samedi 14 mai 2011

Cérémonies religieuse et républicaine du 8 mai 1945 à Wallis

Dimanche dernier, nous étions conviés à la célébration du 8 mai 1945 de la victoire des Alliés en Europe. La particularité à Wallis est de mêler le cérémonial religieux et républicain, et la stricte coupure de la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui vaut en métropole avec la loi de 1905 est moins nette à Wallis. En effet, sur l'ile il existe trois puissances, celle des autorités coutumières avec à sa tête le roi, celle de la République avec pour représentant le Préfet, et la puissance catholique avec pour supérieur hiérarchique l'évêque. Chacune de ces puissances joue souvent un rôle lors des cérémonies. La célébration a commencé avec une messe catholique à 7 H. Je m'y suis rendu par curiosité, car la messe constitue un fait majeur de la vie wallisienne. Elle a eu lieu à la cathédrale Notre-Dame de Mata' Utu, qui se dresse face à la mer. Ses tours crenelées et sa pierre noire évoquent davantage le château-fort que l'édifice religieux.



La cathédrale Notre-Dame d'Uvéa

Je me suis assis au fond à gauche et j'ai attendu patiemment le début de la cérémonie. L'évêque est entré, précédé par une procession de personnes qui s'avançaient deux par deux, en portant une croix chacun et habillé en costume traditionnel wallisien. J'avais déjà assisté à des offices religieux chrétiens mais la cérémonie catholique comparée aux cérémonies protestantes est toujours empreinte d'une plus forte solennité, d'une grande pompe. L'évèque a salué la présence du préfet et d'un général, commandant supérieur des Forces Armées. J'étais encore peu éveillé, je n'ai pas suivi précisément l'ensemble du sermon consacré d'une part au rappel de la fin de deuxième guerre mondiale, la nécessité de la concorde, l'épisode des pélerins d'Emmaus et la Cène. J'entendais aussi la voix d'un enfant, me semblait-il, qui parlait en wallisien. Elément le plus beau de l'office, les chants de la chorale religieuse qui scandaient régulièrement la cérémonie. Les chants en wallisien résonnaient avec une grande pureté dans la cathédrale. Seul mot que j'arrivais à percevoir, le terme universel "Alleluia".

Après la messe, le cérémonial républicain. Il s'est déroulé sur la place Malae Sagato Soane située juste à côté de la cathédrale et du palais royal. Tout autant de minutie et de préparation lors de cette cérémonie que lors de la précédente. Les différents corps d'armée, l'armée de terre, la gendarmerie mobile et permanente, la marine aisément reconnaissable aux pompons rouges arborés par certains, ont pris leurs repères, ainsi que d'autres corps en uniforme, les douanes, les pompiers. En fin de file, les anciens combattants. Lorsque le préfet est arrivé, le traditionnel salut militaire "Garde à vous" "Présentez armes" "Reposez armes" "Repos" est venu marquer le respect de tous ces corps à leur représentant républicain. Il a fait le tour de la place, le lever des couleurs s'est graduellement opéré, le Préfet juché sur le pupitre a commencé son discours.


Le moment du discours du Préfet

Le moment du discours est à mes yeux celui qui symbolise le plus la manière dont les trois puissances mentionnées composent entre elles. Le préfet au centre, qui venait d'assister à la messe, prend la parole avec dans son dos une grande croix du Christ. Il est encadré par deux drapeaux, d'une part le drapeau français mais aussi le drapeau wallisien, représentant le royaume d'Uvéa. Enfin, en face de lui prennent place les autorités coutumières avec au centre le roi de l'ile. Son discours a porté évidemment sur la fin de la deuxième guerre mondiale, mais il a sans doute souhaité passer un message aux autorités coutumières et au roi après l'épisode du conflit à EEWF (Electricité et Orages dans l'Air) en donnant l'exemple de la réconciliation franco-allemande opérée par Adenauer et  de Gaulle après la guerre. A la fin de la cérémonie, un pot était offert.

Quelle cérémonie j'ai préférée ? Cela peut paraitre curieux pour le non croyant, le républicain laique convaincu que je suis, mais  j'ai préféré la cérémonie religieuse. Le faste républicain n'entraine pas de ferveur. Rien ne remplace la beauté des chants religieux, de ces "Alleluia" qui s'élèvent le long des colonnes de la cathédrale, qui volètent comme des papillons dans l'espace aéré et lumineux de la nef, puis s'en vont s'incruster dans la voute et le ciel ... 

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