... Immersion totale dans l'eau ... Éclatement de bulles autour de moi, les miennes et celles de Catherine, rétrécissement total du champ de vision .... Je vois vaguement Catherine qui s'affaire à ma gauche, j'essaie de respirer, de m'enfoncer à l'aide de vigoureux coups de palmes, mais rien n'y fait, je reste sur place, malgré tous mes efforts. Je respire avec difficulté, je sens déjà ma gorge qui s'assèche, j'essaye de me calmer, d'inspirer ... d'expirer ... Catherine sort un kilo de plomb de son gilet et le met dans le mien. Et ça y est, je m'enfonce ... Si elle s'était trompée, si elle m'avait mis un kilo de plumes, serais-je revenu à la surface, me serais-je envolé tel un poisson volant ;-)
Elle me tient par la main, me guide, me tracte, j'avance à un rythme qui me semble être celui de la tortue. J'avance, j'avance... Je tourne la tête à droite, je suis à quelques centimètres d'un corail, explosion de couleurs bleues et vertes, je suis entouré d'une nuée de poissons-demoiselles ...
Poisson-demoiselle, naturellement timide et gracile
Les poissons-demoiselles sont les poissons les plus communs des récifs de Wallis. La robe de ces poissons de petite taille, souvent inférieure à 8 centimètres, est très colorée, à dominante bleue, parfois verte. Je les avais déjà vus grâce à mon masque quand je nageais en surface. Mais miraculeusement, me voilà au milieu d'eux, nous respirons de concert, mes bulles éclatent, se dirigent vers ces jeunes demoiselles. J'ai fait "Bouh, je suis le grand méchant loup !", les demoiselles s' enfuient, apeurées. Étant novice en plongée, je n'ai pu me lancer à leur poursuite ;-)
Petit à petit, mon champ de vision s'élargit, je peux contempler le récif corallien. Nous longeons celui-ci pendant un certain temps. Parfois le champ se rétrécit à nouveau, affairé que je suis à tenter de respirer, d'inspirer, d'expirer. Sensations nouvelles : monde de la lenteur, j'avance, j'avance au rythme de la tortue ; monde du silence, aucun bruit, sinon les bulles d'air qui s'échappent de moi, furtives, à intervalles réguliers. Catherine m'interpelle fréquemment par un signe de la main, l'index et le pouce formant un petit "O". Je lui réponds par le même signe "Oh Oh, je vais bien". Elle me montre de la main un poisson perroquet non loin de là à ma droite, puis deux autres à ma gauche. Je les salue, mais j'évite d'entamer la conversation...
Hopla, salut, c'est encore moi
Hopla, salut, c'est encore moi
Nous nous approchons du récif, deux petites étoiles de mer gisent sur le sol, au milieu des concombres de mer. Catherine les touche, je n'ose pas le faire. Plus loin, une immense étoile de mer bleue qu'elle soulève, l'étoile semble inerte mais je perçois un léger mouvement, elle est bien vivante.
Petit à petit, il me semble que je commence à percevoir comment descendre dans l'eau, à maîtriser le mouvement d'inspiration et surtout d'expiration, qui permet de s'enfoncer. Je commence à m'étendre dans l'eau pour avancer. Tout à coup, la main de Catherine me désigne sur ma droite un immense coquillage, un bivalve. Elle l'effleure, il se referme instantanément, craignant un prédateur. Nous descendons, je regarde vers le fond du lagon qui devient de plus en plus sombre en s'enfonçant à plus de vingt mètres. Je regarde le haut, je perçois la vague lumière du jour qui parvient jusqu'à nous. Parfois je perds la maîtrise de ma respiration, je m'élève malgré moi, Catherine me réentraine vers le bas. Je regarde à ma gauche, trois gros poissons carangues, mesurant plus de 50 centimètres, filent vers les profondeurs.
C'est la fin, nous remontons lentement vers la surface. La lumière qui nous parvient s'étend au fur et à mesure de la remontée. Soudain, explosion de lumière ... Résurgence à l'air libre quand je sors la tête hors de l'eau. Dans mon esprit, c'est décidé, je dois goûter une nouvelle fois aux joies de la plongée. Je me dirige vers la plage, je sens à nouveau le poids du harnachement et du ciel sur mes épaules ...
Un poulpe rouge hors de l'eau
Entre midi et deux, repas offert par l'association. Maître Stanley, qui a le don d'ubiquité (Nuit blanche sur l'ilot Nukuteatea) nous gratifie de ses légendaires grillades. L'après-midi étant consacrée au niveau 1, j'en profite pour visiter l'ilot Nukutapu. En réalité, il est plus connu sous le nom d'ilot Saint-Christophe, en raison d'un oratorio qui surplombe l'ilot et qui constitue un magnifique point de vue. Pour y parvenir, il faut d'abord atteindre un escalier qui se trouve à droite lorsqu'on aborde l'ilot. J'y suis allé avec Bilal, mais le chemin s'est avéré très dangereux. La marée était montante, je devais passer sur les rochers avec l'eau qui attaquait les mollets, alors que les rochers étaient couverts de mousse, extrêmement glissants. Le mieux aurait été sans doute de nager au large, mais j'avais un appareil photo et je voulais le protéger. J'ai marché très lentement, à quatre pattes parfois, pour rejoindre les escaliers. Lente ascension pour rejoindre le sommet. Je m'arrête à mi-chemin, le paysage offert est magnifique. Et là, patatras, mon appareil photo que j'ai protégé contre vents, glissades et marées ne fonctionne pas, la batterie est sans doute déchargée... Tant pis, je fais contre mauvaise fortune bon coeur, je continue à monter. Je compte les marches, 50 ...100 ... 200... 275, 276 et 277, je suis au zénith, l'oratorio est effectivement somptueux. La statue de Saint-Christophe, avec Jésus sur son épaule droite, trône au milieu de ce sanctuaire. En face de la statue, nous dominons l'île de Wallis, qui semble si proche. Derrière la statue, sous un ciel bleu pâle, le Pacifique démesuré, incommensurable.
Certains dialoguent en langage poisson perroquet au fond d'un lagon, d'autres prennent soudainement le costume et l'accent alsaciens sur une scène au pied de la cathédrale, la famille Kilicoglu nous offre de beaux moments d'évasion, merci pour ces moments !
RépondreSupprimerIl me semble reconnaitre les us et coutumes d'un frère conquérant, effectivement ...
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