mercredi 20 avril 2011

La terreur des coqs et des wekas

Combat de coqs

Wallis vit désormais à l'heure de la modernité, au rythme du village global planétaire, via la télévision et Internet notamment. Mais de temps en temps, quelques bribes éparses viennent rappeler l'origine profondément rurale et traditionnelle de Wallis. Les coqs font partie de ce folklore. Ils rivalisent chaque matin et parfois en cours de journée par leurs chants, c'est une véritable cascade qui s'amplifie, diminue, semble s'éteindre puis reprend inévitablement ... C'est évidemmment à l'aube que vous le percevez le plus distinctement, le chant du coq émerge du silence aux alentours et pour peu que vous soyez réveillé tôt un matin, il est impossible de vous rendormir...


Coq du voisin = chant du matin

C'était dimanche, j'avais décidé d'acheter du pain pour le petit déjeuner. La porte de la cuisine a claqué vigoureusement derrière moi, comme les battants d'une porte de saloon. Je suis allé me percher sur mon scooter, je m'avançais sur le sentier devant la maison lorsque je me suis retrouvé nez à bec avec le coq du voisin qui me défiait sur mon territoire. Il restait planté là sur le chemin, sans bouger d'un ergot. Je me suis efforcé de garder mon calme, de ne manifester aucune émotion particulière, je suis descendu de mon destrier, je lui ai fait face. Le soleil levant commençait à illuminer la scène, le coq a planté son regard dans le mien, je n'ai pas vacillé, le temps s'est suspendu quelques instants. Sa crête s'est redressée rouge vif, elle a flotté dans l'air, menaçante et aggressive.

Il a dégainé le premier, en entamant son chant qui a vrillé dans l'air matinal. Les notes stridentes ont transpercé l'air, elles m'ont atteint en plein coeur, j'ai failli défaillir. Il a continué à s'époumoner, son chant semblait ne plus en finir, je tremblais sur mes bases. A un moment donné, son chant a légèrement faibli, j'ai placé un contre foudroyant, j'ai hurlé à tue tête avec toute la force qui me restait "Cocorico-coco". Il est resté pétrifié sur place, il n'imaginait sans doute pas qu'on puisse chanter aussi faux, sa crête a blémi et s'est affaissée sous l'effet des notes mal accordées ... J'ai continué sur ma lancée, j'ai lancé un deuxième et vigoureux "Cocorico-coco" et là, je l'ai vu s'enfuir, épouvanté, les deux ailes déployées. Je venais de le vaincre, sans doute définitivement puisqu'il évite désormais de croiser mon chemin. J'ai réenfourché fièrement ma monture, je suis reparti vroum vroum vers mon destin qui était ... d'acheter du pain ;-)

Tous les oiseaux ne volent pas

La première fois que j'ai vu un weka, je l'ai pris pour un canard ou plus exactement un caneton. J'en ai vu plusieurs, je me suis dit au bout d'un moment qu'il y avait beaucoup de canetons, où étaient le papa et la maman ? Puis on a rectifié mon erreur (mea culpa ... mea maxima culpa) il s'agissait de wekas, oiseaux typique de l'océan Pacifique, je vous rassure ils ont donc bien tous un papa et une maman...


Un weka trotinnant, mais sans trotinette ...

Le weka a un plumage à dominante brun-beige avec des stries. Il est plutôt de petite taille et dépasse rarement les 20 cm. La particularité est que les wekas ne volent pas, mais ils peuvent marcher très rapidement sur leurs petites pattes. J'ai été surpris de lire en faisant des recherches sur Internet qu'il n'était nullement craintif envers les hommes, car ceux que j'ai côtoyés ici s'enfuient dès que je les approche, j'ai eu du mal à en capter un en photo, je n' y ai réussi que grâce à un bon zoom sur mon appareil. L'espèce non craintive est peut-être celle de Nouvelle Zélande car ici, à chaque fois que je me suis approché d'eux, les wekas se sont enfuis, en remuant frénétiquement des ailes, ce qui leur permettait de bondir sans s'envoler et de cavaler sans doute un peu plus rapidement.

Suis-je si effrayant que cela ? J'ai bombé le torse, en me regardant dans un miroir, puisque j'avais terrassé un coq et que je faisais fuir les wekas, du haut de mon mètre 67. J'ai toujours cru que je mesurais 1 m 69 (c'est ce qui est inscrit sur ma carte d'identité), et lorsqu'il a fallu passer par la visite médicale avant le départ à Wallis, le verdict du médecin est tombé, 2 cm en moins, je lui ai demandé de me toiser une deuxième fois, mais la sentence a été impitoyable. Où sont mes 2 cm perdus, me suis-je dit à la sortie de la visite médicale ? J'ai immédiatement soupçonné mes grands amis de me les avoir volés, et par définition mes amis sont grands puisque je suis petit. Je les ai scrutés en cachette, mais je n'ai rien découvert ; si le larcin avait eu lieu, il avait été réalisé subrepticement et avec doigté. Ou alors, avec la vieillesse et la gravité qui exerce sa pression permanente, je m'étais peut-être voûté davantage ? Ou peut-être ces 2 cm étaient simplement perdus, si vous les retrouvez dans un quelconque caniveau, dans quelque broussaille, mettez-les de côté, ils sont à moi, je les récupérerai à mon retour en métropole ...
Si la perte des centimètres se confirmait et s'accélérait, je serais dans quelques années face à un weka, devenu alors plus grand que moi. S'il s'approche de moi, je battrai sans doute en retraite ... Si j'agite frénétiquement les bras, parviendrai-je à voler ? 

