tag:blogger.com,1999:blog-44820090008969371402024-03-13T22:53:40.724+12:00Erhan à WallisErhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.comBlogger97125tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-74793496975436550392020-06-12T20:59:00.005+12:002021-01-28T23:23:42.925+12:00Le cantique des cœurs<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<h4>
<div style="text-align: right;">
<span face=""arial" , sans-serif" style="font-weight: normal;">« Extension
de ma main droite au ciel</span></div>
<span style="font-weight: normal;"><span face=""arial" , sans-serif"><div style="text-align: right;">
Tension
de ma main gauche vers la terre</div>
</span><span face=""arial" , sans-serif"><div style="text-align: right;">
J'ai
descendu ma langue jusqu'au cœur</div>
</span><span face=""arial" , sans-serif"><div style="text-align: right;">
Et
j'ai tournoyé comme Mevlana »</div>
</span><span face=""arial" , sans-serif"><div style="text-align: right;">
Cantique
turc en l'honneur de Mevlana</div>
</span></span></h4>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: right;">
<br /></div>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Au
lieu dit de la croix, au carrefour, je fends l'air sur mon scooter,
direction nord. Tout à coup, un orage explose. Les gouttes d'eau
frappent vigoureusement mon casque, ma poitrine, griffent ma peau,
elles éclatent comme autant d'obus contre ma chair, rebondissent en
geyser, retombent délicatement. Chacune des gouttes murmure, scande
son nom, avec ardeur et ferveur. Elles se précipitent sur moi par
milliers, leur impact foudroyant m'enveloppe dans une douce chaleur.
Vaste caresse, forte et vigoureuse, harmonieuse et douce, qui
parcourt mon corps. La force de la pluie diminue, s'intensifie, mon
cœur-tambour résonne au rythme de l'orage sous la dictée de son
nom. La pluie s'apaise. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Le
vent se lève, effleure mon visage, mon épiderme frémissant dans
l'espoir, l'attente de la rencontre. Le vent m'enveloppe dans une
bulle d'air, me palpe de part en part. Il soulève par intermittence
ma poitrine. J'accélère, je décélère, le vent cogne ma poitrine
au rythme des battements de mon cœur-tambour. Subrepticement, je
deviens transparent, translucide, le vent pénètre ma peau,
s'insinue dans chaque organe, rafraîchissant, exaltant. Je suis alors le vent lui-même, mon cœur-vent va souffler sur les rideaux
des fenêtres, agiter les feuilles des arbres et dilater les voiles
des bateaux. D'un seul élan, je me projette vers les nuages.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Je
vogue, tel un bateau ivre, dans leur forme hasardeuse. Je me faufile,
je les sépare, je les recompose. Ils prennent peur, s'enfuient.
Inévitablement, ils reviennent à moi. Je m'immisce au centre d'un
vaste nuage, transfiguré, mon cœur-vent à sa recherche se
disperse, mon cœur-nuages prend la relève. Parfois je survole le
monde illimité, je parcours les pôles magnétiques, je m'en
détache, j'y reviens. Parfois, je m'effiloche, proche de la
disparition, quand je plane au dessus des déserts brûlants, seule
une vapeur ténue marque ma présence. Parfois, je me gorge d'eau, je
gonfle, ivre de folie, de poésie et de bonheur, j'éclate en orage
sur les chemins de Wallis, dans le poudroiement du jour. Je recompose
mon enveloppe charnelle.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">* *</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Je
to</span><span face=""arial" , sans-serif">urne à droite.
Le soleil du couchant, derrière moi, direction ouest, se réfléchit
dans les deux rétroviseurs de mon scooter, à gauche, à droite, et
en chacun d'eux la lumière resplendit. Et au milieu de ces deux
reflets de l'astre, mon cœur-miroir brille avec encore plus d'éclat,
éblouit l'espace aux alentours. Le soleil commence à disparaître à
l'horizon, il s'abandonne une dernière fois dans la grâce la plus
complète à la nuit qui survient, dans un spectacle somptueux</span><span face=""arial" , sans-serif"><span style="font-size: small;">. </span></span><span face=""arial" , sans-serif">Mon
cœur-miroir capte le soleil plongeant, les éclats chauds et </span><span face=""arial" , sans-serif">colorés
du ciel, jaune, orange, rouge, s'entremêlent au songe de mon aimée
en moi. Les couleurs se nuancent, s'exacerbent tour à tour. Dans un
festin délirant de couleurs, la flamme une dernière fois s'embrase
dans un immense chant de tendresse puis s'éteint majestueusement. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Le
soleil s'endort, mon cœur-esprit veille. Le soleil s'efface, en
contrepoint montent en moi les pensées de mon aimée, qui me
parviennent par vagues successives. Nulle matière, seules les
vibrations se diffusent vers moi. Ondes longitudinales, ondes
transversales, elles perforent l'espace, le temps s'écoule, irréel,
m'enroule dans une ronde éternelle. Je perçois, dans l'espace-temps
de mon cœur-esprit, les battements les plus intimes de ses
angoisses, de sa nostalgie, de ses espérances, de sa joie, de sa
liesse, de son rayonnement. Violon frémissant, je m'accorde aux
vibratos de sa conscience, à la mélodie secrète de ses sentiments.
Dans le silence le plus pur, le plus éthéré, notre accord
spirituel s'élève. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">C'est
la nuit, le faisceau de phare éclaire mon chemin. Je roule pleins
feux, les insectes, attirés par la lumière, se précipitent sur
moi, comme des étincelles, des boules de feu. Un immense papillon de
nuit, messager du corps de mon aimée,comme un sabre étincelant, me
frappe en plein cœur, s'enfonce en moi. Mon cœur-papillon de jour
palpite avec lui, volette, danse face contre face dans la plus grande
volupté, aspire le nectar butiné dans les corolles des fleurs,
déposé sur ses ailes. Le papillon continue sa course, me traverse,
ressort, hébété, étourdi, zigzague quelques minutes dans l'air
embaumé et retombe dans le lagon. Son corps linceul flotte un
instant, pâle, évanescent puis s'enfonce doucement dans l'eau
limpide, croise les poissons lumineux, ainsi que les algues
phosphorescentes qui remontent vers la surface.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">* *</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Je
tourne à gauche, je mets pied à terre, elle est devant moi. La
pleine lune éclaire comme un cierge l'horizon. Je lui tends ma main,
côté droit, elle me tend sa main, côté cœur. Nous marchons
ensemble, direction sud, main dans la main, sur un chemin de traverse
qui serpente le long du lagon. Main dans la main, bras tendus, vus
de la terre par les insectes qui peuplent le sol, nous formons un
« M » démesuré, étourdissant. Main dans la main, bras
tendus, vus du ciel par les oiseaux qui parsèment l'espace, nous
formons un « W » ténu, délicat. Je cours, mon
cœur-jaguar bondit, entraîne son cœur-gazelle. Nous accélérons,</span><span style="font-size: small;">
</span><span face=""arial" , sans-serif">les
battements de nos cœurs s'emballent ; nous ralentissons, les
battements de nos cœurs s'atténuent. Nous franchissons d'un bond
vallées et collines. La sueur coule le long de nos corps. Nous
passons à travers des forêts immenses, la sève se déploie, monte
dans la fièvre le long des fines tiges des cocotiers. Ses
cheveux-palmes frémissent, ondulent au vent, leur vaste corolle
s'épanouissent dans la nuit comme des étoiles. Ses cheveux se
déplient sur tous les cocotiers et chantent la grâce de l'instant
présent. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Le
bruissement des arbres, le froissement de nos pieds des feuilles
éparpillées dans les lits de verdure, le chant des oiseaux
ponctuent le silence. Elle étend son bras vers un cocotier, cueille
une noix de coco, le brise en deux et m'en offre la moitié. Je bois
l'eau douce et rafraîchissante, je mords dans la chair laiteuse. Je
me penche vers le fruit de l'arbre à pain qui jonche le sol, je le
fends en deux, je lui en donne la moitié, elle goûte sa pulpe
jaune, sa texture farineuse. Nous fermons les yeux, nous respirons
l'odeur capiteuse qu'exhale la terre après la pluie. Quelques
sachets de myrrhe odorant imprègnent l'herbe, frappent à leur tour
nos narines. Elle tresse un collier de fleurs, elle le dépose comme
une auréole autour de mon cou, autour de mon cœur. Mes bras
délicats comme des fleurs l'entourent, nos cœurs-fleurs
s'enchevêtrent. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Sous
nos pieds plus légers que l'air, la fine membrane de terre
volcanique résonne, nous pressentons les éclats de lave qui
sommeillent sous Wallis. Les forces telluriques grondent à nos
oreilles, proches de l'éveil. Nos pieds deviennent plus lourds que
la terre, retiennent l'éveil du volcan. Elle touche de la main un
arbre dressé contre le Pacifique, palpe l'écorce. Sous l'effet de
son cœur-volcan, l'arbre s'enflamme, il s'embrase en une véritable
torche qui menace de s'étendre sur Wallis. Mon cœur-torrent se
déverse sur l'arbre, éteint l'incendie naissant. Les cendres dans
les racines rougeoient encore, se rallument sous l'effet du vent,
l'incendie s'élève à nouveau. Nous l'éteignons ensemble, nous
jetons du sable pour contenir les cendres. Leur couleur</span><span style="font-family: "arial";">
chatoyante se magnifie et miroite à tout jamais dans nos esprits. La
cendre du souvenir, légère, s'échappe de mon âme et de celle de
mon aimée, s'envole, danse dans les cieux puis se propage vers les
hommes, les femmes et les enfants …</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">* *</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Nous
sommes assis face au lagon, direction est. Je me tourne vers mon
aimée, elle se tourne vers moi. Avec mes mains, je déchire ma
poitrine en deux parts égales, j'écarte mes côtes cramponnées au
sternum. Avec ma main droite, je prélève en douceur mon cœur,
timide et effronté, placide et passionné, je le tends comme une
offrande pour ses yeux. Mon cœur-soleil palpite faiblement, rayonne
avec difficulté, les frissons électromagnétiques le parcourent, il
essaie de s'envoler maladroitement … Le voilà qui tombe, elle le
recueille dans ses deux mains avant qu'il ne touche le sol. Il
reprend son souffle, s'enhardit, quitte ses mains, s'élève et plane
quelques instants sur place. Le voilà qui pivote sur lui-même, de
plus en plus vite, il commence à effectuer une ronde autour de nous,
il nous encercle, et recommence. A chaque tour, son élan l’entraîne
avec plus de vigueur. Tout en continuant à tournoyer sur lui-même,
il palpite de plus en plus fort, à l'instar de ses sœurs de la Voie
Lactée, qui l'observent avec tendresse. Ses couleurs s'intensifient
: rouge pâle … rouge profond … rouge éclatant … A la fin du
septième tour, mon cœur-soleil commence à se dilater, les vents
stellaires virevoltent, je le stoppe de mes deux mains, je calme son
élan enfiévré, ses ardeurs, je le dépose à nouveau entre les
mains de mon aimée, qui le reçoit avec affection.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">Elle
me regarde, ses yeux vert-marron m'interrogent : Mon cœur
pourrait-il rejoindre le tien ? Je fends sa poitrine, je porte ma
main gauche vers son cœur, mais il se rétracte, il s'éloigne,
apeuré. Je lui parle, je l'apprivoise par la parole, il s'approche
timidement de ma main. Mes cinq doigts l'encerclent, je l'extrais
avec une infinie lenteur. Son cœur-lune sort de la pénombre, le
voilà qui rayonne sous l'éclat de mon propre cœur, je le dépose
également entre ses mains. Mon cœur-soleil dans sa main gauche, son
cœur-lune dans sa main droite se font face à face, se
reconnaissent, s'entremêlent. Tout à coup, tel un jongleur, dans la
joie la plus pure, elle lance tour à tour les cœurs vers le ciel.
Chacun d'entre eux s'élève, à chaque fois un peu plus haut. Le
jour et la nuit se succèdent à un rythme effréné, les coqs
troublés s'époumonent, ne cessent de chanter, leur chant rebondit
comme une cascade sur l’île. Le cœur-lune de « W »
s'élève si haut qu'il éclipse l'astre de la nuit, il prend place
au milieu de la constellation de la Croix du Sud. </span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
Gardien des marées, il </span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: medium;">provoque
dans</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 15pt;">
nos deux corps océans</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: x-large;">une
houle immense</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 15pt;">qui
parcourent tous</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 13pt;">
nos organes, dans</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";">
une fièvre intense. Nos esprits s'accordent au rythme du monde </span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: medium;">et
palpitent</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 16pt;">palpitent</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: x-large;">palpitent
à </span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";">l'unisson</span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";">.
</span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";">Les
deux cœurs redescendent langoureusement entre ses mains. Elle prend
un cœur (est-ce le mien? est-ce le sien?) de sa main droite, le
dépose dans sa poitrine découverte, face au ciel. Celui qui
sommeille désormais dans sa main gauche (est-ce le sien? est-ce le
mien?), elle le pousse fermement vers mon thorax béant, reposant sur
la terre. C'est le matin, nous regardons le lagon une dernière fois, une lumière douce et sereine éveille les âmes. Les couleurs pâles, légères du soleil nous étreignent. Le matin calme et apaisant embaume l'âme ; une espérance neuve brille, scintille sur le monde, sur les hommes, les femmes, les enfants. Nos têtes sont recouvertes de rosée, nos cheveux sont trempées par les embruns du Pacifique. Nous repartons main dans la main. Le temps présent se dénoue dans l'éternité. Mon aimée me</span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: "arial";"> contemple, son regard amoureux rayonne d'une pureté infinie.
