La veille de mon départ avec Rémy pour le périple Strasbourg-Vienne à vélo lors de l'été 2010, nous sommes allés à une soirée danse de couples à la guinguette du Rhin. Ce lieu situé au Jardin des deux rives, en face de la ville de Kehl en Allemagne, propose lors de la saison estivale de très belles animations dansantes. Mais ce jour là, les nuages s'étaient amoncelés, l'orage couvait manifestement. Et avant même d'avoir pu commencer à danser, les premières gouttes de pluie sont tombés avec vigueur, nous sommes allés nous réfugier sous le chapiteau qui surplombe la piste. Au dehors, les éléments se sont déchaînés tandis que nous avons entamé quelques danses. Assis sur une chaise entre les morceaux de musique, je regardais fasciné les gouttelettes qui ruisselaient le long de la toile du chapiteau tandis que drrière, tremblants, les éclairs orageux scintillaient sur l'Allemagne ; je comptais les secondes entre les illuminations et le son du tonnerre pour évaluer la distance du centre de l'orage. Celui-ci s'est rapproché puis lentement s'est éloigné du chapiteau.
Lorsque nous sommes partis, la pluie s'était apaisé mais quelques éclairs horizontaux zébraient encore l'espace. C'est la deuxième fois de ma vie que j'observais un tel phénomène avec ce type d'éclairs dirigés non vers le sol, mais vers les autres nuages. La décharge électrique restait cantonné dans le ciel. La première fois, c'était au cours de l'été 2006, au moment de la coupe du monde de football, avec la défaite finale de la France. Après la demi-finale contre le Portugal, je m'étais rendu en ville, une dentelle d'éclairs magnifique avait explosé dans le ciel strasbourgeois. Tapissant le ciel de clarté, suspendues quelques instants infimes à l'horizon, les branches féeriques finement ciselées découpaient l'espace, surgissaient miraculeusement des nuages pour s'étendre le plus loin possible dans les nues.
Plus de quatre ans après, les éclairs horizontaux n'explosaient pas en grappes, en feux d'artifice mais se succédaient l'un à l'autre. L'éclat foudroyant s'allumait au centre d'un nuage, le courant électrique parcourait par vagues la voûte céleste et resplendissait tour à tour sur mon passé et mon futur ...
Retour vers le passé
J'étais angoissé au moment de mon départ vers l'Autriche à vélo. Ma première expérience d'un tel voyage dans le sillage de Rémy s'était révélé être une déroute. En 2003, je l'avais accompagné durant deux jours lors de son premier voyage en solitaire vers la Norvège. Il m'avait proposé de venir avec lui jusqu'à Bonn, en suivant une piste cyclable qui longe le Rhin de Bâle à Rotterdam, estuaire de ce fleuve. J'avais hésité dans un premier temps, mais il avait insisté, j'avais accepté. L'accord initial était qu'il devait transporter mes affaires sur une petite remorque fixé à son vélo, je ne devais m'occuper de rien. Nous étions censés selon le plan initial atteindre en une semaine Bonn, ce qui me semblait à ma portée. Quelques jours avant la date présumée, je lui demande où en sont les préparatifs, il me répond qu'il n'a pas encore eu le temps de tout boucler, qu'il a encore quelques achats à réaliser et qu'il aura sans doute un peu de retard. Je le laisse faire, le temps commence à passer, je m'inquiète mais je ne dis rien. Cinq jours avant la date fatidique de la fin de mes vacances, je lui dis que si l'on ne part pas demain, c'est râpé pour moi, je ne pourrais pas l'accompagner car je dois reprendre le travail à la fin de mes congés. Il s'active toute la nuit, je le rejoins au matin, sa remorque est chargée à bloc, ploie sous le poids de ses bagages et de quelques affaires qui m'appartiennent. Nous entamons le voyage, je le vois s'arcbouter sur ses pédales, serrer les dents pour tenter de faire avancer son vélo. Au bout de quelques kilomètres, arrivés à la forêt de la Robertsau, il doit se rendre à l'évidence, il va être incapable de tracter une telle charge. Nous décidons de nous rendre à Kehl et d'acheter une deuxième remorque identique à la sienne. Et nous voilà enfin partis.
