Quand je suis rentré pour la première fois dans les locaux de l'ancienne paierie, j'ai été abasourdi par la vétusté des lieux. De vastes cloques de peinture se détachaient des murs et du plafond, et compte tenu de l'exiguïté des espaces et de la présence insuffisante d'armoires, les dossiers, les journaux de la comptabilité s'entassaient sur les commodes et débordaient également des bureaux, donnant l'impression d'un véritable capharnaüm. Un matin, en passant par le couloir, je vois une ombre grise filer vivement le long d'une étagère. J'en parle à mes collègues qui me confirment qu'il ne peut s'agir que d'un rat...Quelques jours plus tard, j'en vois deux autres plus distinctement dans la paierie, près de la remise. Encore quelques semaines après ces charmantes visions, une odeur nauséabonde se répand dans les locaux. Nous arrivons à identifier la provenance de ces relents pestilentiels, nous ouvrons la commode coupable. A l'intérieur deux cadavres de rats ...
L'ancienne paierie avait été construite en 1969, elle avait fait l'objet de rénovations et d'agrandissements, mais elle était visiblement en fin de course puisqu'elle avait été déclarée insalubre en 1999. Après plusieurs études et projets avortés, les travaux pour la nouvelle paierie avaient débuté au mois d'août 2009, avec une durée prévisionnelle d'un an environ. Mais ce type de chantier prend souvent du retard à Wallis (retard dans la livraison des matériaux par bateau, manque de main d’œuvre qualifiée, problème de coordination des travaux,...). Ce n'est que vers la fin mars 2011 que le chantier est livré. Les finitions n'étaient pas complètes mais le Payeur a pris l'initiative d'occuper les nouveaux locaux, quitte à terminer les derniers travaux par la suite.
Nous étions impatients d'emménager dans ces nouveaux locaux, le déménagement s'est opéré dans la bonne humeur le jeudi 31 mars et 1er avril, sans que nous rencontrions de poissons sur le chemin. L'opération de transfert de nos affaires et de nos dossiers a été rapide, nous n'avons emmené dans un premier temps que l'essentiel et le trajet était très court, la nouvelle paierie étant accolée à l'ancienne. C'est essentiellement l'opération propreté qui nous a mobilisés pendant deux jours. Celle-ci avait pourtant été réalisée par l'entreprise chargée de nettoyer les lieux quelques jours auparavant, mais l'opération avait été mal exécutée et comme il était impossible de différer le déménagement, nous nous sommes tous retrouvés à quatre pattes à récurer le carrelage avec des éponges abrasives, du produit de nettoyage, puis à laver le sol avec une serpillière.
Nous étions impatients d'emménager dans ces nouveaux locaux, le déménagement s'est opéré dans la bonne humeur le jeudi 31 mars et 1er avril, sans que nous rencontrions de poissons sur le chemin. L'opération de transfert de nos affaires et de nos dossiers a été rapide, nous n'avons emmené dans un premier temps que l'essentiel et le trajet était très court, la nouvelle paierie étant accolée à l'ancienne. C'est essentiellement l'opération propreté qui nous a mobilisés pendant deux jours. Celle-ci avait pourtant été réalisée par l'entreprise chargée de nettoyer les lieux quelques jours auparavant, mais l'opération avait été mal exécutée et comme il était impossible de différer le déménagement, nous nous sommes tous retrouvés à quatre pattes à récurer le carrelage avec des éponges abrasives, du produit de nettoyage, puis à laver le sol avec une serpillière.
Le sol avant notre passage
Après l'opération propreté
L'expérience m'a profondément amusé. Je dis souvent que la particularité de mon travail à Wallis est qu'il faut être polyvalent, je n'imaginais pas que cette polyvalence allait un jour me mener à frotter énergiquement le sol de mon lieu de travail... Quelques mois plus tard, le déménagement s'est terminé par une opération de délestage des archives. On nous avait annoncé que la circonscription devait occuper les locaux de l'ancienne paierie, nous en avons profité pour faire le tri et ramener les archives qui nous étaient encore nécessaires au regard de la réglementation. Sur deux demi-journées, nous avons entièrement vidé l'ancienne paierie en déplaçant les vieux meubles pour les mettre dans deux pick-ups, et nous avons surtout nettoyé l'ancienne remise où étaient entassées d'anciennes archives obsolètes. Il a fallu environ une dizaine de voyages par pick-up pour jeter tout cela à la déchetterie. Les chauffeurs nous ont dit avoir mis le feu aux archives dont nous venions de nous débarrasser, et tout le travail de mes anciens collègues s'est envolé en poussière dans le vent, en attendant que notre propre travail administratif s'éparpille à son tour vers les airs ...
Préparation de l'inauguration de la paierie
Comme tout bâtiment officiel, celui-ci devait être inauguré et la question suivante s'est posée : quelle était la date la plus adéquate pour cette inauguration ? La venue de la Ministre de l'Outre-Mer sur le Territoire Marie-Luce PENCHARD en raison des festivités constituait l'occasion idéale pour inaugurer ce bâtiment. Une semaine avant sa venue, le Préfet nous a confirmé qu'elle viendrait à la pairie. La plaque pour l'inauguration a été livrée deux jours avant la cérémonie. L'effervescence a été de mise la veille du jour J, mercredi 27 juillet. Ce sont principalement les Wallisiens du poste qui ont été mis à contribution pour la décoration des lieux. Ils l'ont fait avec enthousiasme et entrain, avec des matériaux naturels venus directement de la campagne aux alentours. Les colonnes à l'entrée ont été recouvertes de feuilles de cocotiers.