Illuminés par son éclat, mes yeux transmettent la lumière à mon
sang, qui parcourt la voûte étoilée de mon corps pour rejoindre
mon cœur trônant au centre des ventricules, des veines et des
valves.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">*</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""arial" , sans-serif">* *</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span face=""arial" , sans-serif">*</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-47174739529339650462014-11-11T10:17:00.001+12:002015-12-28T10:43:47.554+12:00Le temps des adieux à Wallis-et-Futuna<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La
fin de mon séjour à Wallis-et-Futuna s'approche, inexorablement. Il
ne me reste que quelques mois avant le départ définitif. Quatre
années d'une vie, somme à la fois considérable et brève … Je suis venu ici grâce à ma profession. Expérience originale, passionnante et
enrichissante, je n'ai cessé de passer du coq à l'âne. J'ai lancé
un fier Cocoricoco quand je maîtrisais quelques procédures,
d'autant plus qu'ici un inspecteur des finances occupe un rang plus
élevé qu'en métropole sur ce territoire minuscule et qu'il peut se
voir confier des tâches plus valorisantes, devenir l'interlocuteur
direct d'un préfet, d'un secrétaire général, d'un vice-recteur
sur certains dossiers. Mais la vérité exacte, c'est que j'ai été
forcé de braire Hi Han Hi Han, je me suis transformé bien plus
souvent en âne compte tenu de la complexité des dossiers, le
travail que j'effectue ici impliquerait une vingtaine de personnes au
moins en métropole, il nécessite une très grande polyvalence
difficile souvent à mettre en œuvre. Je l'ai fait du mieux que j'ai
pu, je garderai le souvenir de tâches impossibles, inimaginables en
métropole, <a href="http://erhanawallis.blogspot.com/2011/04/la-glaciere-coffre-fort.html">de mes appels à la foule lors des tournées de pension pour personnes âgées « KO- LO - PO – POOOO »,</a>
<a href="http://erhanawallis.blogspot.com/2011/08/demenagement-et-inauguration-de-la.html">de m'être mis à quatre pattes pour nettoyer le sol du nouveau bâtiment des finances publiques</a>, <a href="http://erhanawallis.blogspot.com/2013/09/montres-fusils-et-flammes.html">de mes ventes à la criée lors des enchères à Futuna ou Wallis</a>, d'avoir fait de la spéléologie
pour nécessité de service pendant mes heures de travail, de m'être
transfiguré en Rapetou, d'avoir vu se broyer, s'envoler en mille
morceaux pour devenir poussière l'objet inanimé des rêves, des
aspirations matérialistes de tout un chacun ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-3sZ1kHjn7Xk/VIu6I-kLVlI/AAAAAAAAAu4/4tv7t6nMuGI/s1600/image1.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-3sZ1kHjn7Xk/VIu6I-kLVlI/AAAAAAAAAu4/4tv7t6nMuGI/s1600/image1.JPG" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les ventes aux enchères à Wallis</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je
suis venu ici avec l'idée de réaliser des voyages dans le
Pacifique, et tel Tintin j'ai exploré des contrées
inimaginables, qui faisaient partie de l'ordre du rêve quand j'étais
en métropole : songes éveillés, les visites de deux îles de
Fidji, de la Nouvelle Zélande, du Japon, de Sydney à deux reprises
ainsi que du Vanuatu ont scandé mon séjour. Expérience intime, je
suis venu ici pour lire, approfondir quelques questions qui me
passionnaient ; dans une période de solitude voulue ou subie, c'est
selon, et dans un recueillement intérieur, je me suis plongé dans
des lectures poétiques ou philosophiques, rencontrant en chemin
Montaigne, Spinoza, Nietzsche. Expérience littéraire, je suis venu
ici pour me plonger dans ce blog, développer mon souffle d'écrivain,
par petits essais comme les pas projetés devant soi d'une course de
longue distance, écrire des articles composés avec frénésie ou
douceur c'est selon, avec persévérance et amour toujours. Je sais
que je prolongerais sans doute quelque temps, une année peut-être,
les exercices de mon blog à mon retour en métropole.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je
me suis rendu une dernière fois à Futuna pour remplacer une
collègue, j'ai procédé aux virements urgents et au paiement des
pensions pour personnes âgées. Ce sont les derniers vestiges d'une
société qui disparaît que j'observe, il demeure sur cette île
plusieurs personnes très âgées qui n'ont jamais eu de pièce
d'identité pour la simple raison qu'ils n'ont jamais quitté ce
territoire, enfant perdu du Pacifique … Je leur donne l'argent qui
repose dans les enveloppes, mince somme qui reconnaît le lien qui
les unit à une lointaine contrée dans laquelle certains n'ont
jamais mis les pieds, que je vais bientôt retrouver, ils me
remercient en règle générale avec effusion dans leur langue Malo
Malo ...
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Deux
jours avant mon départ de Futuna, en fin d'après-midi, j'ai pris
mes cliques et mes claques depuis l'hôtel, ainsi que mes baskets au
passage, pour courir une dernière fois sur la terre futunienne. Clic
Clac mes pas ont commencé à résonner sur la route circulaire de
l'île, direction Est. C'était ma première course depuis le
semi-marathon de Sydney. Je prends la direction contraire au soleil
qui se couche derrière moi, les vagues à ma droite entonnent leur
psalmodie bleue et blanche. Je passe devant la maison que j'ai occupé
une semaine, il y a quelques mois de cela, où dans un climat de
pluie perpétuelle, je voyais, depuis le balcon, pendant de longues
heures, la vaste respiration de l'océan fluer, refluer sur le
platier, la frange écumeuse des vagues inégales venir délicatement, ou en
furie bondir sur les flancs de Futuna. Je dois parfois m'effacer pour laisser
passer les voitures, j'avance comme dans un rêve, je vais bientôt
traverser le pont qui marque le passage entre les deux royaumes d'Alo
et Sigave. Durant mon séjour, le roi d'Alo a été intronisé, le
roi de Wallis a été destitué, et toujours nul roi à Sigave. Ainsi
vont les éphémères destinées humaines, misérables ou glorieuses,
discrètes ou fracassantes, tandis que les vagues déroulent leurs
infinis ourlets sur le rivage, que l'océan déverse ses éternels
soupirs. Clic clac je traverse le pont, je pénètre dans un autre
royaume, que vais-je y découvrir ?</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-wO35RDqA_QM/VGE5Gvs2niI/AAAAAAAAAug/-1LDFJgbf4M/s1600/P1000917.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-wO35RDqA_QM/VGE5Gvs2niI/AAAAAAAAAug/-1LDFJgbf4M/s1600/P1000917.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Passage
entre deux royaumes</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Quelques
jours plus tard, je cours à Wallis. Mes pieds sont lourds, ces
quatre années sur l'île m'ont fait basculer définitivement vers le
début de la vieillesse, je sens que mon corps s'est rétréci, que
mon souffle est devenu incapable de creuser dans mes organes comme
autrefois. Je sens tout le poids de la terre qui m'appelle, qui
entame le lent travail d'engloutissement de la matière qui me
compose, nulle échappée concevable, imaginable vers le grand ciel à
peine troublé de quelques nuages. J'ai eu aussi la tristesse de
perdre deux collègues de travail que j'appréciais durant mon séjour
: Demain la mort … Je ressens l'importance de continuer à faire
travailler ce corps, à lui infliger des séances de course pour
prendre sa mesure. S'agit-il de vaincre dans un effort vain la
vieillesse, ennemi impitoyable ? Non, je dois faire de mon corps un
compagnon aimant puisqu'incontournable. Mon corps a grandi, s'est
renforcé, s'est maintenu et butte désormais contre un obstacle
infranchissable, comme un cheval qui se cabre il doit refluer en
arrière malgré mes exhortations, il faut que je m'habitue au chemin
de retour, que je capte les sensations impossibles à percevoir plus
jeune. Premiers pas Boum Boum immédiatement le sang pulse dans mes
veines, un peu plus vite, un peu plus fort. Je connais grâce à une
montre GPS que je porte au poignet de temps en temps la distance
exacte que je vais parcourir six kilomètres Tic Tac Tic Tac chaque
mètre et seconde peut désormais être décomposé, décortiqué,
analysé. La substance de mon corps vibre, ma montre reçoit un
lointain écho de satellites qui vibrionnent autour de la Terre, je
suis en lien avec ces satellites mais je sens que ma propre substance
est en lien bien plus profond avec l'immense cosmos, ses étoiles
explosantes comme des passions enflammées, ses galaxies qui s'éloignent comme des amours passées, ses comètes qui nous
frôlent comme des espérances inextinguibles. Les battements de mon cœur, ses particules, ses électrons
résonnent en accord profond avec l'Univers, la petite horloge de mon
être vibre en résonance étroite avec celle à mon poignet, avec la
grande horloge cosmique.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je
commence à petites foulées, j'entends un léger bourdonnement, un
souffle infime qui chante à mes oreilles. Je lève les yeux pour
observer la cime des arbres, cocotiers à quelques mètres, pins
encore plus haut mais je ne distingue aucun balancement des épines
et des palmes. C'est moi qui provoque ce vent me dis-je, j'accélère
pour m'en assurer, je suis heureux de constater que mon corps par la grâce de ma course est
encore capable de provoquer ce bruissement, je fais encore partie de
la rumeur du monde. Je suis à ma juste mesure dans le temps et
l'espace, un simple atome au regard de l'organisation infiniment
complexe du monde, traversé par les vibrations de la pensée, mon
corps comme une toile d'araignée capte toutes les nuances, les
couleurs, les matières de cette fin de jour pour les projeter avec
douceur dans mon être intime. Après une petite pente que je monte à
très petits pas, je tourne à droite, se déroule sous mes pieds une
vaste route cendrée, couleur brune, qui relie la RT1 à la RT2. La
perspective de la cime des grands pins se prolonge vers l'ouest,
l'ombre des deux côtés accompagne ma course nonchalante, la ligne
filante des arbres se termine en pointe alors qu'un beau soleil
lointain éclaire la base de ce grand V avant le grand basculement vers sa tanière. Je me précipite vers lui
quand je tente une légère accélération, comme la veille lorsque
j'étais en vélo. Je tentais la montée d'Afala comme à chaque fois
que je voulais sonder mon souffle, mettant pied à terre à chaque
fois que je suis en petite forme. La montée s'éternisait, j'étais
au bord de la rupture lorsqu'au détour d'un virage, j'ai pris
l'éclat d'un soleil démesuré en pleine face. Je m'arc-boutais sur
les pédales pour ne pas abandonner, les dents serrés, position en
danseuse, moi le danseur, je m'élançais vers le feu ardent, les
photons me traversaient de part en part en une fraction infime de
temps, collision gigantesque, douce qui me revigorait, me
ressuscitait.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je
reviens sur la route cendrée, le soleil a disparu, les ombres de
chaque côté ont recouvert le chemin , la terre a pris une couleur
chair vif. Je tourne à gauche pour reprendre la route Malae Loka qui
mène chez moi. Je cours à droite sur le sol meuble de la route car
le centre est rempli de graviers dangereux, sur l'extrême bord à
côté de ma course se dressent des pylônes en béton ainsi qu'en
bois, les premiers supportant trois câbles électriques principaux,
les autres deux fils secondaires. Ces cinq fils tendus de pylône à pylône que j'embrasse du regard lorsque je lève la tête composent les
longues lignes d'une partition sur lesquels trois oiseaux suspendus
attendent la montée du soir. Une quasi pleine lune que je distingue
entre les portées monte, descend légèrement au fil de mes foulées.
Mon souffle rauque, exténué s'élève par saccades, s'agrippe délicieusement, délicatement
aux câbles comme un oiseau aux pattes crochues. Parcouru par le
courant électrique mes bouffées d'air s'enchâssent définitivement aux
lignes, se transforment par un enchantement intérieur en points blancs et noirs, brillants, inaltérables
qui forment les notes d'une mélodie qui s'élève, se creuse en moi. Les trois oiseaux s'envolent, emportant dans leur cœur cette musique pour l'emmener vers vous à travers ciel, nuages, pluie et soleil.</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-eNTtW60P8wA/VGE5SLhiA3I/AAAAAAAAAuo/w2FwfnNLsmk/s1600/Hymne_joie_01%5B1%5D.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="166" src="http://2.bp.blogspot.com/-eNTtW60P8wA/VGE5SLhiA3I/AAAAAAAAAuo/w2FwfnNLsmk/s1600/Hymne_joie_01%5B1%5D.png" width="640" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Partition
de joie sur Wallis</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Retentit en moi la joie, fabuleuse étincelle projetée par la course
des soleils vertigineux du cosmos. Il me reste une dernière petite
bosse à franchir, je vais tenter d'accélérer encore une fois.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-57412547118225380512014-09-10T19:38:00.001+12:002014-09-13T10:16:16.647+12:00My friend Yoshiko : Des origamis en écho sur la terre<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Randonnées sur l'île</span></b><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Comme
chaque matin, nous devisons tranquillement au petit-déjeuner. Je
demande à Yoshiko comment elle est devenue chrétienne. Je sais que
la majorité des Japonais sont shintoïstes ou bouddhistes, mais j'ai
constaté aussi grâce à mon voyage au Japon que le syncrétisme
régnait, qu'ils étaient souvent des deux confessions selon les
occasions. Par contre, la religion chrétienne est très minoritaire.
Elle me dit qu'à une période difficile de sa vie, elle passait près
d'une église non loin du restaurant de ses parents, qu'elle a vu
l'inscription « Frappe à la porte et entre », qu'elle
est entrée, qu'elle a trouvé ce qu'elle cherchait. Elle résume la
religion chrétienne par le fait que le bien que l'on veut pour soi,
on le veut aussi pour l'autre. Une autre formulation du fameux
commandement chrétien demandant d'aimer l'autre comme soi même.
