mercredi 31 août 2011

La fête de l'Assomption et danse du village de Mata-Utu

Le culte marial est très populaire sur l'île, les statues représentant la Vierge Marie sont tout aussi nombreuses que les statues de Jésus crucifié. Ce sont les frères maristes qui ont contribué à rendre ce culte omniprésent. La fête de l'Assomption du 15 août qui célèbre "l'élévation au ciel" de la mère de Jésus, est une fête capitale pour Wallis. Le nom de la cathédrale est d'ailleurs Notre-Dame-de-l'Assomption de Mata'Utu.

En arrivant à la fin de la messe, j'ai croisé les Wallisiens très nombreux qui sortaient de la cathédrale ainsi que deux amies avec qui j'ai entamé une discussion. Elles m'ont fait remarquer les changements sur la statue de la Vierge Marie qui trône au dessus de la façade de la cathédrale. Elle avait été parée de vêtements traditionnels wallisiens, avec des fibres de bourao dont la couleur vive tranchait avec la couleur grise de la sculpture et le ciel légèrement assombri.



La statue de Notre-Dame dans le ciel de Wallis

Comme à chaque fois, religion et coutume se mélangeaient puisque le traditionnel Katoaga succédait à la cérémonie religieuse. Près de 80 cochons parsemaient la place Sagato Soane, rangés en deux blocs distincts entre lesquels se sont intercalés les villageois qui participaient à la cérémonie.  Ils étaient revêtus de vêtements similaires à ceux qui ornaient la statue. J'ai trouvé que l'assemblée était particulièrement clairsemée.
Les cochons sont l'aspect le plus impressionnant du Katoaga, mais ils ne constituent que l'aspect le plus visible de l'échange cérémoniel de la fête. L'un des cochons éviscéré reposait sur une pile d'offrandes tels que des sacs de riz, de farine et des boîtes de sodas.  En plus des cochons morts, quatre cochons vivants étaient enfermés dans des cages surmontés de palmes de cocotiers. Ils pouvaient observer à travers les barreaux leur future destinée de cochon offert en offrande cérémonielle. Cette vision de l'hécatombe prochaine ne semblait pas les troubler outre mesure ...


Cochon couché dans la cage

Après la cérémonie du kava et la distribution des cochons aux notables présents, une procession s'est avancé sur la place. Ils marchaient très lentement, en entonnant des chants religieux wallisiens où retentissait fréquemment le nom de Malia (Marie en wallisien). Ils portaient  sur leurs épaules d'autres offrandes, des paniers remplis de taros et d'ignames, des nattes, ainsi que deux cochons vivants suspendus à une perche par des attaches solides. Ils ont déposé ces dons aux pieds du lavelua de Wallis, et l'évêque a prononcé une bénédiction.

 
Cochon de la procession

Nous avons été conviés ensuite à partager un repas à la maison paroissiale. Comme à chaque fois, la table débordait de mets divers et de boissons : salades composées, viandes de porc, cuisses de poulet, poissons grillés, jus de fruits, sodas, vins ... Une immense loche de plus de 50 cm trônait sur la table, personne n'a osé y toucher au cours du repas. La quantité de nourriture présente aurait été suffisante pour trois ou quatre assemblées. A chaque fois que j'assiste à ces repas pantagruéliques, je ne peux m'empêcher de penser aux banquets qui terminent les histoires d'Astérix, sans doute aussi à cause de ces cochons, sangliers domestiqués, présents tout au long des fêtes. Doté d'une voix épouvantable, je me suis abstenu de déclamer tout chant au cours du repas, de peur d'être bâillonné et suspendu à un arbre comme Assurancetourix ;-) A la fin des agapes, une pluie diluvienne s'est abattu sur l'île et nous avons attendu à l'intérieur que les cieux se calment.

Ces fêtes se terminent en règle générale par des danses traditionnelles de village. Les danseurs du village à l'honneur, en l'occurrence Mata'Utu, ont pris place en se disposant en demi-cercle. Les personnes placées à l'extrémité restent debout tandis que les autres, plus âgées ou très jeunes, restent assises. Les danses sont rythmées par des chants, chacun des danseurs exécute une chorégraphie imposée à tous avec essentiellement des mouvements des avant-bras, répétitifs et monotones.


Danse du village de Mata'Utu

Une seule danse peut durer des heures, mais elle est ponctuée par des pauses régulières. Ce qui intrigue pendant ces danses est la circulation de l'argent. En effet, les notables qui ont reçu des dons au début du Katoaga distribuent de l'argent aux danseurs, en règle générale des billets de 1000 F pacifique, qu'ils glissent dans les vêtements, qu'ils épinglent sur les cheveux ou qu'ils mettent dans une corbeille située devant la maîtresse de cérémonie, disposée au centre des danseurs. Les proches des danseurs sont également conviés aux dons d'argent. Il paraît que la coutume de distribuer de l'argent remonte à la présence des Américains en 1942, alors qu'autrefois on offrait du tabac ou un manu.

Ce jour-là, je n'ai pas assisté plus d'une vingtaine de minutes à la danse car la pluie a recommencé à se faire très menaçante. J'ai vite filé sur mon scooter vers la maison et je me suis retrouvé confronté à un véritable déchaînement du ciel sur le chemin. Je pense qu'il aurait été plus prudent que je me mette à l'abri, mais je n'en ai aperçu aucun sur la route, j'ai continué à une allure d'escargot. C'était une véritable pétarade sur mon casque, les gouttes de pluie retentissaient comme de gigantesques pleurs sur ma chair et s'écoulaient tout le long de mon corps. Les chocs assourdissants que je percevais sont devenus lentement un bruit continu et effrayant. Je suis arrivé sur le sentier en terre de la maison, ma roue arrière a dérapé, j'ai rattrapé au dernier moment la chute de l'engin en posant pied à terre. J'ai réussi à atteindre la véranda, j'avais échappé à la colère des cieux.


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