Je suis sans cesse à la traîne derrière Rémy. Deux raisons à cela : j'étais moins sportif que je ne le suis actuellement et mon vélo n'était pas optimal pour un tel voyage, il s'agissait d'un vélo de course peu apte à rouler sur les terrains très divers, terre, gravier, sentiers herbeux, que nous allions sillonner. Nous sommes en retard par rapport à l'objectif initial, j'ai le sentiment d'une urgence en moi, il n'est pas possible de flâner en chemin. J'ai du mal à rouler à l'allure de Rémy, au bout de quelques kilomètres, je ne peux m'empêcher de cesser de pédaler pour souffler quelques instants, je vois ses pieds qui continuent leur ronde sereine, inlassable sur le pédalier, et me voilà quelques centaines de mètres derrière lui. Il ralentit, m'attend à chaque fois gentiment et nous voilà repartis.
Nous dormons près d'un étang la première nuit, je suis épuisé mais j'ai du mal à m'endormir. Le lendemain, après un petit déjeuner vite avalé, en selle pour une deuxième journée de torture. Rémy m'a fixé un nouveau pédalier, avec un système de cale dans les chaussures qui vient se fixer dans le pédales mais peu habitué à ce mécanisme, je chute deux fois à l'arrêt. Je me relève sans difficulté, mais mon corps est éreinté, je ressens une grande crispation, une immense tension qui parcourt mes muscles, qui pèse sur chacun de mes organes. Nous continuons notre course-poursuite toute la journée, nous traversons Mayence ; s'approche bientôt pour moi la fin de l'épreuve, nous cherchons un terrain vague pour planter la tente. Nous roulons sur une petite route mal entretenue au milieu de quelques champs, j'entends une voiture qui klaxonne derrière moi. Je me rabats vers la droite et tout à coup, vision d'une ornière devant moi que Rémy vient d'éviter grâce à un léger coup de guidon ... Je n'ai pas l'énergie suffisante pour dévier la roue de mon vélo qui sombre dans la crevasse, je valse au dessus de l'engin les deux mains en avant.
Après la chute, nous constatons les dégâts. En ce qui me concerne, ce sont les mains qui ont absorbé le choc, j'ai la peau arrachée à l'intérieur des paumes. Toute la tension accumulée depuis deux jours dans mon esprit, dans les organes de mon corps trouvent un exutoire, explosent en moi, je ne peux m'empêcher de pleurer, assis sur le bord de la route, mais ce sont davantage des larmes de fatigue, de peur que de douleur qui est en réalité supportable. Nous avions une petite pharmacie, nous désinfectons les petites plaies. Quant au vélo, les deux pneus sont crevés mais à part ça, rien de grave à déplorer sur la structure métallique. Nous trouvons un terrain à l'abri des regards pour monter la tente. Le lendemain, Rémy tente d'abord de réparer mon vélo, démonte les pneus, cherche un réparateur, revient avec de nouvelles chambres à air, remonte le tout en un tour de main. Je cherche à repartir, mais lorsque je serre les mains sur le guidon, la douleur augmente ; je me rends à l'évidence, c'est la fin du voyage pour moi. Nous retournons vers la gare de Mayence, et bye bye l'aventure. Dépité, mal en point, me voilà revenu au point de départ.
Un cycliste averti en vaut deux ...
Quelques années plus tard, j'avais retenu les leçons de cette expérience malheureuse. Après ce premier voyage vers la Norvège, Rémy avait entamé une série de voyages à travers le monde. Il avait surtout réalisé un périple en solitaire, traversant l'Afrique et l'Amérique du Sud en 2007-2008 ; il avait tenu à cette occasion un blog qui m'avait fait rêver. Lorsqu'il m'a proposé de tenter une expérience commune à vélo, j'ai cette fois tout de suite dit oui. J'avais en travers de la gorge l'échec initial de 2003, je me suis mobilisé pour dégorger cet échec ...
Je me suis acheté quelques mois avant juillet 2010 un nouveau vélo, j'ai suivi les conseils avisés de Rémy pour le transformer, rajouter quelques éléments indispensables pour un long voyage tels qu'une nouvelle selle en cuir, des pneus renforcés, etc ... Je me suis entraîné régulièrement le soir en parcourant le canal de la Bruche aller-retour soit une quarantaine de kilomètres par jour, ainsi que deux parcours un peu plus longs le long du canal de la Marne au Rhin jusqu'à Saverne le week-end en solitaire. Nous avons également testé le matériel lors de deux sorties dans les Vosges. J'étais particulièrement heureux le jour où j'ai franchi le premier col de ma vie, le col de Bagenelles, Napoléon franchissant le col du Grand-Saint -Bernard fut moins fier et orgueilleux que je ne le fus ce jour-là.