Chemin faisant vers le sud, je m'arrête pour qu'elle puisse prendre
en photo l'église du Sacré-Coeur aux tourelles emboîtées, qui me
fait toujours penser à un gâteau de mariage, où un Christ trônant
dans l'une des tours tend ses bras pour embrasser le monde entier.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-GK_RYkCHUtI/VA_8IemFbqI/AAAAAAAAAto/P0fKsF30CIs/s1600/10370548_682502291798591_806947222_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-GK_RYkCHUtI/VA_8IemFbqI/AAAAAAAAAto/P0fKsF30CIs/s1600/10370548_682502291798591_806947222_n.jpg" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'église-du-gâteau-de-mariage</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
devions prendre le taxi-boat pour un îlot du sud, mon préféré de
Wallis, celui de la Passe. En arrivant, je ne vois personne sur le
canot à moteur qui nous emmène vers les îlots. Je me souviens
avoir réservé deux jours plus tôt en passant lors de la visite
d'une église mais j'avais dit que je confirmerai mais je ne l'ai pas
fait Aïe ça se présente mal. Nous attendons une peu, mais rien à
faire, pas de pilote à l'horizon. Je m'enquiers de son domicile
auprès d'un villageois qui tond sa pelouse, je toque à la porte
mais il n'est pas là. Je cherche un autre pilote qui habite non loin
de là, mais je joue de malchance, je toque plusieurs fois, personne
pour m'ouvrir. Je tente d'aller vers l'association Vakala pour
profiter des îlots du centre Toc Toc Toc il n'y a pas d'activité le
lundi matin. Je dois donc changer mes plans, la journée se
transforme en randonnées dans la nature. Je montre d'abord à
Yoshiko le Christ au carrefour du nord puis l'église Saint-Pierre et
Paul non loin de là, puis direction la pinède derrière le mont
Loka où je courais fréquemment au début de mon séjour. Je tente
d'emprunter différents chemins, mais les sentiers n'ont pas été
refaits, ils ne sont plus nettoyés depuis le cyclone qui date
pourtant de plus d'un an. Parfois, ce sont des grands arbres qui
barrent la route, parfois ce sont les bruyères folles très hautes
ou les ronces denses. Mais nous passons tout de même près d'une
heure et demie à errer de sentier en sentier, de petits papillons
s'ébattent comme des vibrations de l'âme quand nous foulons les
herbes, les fleurs sauvages. Un très léger vent souffle balançant
les arbres, caressant les palmes des cocotiers, effleurant les épines
des pins et traverse l'être comme un songe. Nous tentons d'avancer
de temps en temps malgré la végétation touffue, nous nous
retrouvons ensevelis dans des écrins de verdure, il faut revenir en
arrière.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-XSKeayzRdxs/VA_8Xk_mAvI/AAAAAAAAAts/SEsj742I0go/s1600/P1040604.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-XSKeayzRdxs/VA_8Xk_mAvI/AAAAAAAAAts/SEsj742I0go/s1600/P1040604.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Yoshiko
au milieu des bruyères
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
lui propose l'après-midi de faire une randonnée vers le mont Lulu
dont je connais les chemins de randonnée grâce à des excursions en
vélo avec des amis. Toutefois, elle insiste pour retourner vers le
lac Lalolalo, je l'emmène alors pour une troisième fois vers ce lac
qui la fascine. Je sais parfaitement qu'elle veut encore jouer au jeu
de l'écho, elle veut tenter encore une fois de crier suffisamment
fort pour que les falaises lui répondent. Nous descendons très
progressivement vers le petit espace d'où je me penche et je crie,
c'est relativement dangereux en raison de l'abondance des ronces, des
herbes hautes qui cachent la vue, je reste à un bond mètre du bord
vertigineux du précipice qui débouche sur la surface du lac à des
dizaines de mètres en contrebas. Mais ses tentatives sont vaines,
elle n'a pas assez de souffle, de coffre, elle fait plusieurs essais,
sa voix fluette s'envole à droite mais nul retour à gauche tandis
que je lorsque je lance son prénom à droite, quoiqu'il arrive il
revient sans coup férir, en pleine grâce, à gauche. Lorsque nous
remontons, une libellule noire aux deux paires d'ailes moirées,
vibrantes, chatoyantes, s'ébat devant nous, se pose sur les
feuilles, les fleurs, semble nous suivre un long moment alors que
nous visitons les lieux.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-LfISVvrYPgo/VA_8nTC1DoI/AAAAAAAAAt0/Jtaxx2j0MPA/s1600/10356598_682502891798531_569608365_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-LfISVvrYPgo/VA_8nTC1DoI/AAAAAAAAAt0/Jtaxx2j0MPA/s1600/10356598_682502891798531_569608365_n.jpg" height="397" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dragon
volant noir</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
décide de l'emmener en randonnée aux Marais Sanglants, site qui se
trouve non loin de là accessible à pied, lieu d'une grande bataille
par le passé entre les tribus de l'île où s'élève de somptueux
arbres aux racines immenses, onduleuses. Comme le matin, le chemin se
révèle impraticable mais cette fois-ci pour cause de boue, la
saison des pluies plus longue cette année que les années
précédentes n'a pas permis l'assèchement des sols. Je tente de
prendre un nouveau chemin de traverse pour aller vers un endroit
inconnu mais les flaques d'eau nous barrent encore la route. Je me
résigne à marcher sur la route territoriale, je décide de
l'emmener à nouveau voir la chapelle Saint-Pierre Chanel, elle est
enthousiaste à l'idée de revoir l'église-du-bout-du-monde devenue
aussi depuis deux jours l'église-du-coucher-de-soleil. Lorsque nous
arrivons, un soleil éclatant illumine la face du lagon. Nous nous
séparons et nous amusons à monter à la terrasse du premier étage
elle par la gauche, moi par la droite car deux escaliers symétriques
de chaque côté de l'église y mène, nous arrivons en haut
synchronisés Bing nous posons le premier pas ensemble sur le
carrelage. Le lagon s'étend jusqu'au bout de l'horizon pour
embrasser l'océan et se fondre en lui, le soleil se voile un instant
entre quelques nuages, puis il se réfléchit à nouveau sous la forme d'un
bloc de lumière de la taille d'un lac, éclatant de scintillements,
argenté qui se dépose en explosions sur la surface de l'eau à
notre gauche, la lumière et l'eau célèbrent dans cet endroit
désert leur union fusionnelle, indivisible.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-iHBWKFSyvwY/VA_8y_JJp-I/AAAAAAAAAt8/29ZN5iXb-V0/s1600/P1040610.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-iHBWKFSyvwY/VA_8y_JJp-I/AAAAAAAAAt8/29ZN5iXb-V0/s1600/P1040610.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Duo
selfie à la chapelle</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
descendons tranquillement l'escalier à nouveau chacun de son côté,
moi à gauche, elle à droite, Yoshiko descend avec des mimiques
amusantes l'escalier pour mettre le pied en même temps que moi sur
la pelouse.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-zvMDYQNN550/VA_8-p0SzeI/AAAAAAAAAuE/LkIsRTWb-Gk/s1600/CIMG3044.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-zvMDYQNN550/VA_8-p0SzeI/AAAAAAAAAuE/LkIsRTWb-Gk/s1600/CIMG3044.jpg" height="300" width="400" /></a></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Escalier
qui mène au bout du monde</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au
retour, quand nous nous rapprochons du lac puisque nous sommes garés
juste devant, elle commence à prendre à grandes bouffées l'air, à
s'époumoner très fort de manière comique, je ris aux éclats. Elle
ne s'avoue pas vaincu, elle veut jouer encore au jeu de
l'écho-boomerang et commence à s'exercer pour les cris avec ces
exercices de respiration. Et la voilà qui descend avec d'infinis
précautions, aidé par moi à bout de bras, qui tend sa tête vers
la droite pour crier avec énergie mon prénom, mais sa voix fragile
est incapable de se transporter le long du précipice. Après une
dizaine d'essais, sa voix commence à fatiguer elle s'avoue vaincu,
je descends à mon tour et le prénom « Yo-shi-ko »
retentit allégrement à gauche. Après trois joutes, la première
partie, la revanche, la belle, et un, et deux, et trois zéros, je
suis vainqueur par KO au jeu de l'écho avec Yoshiko ;-)</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En
fin d'après-midi, c'est le goûter avec deux amies. Comme
d'habitude, notre invitée se met à confectionner des origamis en papier pour
les leur offrir, en forme d'arbre de Noël cette fois-ci mais ses
doigts agiles confectionnent aussi et surtout comme toujours les
fameuses grues du Japon, oiseau symbole de santé, longévité, amour
et bonheur dans ce pays.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La légende des mille
grues</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
légende des milles grues raconte que si l'on plie en une année mille grues en papier retenues ensemble par un lien Abracadabra grâce
à cette guirlande tout ce que symbolise cet oiseau s'offre à vous.
La légende est devenue particulièrement vivace depuis l'histoire
vécue, tragique et belle, de Sadako Sasaki, jeune fille d'Hiroshima
âgée de deux ans au moment où la première bombe atomique de
l'Histoire explose sur sa ville natale le 6 août 1945. Vive,
joyeuse, adepte de la course à pied, elle semblait avoir échappé à
la mort mais neuf ans plus plus tard, après des coups de fatigue,
elle fut admise à l'hôpital où on lui diagnostiqua une leucémie,
cancer des cellules sanguines, le « mal de la bombe atomique ».
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Sa
meilleure amie lui raconta alors l'ancienne légende japonaise des
1000 grues et lui apporta un premier origami de cet oiseau. Sadako se
mit à confectionner dans la fièvre, l'exaltation des grues du Japon
en papier, qui lui permettraient l'espérait-elle de retrouver la
course à pied, la maîtrise de son corps, de revoir ses amis,
d'obtenir cette santé, cette longévité dont elle rêvait tant
tandis que son sang commençait à être gangréné, que les cellules
cancéreuses poursuivaient leur long travail de sape dans son corps.
Après qu'elle eut plié 500 grues, une brève accalmie survint qui
lui permit de quitter l'hôpital. Mais moins d'une semaine plus tard,
retour vers sa chambre de malade où elle continua de plier
scrupuleusement, méthodiquement ses papiers. A sa mort, elle avait
réalisé 644 grues en papier. Terrorisé par l'approche de la mort
dont elle percevait les échos, les avancées dans son corps,
perspective insoutenable pour une fille qui venait d'avoir douze ans,
elle avait même utilisé les étiquettes de ses flacons de
médicament pour confectionner les origamis et tenter de conjurer son
sort funeste. Bouleversés, ses amis, sa classe finirent de plier les
356 grues restantes et collectèrent de l'argent pour construire un
mémorial qui se dresse dans le parc de la Paix d'Hiroshima en
l'honneur de Sadako Sasaki et de tous les enfants frappés par la
bombe. La statue de Sadako tenant une grue à bout de bras
célèbre désormais cette histoire triste. Depuis cette histoire,
<span lang="fr-FR">on offre au Japon un senbazuru, guirlande de mille
oiseaux en papier du bonheur à une personne très proche et malade.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
<br />
</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-0fQOXCfGB94/VA_-X1NLMGI/AAAAAAAAAuQ/Gq3fPGYvQD8/s1600/Children's_Peace_Monument_2008_02LT%5B1%5D.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-0fQOXCfGB94/VA_-X1NLMGI/AAAAAAAAAuQ/Gq3fPGYvQD8/s1600/Children's_Peace_Monument_2008_02LT%5B1%5D.jpg" height="300" width="400" /></a></span></div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La statue de Sadako</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
Depuis que je l'ai connu, à chaque fois si c'est possible lors d'une
soirée, Yoshiko réclame des papiers pour confectionner les grues et
les offre autour d'elle avec un large sourire à des enfants, des
adolescents, aux amis de ses amis, à toute personne qui lui fait
grâce d'une attention. Âme enfantine, enjouée, elle est la
réincarnation de cette fille décédée à l'âge de douze ans avec
son corps de gamine, elle est l'anti-bombe atomique d'Hiroshima, elle
répand autour d'elle des sourires enjoués, elle offre ses origamis
en forme d'oiseaux comme un battement de cœur amical, qui sont comme
des échos de la profonde bonté, de la gentillesse qui l'anime à
chaque instant. Elle a tissé avec tous ces papiers volants une
guirlande de l'amitié, une longue chaîne de bonheur qu'elle
continuera à tresser à travers le monde.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'îlot
de Nukihafala</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Septième
et dernier jour à Wallis pour Yoshiko. Et à nouveau sur le bateau
la malchance se pointe devant la porte Toc Toc. Le pilote tente de
faire démarrer le moteur Crac un bruit suspect. Il démonte
rapidement le capot et nous annonce que son moteur vient de le
lâcher. Nous abandonnons le lâche, l'ingrat et nous attendons sur
la rive qu'il nous trouve un autre pilote en la personne de son oncle
mais Aïe Aïe son bateau est aussi en rade donc je dois abandonner
l'idée de passer la dernière journée sur l'îlot de la Passe.
Comme la veille, je me rabats vers l'association Vakala et cette
fois-ci la porte de la chance Toc Toc s'ouvre à nouveau devant nous,
nous sommes en mesure d'être transportés sur un ilot. Je choisis de
passer la journée sur Nukihifala. Alors que je discute des
conditions avec la secrétaire de l'association, Yoshiko se lie avec
des enfants handicapés moteur et mentaux pris en charge pour une
activité de voile, et au moment où nous nous dirigeons vers le
bateau tandis qu'ils montent dans un minibus qui vont les emmener,
Yoshiko adopté par les enfants leur fait des signes d'adieu auxquels
ils répondent avec effusion.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
l'accompagne pour un tour de Nukihifala puis nous nous mettons à
l'eau à la recherche de la faune et flore. C'est la marée haute,
les poissons sont rares ; nous dérivons lentement vers le rivage en
nous laissant enrouler dans les vagues, et nous restons un bon moment
dans ce jacuzzi improvisé, écumant à fleur de rivage. Après le
petit déjeuner et une sieste écourtée, nous revenons à l'eau pour
saluer les poissons-papillons qui volent, les poissons demoiselles
qui minaudent, un poisson lune gonflé qui fait mine de se croire
aussi grosse qu'une baleine. Avant le retour, dernière longue halte
vers l'arrière de l'îlot, pour admirer le spectacle incessant de
l'océan se jetant contre le lagon, vague débordant, avançant
écumeuse, douce jusqu'au point ultime pour refluer, remplacée par
la suivante, spectacle du Temps écumant en nous pour toujours se
recomposer.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
lendemain, elle est très tôt éveillée pour le départ. Après
l'enregistrement, petit café au bar du premier étage qui offre le
spectacle des arrivées et départs. Puis vient le moment fatidique,
nous nous topons dans les mains comme à Kyoto avec la promesse de
nous revoir : A bientôt « Matane, Matane » ...</span></div>
</div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-32962217804673743562014-07-30T18:19:00.001+12:002014-12-12T20:39:27.853+12:00My friend Yoshiko : Du Soleil Levant au Soleil Couchant<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Frayeurs à Nukuhuione</span></b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Samedi,
nous prenons le taxi-boat avec l'association Vakala pour nous rendre
sur l'ilot de Nukuhione. Après avoir déposé nos affaires sur la
natte et avoir fait une visite des contours de l'îlot, je souhaite
emmener Yoshiko au trou du Diable, petite fosse en profondeur au nord
où j'avais vu de beaux poissons et une raie trois années auparavant
mais dans mes souvenirs, celui-ci était plus proche du rivage, je
dois rapidement renoncer à mon projet . Nous nous promenons avec
l'eau à la taille, à la recherche des poissons qui sont rares de ce
côté du lagon. Nous nous approchons insensiblement du tombant, les
vagues commencent à se faire de plus en plus impérieuses, déferlent
vers nous avec force. Yoshiko commence à prendre peur, et se réfugie
derrière moi lorsqu'une vague plus haute la percute de plein fouet.
Cela devient un jeu, elle attend chaque vague avec impatience et dès
que s'approche un rouleau d'écume plus impressionnant, menaçant de
l'engloutir en raison de sa petite taille, elle se blottit dans mon
dos en rempart en poussant un petit cri de frayeur. Ce jeu de la
frayeur et de la joie a duré près d'une demi-heure, elle est
capable de s'amuser un long moment comme un enfant avec des plaisirs
très simples. Nous nous sommes enfin dirigés à nouveau vers l'îlot
sur une zone de platier, avec l'eau bondissant parfois au niveau de
nos genoux. Tout à coup, un éclair bleu foncé file, fuse sous la
surface, c'est un bébé requin qui fuit à notre approche. Petit à
petit, ils se multiplient, c'est une véritable nurserie de bébés
requins, ils grouillent à cet endroit et passent comme des zébrures
vives sous notre regard. Malgré leur petite taille, un très léger
sentiment de frayeur se glisse en moi, ils peuvent avoir une taille
de près de quarante centimètres mais dans ce bel oxymore de bébé
requin, il y a certes « bébé », il y a aussi « requin »
... Je sens un frôlement sur ma cheville droite et avant même que
je réalise, que je prenne peur, je vois le bébé requin foncer
derrière moi au large après m'avoir effleuré.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après
le repas, j'entame une petite sieste qui s'étend vers le début de
l'après-midi. J'entends du bruit dans ma douce torpeur, je m'éveille
et vois Yoshiko juste à côté de moi, un grand sourire, l'air
innocent, les yeux écarquillés, me demandant si l'on pouvait faire
une nouvelle ballade. Je souris, je comprends par son attitude que
c'est elle qui a fait sciemment du bruit pour me réveiller car elle
commençait à s'ennuyer. Cette fois-ci, nous entamons une marche
vers l'îlot Nukihafala vers le sud qui est atteignable à marée
basse. Mais parvenus non loin du trou de la Tortue, je me rends
compte que nous avions présumé de nos forces et qu'il serait
impossible de rebrousser chemin à temps depuis Nukihafala avant le
rendez-vous que nous avions fixé au taxi-boat. Nous revenons
lentement et nous profitons de la demi-heure qui reste pour explorer
à nouveau le versant nord. Au menu visuel de l'après-midi, trois
bébés requins, un très bel oursin accroché sous une roche et un
étrange crabe aux petits yeux rouges vifs pivotant sans cesse.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Coucher de soleil sur
Uvea</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
veille, au restaurant, Yoshiko m'avait demandé s'il était possible
de voir un coucher de soleil sur Wallis. Je me suis rendu compte que
je n'en avais jamais vu sur l'île car l'ouest de l'île où il
serait possible d'en admirer un est quasiment inhabité et me suis
dit que le plus bel endroit pour en contempler un serait
l'église-du-bout-du-monde, la chapelle Saint-Pierre Chanel. Je l'y
ai emmené lorsque le taxi-boat nous a déposé sur le rivage, nous
avons attendu patiemment sur la terrasse de l'étage de la chapelle
une vingtaine de minutes que le soleil commence à se pencher vers la
ligne d'horizon, vers sa future tombe, son doux berceau. Yoshiko me
demande dans combien de temps le coucher de soleil aura lieu, je
regarde l'heure, il est 17h25, je lui réponds dans environ dix
minutes. Elle sort son I-phone, pianote sur son écran à la
recherche d'une application téléchargée, et l'écran indique
17h28.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
soleil déploie dans sa course finale un immense bandeau lumineux qui
palpite à la surface, dont les échos dorés explosent
leur brillance dans notre iris, les reflets dansent, vibrent
pour envahir l'espace et éclater en feux d'artifice dans le présent,
dans notre mémoire. Le soleil brille comme la pointe d'un « I »
éclatant de bonheur au centre des eaux du lagon, ivre de joie haute, dense,
il s'approche encore de la surface ondulante qui le réclame, flotte
comme la flamme d'un immense cierge à l'horizon puis il entame sa
plongée dans la ligne lointaine, en quelques secondes, il accélère sa course et
à l'heure dite par Yoshiko, la pointe de la bougie rejoint sa base
de cire éblouissante pour se fondre en elle.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-EcsykEdaEK4/U9iNnSK8bmI/AAAAAAAAAtA/_sLj2ucEpas/s1600/P1040584.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-EcsykEdaEK4/U9iNnSK8bmI/AAAAAAAAAtA/_sLj2ucEpas/s1600/P1040584.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Explosion
d'or sur Wallis</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
descendons de la terrasse pour suivre le coucher depuis la rive, à
coté d'une petite croix blanche ornée des motifs peints en rouge
du Sacré-Cœur entouré de deux soleils qui défie l'immensité
océanique. J'éprouve une fascination pour la lumière des couchers
de soleil qui en quelques instants peuvent exploser dans une teinte,
puis s'échapper vers une autre, où le spectacle fabuleux du ciel
compose un tableau éternel, mouvant dans lequel les couleurs bleue,
jaune, violette, rouges, rose éclatent, s'entrecroisent, luttent
entre elles, cèdent, reviennent à la charge, s'intensifient pour
céder finalement la place à la nuit, qui engloutit, qui recompose.
