mardi 26 juillet 2011

50ème anniversaire du statut de Wallis-et-Futuna : histoire du passage au statut de 1961

Cet article est une courte synthèse d'une conférence sur le passage du statut de protectorat à celui de Territoire d'outre-mer pour Wallis-et-Futuna, donnée  par une doctorante en histoire originaire de Futuna, Allison LOTTI, dans le cadre du cinquantenaire de ce statut.

La question d'un nouveau statut s'opère vers la fin des années 1950. Le protectorat du Maroc a pris fin en 1956, les anciennes colonies sont en train de devenir des départements  ou des territoires d'outre-mer tandis que la guerre d'Algérie se profile à l'horizon. Le résident Pierre Fauché joue un rôle majeur à partir de 1958 pour le passage au nouveau statut. Il a reçu une formation administrative et  la mission de négocier un nouveau statut pour les îles. En 1958, la reine Aloisia qui règne sur Wallis voit petit à petit son autorité faiblir. Elle est opposée au statut de territoire d'outre-mer car elle craint que cela ne s'accompagne d'un transfert de souveraineté vers la république française. L'île se divise entre partisans et opposants au changement de statut et la reine Aloisia doit démissionner. Les habitants se rallient progressivement au futur roi de l'île en 1959, Tomasi KULIMOETOKE, qui est favorable à un statut de territoire pour Wallis.

Le passage au nouveau statut se réalise dans un contexte international qui détermine l'avenir politique des îles. Le général de Gaulle accède au pouvoir en 1959. Favorable  à l'indépendance de l'Algérie, il recherche de nouveaux sites pour la politique nucléaire de la France en remplacement du Sahara algérien. C'est la Polynésie Française qui hébergera les futurs essais nucléaires, mais il souhaite étendre l'influence de la France à l'ensemble du Pacifique. Le maintien de l'influence française à Wallis-et-Futuna revêt donc une grande importance dans ce cadre. Le roi demande par écrit le passage au nouveau statut et négocie pour que celui-ci intègre les coutumes de Wallis-et-Futuna, ce qui lui est confirmé par les autorités françaises. Cet engagement sera  souligné plus tard par le Haut-Commissiaire de France dans le Pacifique, qui précisera l'engagement de la France à respecter les institutions coutumières et déclarera : "Si la coutume change un jour, c'est de vous que cela viendra". En décembre 1959  est organisé un référendum sur l'entrée de Wallis-et-Futuna dans la république française. La question suivante est posée à tous les Walisiens et Futuniens "Désirez-vous que les Iles Wallis et Futuna fassent partie intégrante de la République Frnçaise sous la forme d'un Territoire d'Outre-Mer". Le oui l'emporte à une écrasante majorité, en particulier à Wallis où ne s'exprime aucune opposition.

L'année 1960 se passe et le protectorat se prolonge. La métropole est accaparée par la question de l'indépendance algérienne. Le 8 janvier 1961, le référendum sur l'autodétermination de l'Algérie scelle le futur destin des Algériens. Pierre Fauché, qui a grandement contribué à négocier le futur statut des îles, quitte ses fonctions. Il ne sera pas remplacé par un résident mais par un administrateur en octobre 1961, M Jean PERIE, puisque la loi du 29 juillet 1961 accorde le statut de territoire aux îles. Le débat dans les deux assemblées en France aura été relativement bref. L'année 1962 est celle de la mise en place définitive du nouveau statut avec l'organisation d'élections. L'administrateur chargé de favoriser le candidat du général de Gaulle aux élections législatives refuse d'obtempérer, il veille à une stricte neutralité de l'administration en période électorale, il est démis de ses fonctions. Ce n'est pas le candidat le plus favorable au général de Gaulle qui s'impose mais son concurrent Hervé LHOSTE. Les oppositions politico-coutumières s'exprimeront désormais largement via le processus électoral. 

Ainsi les îles Wallis-et-Futuna, avec leurs trois rois (un à Wallis et deux à Futuna pour les royaumes d'Alo et de Sigave) et leurs coutumes vont rejoindre la république française, plus d'un siècle après l'abdication du dernier roi des Français Louis Philippe 1er, à qui la demande de protection avait été adressée en 1842 ... 

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