En haut de celui-ci, récompense ultime, magnifique panorama d'un soir se déversant en douceur sur une vallée d'Alsace. Lors de la deuxième sortie, alors que nous nous dirigions vers le col de la Schlucht, les attaches qui liaient mon porte-bagage au cadre se sont cassées ; retour du vélo chez le réparateur pour une mise à jour. J'avais composé une liste des affaires dont j'aurai besoin lors du voyage. Je mesurais la totale inconscience du premier trajet, à quel point j'avais été imprévoyant.
Le jour du grand départ
Dimanche 11 juillet : jour du départ. Je vais vers la fin de la matinée chez Rémy avec mon vélo, la remorque se trouvant dans son immeuble. Nous préférons partir vers la fin de l'après-midi, en raison de la forte chaleur qui règne. Rémy s'improvise poisson-pilote avec la première carte d'Allemagne dont nous disposons, qui s'arrête au pied du massif de la Forêt Noire. Il le restera tout au long du trajet, rôle que je lui ai cédé gracieusement compte tenu de mes aptitudes hasardeuses en matière d'orientation. Nous aurions pu nous retrouver à Vienne dans le département de l'Isère en lieu et place de l'Autriche au cas contraire ;-)
Nous flânons au début, le rythme est très nonchalant, nous nous arrêtons pour manger des petites sucreries, chocolat, barre de céréales, qui se dissolvent immédiatement dans nos corps durant l'effort. Lorsque nous nous arrêtons dans le premier village, Rémy photographie un clocher et ne cessera de le faire tout au long du voyage.
J'arrive à le suivre et en même temps à contempler de temps en temps le paysage, acte qui était impensable quelques années plus tôt tellement j'étais crispé sur mon vélo. La lente ronde des battements de pédales s'enclenche ...
Arrivés dans une petite forêt, nous voulons faire une petite halte, mais les moustiques nous harcèlent, nous sommes obligés de nous remettre en selle pour aller plus loin. A un moment donné, j'entends un bruit de moteur derrière moi, je me déporte vers le bas-côté, lègèrement en contrebas et patatras, je chute ... Le souvenir de la chute quelques années plus tôt remonte en surface mais aucun bobo à déplorer, je repars. Les maisons et les voitures sont encore décorés de drapeaux allemands, souvenirs de la demi-finale de la coupe du monde de football ; nous hésitons à nous arrêter à un endroit pour regarder la finale de la coupe du monde entre les Pays Bas et l'Espagne, mais sur le chemin aucun bar accueillant, nous continuons la route. Vers 19 heures, la route s'éleve, les difficultés réelles débutent.
Devant nous se dresse un col de la Forêt Noire, Schwarzwald ...
Lorsque nous sommes partis, la pluie s'était apaisé mais quelques éclairs horizontaux zébraient encore l'espace. C'est la deuxième fois de ma vie que j'observais un tel phénomène avec ce type d'éclairs dirigés non vers le sol, mais vers les autres nuages. La décharge électrique restait cantonné dans le ciel. La première fois, c'était au cours de l'été 2006, au moment de la coupe du monde de football, avec la défaite finale de la France. Après la demi-finale contre le Portugal, je m'étais rendu en ville, une dentelle d'éclairs magnifique avait explosé dans le ciel strasbourgeois. Tapissant le ciel de clarté, suspendues quelques instants infimes à l'horizon, les branches féeriques finement ciselées découpaient l'espace, surgissaient miraculeusement des nuages pour s'étendre le plus loin possible dans les nues.
Plus de quatre ans après, les éclairs horizontaux n'explosaient pas en grappes, en feux d'artifice mais se succédaient l'un à l'autre. L'éclat foudroyant s'allumait au centre d'un nuage, le courant électrique parcourait par vagues la voûte céleste et resplendissait tour à tour sur mon passé et mon futur ...