Spectacle des grandes luttes, des victoires, des défaites, des
renaissances de notre vie, de nos passions qui s'entrechoquent avec
celles des autres, de nos sentiments qui se tendent vers nos
semblables, qui s'effacent, reviennent, s'exacerbent et périclitent
jusqu'à l'extinction, la mort. Le soleil avait entraîné,
engouffré dans sa chute les éclats dorés qui voletaient dans
l'air, seule une légère bande jaune étroite et mince persista à
l'endroit précis de sa disparition, entre ciel et océan. Après un
bref épisode bleu glacé, ce sont des teintes pâles bleu azur
clair, rose pastel qui se formèrent pour se déposer sur le lagon et
l'horizon. Ces couleurs effacées sont celles qui accompagnent
souvent les levers de soleil, celui-ci voulait sans doute rendre
hommage en ce début de soleil couchant à mon amie du Soleil Levant.
Quelques nuages d'une légèreté, d'une douceur de plume voguaient
langoureusement dans le ciel bleu ange, et s'adressaient à leur
reflet tremblant en surface dans une étreinte spirituelle : « Viens,
Viens, hâte-toi vers le ciel immense, goutte de l'océan, envole-toi
sous l'éclat du soleil qui reviendra, d'un seul élan porte toi vers
nous pour voyager à travers le monde et t'y mirer ». Chaque
goutte d'eau répondit alors à leurs frères-nuages vaporeux, qui
glissaient, rêveurs, souriants, voluptueux dans les hauteurs :
« Revenez, revenez vers nous, dans la grâce d'une légère
pluie ou d'un fabuleux orage. Revenez à nous sans crainte, nous
sommes la multitude étoilée, la source maternelle. C'est bientôt
la nuit, en nous vont exploser, danser toutes les constellations de
l'espace » Les nuages et l'océan continuèrent leurs douces
complaintes longtemps après notre départ.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-JDZEl5a_K0s/U9iNvx5ixEI/AAAAAAAAAtI/GdLrJ-cz_Vk/s1600/P1040593.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-JDZEl5a_K0s/U9iNvx5ixEI/AAAAAAAAAtI/GdLrJ-cz_Vk/s1600/P1040593.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Soleil
couchant</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Une
fois rentrés à la maison, Yoshiko insiste pour me faire à manger.
Après moults et véhémentes protestations<span style="font-size: 8pt;">
(bon, c'est vrai, pas si moults et véhémentes que cela ...)</span>,
je cède. Au menu, soupe Mizo avec tofu, tarot et champignon, riz
sucré-salé,omelettes aux tomates.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Wallis en catamaran</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dimanche
matin, nous discutons sur la terrasse au petit déjeuner. Elle me dit
que la vie est un miracle, que nous nous sommes rencontrés il y a
plus de deux ans dans un avion et la voilà maintenant passant de
très belles vacances sur une île dont elle ne soupçonnait pas
l'existence. Je lui dis que c'est elle le miracle, qu'elle fait des
efforts envers les gens, qu'elle leur fait confiance et qu'elle en
est récompensée. Une amie lui a dit la même chose me
révèle-t-elle. Yoshiko est un miracle de petitesse, de hardiesse
bondissant à travers les océans, invitant ceux qu'elle rencontre à
la volée sur son chemin et recevant des invitations à son tour.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'étais
inquiet pour l'activité de cette journée. Nous devions faire le
tour de l'île en catamaran mais c'était bien entendu conditionné à
la présence du vent. Or, depuis le début du séjour de Yoshiko, le
vent s'était éteint. Nous arrivons à l'association Vakala Youpii
un vent miraculeux s'est levé qui allait souffler modérément toute
la journée avec suffisamment de vigueur pour faire avancer les
voiliers. Nous tractons les bateaux pour les mettre à l'eau, nous
déposons nos sacs de victuailles dans un canot à moteur qui nous
suivra à la trace pour s'assurer également de la sécurité, et
c'est parti pour le tour de Wallis. Les voiliers remontent vers le
nord.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
suis avec un groupe de cinq personnes à bord. Comme à chaque fois,
les questions fusent sur Yoshiko, une japonaise à Wallis s'exprimant
seulement en anglais est exceptionnelle. Je leur raconte la rencontre
dans l'avion. Elle évoque son activité professionnelle, je dois
souvent traduire car tout le monde ne parle pas l'anglais sur le bateau.
Elle exerce des activités à mi-temps, elle est guide pour aveugle
mais son activité principale est éducatrice pour des enfants
atteints du syndrome d'Asperger, forme d'autisme. Elle a gardé au
contact de ces gamins une âme enfantine.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-4Tz2X6U2Iuw/U9iN4rZIVeI/AAAAAAAAAtQ/BKo4cZ05nOE/s1600/CIMG6218.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-4Tz2X6U2Iuw/U9iN4rZIVeI/AAAAAAAAAtQ/BKo4cZ05nOE/s1600/CIMG6218.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Yoshiko
et Pickachu</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Rapidement,
les voiliers se tirent la bourre, c'est à qui s'élancera devant les
autres, les trajectoires se croisent, se tendent, les étraves des
coques percutent, fendent l'eau, bondissent vers le ciel pour
retomber sur le lagon et continuer leur progression. Le nôtre est du
genre tortue, nous sommes un groupe plus nombreux à bord que sur les
autres voiliers, nous avançons lentement tandis qu'un catamaran de
compétition effectue des allers et venues entre l'île et le bord du
lagon. Nous apprenons les rudiments de la voile, le foc et la grande
voile du même côté et dès qu'on vire de bord, il faut manœuvrer
avec les cordages pour tendre les voiles du bon coté. Nous passons
près de l'îlot aux Oiseaux, et là virement de bord, nous passons
vers le versant ouest de l'île. Le vent se met à souffler plus fort
lorsque nous voguons non loin de la chapelle Saint-Pierre Chanel et
en quelques secondes, la vitesse s'accélère Hop c'est le grand bond
en avant sur l'eau, l'envolée soudaine vers des flots de plus en
plus écumants.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-cpjEmTl06fo/U9iOHtd4YRI/AAAAAAAAAtY/MiY9rqyCqMo/s1600/P1040599.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-cpjEmTl06fo/U9iOHtd4YRI/AAAAAAAAAtY/MiY9rqyCqMo/s1600/P1040599.JPG" height="400" width="298" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vogue
la voile</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il y
a plus de monde que de places disponibles sur les voiliers, nous
faisons une petite pause à tour de rôle sur le canot à moteur.
Tout de suite, avec le vrombissement, les sensations sont moins
agréables, comme si le vent vivifiant soufflait à la fois dans les
voiles quand nous sommes à bord des catamarans mais gonflait aussi
notre cœur, nos poumons, notre âme en même temps que la toile
tendue du bateau. J'en profite pour prendre la barre, puis pour
proposer à Yoshiko de piloter à son tour le canot pour lui montrer
les rudiments du pilotage. Je lui montre aussi les « arcs-en-ciel
flash », que j'avais guetté avec allégresse lors de mes
débuts à la plongée, qui naissent de la rencontre entre l'eau qui
s'éjecte en écume du sillage du navire, quand il bondit, rebondit
sur la surface, et de la lumière du soleil dans notre dos. Ils sont
fluets, évanescents, à peine perceptibles car le bateau à moteur
est peu puissant, les jets d'écumes sont faibles, à peine un simple
voile de transparence marine mais ils éblouissent en un instant le
regard du spectateur attentif.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
catamaran de compétition s'approche de nous, les deux personnes à
bord nous proposent d'essayer à notre tour. Le barreur qui officie
sans copilote nous conseille de nous coller contre le trampoline au
milieu, ce que nous faisons chacun d'un côté du mat. Et c'est la
course en avant, le pilote met la cadence, accélère, le voilier
commence à fuser. Nous sommes vrillés au trampoline, tandis que
l'océan déferle sur nous par petites grappes d'écume qui
jaillissent de l'avant depuis les coques. Le catamaran se met à une
vitesse de croisière et se met lentement à basculer, à naviguer
sur une seule coque tandis que le pilote fait contrepoids, l'angle
d'inclinaison atteint les 45 °, la griserie de la vitesse se double
d'une peur pour les novices que nous sommes. Nous nous cramponnons de
plus en plus fort tandis que les giclées d'écume fouettent nos
visages, que le sel brûle nos lèvres, nos joues, nous aveugle. Le
pilote ralentit lorsqu'il s'approche du tombant du lagon, vire de
bord et c'est reparti vers l'île de Wallis pour un tour. J'ai peur
mais c'est encore pire pour Yoshiko qui crie parfois de frayeur
lorsque le voilier semble faire une embardée ou lorsque la coque
s'élève de plus en plus haut, à la limite du chavirement, que les
jets forcenés d'écume bouillonnante nous éclaboussent, mais ce
sont aussi des cris d'ivresse et de joie. Quant à moi, lentement je
m'habitue, je commence à rire mais je n'en mène pas large, je suis
complètement aveuglé, je cligne des yeux mais rien à faire, je
suis incapable de voir quoi que ce soit. Nous réclamons une petite
pause avant qu'il ne fasse encore un aller. A l'issue de celui-ci, le
catamaran du matin se rapproche de nous, nous sautons dans l'eau pour
le rejoindre, épuisés. Yoshiko ne sait pas bien nager donc je suis
obligé de la saisir et de la tracter jusqu'à bord. C'est le repos
bien mérité à bord.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
abordons l'îlot Saint Christophe vers treize heures. Repas sous
forme de sandwich et après un repos sur la natte, nous courons dans
l'eau pour nous y baigner. Les poissons sont beaucoup moins nombreux
que mercredi, nous sommes plus d'une vingtaine de personnes, ils ont
fui sous l'effet de groupe. Nous repartons, la remontée vers Vakala
se fait à un rythme doux, dans la torpeur d'un bel après-midi, le
vent ayant quelque peu faibli. Nous passons devant le promontoire RFO
d'où nous avions contemplé la vue splendide du lagon dans laquelle
nous sommes plongés et l'arrivée a lieu aux environ de 17 heures.
Nous sommes les premiers à arriver, le voilier-tortue franchit la
ligne tranquillement tandis que les catamarans-lièvres s'étaient
reposés, avaient dormi, brouté en chemin, l'un d'entre eux ayant
même subi une petite avarie. Yoshiko arbore un sourire ensoleillé.</span></div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-53461698307660787002014-06-20T19:32:00.001+12:002014-12-14T17:36:49.775+12:00My friend Yoshiko : Une japonaise à Wallis <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Rencontre en plein vol</span></b><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
devais faire une rencontre mémorable lors d'un voyage retour de
métropole après un stage à Paris. J'étais à l'aéroport d'Osaka
affalé sur sur un siège, vanné, en transit pour le prochain vol
vers Nouméa. J'entends l'annonce pour l'embarquement de la
compagnie, je vois un petit bout de femme menu, plus petit que ma
mère qui est pourtant l'étalon mètre de la petitesse, bondir de
son siège pour se présenter la première à la porte
d'embarquement. Elle parle quelques instants avec les hôtesses de
l'air japonaises puis se courbe avec révérence à plusieurs
reprises en les remerciant avec effusion de leurs réponses avant de
s'engager vers le sas qui mène à l'avion. J'ai souri, s'impose en
moi le cliché de la politesse japonaise que nous avons tous en tête,
je venais d'en être le témoin. Je me dirige en dernier vers la
porte d'embarquement et lorsque je me rapproche de la place qui m'est
dévolue à l'intérieur de l'avion, je réalise que je suis placé côté
hublot juste à côté d'elle, toujours aussi radieuse et souriante.
Peu après l'envol, elle se tourne vers moi avec une légère
inclination de la tête en me tendant la main pour entamer la
conservation « Hello, my name is Yoshiko », je me
présente aussi, les langues se délient. Peu après le premier
repas, elle sort une arme redoutable, son appareil photo, j'ai droit à
une séance de visionnage sur l'écran des photos de ma voisine. Je
souris intérieurement : deuxième cliché, la touriste japonaise
avec ses photos … Toutefois, j'apprécie beaucoup la séance, les
clichés sont magnifiques, variés, Yoshiko habite à Kyoto, les vues de ses
temples, de ses festivals se pressent, se succèdent. Celles qu'elle
ne cesse de me montrer, vers lesquelles elle ne cesse de revenir, ses
préférées visiblement, sont les photos des cerisiers du Japon aux
branches de neige blanche au printemps, elle a un dossier complet
dans sa carte mémoire consacrée à ces paysages. Elle range son
appareil, elle sort de son sac un petit paquet de feuilles colorées
et quelques instants plus tard, troisième cliché : elle me
confectionne des origamis en forme de grues du Japon, oiseau symbole
de prospérité et de bonheur dans son pays, qu'elle m'offre en
cadeau. J'en confectionne un en même temps qu'elle.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-yaB30dBGafs/U6PgN5eJZQI/AAAAAAAAAsI/ofaKnwdN-T8/s1600/P1010653.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-yaB30dBGafs/U6PgN5eJZQI/AAAAAAAAAsI/ofaKnwdN-T8/s1600/P1010653.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Escadron
d'origamis de la joie</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
échangeons nos adresses courriels à la fin du voyage, je dois
rejoindre mon transit vers Wallis alors qu'elle est invitée chez
des amis de Nouvelle Calédonie. Deux semaines plus tard, j'ai à
nouveau un stage à Nouméa, nous nous contactons à cette occasion.