Technique de tressage
La palme est déployée sur toute la longueur de la colonne, ils agrippent les folioles deux par deux à l'opposé de la nervure centrale de la feuille, puis croisent et décroisent celles-ci à la manière de nattes de cheveux. Par la suite, à l'intérieur du réseau tissé des folioles, ils insèrent des fleurs ou des tiges de bambou. A l'entrée, tout le long des balustrades, ils ont déployé des guirlandes de plantes vertes et de feuillages.
Décoration à l'entrée de la paierie
Toutes les pièces et les couloirs ont été décorés de bouquets composés de fleurs cueillies dans leurs jardins.
Sapo et son bouquet de fleurs
Le garage à l'arrière dans le jardin a été réquisitionné pour la réception. Toutes les colonnes ont été ornées et des palmes ont été clouées sur les poutres du plafond. Tout à coup ce lieu impersonnel, banal et sans grâce s'est transfiguré par la magie des cocotiers, des fleurs, des tiges de bambou en un très bel espace accueillant pour les invités.
Le coin du cocktail
Le jour de l'inauguration
La paierie étant fermée à cette occasion, nous sommes allés chercher les tables de réception pour le cocktail. Nous y sommes allés à trois, je me suis assis à l'arrière du véhicule pour soutenir les tables en équilibre précaire. A un moment donné, Pascal aborde un peu trop vite un ralentisseur, l'ensemble des tables s'envole légèrement en l'air, ainsi que mon postérieur posé sur le rebord du pick-up. Souvenirs, souvenirs ...
La plaque destinée à être inaugurée n'avait pu être rivée au mur car elle avait été livrée trop tard. Elle a été simplement collée avec un scotch double-face. La veille, lors d'un essai, elle s'était décollée du mur au bout de quelques heures. La plaque a été scotchée seulement une heure avant l'arrivée de la Ministre, et nous avons croisé les doigts, y compris les doigts de pied ;-) pour qu'elle ne se décolle pas au cours de la cérémonie. De la même manière, l'improvisation a été de mise pour le drapeau recouvrant la plaque. Une corde a été agrafée au drapeau, qui a été plaqué au mur grâce à des sparadraps double-face. Une demi-heure avant l'heure d'arrivée prévue, nous avons pris la photo de toute l'équipe de la paierie, y compris ceux qui étaient désormais à la retraite et qui avaient été invités pour cette occasion.
L'équipe de la paierie
L'attente de la venue de la Ministre a commencé. Elle était venue sur l'île le matin même par avion, son programme était très chargé. Un peu après l'heure de midi, branle-bas de combat, arrivée des voitures du cortège ministériel. Marie-Luce PENCHARD a découpé le ruban à l'entrée de la paierie. C'était en réalité un magnifique tapa, étoffe purement végétale issue de la sous-écorce d'un arbuste. De très beaux motifs avaient été dessinés à l'encre sur la bande végétale, ainsi que l'inscription suivante "27 juillet 2011 - Paierie de Wallis et Futuna". Le tapa était tellement somptueux que nous avons tous regretté qu'il soit découpé...
Inauguration du bâtiment de la pairie
La ministre s'est dirigée à l'intérieur du bâtiment et a également dévoilé la plaque en tirant sur le drapeau. Ouf nous pouvions souffler, la plaque ne s'était pas détachée, entrainée par l'élan, mais nous l'avons guetté du coin des yeux pendant le temps des discours : le Payeur a rappelé l'histoire de la paierie, il a énuméré les nombreuses spécificités du poste et a rappelé le contexte social de l'île, marqué toujours par la pauvreté de certaines couches de la population. La ministre a assuré le Payeur du soutien de l’État, bien qu'il s'exerce désormais dans un contexte budgétaire contraint. Elle a visité par la suite l'ensemble des services, la plaque ne s'étant toujours pas décollée, nous avons pu discrètement décroiser nos doigts de pied;-)
Elle a posé de nombreuses questions, notamment sur le budget territorial. Elle s'est ensuite dirigée vers le buffet à l'extérieur et a discuté quelques instants avec les invités avant de donner une interview à Wallis 1ère. Le départ a sonné pour elle, nous sommes restés à l'extérieur, à continuer à prendre quelques photos de l'évènement...
Je vous livre ma préférée : Anthony, adjoint comme moi, vient de se procurer un scooter. C'est un rebelle, un authentique aventurier doté d'un cœur fier et farouche. Il ne pouvait décemment opter que pour un seul choix professionnel : devenir inspecteur des finances publiques ;-)
Deux baroudeurs sur les routes de Wallis
L'équipe de la paierie : on sent une bonne ambiance. Et tu as l'air très en forme.
RépondreSupprimerRémy