7 commentaires:

  1. En même temps, avec un nom comme le notre (Kili Coq Lu) ton adversaire n'avait aucune chance!!

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  2. Pas mal, celle-là, Fatih, je l'avais pas vu. Un petit bonjour, pardon cocorico, du Pacifique ...

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  3. Erhan tu me manques, ma vie à Strasbourg a perdu tout son sel. Surtout ce qui est cruel c’est que je ne peux plus profiter de ta science et plus encore de ta compréhension instinctive des problèmes les plus aigus de la vie moderne. Comme palliatif j’écume les blogs spécialisés ou wikipédia mais vraiment ce n’est pas pareil. Peut être pourrions nous renouer le fil de nos conversation à travers ce blog. Les délais de mise en ligne entre chaque développement seraient un avantage pour moi. Je pourrais ainsi me documenter pour me mettre à ta hauteur. Par exemple, depuis que tu es parti j’ai documenté la conversation que nous avions entamée lors de notre voyage vers Vienne. Tu avais totalement raison en ce qui concerne la supériorité du moteur rotatif par rapport au moteur à piston classique c'est-à-dire couplé à un système bielle/manivelle. Tu peux cependant rester beau joueur en m’accordant que mes légères méfiances quant à la fragilité du moteur wankel au niveau de l’usure prématurée des segments du rotor et des difficultés de lubrification ne sont pas dénuées de fondement. La suite de ta démonstration a cependant été magistrale, à l’image de la victoire de la Mazda 787B aux 24 heures du Mans en 1991. Sa brillante victoire sera d'ailleurs à l'origine de l'interdiction du moteur dans la compétition, sous la pression des autres constructeurs largement surclassés.
    Cependant s’il est vrai comme tu me l’as dit que la Mazda cosmo sport 110 a bien été la première voiture de série équipé d’un tel moteur et que Mazda avec des modèles mythiques comme la RX7 et la RX8 a écrit les plus belles pages de l’histoire du piston rotatif, tu ne peux pas oublier les tentatives de Citroën avec la GS birotor et surtout Audi tout récemment en vue de produire une voiture à hydrogène. Comme thème de nos futur discussions je te propose d’ailleurs (mais tout à fait respectueusement bien sûr de mon humble position de disciple face au maître transcendantal) que tu m’éclaire sur cette technologie innovatrice et porteuse d’’espoir en terme de gains écologiques.
    J’ai profité de mon voyage à Copenhague avec Carole pour poursuivre mon édification, mais malgré ses qualités universitaires indéniables et son intelligence digne des plus gros bonnets de la recherche, elle m’a laissé quelque peu laissé sur ma faim usant trop souvent d’arguments sociologiques par trop généraux issus de l’ouvrage de M B Crawford, L’Eloge du carburateur, ouvrage dont tu m’avais malheureusement pour elle déjà fait l’exégèse. Mais bon poli comme tu me connais j’ai fait semblant de les découvrir par sa bouche.
    Je dois te laisser,
    à bientôt, … j’espère, …ardemment.
    Rémy

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  4. En lisant ce commentaire, beaucoup de gens vont se demander si c'est du lard ou du cochon... Je leur précise que Rémy étant alsacien, c'est du späck ...
    Bah, un jour je reviendrais, l'élastique s'est tendu de 16 000 km mais il reviendra au point de départ. Et moi, actuellement, je m'intéresse à la technologie hybride. Je vais bientôt consacrer un article à ce sujet. A ++

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  5. Et en relaisant ton commentaire, Rémy, je viens de comprendre que c'est celui d'une âme en peine, qui avoue sans vouloir le dire, qu'il est à l'orgine du vol des 2 cm ... Mes soupçons se confirment et ... le masque tombe ;-)

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  6. je peux même te dire que Rémy regrette beaucoup ce vol, car tes deux cm sont allés directement se loger dans des tendons à l'arrière de son genou droit, ce qui lui vaut des séances de kinésithérapie et d'ostéopathie depuis ton départ. Il te fait subtilement comprendre qu'il serait temps pour toi de revenir chercher tes 2 cm, afin qu'il puisse à nouveau détruire ses adversaires au volley...

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  7. Il faut toujours se fier à ses pressentiments et... bien mal acquis ne profite jamais ;-)

    A ++

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