Je la vois avec une amie, je les emmène danser, Yoshiko m'invite
pour le petit déjeuner le lendemain. Un an et demi plus tard, en
juillet 2013, j'ai entrepris un voyage de deux semaines au Japon avec
six jours consacrés à Kyoto pendant lesquels elle m'a hébergé. Je
garde un très beau souvenir de ce séjour avec deux images qui se
détachent : je me vois roulant derrière elle sur un vélo de clown,
aux roues minuscules alors qu'elle filait à une allure vive, alerte,
décidée dans les rues de Kyoto, que je devais slalomer entre les
passants, me relancer sans cesse pour la rattraper.</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-N9IOahnYPmA/U6Pge1AyRuI/AAAAAAAAAsQ/ye22XhQSDL8/s1600/P1030004.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-N9IOahnYPmA/U6Pge1AyRuI/AAAAAAAAAsQ/ye22XhQSDL8/s1600/P1030004.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mon
vélo à Kyoto</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Autre
souvenir, à la fin de chaque journée, elle me topait dans les deux
mains en me disant « We had a very good time, no ? » « On
a passé un sacré bon moment ! » … J'adore être pris en photo à
côté d'elle, j'ai le sentiment de me transformer par enchantement
de nain en géant.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-feKlNTnbles/U6PgxvueQgI/AAAAAAAAAsY/QL1S6AM0410/s1600/CIMG5382.JPG" height="300" width="400" /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Yoshiko
et moi au Ginkaku-ji
</span></div>
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Règle
de réciprocité : Œil pour œil, dent pour dent, séjour pour
séjour, je l'invite à venir chez moi à Wallis, ce qu'elle
s'empresse de faire pour une semaine fin avril - début mai de la
dernière année de mon séjour dans le Pacifique. J'étais soulagé
de la voir venir mercredi matin car j'avais passé les deux derniers
jours à nettoyer de fond en comble la maison. Sa maison était très
propre, nette à l'instar de celle de ma mère, je me suis attaqué
au mal, j'ai balayé, astiqué, aspiré, nettoyé, essuyé, frotté, rangé,
épousseté avant de l'accueillir ... J'ai assiégé des endroits
auxquels je ne m'étais que rarement confronté, sous les coussins du
divan et des sièges du salon qui étaient devenus le royaume des
salamandres et margouillats dont j'ai déniché les œufs ; j'ai
nettoyé les vitres de chacune des pièces, je ne l'avais jamais fait
depuis mon arrivée, travail rendu pénible par le fait qu'elles sont
en lamelles superposées et non d'un seul tenant. Mardi soir, je fais
un jogging, la veille de l'arrivée de Yoshiko, je rentre dans ma
maison, je vis l'expérience étrange, réelle, surréaliste de ne
plus reconnaître ma maison, comme lorsque l'on rentre d'un très long
voyage pour revenir chez soi, dans un endroit familier et devenu
néanmoins étranger … J'erre de pièce en pièce, intrigué,
désemparé : Où est la toile d'araignée qui ornait le coin d'un
placard dans la chambre d'invité ? Mon Dieu, c'est quoi ces vitres à
travers lesquelles je peux voir en transparence les paysages aux
alentours ? Où sont mes paquets de vêtements sales qui traînaient
sur le coffre en osier, seraient-ils lavés et rangés dans mon armoire ? Je
rassure toutefois tous les crados de la terre, effarés à l'idée de
vivre une telle expérience, on finit par s'habituer à la propreté
;-)</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A l'îlot
Saint-Christophe : Transparence et Battements</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Elle
sort de l'aéroport et se jette dans mes bras avec effusion. Après
une petite halte thé-café à la maison, je l'emmène tout de suite
à l'îlot Saint-Christophe. La saison des pluies s'est prolongée en
ce début d'année mais deux, trois jours avant son arrivée, le
soleil avait commencé à se répandre sur Wallis. Journée limpide
tandis que nous abordons l'île, un très léger vent perceptible
uniquement par la tracé irisée qu'il laisse sur les vagues dans un
ciel chaviré de bleu azur. Nous montons vers l'oratoire, je présente
la petite Yoshiko au géant Christophe qui porta Jésus sur son
épaule. Resplendissement de la Nature, la vue est somptueuse comme à
chaque fois, le scintillement de l'eau se répercute en mille échos
lumineux sur le miroir du lagon. Nous redescendons vers la plage pour
la baignade. Quelques poissons volants s'éjectent non loin de là
pour rebondir à plusieurs reprises sur la surface de l'eau. Nous
voguons au dessus des coraux bruns, violets, verts, rouges pour
observer les petits poissons qui s'y nichent. Etrange,
belle sensation visuelle, à travers mon
masque de plongée des ronds de lumière apparaissent sur le sol
sablonneux clair, chacun d'eux grandit, s'évanouit progressivement
en s'élargissant, ils se multiplient, de quoi s'agit-il ? Je ne
comprends qu'au bout d'un certain temps qu'il s'agit de gouttelettes
d'une pluie passagère qui effleurent l'eau, je ne les ai pas senties
sur ma peau gavée de crème solaire, je suis témoin du reflet
lumineux sur le sable du choc de ces minuscules gouttes avec
l'immense océan, retournant à leur source éternelle pour s'y
fusionner.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
entamons une petite promenade vers l'îlot aux Lépreux, accessible à
marée basse. Une nuée d'oiseaux noirs à crête blanche s'envole à
notre approche, puis tournoie inlassablement autour de nous,
s'approche, nous frôle à deux ou trois mètres, s'éloigne à
nouveau. Retour vers Saint-Christophe pour le déjeuner. Je lui
déploie le hamac qu'elle s'empresse d'essayer avec enthousiasme,
elle n'en a jamais utilisé. J'essaie quant à moi de dormir sur une
serviette de plage, mais je n'y arrive pas, j'entends de légers
Plouf délicats qui résonnent non loin de là. Je cherche la
provenance de ce son, c'est un grand poisson qui s'approche du bord,
qui balance nonchalamment sa queue vers la surface, telle une
baleine, une sirène. Il s'éloigne dès que je m'en approche.
Yoshiko s'est réveillé, je lui montre le poisson qui revient une
nouvelle fois, je pense qu'il s'agit d'une variété de baliste mais
je n'en suis pas sûr. Il balance encore sa nageoire vers les cieux
dans un mouvement délicat, serein, éclaboussant de sa grâce sonore
éphémère le début d'après-midi silencieux. Le poisson-sirène
s'éloigne à nouveau quand nous progressons vers lui. Je prends
place à mon tour pour faire la sieste dans le hamac tandis que
Yoshiko va nager vers le tombant. Le hamac se met à osciller
faiblement, je capte dans ma torpeur avec une sensibilité
extraordinaire ses très faibles oscillations, il vibre au rythme de
ma respiration, au rythme essentiel du mouvement des planètes, des
étoiles, de leur scintillement, de leurs pulsations, de la
respiration de l'univers auquel je m'accorde dans le silence.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au
réveil, deuxième illusion optique de la
transparence marine après celle du matin, j'observe d'étranges
vagues isolées progresser le long du lagon, non loin du rivage. Ce
sont des vagues de poissons translucides sauteurs qui bondissent à
l'unisson, en chœur, qui donnent ce sentiment de l'ondulation de la
vague, plusieurs bancs avancent simultanément. Je rejoins Yoshiko
dans l'eau lorsqu'à ma grande
stupéfaction, j'aperçois un petit pan de sable avancer uniformément
d'un mètre. Je me demande si j'ai la berlue, je continue mon
observation, voici que le pan de sable se met à nouveau à glisser .
Je le regarde attentivement, je comprends qu'il s'agit d'un poisson
en tenue de camouflage, dont les deux yeux noirs pivotent avec inquiétude en me voyant planer au dessus de lui. J'appelle Yoshiko pour lui faire part de ma
découverte. D'après mes recherches ultérieures sur Internet, il
s'agit d'une variété de sole, au corps ovoïde et plat, qui se
déplace sur les fonds sablonneux, furtif, quasi-invisible, dont les nageoires striées lorsqu'elles se meuvent ressemblent visuellement à de minuscules pattes.</span></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-HQU3ZTJt5Ro/U6PhESPV5NI/AAAAAAAAAsg/9YXyLnME11A/s1600/P1040599.JPG" height="300" width="400" /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Sole
en tenue de camouflage</span></div>
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
ressortons de l'eau, nous nous séchons et rangeons nos affaires. En
attendant le taxi-boat, nous nourrissons les poissons avec le reste
de notre pain en l'émiettant, ils filent comme des éclairs pour
attraper la nourriture, à peine la miette touche la surface, les
poissons captent sa trajectoire par la vision et le tremblement en
surface pour se projeter vers la précieuse denrée.</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
mangeons à la table d'hôte Una Una le soir. Je dis à Yoshiko que
je l'apprécie beaucoup car elle a une âme d'enfant, elle me dit que
j'en ai une aussi, nous convenons après une brève dispute amicale
que je suis tout de même plus âgé, elle a cinq ans d'âge tandis
que je m'approche de la dizaine … De retour à la maison, elle me
demande si je peux lui montrer la constellation de la Croix du Sud
depuis mon jardin. Il suffit de se tourner vers le sud, de ne pas
perdre le nord, de chercher ces quatre points lumineux qui brillent
dans le ciel en losange, je la quête dans le dôme céleste et la
lui montre. Elle est enthousiaste, elle me raconte que son père la
lui avait montrée lorsqu'elle était enfant lors d'un voyage à
Sydney mémorable.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Fête coutumière et
Soirée</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
sommes allés le lendemain à la fête traditionnelle de Mua, avec
comme à chaque fois <a href="http://erhanawallis.blogspot.fr/2011/08/50eme-anniversaire-du-statut-de-wallis.html" target="_blank">la cérémonie des cochons et le kava royal</a>.
J'ai vu ce cérémonial près de cinq fois la première année, puis
une seule fois les années suivantes, c'est peut-être la dernière
fois que je le contemple. Le spectacle est déroutant quand on y
assiste à l'arrivée sur l'île mais fondé sur l'immuabilité, l'aspect
par essence répétitif de la coutume, il devient lassant à la
longue. J'ai senti en trois ans déjà un très léger déclin dans
ces cérémonies. Le nombre de cochons aux ventres tendus vers le
ciel offert aux regards diminue, les jeunes délaissent le centre où
les villageois plus âgés attendent respectueusement que les
puissants boivent leur kava et regardent, nonchalants, juchés sur
leur scooter, le déroulement du cérémonial. Combat classique de la
jeunesse avide de nouveauté, de transgression, de rythme face à la
société traditionnelle fondée sur la continuité, le respect de
l'ancienneté, figée dans le temps de la permanence. La fête s'est
finie sur les danses traditionnelles avec un vent qui s'est soulevée
soudainement. Les papiers brillants dont les Wallisiens ornent leurs
costumes lors des danses se sont éparpillés, ont dansé, tournoyé
dans les airs, certains se sont élevés très haut dans le ciel
avant de s'envoler plus loin, hors de la vue.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tour
de l'île de Wallis l'après-midi avec Yoshiko ainsi qu'avec un
couple d'amis et leurs deux enfants. L'itinéraire s'organise avec
moi en guide de Wallis selon la météo et l'accessibilité des lieux par la visite de
l'oratoire du Christ aux cocotiers, du couvent des Carmélites, de la
chapelle Saint-Pierre Chanel que je nomme l'église-du-bout-du-monde,
le lac Lalolalo, lac célèbre de l'écho, l'église en construction
à Lausikula, le fort tongien, la chapelle Sainte Jeanne
d'Arc, l'église Saint Joseph, la pointe Tufumal que tout le monde connait sous le nom de
promontoire RFO, et l'église du Sacré-Coeur qui est une église en
forme de gâteau de mariage. Que d'église, de couvent, de chapelle ... pour
une si petite île, mais Yoshiko ayant la particularité d'être
chrétienne, elle sera passionnée par ces visites, et elles offrent
parfois aussi la possibilité de contempler de très beaux panoramas
sur le lagon. C'est le « Anthony's Tour » du nom d'un
ancien tour-opérateur qui a quitté l'île. Toutefois, rapidement la
visite a dû être écourté en raison de la pluie qui a commencé à
sévir. Nous avons attendu avec Yoshiko et les deux enfants qui
avaient pris place dans ma voiture que cela se calme devant le lac
Lalolalo tandis que nous avons dû subir une attaque de moustiques, entrés précipitamment comme nous dans le véhicule, qui tourbillonnaient
échaudés par l'orage à l'extérieur. « Banzaïï »
nous avons affronté les ennemis vrombissants, agressifs Bzzz Bzzz qui nous attaquaient en piqué, en rase-motte, en kamikaze et nous les avons vaincus grâce à la femme samouraï du soleil levant. Revenus de
la ballade qui avait été interrompu par les trombes d'eau devant la chapelle Sainte Jeanne d'Arc, j'ai dit à
Yoshiko que c'était dommage que la pluie s'en soit mêlée mais
comme d'habitude, dotée d'un incroyable esprit positif, elle m'a
répondu qu'au contraire nous avions été très chanceux de voir deux
arcs-en-ciel, qui il est vrai explosent fréquemment dans les cieux
de cette contrée de pluie et de soleil.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
soir, invitation chez une amie de la salsa. Yoshiko a sorti à
nouveau une redoutable arme, elle a troqué en deux ans son appareil
photo contre un I-phone qu'elle manie avec une grande dextérité
comme un jeune avide de nouvelle technologie, elle virevolte de
dossiers en dossiers en maniant l'écran avec son pouce, agrandit les
photos pour captiver , séduire son audience avec les vues de sa ville natale
qu'elle adore. Elle éprouve toujours une fierté incroyable avec les
photos des cerisiers en fleurs, que je me suis promis désormais
d'aller voir un jour. Comme avec moi il y a près de deux ans, elle
s'est liée en quelques secondes avec les invités puis a lancée des
invitations à la volée pour une visite de Kyoto, attrape qui
pourra.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Installant
un rituel qui deviendra immuable pendant une semaine, qui la
fascinera chaque soir, elle me demande une fois rentrés de lui
montrer à nouveau la constellation de la Croix du Sud. Cette
fois-ci, je lui demande de la trouver, ce qu'elle fait sans
difficulté. Étrange fascination immémoriale de l'être humain pour
le ciel étoilé, ses éblouissements nocturnes, comme si la matière
en notre sein vibrait à la recherche de sa source mère, la lumière
inextinguible.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Kayaks et Salsa</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
devions faire du catamaran le lendemain mais le vent était aux
abonnés absents. Nous nous rabattons sur le kayak. Yoshiko est
enthousiaste : Super, je n'ai jamais fait de kayak. Elle me demande
de lui montrer comment procéder, je lui explique le principe général
emprunté à la marche : marcher, c'est mettre le pied droit en avant
puis le gauche ; pagayer, c'est mettre la pagaie droite dans l'eau
puis la gauche. Et miraculeusement, nous marchons sur l'eau en
cadence grâce à mes conseils incroyablement avisés ;-) pour nous
diriger vers l'îlot de Tekaviki.</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-WPM-GT-89zk/U6PhafM0nYI/AAAAAAAAAso/e_SIZoqVi_0/s1600/P1040578.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-WPM-GT-89zk/U6PhafM0nYI/AAAAAAAAAso/e_SIZoqVi_0/s1600/P1040578.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Droite
- Gauche et en avant</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
visitons cet ilot ainsi que Luaniva. Au retour, petite baignade puis
elle me fait écouter quelques musiques qu'elle écoute en boucle sur
son I-phone. C'est Susan Boyle chantant « I dreamed a dream »
ainsi qu'une chanson japonaise intitulée « Aitakute Ima »
chantée par un artiste coréen qui raconte une histoire d'amour à
un siècle de distance.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au
retour, nous sommes obligés de marcher sur la fin en tirant le kayak car c'est
la marée basse. Arrivés à bon port, je me rends compte que l'une
des pagaies est tombé par dessus bord, elle est échouée à
quelques centaines de mètres près d'un récif qui affleure en
surface. Je retourne la chercher et quand je reviens, l'incorrigible
Yoshiko a noué contact avec le groupe de bénévoles wallisiens de
l'association de voile, elle a noté quatre mots dans leur langue
qu'elle essaiera d'utiliser les jours suivants à chaque fois qu'elle
repérera des Wallisiens : « Bonjour » « Merci »
« Au revoir » « On y va ».</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans
l'après-midi, je tente de terminer la visite de l'île, mais à
nouveau la pluie allait nous surprendre au promontoire RFO. Yoshiko
me demande de retourner voir le lac, qu'elle a trouvé
somptueux. Je l'y emmène, je joue au jeu de l'écho dans cette
enceinte dotée de falaises magnifiques, <a href="http://erhanawallis.blogspot.fr/2013/06/venue-de-mon-frere-wallis.html" target="_blank">jeu pratiqué déjà avec mon frère</a>. Je me penche légèrement à droite et
lance un tonitruant « Yo - shi - ko » les trois syllabes
bondissent, se suivent, se dépassent, s'entrechoquent, se
répercutent dans la joie la plus haute, la plus sonore sur les roches pour nous
revenir vers la gauche en boomerang. Elle adore le jeu, tente la même
chose à plusieurs reprises avec les syllabes de mon prénom mais
niet, aucun retour de la criée d' « Er - han » vers la
gauche. Je lui dis que cela n'avait pas posé de problèmes avec les
prénoms des jeunes enfants de mon frère, qu'ils s'étaient envolées
le long des parois pour faire le tour du cratère du lac.