Retour vers le passé
J'étais angoissé au moment de mon départ vers l'Autriche à vélo. Ma première expérience d'un tel voyage dans le sillage de Rémy s'était révélé être une déroute. En 2003, je l'avais accompagné durant deux jours lors de son premier voyage en solitaire vers la Norvège. Il m'avait proposé de venir avec lui jusqu'à Bonn, en suivant une piste cyclable qui longe le Rhin de Bâle à Rotterdam, estuaire de ce fleuve. J'avais hésité dans un premier temps, mais il avait insisté, j'avais accepté. L'accord initial était qu'il devait transporter mes affaires sur une petite remorque fixé à son vélo, je ne devais m'occuper de rien. Nous étions censés selon le plan initial atteindre en une semaine Bonn, ce qui me semblait à ma portée. Quelques jours avant la date présumée, je lui demande où en sont les préparatifs, il me répond qu'il n'a pas encore eu le temps de tout boucler, qu'il a encore quelques achats à réaliser et qu'il aura sans doute un peu de retard. Je le laisse faire, le temps commence à passer, je m'inquiète mais je ne dis rien. Cinq jours avant la date fatidique de la fin de mes vacances, je lui dis que si l'on ne part pas demain, c'est râpé pour moi, je ne pourrais pas l'accompagner car je dois reprendre le travail à la fin de mes congés. Il s'active toute la nuit, je le rejoins au matin, sa remorque est chargée à bloc, ploie sous le poids de ses bagages et de quelques affaires qui m'appartiennent. Nous entamons le voyage, je le vois s'arcbouter sur ses pédales, serrer les dents pour tenter de faire avancer son vélo. Au bout de quelques kilomètres, arrivés à la forêt de la Robertsau, il doit se rendre à l'évidence, il va être incapable de tracter une telle charge. Nous décidons de nous rendre à Kehl et d'acheter une deuxième remorque identique à la sienne. Et nous voilà enfin partis.
Je suis sans cesse à la traîne derrière Rémy. Deux raisons à cela : j'étais moins sportif que je ne le suis actuellement et mon vélo n'était pas optimal pour un tel voyage, il s'agissait d'un vélo de course peu apte à rouler sur les terrains très divers, terre, gravier, sentiers herbeux, que nous allions sillonner. Nous sommes en retard par rapport à l'objectif initial, j'ai le sentiment d'une urgence en moi, il n'est pas possible de flâner en chemin. J'ai du mal à rouler à l'allure de Rémy, au bout de quelques kilomètres, je ne peux m'empêcher de cesser de pédaler pour souffler quelques instants, je vois ses pieds qui continuent leur ronde sereine, inlassable sur le pédalier, et me voilà quelques centaines de mètres derrière lui. Il ralentit, m'attend à chaque fois gentiment et nous voilà repartis.
Nous dormons près d'un étang la première nuit, je suis épuisé mais j'ai du mal à m'endormir. Le lendemain, après un petit déjeuner vite avalé, en selle pour une deuxième journée de torture. Rémy m'a fixé un nouveau pédalier, avec un système de cale dans les chaussures qui vient se fixer dans le pédales mais peu habitué à ce mécanisme, je chute deux fois à l'arrêt. Je me relève sans difficulté, mais mon corps est éreinté, je ressens une grande crispation, une immense tension qui parcourt mes muscles, qui pèse sur chacun de mes organes. Nous continuons notre course-poursuite toute la journée, nous traversons Mayence ; s'approche bientôt pour moi la fin de l'épreuve, nous cherchons un terrain vague pour planter la tente. Nous roulons sur une petite route mal entretenue au milieu de quelques champs, j'entends une voiture qui klaxonne derrière moi. Je me rabats vers la droite et tout à coup, vision d'une ornière devant moi que Rémy vient d'éviter grâce à un léger coup de guidon ... Je n'ai pas l'énergie suffisante pour dévier la roue de mon vélo qui sombre dans la crevasse, je valse au dessus de l'engin les deux mains en avant.
Après la chute, nous constatons les dégâts. En ce qui me concerne, ce sont les mains qui ont absorbé le choc, j'ai la peau arrachée à l'intérieur des paumes. Toute la tension accumulée depuis deux jours dans mon esprit, dans les organes de mon corps trouvent un exutoire, explosent en moi, je ne peux m'empêcher de pleurer, assis sur le bord de la route, mais ce sont davantage des larmes de fatigue, de peur que de douleur qui est en réalité supportable. Nous avions une petite pharmacie, nous désinfectons les petites plaies. Quant au vélo, les deux pneus sont crevés mais à part ça, rien de grave à déplorer sur la structure métallique. Nous trouvons un terrain à l'abri des regards pour monter la tente. Le lendemain, Rémy tente d'abord de réparer mon vélo, démonte les pneus, cherche un réparateur, revient avec de nouvelles chambres à air, remonte le tout en un tour de main. Je cherche à repartir, mais lorsque je serre les mains sur le guidon, la douleur augmente ; je me rends à l'évidence, c'est la fin du voyage pour moi. Nous retournons vers la gare de Mayence, et bye bye l'aventure. Dépité, mal en point, me voilà revenu au point de départ.
