dimanche 10 avril 2011

"Nuit blanche" sur l'ilot Nukuteatea : première journée

Lorsque  je suis sorti de la maison pour me diriger vers le lieu de rendez-vous pour le départ à l'ilot, je me suis dit qu'il faisait un temps magnifique et que nous avions de la chance. Arrivé dix minutes plus tard à cet endroit avec Jésus et Ghislaine déjà présents, une pluie drue et violente a débuté, trempant toutes nos affaires. En quelques secondes, malgré l'abri d'un arbre, nous étions trempé " jusqu'à l'os ". Curieux de nature, j'ai voulu vérifier la véracité de l'expression. J'ai pris un couteau de cuisine et j'ai choisi de manière adéquate l'os le plus long du corps, à savoir le fémur, pour tenter une telle expérience. J'ai incisé l'épiderme, puis lentement j'ai élargi la plaie en entamant profondément le muscle quadriceps fémoral pour avoir la possibilité d'accéder jusqu'à l'os. J'ai laissé tomber le couteau, j'ai introduit l'index droit et j'ai palpé l'organisme osseux. J'ai ressenti effectivement de l'humidité au bout du doigt, je l'ai vérifié en portant l'index à mes lèvres. Alors que je cautérisais la plaie, j'ai compris qu'en toute rigueur scientifique, il fallait que je vérifie si l'humidité sur l'os manifestait sa présence également en plein soleil. Ici, nous devenons comme la terre d'Uvéa, nous sommes trempés en quelques instants puis nous séchons quasi instantanément sous l'effet de chaleur et de la lumière. Toutefois, comme petit à petit, tout le monde arrivait pour prendre le départ, il a fallu que je reporte la tentative. Cela tombait bien, je préférais cicatriser ...
Je ne connaissais pas encore l'ensemble des personnes présentes, rencontrées via la salsa, le séjour a été une occasion de tisser des liens nouveaux. Il a fallu charger plusieurs bateaux avec les courses pour deux jours et nous avions également loué les services d'un Wallisien, Tominico, qui a fait deux voyages pour nous ramener sur  l'ilot Nukuteatea.  Arrivée sur l'ilot, déchargement et commencement des préparatifs pour la nuit. Nous avons accroché les hamacs aux poutres des falés, tandis que certains avaient privilégié une tente. Les préparatifs pour le repas ont pu commencer.
A la fin du repas, nous avons lavé les assiettes dans l'océan avec le sable, en repartant, je me suis retourné, j'ai vu les poissons se précipiter sur cette nourriture inattendue tombée du ciel. Petite séquence natation dans l'après-midi, précédée de barbotage dans l'eau et de discussions avec Marie-Christine et Éliane. J'avais emmené le masque et j'ai scruté le fond du lagon. A côté de l'ilot, c'est le sable qui prédomine, les poissons sont rares ; lorsqu'on s'éloigne du rivage, que la profondeur gagne du terrain,  les coraux se multiplient, et mêlés à eux, les poissons prolifèrent dans une explosion de couleurs et de formes. Puis un petit groupe dont je faisais partie est allé sur l'ilot aux oiseaux. Nous souhaitions grimper vers le sommet de l'ile mais la végétation était trop dense et nous étions particulièrement mal équipés. Retour vers le rivage de Nukuteatea et sans coup férir, l'heure du repas a de nouveau sonné, dong, dong ... A la fin du repas, surprise pour Cécile qui venait de déposer une ancienne année sur le rivage et de prendre délicatement possession d'une nouvelle sur l'ilot, au milieu de ses amis, des rires et de la joie.


Joyeux anniversaire Cécile

Après cela, séquence autour du feu pour chanter sous la houlette du musicien Vincent. Chansons choisies par ses soins : La Salsa du démon, Le Jour s'est levé, Love is All, Le Jazz et la Java, etc... Pour terminer Hallelujah de Rufus Wainwright, popularisé par le film Shrek. Je m'arrêtais de chanter de temps en temps pour pouvoir écouter les autres ; comme j'en entendais d'autres qui chantaient faux, je ne me sentais plus seul et je reprenais en choeur ...


Vincent et sa fille Lou-Anne à ses pieds
Une étrange lumière à sa gauche ?

Vers 11 heures, Pascal a proposé à ceux qui le souhaitaient d'aller voir des algues fluorescentes, qu'il avait repérées une autre nuit passée sur l'ilot. Il a fallu s'éloigner de 150 mètres de l'endroit où nous étions. Elles apparaissaient selon lui en frottant simplement le fond du lagon avec les pieds et les mains. Au début, rien, à part le sable qui se déplaçait lentement et qui s'éclairait sous la nuit étoilée. Subitement, une lumière est apparue puis s'est dissipée, puis une autre ... Nous sommes allés un peu plus loin dans le lagon jusqu'à avoir de l'eau aux genoux (nous étions quatre), nous avons frotté avec  nos pieds ou nos mains. Les micro-organismes fluorescents ont commencé à proliférer. Il suffisait de frictionner le sol, les lumières s'enclenchaient, par dizaines elles remontaient le long de la jambe et disparaissaient arrivées à la surface. Que devenaient-elles par la suite ? J'ai levé la tête vers les cieux, j'ai raisonné sereinement et j'ai bien sûr compris que ces algues phosphorescentes explosaient à l'air libre, devenaient invisibles à l'oeil nu puis déferlaient à une vitesse vertigineuse pour se ficher dans le ciel et se métamorphoser en  étoiles. Quelles étoiles allais-je créer, me suis-je demandé ? Allions-nous engendré une nouvelle constellation à nous quatre ? Valérie nous a montré une petite roche sur laquelle le micro-organisme s'accrochait obstinément ; contrairement aux autres lumières qui dansaient et s'évaporaient, celle-ci refusait sa mue en astre et souhaitait demeurer au fond de la mer ... Au retour, Pascal m'a montré  la constellation de la Croix du Sud, visible depuis l'hémisphère sud et facilement repérable.
Au retour, discussion autour de la table. Mais insensiblement mes paupières commençaient à s'alourdir, je suis allé au dodo un peu après minuit.

6 commentaires:

  1. Merci de nous avoir fait partager ces moments, on ressent la chaleur et la magie de ce que tu as vécu. J'avais également beaucoup aimé la tranche de vie décrite lors de la distribution depuis la glacière, c'était touchant. Par contre, je ne retiendrai pas ta description de boucherie imaginaire, que j'ai trouvée nettement moins poétique...

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  2. Hello Annick

    Ne retiens que ce que tu veux, no problemo. Quand on se met à nu, c'est clair que c'est moins poétique ;-)

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  3. Tes délires imaginaires ( depuis la fameuse discussion avec le crabe violoniste au sujet de son choix de la suite de Bach et jusqu'à tes automutilations) me font beaucoup rire !
    Mais j'en viens quand même à me demander ce qu'ils mettent dans ta nourriture à W&F !! Et surtout, si tu en rapporteras à ton retour ?!!! ;)

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  4. à congeline
    Nourriture principale de W-F ... le gloubiboulga ... (ce n'est peut-être pas de ta génération...)

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  5. Voiciii venuuuuuuuuu le temmmmmmmps.... ;)

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  6. C'est très bien, les jeunes ont donc aussi de la culture ...

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