Démonstration par A + B qu'elle est plus jeune que moi ...</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
soir, je donne les cours de salsa à l'association « Salsa
Uvea », elle s'intègre à la rueda. A chaque fois qu'elle
passe vers un nouveau cavalier, qu'elle le recroise un tour plus tard, elle le salue avec une petite
courbette du buste et un sourire. Un de mes amis vient me dire à la fin :
« Ton amie japonaise est fabuleuse et trop marrante ».
Elle l'est.</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-vn-PBDzHwc0/U6Ph92h1wFI/AAAAAAAAAsw/9EjCvxufWMU/s1600/10269971_667898136592340_596209127_n%5B1%5D.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-vn-PBDzHwc0/U6Ph92h1wFI/AAAAAAAAAsw/9EjCvxufWMU/s1600/10269971_667898136592340_596209127_n%5B1%5D.jpg" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Yoshiko
à la salsa</span></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
</div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-83411958794177221752014-06-12T20:35:00.003+12:002014-06-26T21:12:52.296+12:00Séjour au Vanuatu : Le tour de l'île d'Efate<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le village d'Iarofa</span></b><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
visite de l'île d'Efate se déroula en une journée. Elle commença
par la visite d'un village coutumier Iarofa, située à une petite
distance de la capitale. Nous arrivâmes non loin de celui-ci dans un petit van, la
dernière partie de la route s'effectuant à pied. Avant d'entrer dans le
village, le guide s'empara de deux frondes de fougère arborescente
pour nous montrer ce symbole figurant sur leur drapeau national,
symbolisant le respect et la paix.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-fiY2JSeK6LQ/U5lmG4-uCPI/AAAAAAAAAq0/PWU0LnR8lDY/s1600/foug%C3%A8res.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-fiY2JSeK6LQ/U5lmG4-uCPI/AAAAAAAAAq0/PWU0LnR8lDY/s1600/foug%C3%A8res.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les
fougères de la paix</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Comme
dans le village de Tanna où j'avais vu les « Big Nambas »
entamer leur danse revêtus de leurs étuis péniens, l'entrée du
village de « Iarofa » était marqué nettement par la
présence d'un immense banyan, arbre aux multiples racines noueuses
s'extirpant du sol. Là, un Vanuatais se présenta comme le chef du
village et nous invita à passer à travers l'arbre géant.
Impression de passer dans la terre avec ces dizaines de racines au
dessus de nous, autour de nous qui nous enveloppaient comme si nous
traversions la nef souterraine d'une cathédrale de bois.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-fiD87M1ICfc/U5lmqcjRQBI/AAAAAAAAAq8/7YRBxKZFs7g/s1600/chef.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-fiD87M1ICfc/U5lmqcjRQBI/AAAAAAAAAq8/7YRBxKZFs7g/s1600/chef.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bienvenue
à l'intérieur du banyan</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
nous assîmes sur des bancs pendant que le chef nous présenta
quelques éléments de leur culture traditionnelle, communs à
l'ensemble des villages de l'île. Il expliqua qu'il n'avait jamais
été à l'école, qu'il avait appris à parler l'anglais avec les
touristes de passage, mais je n'ai pas cru cette affirmation pour la
simple et bonne raison qu'il s'exprimait mieux que moi en anglais,
alors que je l'ai étudié plus de sept ans. Je doutais même qu'il
soit réellement chef de village, les deux que j'avais vu à Tanna
étaient bien plus âgés que lui et cette fonction est dévolue dans
ces sociétés traditionnelles de manière naturelle à la compétence
acquise par l'expérience d'une longue vie. Il avait une tignasse qui
évoquait les dreadlocks des rastas et une grande barbe mais son
corps svelte, bien taillé était celui d'un homme d'une quarantaine
d'années. Il avait sans doute été choisi pour jouer un rôle de
démonstration car il avait un grand bagout et faisait rire parfois
l'assemblée. Coutume effrayante à nos yeux modernes, le chef du
village enterrait son premier enfant s'il s'agissait d'une fille
avant l'arrivée des missionnaires au 19ème siècle. Il nous a
montré les différentes techniques de pêche, collectives ou
individuelles ainsi que le soin entretenu avec des plantes
médicinales. Il expliqua l'importance de garder les nourritures en
creusant des trous pour préserver les denrées durant les périodes
de pluie intense, qui peuvent être conservés plus de trois mois
avec leurs méthodes de préparation. Le banyan joue un rôle
primordial dans leur culture et au plus fort des cyclones, c'est là
que l'on s'y réfugie, au creux de l'arbre ou cachés dans les
racines, les branches. Enfin, pour déterminer la nature comestible
d'une plante, il expliqua que les anciens le jetaient par terre et
observaient si les fourmis s'en emparaient. Fourmis, nos frères de
nourritures ...</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Puis
nous nous dirigeâmes vers une grande place où nous eûmes droit aux
danses traditionnelles de bienvenue. A la suite de cela, ce fut la
cérémonie de la marche sur le feu, tradition qui existe dans de
nombreuses îles du Pacifique comme par exemple Fidji ou Tahiti. Ici,
elle servait de préparation à la guerre, l'homme qui passait
l'épreuve du feu était apte à se frotter à la guerre, à
s'élancer dans les fièvres du combat. Le jeune homme qui allait
entamer la marche sur les brasiers fut aidé par un compagnon qui
cracha sur la paume de ses pieds un mélange d'herbes qu'il avait
mâché avec conscience. L'homme, mince, élancé, a esquissé les premiers pas sur
le feu en ne s'attardant pas en chemin, il a effectué quelques
allers et venues sur ces cendres chaudes. A la fin, il a esquissé
quelques pas de danse.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-xQwSWaye2QE/U5lm66PPCkI/AAAAAAAAArE/wmSB14Q6aPc/s1600/danse+feu.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-xQwSWaye2QE/U5lm66PPCkI/AAAAAAAAArE/wmSB14Q6aPc/s1600/danse+feu.JPG" height="300" width="400" /></a></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
marche du feu</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ma
vie s'est écoulée de feux en feux qui m'ont brûlé, qui m'ont
dévoré, qui se sont éteints, qui se sont rallumés dans mon corps,
le revêtant de lumière. Le frottement, la brûlure se sont élancés
de la paume de mes pieds pour fluer en moi comme une conflagration de
vie intense, pure pour exploser dans mon cœur, briller en éclats
fabuleux dans chacun de mes neurones. Feux pâles et soyeux de
l'enfance, j'ai glissé sur vous l'âme apaisée, rêveuse ; Feux
brûlants de la passion, j'ai volé vers vous l'âme vive, enchantée,
comblée ; Feux multicolores de l'amitié, j'ai marché, couru sur
vous avec mon cœur battant la mesure de ma raison. Feux de la vie,
je vous ai entendu bruire, craqueler, murmurer vos douces plaintes en
moi ; j'ai senti planter vos morsures dans ma chair souffrante,
endolorie ; j'ai ressenti les élans vifs de vos éclats quand je
m'envolais, plein d'enthousiasme pour capter la beauté qui
m'environnait. J'ai dansé dans les flammes dans une étroite
communion avec celles qui rayonnaient dans l'univers, celles qui
flamboyaient, explosaient au sein des milliards d'étoiles des
galaxies, celles qui se projetaient depuis l'immense astre solaire
vers nous, celles qui ondulaient dans les zébrures des éclairs au
sein des orages, celles qui se répandaient sur les fleurs et les
champs de blé. J'ai dansé sur le feu une valse lente fusionnelle,
un tango triste au corps-à-corps, une salsa endiablée, haletante et
une marche rythmée à travers le monde. Combien d'incendies encore
devant moi, aurais-je encore la force de me consumer encore pour mieux
ressusciter ?</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Banyans et baignade</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
reprîmes la route vers une école où les enfants d'école primaire
nous attendaient et entonnèrent quelques chants. J'étais un peu
gêné, je trouvais cette cérémonie un peu artificielle, spectacle
téléguidé destiné aux touristes, tribu à laquelle j'appartiens
il est vrai mais les enfants semblaient heureux, se poussaient du
coude en chantant. Dans le bus, le guide nous expliqua que dans
certaines parties de l'île, les enfants se lèvent près de deux
heures avant le début des cours pour entamer une longue marche
depuis leur village, mangent en chemin des fruits découpés de
l'arbre avec leurs machettes, traversent des torrents tumultueux lors
de la saison des pluies sur de simples troncs enjambant les cours
d'eau. Et même topo le soir. Chez tous les interlocuteurs vanuatais,
j'ai senti un respect absolu de l'institution scolaire. Et nous, nous
nous indignons si le car scolaire a un quart d'heure de retard, ou parce que l'enfant a un cartable trop lourd à porter. Plus loin, le mini-bus ralentit tandis que le guide nous
montra deux banyans, l'un mâle, creux avec de grandes lianes qui
descendaient des branches telle une immense barbe et le banyan
femelle, plein et sans lianes. Dans une cour d'école se dressait un
très beau banyan dans lequel les plus petits enfants effectuent leur
sieste à l'intérieur du cocon du géant.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-EH0LX2ukDgI/U5lnIEFehkI/AAAAAAAAArM/o1uigIHXrmo/s1600/banyan.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-EH0LX2ukDgI/U5lnIEFehkI/AAAAAAAAArM/o1uigIHXrmo/s1600/banyan.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Sa
Majesté le Banyan</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Un
peu avant 11 heures, nous arrivâmes dans un petit écrin
paradisiaque, le « Blue Lagoon » où il est possible de
se baigner dans une étendue d'eau légèrement en retrait de l'océan
dans une magnifique explosion de couleurs vertes et bleues entre les
arbres, l'eau, le ciel. Les enfants se jetaient depuis une liane dans
l'eau, je n'ai pas pu m'empêcher de faire de même. La liane m'a été
gentiment tendue par des personnes dans l'eau, je me suis élancé
depuis une branche en m'y accrochant. Tarzan sans Jane,
j'ai sauté cul et jambes en avant dans l'eau Plouf en éclatant la
surface de l'eau alors que mon cœur lançait un sauvage « Oo
Iho-Iho Iho-Iho ».</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C'est
au Nord de l'île que nous avons accédé au restaurant, avec des
sources thermales naturelles qui offrent la possibilité de se baigner
dans des piscines. Buffet avec des grillades au menu, accompagné par
les rythmes d'un petit orchestre de fortune en face du Pacifique.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-klpFFW0cJlw/U5lnThQF_KI/AAAAAAAAArU/m6Ai7-32i9w/s1600/orchestre.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-klpFFW0cJlw/U5lnThQF_KI/AAAAAAAAArU/m6Ai7-32i9w/s1600/orchestre.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En
avant la musique</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le plus petit musée du monde ?</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans
l'après-midi, nous visitâmes un musée original, unique en son
genre. Imaginez une vieille, petite bicoque en bois arrimée à
l'océan, aux planches disjointes surmontée de tôles de fer mal
posées, usagées et vous voilà devant le musée de la 2ème guerre
mondiale d'Ernest, un personnage haut en couleurs de l'île. Dans le
bus, on nous avait prévenu de ne pas l'interrompre quand il allait
nous présenter les objets de son musée. Nous rentrâmes dans la
cabane, et c'est la surprise de voir une quantité de rouille incroyable,
flanquée de très vieilles bouteilles poussiéreuses dans cet espace
exigu. Ernest a vécu son enfance et le début de l'adolescence au milieu
de la 2ème guerre mondiale avec le choc de la modernité introduit
par l'arrivée de l'armée américaine en lutte avec l'ennemi
japonais. Plus tard, pendant des décennies, il a collectionné des
vestiges de cette guerre trouvés sans doute dans des décharges,
dans des champs, sur des plages abandonnées. Il a eu l'idée de
regrouper ces vieilles hélices de moteur rouillées, ces bidons
d'essence abandonnés, ces douilles trouées, ces vieux morceaux
d'obus explosés et ces bouteilles de Coca aux formes galbées ainsi
que d'autres bouteilles contenant de l'acide, de la bière datant de
la période de la guerre dans cette bicoque le long de la route
principale pour les exposer au grand jour.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tac
Tac Tac Tac il commença son discours pour présenter sa collection une vraie mitraillette en
forme d'accueil avec un débit sec, haché dans un accent
difficilement compréhensible qu'il semble avoir emprunté à ses
hôtes américains. Quelques minutes plus tard, nous le quittions et
un autre groupe entrait, c'est le même discours à la virgule près
canardé à la volée, nous l'avons tous écouté cette fois-ci en
rigolant.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-C_jkhT0X160/U5lne2HaeDI/AAAAAAAAArc/xb8ICbgYt1c/s1600/mus%C3%A9e+guerre.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-C_jkhT0X160/U5lne2HaeDI/AAAAAAAAArc/xb8ICbgYt1c/s1600/mus%C3%A9e+guerre.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ernest
et son musée de la guerre</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'ai
trouvé l'idée de ce musée ingénieuse et amusante. Tous ces objets
dans un pays occidental auraient abouti à la déchetterie, les voilà
exposés à nos regards, nous interrogeant sur notre conception du
musée, de la mémoire, sur notre rapport aux objets. Ce n'était pas
le musée de l'Innocence, c'était le musée de la folie guerrière
qui témoignait de la marque profonde, de la fascination laissée par
la guerre mondiale du siècle dernier, empreinte durable observable
également à Wallis. Subitement, toutes ces îles isolées dans le
gigantesque Pacifique, ancrées dans une tradition millénaire, dans
un présent éternel rythmé par le ballet du soleil dans le ciel, le
vent, la pluie ont vu débarquer des oiseaux de fer répandant sur leurs paysages radieux des engins explosant comme des volcans, des
navires bardés de bouches meurtrières dégueulant des hommes munis
d'armes bruyantes qui les ont entraîné dans une guerre sans aucune
signification pour eux. Ces îles ont été happées dans l'immense
roue de la mondialisation meurtrière, de la ronde infernale,
insatiable, carnassière de la société de consommation pour les
relier au village global planétaire, pour les attraper dans la toile
d'araignée de la société moderne, pour faire vibrer à l'unisson
les sept milliards et quelques poussières d'êtres sur cet îlot
minuscule noyé dans l'espace démesuré autour d'un soleil perdu au
milieu des milliards d'étoiles de la Voie Lactée suspendue au sein
des milliards de galaxies.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Rencontre de blogueurs
dans le Pacifique</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
surlendemain, retour vers Wallis avec une halte à Nouméa. Surprise de
revoir un ancien ami que j'avais connu à quelques 16 000 kms du Pacifique via des cours de danse en
métropole, qui m'avait contacté pour son séjour de près de deux mois en Nouvelle Calédonie. Il avait autrefois un blog de poésie sur MySpace
désormais fermé, il a rapatrié certains de ces beaux textes sur son nouveau blog
<a href="http://asilepoetique.blogspot.fr/2014/06/parait-royal.html" target="_blank">« Asile Poétique »</a> et il a tenu un autre blog éphémère <a href="http://matete-enbas.blogspot.fr/" target="_blank">« Ma tête en bas »</a> sur son séjour bref dans l'hémisphère sud. Et
là, la tête en bas, les pieds en haut bien arrimés au sol, ayant obtenu l'asile tant désiré sur ces îles lointaines, avec
davantage de pression sanguine vers le cœur et le cerveau, nous
avons devisé jusque tard dans la nuit sur une terrasse de l'Anse
Vata, parlant blogs, passé, futur, présent, politique et que
sais-je encore.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-8KAZaYjmSN4/U5ls5wFe0UI/AAAAAAAAAr0/alXtNgLmme4/s1600/bloggers.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-8KAZaYjmSN4/U5ls5wFe0UI/AAAAAAAAAr0/alXtNgLmme4/s1600/bloggers.JPG" height="400" width="400" /></a></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Blogueur
de l'Est Blogueur de l'Ouest</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Blogueur
du Sud Blogueur du Nord</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