Un cycliste averti en vaut deux ...
Quelques années plus tard, j'avais retenu les leçons de cette expérience malheureuse. Après ce premier voyage vers la Norvège, Rémy avait entamé une série de voyages à travers le monde. Il avait surtout réalisé un périple en solitaire, traversant l'Afrique et l'Amérique du Sud en 2007-2008 ; il avait tenu à cette occasion un blog qui m'avait fait rêver. Lorsqu'il m'a proposé de tenter une expérience commune à vélo, j'ai cette fois tout de suite dit oui. J'avais en travers de la gorge l'échec initial de 2003, je me suis mobilisé pour dégorger cet échec ...
Je me suis acheté quelques mois avant juillet 2010 un nouveau vélo, j'ai suivi les conseils avisés de Rémy pour le transformer, rajouter quelques éléments indispensables pour un long voyage tels qu'une nouvelle selle en cuir, des pneus renforcés, etc ... Je me suis entraîné régulièrement le soir en parcourant le canal de la Bruche aller-retour soit une quarantaine de kilomètres par jour, ainsi que deux parcours un peu plus longs le long du canal de la Marne au Rhin jusqu'à Saverne le week-end en solitaire. Nous avons également testé le matériel lors de deux sorties dans les Vosges. J'étais particulièrement heureux le jour où j'ai franchi le premier col de ma vie, le col de Bagenelles, Napoléon franchissant le col du Grand-Saint -Bernard fut moins fier et orgueilleux que je ne le fus ce jour-là.
Je suis au sommet de l'Everest
En haut de celui-ci, récompense ultime, magnifique panorama d'un soir se déversant en douceur sur une vallée d'Alsace. Lors de la deuxième sortie, alors que nous nous dirigions vers le col de la Schlucht, les attaches qui liaient mon porte-bagage au cadre se sont cassées ; retour du vélo chez le réparateur pour une mise à jour. J'avais composé une liste des affaires dont j'aurai besoin lors du voyage. Je mesurais la totale inconscience du premier trajet, à quel point j'avais été imprévoyant.
Le jour du grand départ
Dimanche 11 juillet : jour du départ. Je vais vers la fin de la matinée chez Rémy avec mon vélo, la remorque se trouvant dans son immeuble. Nous préférons partir vers la fin de l'après-midi, en raison de la forte chaleur qui règne. Rémy s'improvise poisson-pilote avec la première carte d'Allemagne dont nous disposons, qui s'arrête au pied du massif de la Forêt Noire. Il le restera tout au long du trajet, rôle que je lui ai cédé gracieusement compte tenu de mes aptitudes hasardeuses en matière d'orientation. Nous aurions pu nous retrouver à Vienne dans le département de l'Isère en lieu et place de l'Autriche au cas contraire ;-)
Nous flânons au début, le rythme est très nonchalant, nous nous arrêtons pour manger des petites sucreries, chocolat, barre de céréales, qui se dissolvent immédiatement dans nos corps durant l'effort. Lorsque nous nous arrêtons dans le premier village, Rémy photographie un clocher et ne cessera de le faire tout au long du voyage.
Deux cheminements vers le Ciel
J'arrive à le suivre et en même temps à contempler de temps en temps le paysage, acte qui était impensable quelques années plus tôt tellement j'étais crispé sur mon vélo. La lente ronde des battements de pédales s'enclenche ...
Arrivés dans une petite forêt, nous voulons faire une petite halte, mais les moustiques nous harcèlent, nous sommes obligés de nous remettre en selle pour aller plus loin. A un moment donné, j'entends un bruit de moteur derrière moi, je me déporte vers le bas-côté, lègèrement en contrebas et patatras, je chute ... Le souvenir de la chute quelques années plus tôt remonte en surface mais aucun bobo à déplorer, je repars. Les maisons et les voitures sont encore décorés de drapeaux allemands, souvenirs de la demi-finale de la coupe du monde de football ; nous hésitons à nous arrêter à un endroit pour regarder la finale de la coupe du monde entre les Pays Bas et l'Espagne, mais sur le chemin aucun bar accueillant, nous continuons la route. Vers 19 heures, la route s'éleve, les difficultés réelles débutent.
Devant nous se dresse un col de la Forêt Noire, Schwarzwald ...
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