'île. Ces premiers résidents sont souvent des médecins, des militaires ou des prêtres. Alain Gerbault, navigateur célèbre restera trois mois sur le Territoire, il marquera la petite histoire de Wallis et  popularisera le football. Le résident David, médecin d'origine, s'illustrera de 1933 à 1938 en faisant construire une route qui rallie le sud au nord ainsi qu'un hôpital. Il gagne de surnom de "roi David" à travers son rôle moteur dans le développement de l'île. Entre 1942 et 1946, les Américains débarquent sur l'île pour contrer l'offensive japonaise dans le Pacifique. Les Wallisiens et Futuniens participent également à l'aventure de la France Libre, la circonscription jouera un rôle majeur dans l'histoire de Wallis-et-Futuna car de nombreux habitants s'engagent dans l'armée française. Vers la fin des années 1950 se pose la question du passage de Wallis-et-Futuna vers un nouveau statut.

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