</div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-74905052649662963872014-05-28T21:14:00.003+12:002015-12-29T22:13:36.277+12:00Séjour au Vanuatu : Plaisirs d'eau<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Plongée avec « l'Aile d'Or »</span></b><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Partis
de Port-Vila, nous rejoignons avec un groupe de douze personnes dans
un mini-bus le nord-ouest d'Efate pour une petite croisière le long
de l'île et de deux îlots voisins de celui-ci avec plongée au
programme. Soleil éclatant au rendez-vous, nous montons, après
avoir été recueilli sur le rivage avec un canot pneumatique, sur le
ponton arrière d'un très beau voilier, le « Golden Wing »
« L'Aile d'Or » qui repose paisiblement dans une crique
isolée.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-Zy6Yd8TOhAM/U4Wl4mWwwPI/AAAAAAAAAp0/vrqnfvov3iM/s1600/Vanuatu+068.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-Zy6Yd8TOhAM/U4Wl4mWwwPI/AAAAAAAAAp0/vrqnfvov3iM/s1600/Vanuatu+068.JPG" width="298" /></a></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'Aile
d'Or</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
voilier manœuvre avec un moteur pour sortir de la crique, puis Hop
il déploie ses deux voiles comme deux ailes gonflées par le vent,
la lumière d'or du matin, le bonheur pour naviguer sur les flots. Je
vais plonger avec une autre personne en plus du moniteur tandis que
la grande majorité pratique le « snorkling », découverte
de la faune marine avec palmes-masque-tuba. L'équipement est fourni,
ils me proposent de plonger avec une combinaison shorty mais ils
m'assurent qu'il est possible de plonger sans compte tenu de la
température de l'eau très douce, je décide de tenter le coup et
pour la première fois, je plonge uniquement en maillot de bain, muni
simplement de la bouteille et de l'indispensable gilet stabilisateur.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Plouf
descente dans l'eau, vers un bouquet de coraux aux mille couleurs,
avec une prédominance de rouge intense. Le moniteur nous guide vers
une étendue sableuse d'où émergent les hétérocongres. Ces
poissons longs, très minces s'enfoncent dans le sol à la moindre
vibration inhabituelle. Nous les observons entamer la danse de la faim, ils
émergent du sable, graciles, fragiles, ondulent le long du courant
pour attraper leur nourriture, le « zooplancton ». Même
lors de leurs ébats sexuels, ils ne quittent pas le sol où ils sont
enracinés, le mâle et la femelle proches s'enlacent, libèrent le
sperme et l'ovule dans l'eau. Danse de la peur, ils captent la
vibration des prédateurs qui rôdent, les voilà qui s'enfoncent
dans le sol, dans leur terrier. Danse de la vie entre la faim, la
sexualité qui prolongent leur existence, qui les exhibent dans la
lumière et à l'autre pôle de la vibration du corps, la peur d'être
mangés à leur tour, la peur de la mort qui les ratatinent dans
l'ombre ... Quand nous nous dirigeons vers la colonie, ils disparaissent
dans le sable, ils ont raison, les hommes sont les pires prédateurs
de la planète. Plus loin, un requin de petite
taille se glisse d'un mouvement vif sous un immense corail
tabulaire à notre vue. Nous le guettons sous le corail, il nage
nerveusement, apeuré, par à-coups violents il tourne en vain dans
le petit espace confiné pour échapper aux trois paires d'yeux
curieux entourés de bulles explosantes qui le guettent. Juste avant
la remontée, un banc d'idoles mauresques traverse l'horizon devant
nous en arc de cercle, avec leur nageoire dorsale prolongée d'un
long filament blanc qui flotte comme la traine d'une voile de mariée derrière eux.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-lT1bRqTQdSI/U4WmFY5zn9I/AAAAAAAAAp8/MLaPnUR0tXI/s1600/290px-Zanclus_cornutus_in_Kona.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-lT1bRqTQdSI/U4WmFY5zn9I/AAAAAAAAAp8/MLaPnUR0tXI/s1600/290px-Zanclus_cornutus_in_Kona.jpg" width="335" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Idole
des Maures</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
remontons, c'est l'heure du déjeuner qui sera succulent, avec une
salade qui mélange le sucré et salé. Je devise avec mes compagnons
de ballade, parmi eux un couple en voyages de noces que je
rencontrerai à nouveau à Tanna. Avant la plongée de l'après-midi,
le capitaine du bateau lance les morceaux de pain qui restent du
repas, les poissons s'élancent à l'assaut de ce trésor inespéré,
rapidement plus d'une vingtaine de poissons multicolores grouillent à
quelques mètres du voilier. Je reconnais parmi eux un lutjan rouge
de grande taille, des poissons balistes titan. Nous sautons depuis le
ponton dans l'océan, le moniteur a apporté avec lui le dernier pain
qu'il porte au début à bout de bras, hors de l'eau. Juste au
moment de la plongée, il pulvérise le pain en morceaux, c'est une
indescriptible mêlée, les poissons se jettent sur les miettes, nous
frôlent, sautent par dessus nous ou se glissent entre nos jambes
pour s'emparer d'une part du butin. Éclaboussure d'écailles, de
couleurs, tourbillon de bouches voraces, de nageoires vives qui
s'emmêlent autour de nous … C'est le miracle naturel de la
multiplication des poissons avec un seul pain ;-)
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'excursion
sera consacrée à l'exploration de quatre grottes entrecoupée de ballades sur les récifs coralliens.
L'entrée, la traversée, la sortie de ces cavités sous-marines
représentent toujours une expérience intense, comme un parcours au
sein de notre propre conscience. Vous entrez dans une zone sombre
mais en même temps, quelques pincées de lumière issues
d'ouvertures dans la roche teintent ici et là l'ombre de fragments
de lumière inestimables, de rayons qui vous touchent de leur grâce.
Vous voyez, sentez parfois dans l'obscurité partielle des poissons
qui vous frôlent, vous dépassent, vous évitent d'un coup de
nageoire. Les coraux forment une colonie fragile le long des parois
qu'il vous faut contourner, instinctivement dans cette demi-pénombre
la respiration s'approfondit, se ralentit, les coups de palme
deviennent plus doux, la lenteur, la faible amplitude des gestes se
mettent au diapason de l'atmosphère de douce tranquillité qui règne
dans ces endroits. Dans le silence des infinis, vous progressez dans
l'univers primitif aquatique qu'une part intime de vous ressent
puissamment comme la grande source originelle dont nous sommes issus
au terme du long processus de l'évolution. Espace désormais
inquiétant, étranger pour nos corps terriens mais une sourde
puissance intérieure nous attire vers l'exploration de ce fonds des
origines pour y retrouver des morceaux de notre mystère, pour capter
le substrat singulier qui nous compose. C'est votre propre être que
vous traversez de part en part quand vous naviguez avec douceur dans
ces profondeurs cachées dans l'eau, nous sommes tissés d'ombre et
de lumière. Parfois, nous ressentons de la gêne, de la honte par
rapport à certains de nos actes, de nos désirs mais une lumière
miraculeuse, fabuleuse se pose sur nous qui nous révèle que cette
part d'obscurité est en réalité touchante, profondément humaine,
que ce secret caché en plein milieu de notre âme est aussi une part
magnifique de nous, inexpugnable. Entré dans la quatrième grotte,
je me rends compte qu'il s'agit d'un long tunnel que nous avions déjà
parcouru plus tôt dans la ballade, je reconnais une gorgone
gigantesque de couleur vive qui ondule à l'intérieur faiblement au
gré du courant. Je regrette de ne pas avoir de combinaison, je dois
redoubler de vigilance pour éviter les écorchures sur la peau. Je
me faufile délicatement à côté de la gorgone, nous avançons plus
lentement que la première fois dans cet orifice chatoyant, avec des
petits éclats de coraux mous bruns ou rougeoyants plaqués le long
de la galerie sous-marine. Et à la fin, la lumière vibrante qui
auréole la sortie. Apothéose finale.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Chemin
retour, « L'Aile d'Or » vogue au milieu de nombreuses
tortues qui débouchent un bref instant de l'eau, puis plongent à
nouveau dans l'océan, carapace et nageoires apparaissant,
disparaissant en un clin d'œil, en un enchantement. Chacun d'entre
nous les guette et prévient les autres dès leur apparition pour
partager dans une belle éclipse la joie, la beauté qui frissonnent
sur l'épiderme du monde.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les cascades de Mele</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Quelques
jours plus tard, je suis au pied de la grande pente qui mène aux
cascades de Mele, qui s'échelonnent en trois parties principales le
long d'une façade de plus de cinquante mètres. Le guide nous
harnache, nous remet un casque, c'est parti pour une descente en
rappel. J'avais choisi cette animation pour allier le plaisir de
l'exercice sportif avec ma fascination pour le spectacle de la
cascade, qui mêle en une union intime, jubilatoire pour l'esprit la
roche dure, inamovible, éternelle et l'eau liquide, bondissante,
légère. Nous montons par un petit chemin de randonnée pour
parvenir au point de départ, le sentier devient rapidement étroit,
pierreux et raide. Le guide, jeune homme svelte, file en toute
légèreté devant nous et propose trois haltes le long du chemin,
qu'il agrémente à chaque fois d'explications ou de conversations
pour nous donner le temps de nous reposer. Premier stop, il se
présente, décrit son parcours, nous livre quelques détails sur le
lieu, la distance qui nous reste à parcourir. Deuxième stop, il
nous demande de nous présenter chacun à notre tour, je découvre
que je suis avec un groupe de touristes venu d'un paquebot de
croisière.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-7zZ6JboskQA/U4WmWoi67vI/AAAAAAAAAqE/OwQfPnPeeBU/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Extra+007.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="298" src="http://4.bp.blogspot.com/-7zZ6JboskQA/U4WmWoi67vI/AAAAAAAAAqE/OwQfPnPeeBU/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Extra+007.JPG" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
groupe de descente en rappel
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Troisième
stop, il nous donne quelques statistiques sur la réussite de
l'exercice que nous allons entreprendre. Largement moins d'un pour
cent de ceux qui ont tenté d' entreprendre la descente de la cascade
en rappel a connu l'échec, je sens un petit murmure de soulagement
qui parcourt le groupe. Une angoisse sourde traverse toujours
l'esprit au moment de réaliser un exercice sportif jamais entrepris,
qui plus est avec la peur du vertige qui vous tenaille. Il nous
révèle qu'une personne de plus de cent cinquante kilos a réussi
l'exercice, mais il rajoute en souriant que la partie la plus
difficile avait été la montée de la pente que nous sommes en train
de réaliser, qu'il fallait s'arrêter pour une longue pause tous les
cinq mètres pour lui permettre de reprendre son souffle. Je me dis,
si une personne de plus d'un quintal y est arrivé, j'en serai
capable !</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
cascade au sommet est particulièrement impérieuse car elle se
rétrécit avant de s'élargir plus loin, l'eau écumante, bondit,
rugit de toutes parts. Nous traversons précautionneusement le
courant pour nous diriger vers un petit talus de terre de quelques
mètres qui sert pour l'apprentissage. Les explications sont données
par deux moniteurs mais elles sont dans un anglais relativement
technique que je ne comprends pas, je me contente de regarder,
d'espérer acquérir le geste par imitation. Un volontaire réussit immédiatement facilement l'exercice. Une jeune fille blonde
essaie avant moi, mais elle se rétracte de peur, et s'arrête. Une
personne du groupe la rassure, lui donne quelques explications mais
au moment où il s'élance Patatras il trébuche … Je prends mon
courage à deux mains, on me harnache, je commence la descente. On me
crie des explications d'en bas que je n'entends pas avec le tumulte
de la cascade, un moniteur accroché à mi-pente m'abreuve de
conseils que je ne saisis pas mais j'arrive en bas des quelques
mètres, péniblement à mon goût. Je remonte rejoindre le groupe de
ceux qui n'ont pas besoin de refaire le muret d'apprentissage au
milieu des éclats écumants de la cascade.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-PF8gTnuCOok/U4WmljyKcEI/AAAAAAAAAqM/VahGojHNSyM/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Extra+014.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://4.bp.blogspot.com/-PF8gTnuCOok/U4WmljyKcEI/AAAAAAAAAqM/VahGojHNSyM/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Extra+014.JPG" width="298" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mario
Bros ?</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
avançons vers la falaise principale encore une fois avec d'infinies
précautions, en nous tenant tous la main en raison de mousses très
glissantes qui adhérent aux roches à fleur de surface. La descente
va se faire en deux étapes de vingt mètres environ. Je suis
très hésitant sur la première partie, je dois encore dompter le
principe général, avec la main droite essentielle au niveau des
fesses sur une boucle où passe la corde, qui permet de lancer la
descente, de stabiliser, d'accélérer le mouvement tandis la main
gauche contrôle le balancer.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-k9nPtm_FQPs/U4Wm0--i_YI/AAAAAAAAAqU/XmVSE5yoyqU/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Standard+019.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-k9nPtm_FQPs/U4Wm0--i_YI/AAAAAAAAAqU/XmVSE5yoyqU/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Standard+019.JPG" width="298" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A
l'abordage</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Deuxième
étape, j'ai saisi le mouvement. Je peux m'adonner à la joie vive de
recevoir une cataracte d'eau sur tout le corps …. Myriades de
gouttes d'eau qui déferlent sur moi depuis le haut de la cascade en
pluie ininterrompue, je suis aveuglé, enchanté … Éblouissement
d'eau, de soleil, comme les illuminations qui surgissent parfois de
notre présent, éclatement des éclats liquides autour de mon corps,
à nul autre pareil … Je sautille légèrement depuis la façade
vertigineuse, le cœur en allégresse pure, au milieu d'un tumulte
harmonieux, furieux d'écumes pour dérouler ma descente.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-jLFSVCNoiuY/U4WnEjH6VSI/AAAAAAAAAqc/7eQRot3cpdk/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Deluxe+012.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-jLFSVCNoiuY/U4WnEjH6VSI/AAAAAAAAAqc/7eQRot3cpdk/s1600/26+Mar+201+AM+Tour+Dawn+Deluxe+012.JPG" width="298" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bonheur
pur</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
m'enhardis, je progresse par bonds de cabri, les périodes de
descente deviennent plus longues, je glisse avec plus de douceur et
fermeté ; la maîtrise, mélange de respiration, de gestes souples
et assurés devient plus grande. A la fin, je veux jouer au
professionnel que je ne suis pas et saluer de la main pour poser pour
la photo, je choisis la mauvaise main, la droite qui assure
l'équilibre, et Patatras Plouf j'ai le bec Coin Coin dans l'eau ...</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
avons tous réussi. A la fin, petite baignade exaltante dans le
bassin en contrebas et récompense de pamplemousse, de fruits de la
passion, de banane et papaye.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><strong><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vers</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"> la</span>
Tranquillité</span></strong></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cap
vers l'îlot de la Tranquillité l'avant-dernier jour de mes vacances
pour une deuxième journée plongée. Je plonge avec un groupe de
quatre autres personnes mais dès l'immersion, j'ai un souci de
masque qui prend l'eau, je dois utiliser celui du moniteur. Nous
descendons directement sur un banc de très gros mérous, qui nous
observent avec méfiance sans fuir, leurs gros yeux globuleux restent
braqués en permanence sur nous. Direction un gros
récif corallien. Le site se nomme « Bottle Fish » :
« Poisson Bouteille ». La guerre du Pacifique a fait
rage ici, et le Vanuatu a été une base arrière importante pour les
Américains lors de la deuxième guerre mondiale contre les Japonais.
Ils ont jeté leurs déchets, leurs bouteilles de Coca Cola, à la forme galbée, dans l'océan et ces
dernières se sont sédimentées. Le moniteur nous montre quelques
coraux avec insistance, il esquisse la silhouette d'une bouteille
avec les doigts, nous comprenons et voyons enfin qu'il s'agit de
bouteilles en verre à demi engouffrées dans le sol, recouvertes de terre, de
corail, fossiles archaïques, somptueux dans ce cadre inattendu d'une
guerre lointaine, témoins de notre folie sur terre, de nos appétits,
de nos soifs gargantuesques qui dévastent notre planète. Nous
reprenons notre route vers d'autres récifs, d'immenses poissons
papillons jaunes et noirs au corps aplati battent de leurs nageoires
et s'envolent vers d'autres eaux comme des songes sublimes qui
s'effacent au matin dès que nous souhaitons les capter au réveil … Je cherche en
moi la tranquillité, je la trouve vers la fin de l'excursion.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
recherche la paix ultime au fond des océans, la joie sereine
d'appartenir au monde, d'être goutte infime, palpitante de la
substance du monde, de ressentir mon propre corps tressaillir au
diapason du battement du monde. Cette sensation, je ne la ressens que
rarement. Je paie le prix d'avoir appris à nager très tard, à
l'école vers l'âge de 16-17 ans. Je ressens souvent l'eau comme un
élément étranger, extérieur que je n'arrive que trop rarement à
dompter. Lorsque j'ai voulu obtenir le niveau 3 en plongée, j'ai
enchaîné deux plongées catastrophiques qui m'ont convaincu
d'arrêter ma progression, de me concentrer sur les explorations. Les
mêmes exercices que j'effectuais sans souci à vingt mètres se sont
enchaînés avec des difficultés dès qu'il a fallu s'immerger à
quarante : j'essayais en vain de me stabiliser, je montais et
descendais sans pouvoir exercer de contrôle sur mon corps ; j'ai dû
me reprendre à quatre fois pour réussir un simple vidage de masque
; je ne comprenais pas les signes qui m'étaient adressés ; j'étais
incapable de retrouver le cap au retour ... Peut-être ai-je été
victime de la narcose, mal des profondeurs qui peut s'accompagner
d'angoisse, de retards de réaction mais je n'ai jamais eu de soucis
lors des explorations à quarante mètres. J'ai fait contre mauvaise
fortune bon cœur, j'ai abandonné l'idée de m'améliorer pour me
concentrer sur mes sensations de plongées.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Déjeuner
sur l'îlot avec mes compagnons de ballade. L'un d'entre eux exerce
un métier inhabituel, il habite en Nouvelle Zélande, il est médecin
radiologue en donnant des diagnostics par Internet. Un homme est
gravement accidenté à New-York, la société américaine qui
l'emploie lui envoie les radios par Internet, il envoie un topo
détaillé des dommages corporels au chirurgien, ils conversent par
radio conférence à des milliers de kilomètres sur le sort du
malade. Étranges possibilités ouvertes dans notre monde grâce à
la technologie … Deuxième immersion dans l'après-midi au site
« Corral garden » « Le Jardin de Corail ».
Plongée difficile avec d'incessants vidages de masque en raison d'une buée tenace. L'endroit est un jardin magnifique ponctué de coraux qui se pressent les uns contre les autres, qui scintillent de teintes bleues, vertes,
rouges, brunes, ocres, violettes. Quelques poissons anges et poissons
perroquets devisent des mérites respectifs du Paradis et de l'Enfer,
devisent des mérites respectifs du Paradis et de l'Enfer, devisent
des mérites respectifs du Paradis et de l'Enfer ;-) Parmi les récifs
coralliens, les plus immenses coraux cerveaux que j'ai vu dont l'un
reposait sur une circonférence supérieure à dix mètres selon moi.
Les méandres en forme de labyrinthe de ce corail évoquent notre
principal organe du système nerveux.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-qAhKQFCsgYw/U4Wnefm09GI/AAAAAAAAAqk/GBgGGxyd7fE/s1600/Brain_coral.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-qAhKQFCsgYw/U4Wnefm09GI/AAAAAAAAAqk/GBgGGxyd7fE/s1600/Brain_coral.jpg" width="375" /></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A
quoi pense un cerveau corail ?
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Plus
loin, nous survolons les formations calcaires de nombreux récifs
dans lesquels se sont incrustés des vers arbre de Noël, spiralée
et de forme conique à l'instar des sapins de
la fête de fin d'année. <a href="http://erhanawallis.blogspot.fr/2014/01/sejour-fidji-taveuni-sommeils-et.html" target="_blank">J'en avais déjà vus à Taveuni</a>, de
couleur jaune, mais ici ils se sont multipliés et colorés de rouge, orange, bleu, jaune, brun. Dès que l'on s'approche, les arbres de Noël se vrillent dans les petits interstices, leur spirale s'enroule en une fraction de seconde de manière instinctive dans la fente. J'essaie de les amadouer, de leur expliquer que je suis un ami, Hopla geis je viens de Strasbourg de l'hémisphère Nord, la capitale de Noël, où un sapin majestueux, immense, leur grand frère se dresse sur la grand place chaque hiver, d'une cité qui se pare de mille feux, qui s'endimanche de lumière, de joie vive pour affronter le froid. Rien à faire, les arbres de Noël continuent à avoir peur, ils ne m'écoutent pas, je prêche dans le grand vide océanique ...
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-20615497432641336172014-05-14T20:50:00.000+12:002014-05-19T18:17:04.324+12:00Séjour au Vanuatu : Les dessins de sable au musée national de Port-Vila<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
visitais le musée national de Port-Vila le quatrième jour de mon
arrivée. En face de l'entrée, je remarque un bac à sable ainsi que
des panneaux qui expliquent le principe des dessins du sable au
Vanuatu. L'endroit est désert, les présentoirs sont usés,
témoignant de la pauvreté de ce pays aux îles éclatées. La faune
des îles y est représentée avec des animaux empaillés, panthère
noire, serpents, une petite boule se forme dans mon estomac à l'idée
d'en rencontrer puisque je devais aller en pleine nature le lendemain
sur l'île de Tanna. Quelques papillons aux ailes desséchées, à la
couleur ternie, épinglés par le thorax, rêvent de leur vie
antérieure, de leurs ébats, de leurs bondissements dans la lumière aveuglante des jours,
dans la douceur des soirs au milieu des forêts et des prairies
envolées.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A
l'arrière de la salle, de grands totems effilés et les vestiges
photographiques des fouilles archéologiques de la tombe du roi Mata.
Celui-ci arriva sur l'île d'Efate au treizième siècle et contribua
après des combats victorieux sur les autres tribus à l'unité de
tous. Roi respecté, il édifia un sentiment d'appartenance commune
grâce à un système de parenté matrilinéaire. Respecté sauf …
de son frère, jaloux, qui l'assassina en lui tirant une flèche
empoisonnée dans la gorge. Il fut enterrée sur l'îlot de Hat
voisin de Efate, le site devint tabou et la tradition orale perpétua pendant sept siècles
le souvenir du roi et de sa tombe. Elle était juste car
l'archéologue français José Garanger put très facilement trouver
l'emplacement en 1972 près de deux plaques de pierres dans une
grande clairière. La légende raconte que 46 personnes moururent ce
jour là, après absorption du kava et de soporifique, et qu'elles
furent enterrées avec leurs richesses, défenses de porc,
coquillages, colliers. L'archéologue trouva 47 squelettes, dont
celle d'une de ses femmes enterrée vive à ses côtés, pieds
attachés, poings liés. La position de la tête indique qu'elle
essayait de se lever de sa fosse juste avant de mourir ... Non loin
de la sortie, les masques des cérémonies en bois, mais ils peuvent
aussi être constitués d'éléments très fragiles tels que pigments, pâte végétale, plumes et toiles d'araignée. Culture de
l'éphémère comme celle que j'allais bientôt voir se déployer.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'allais
sortir, un peu déçu mais la présence de quatre touristes
supplémentaires incita le guide à faire une démonstration des
dessins de sable, et le musée devint inoubliable.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
guide se présenta, il s'appelle Edgar, il vient de l'île de
Pentecôte, situé dans la branche de droite du « Y » du
Vanuatu. Il nous déclare qu'il va nous présenter les dessins de
sable du Vanuatu, officiellement proclamé par l'UNESCO comme
appartenant au « patrimoine oral et immatériel de l'humanité »
pour soutenir les Vanuatais dans leur démarche de promotion et de
maintien de cette pratique culturelle unique au monde. Les dessins
sur sable sont des figures géométriques réalisées sur le support
éphémère de la terre ou du sable. Cette pratique culturelle est
partagée par d'autres îles du nord, voisines de « Pentecôte »
telles que Maewo, Ambrym, Ambae. Ces figures représentent davantage
que des dessins, l'appellation locale dans l'île d'Edgar de ces
figures est « uli », elle sert également à qualifier
toute expression des signes comme les tatouages ou l'écriture
européenne.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Edgar
se pose sur les genoux devant le bac à sable, il trace d'abord avec
la pulpe du doigt une armature dans le sable constituée de quelques
lignes horizontales et verticales, qui formera une grille pour la
figure. Ensuite son index commence un périple continu sur la
surface sableuse.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-GWnwp6QsXMk/U3MsZ8zrMAI/AAAAAAAAApE/_42VF5UxgtE/s1600/Vanuatu+083.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-GWnwp6QsXMk/U3MsZ8zrMAI/AAAAAAAAApE/_42VF5UxgtE/s1600/Vanuatu+083.JPG" height="300" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Entame
d'un long voyage
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Lentement
s'élabore sous nos yeux une figure géométrique complexe, un
entrelacs de lignes qui se croisent sans jamais se chevaucher. Son
doigt parfois se déplace, d'une allure légère, d'un sommet de la
figure à un autre sommet, ou décrit des boucles sur une partie du
dessin ; le chemin passe par des nœuds capitaux, des carrefours
compris souvent dans l'armature initiale. Chaque dessin a une
signification. Et le résultat féérique, éphémère, fragile, de
cette danse persévérante, sereine, illuminée du doigt s'expose à
nos yeux.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-ZGEUEmxwJCk/U3MsuFm59xI/AAAAAAAAApM/1Tek2Akp_w4/s1600/Vanuatu+087.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-ZGEUEmxwJCk/U3MsuFm59xI/AAAAAAAAApM/1Tek2Akp_w4/s1600/Vanuatu+087.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dessin
de sable au bord de l'évanouissement</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il
nous demande si nous souhaitons qu'il recommence avec une autre
figure, nous répondons Oui en chœur. Il donne un petit coup sec en
agitant le bac de sable Clic Clac la figure s'efface, une autre
commence à se tracer …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ces
dessins peuvent avoir une fonction quotidienne de message à
destination d'un tiers absent, d'explication de certains concepts ou
d'éducation des enfants à travers la transmission de la mémoire.
Très souvent, elles racontent des histoires, des légendes,
certaines peuvent avoir une fonction sacrée, avec une dimension
d'ouverture vers l'au delà. Il s'agira parfois de compléter un
dessin déjà existant, et l'esprit du mort pourra rejoindre le
royaume de son ancêtre en toute quiétude. Malheureusement, je ne
suis pas arrivé à capter toutes les explications d'Edgar en raison
de son accent mais aussi de ma fascination pour le dessin qu'il était
en train d'accomplir. Or c'est bien connu, un mâle ne peut accomplir deux
tâches à la fois, oreille ou œil, il nous faut choisir ;-)</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les
animaux et leur relation à l'homme sont souvent au centre des
récits.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-FNwPVGucng4/U3Ms-AJk1CI/AAAAAAAAApU/TVnwbHMbuRk/s1600/Vanuatu+092.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-FNwPVGucng4/U3Ms-AJk1CI/AAAAAAAAApU/TVnwbHMbuRk/s1600/Vanuatu+092.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tortue
marine</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Particularité
étonnante, le doigt ne passe jamais dans la même boucle, ne fait
jamais le même cheminement deux fois, aucune ligne n'est traversée
deux fois. Cette règle est explicite et connu sous le nom du « rat
qui mange le fruit de l'arbre à pain ». Lorsqu'on repasse sur
une portion du dessin, cela revient à l'effacer car c'est la portion
du fruit que le rat a mangée. Il est absolument fondamental de
tracer le dessin d'une ligne continue, sans lever le doigt, en
passant une et une seule fois par un arc de la courbe. Cette règle
est un domaine spécifique de la « théorie des graphes »,
qui a donné lieu à des problèmes mathématiques récréatifs tels
que les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3%A8me_des_sept_ponts_de_K%C3%B6nigsberg" target="_blank">sept ponts de Königsberg</a>, étudiés en particulier par Euler.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">Le
dessin obéit à cette règle mathématique sous-jacente des graphes
eulériens, il est aussi profondément innervé par les règles
mathématiques de la symétrie, composé de courbes, de paraboles,
d'ellipses. Descendez dans les souterrains du questionnement sur la
vie humaine, analysez les fondements de l'édification de la matière,
étudiez les principes de la physique, celle des particules, des
espaces sidéraux … Les mathématiques jouent un rôle essentiel de
décryptage</span> de la réalité mais aussi de construction de
celle-ci, elles sous-tendent notre monde, elles en sont la matrice
génératrice. Et là dans les dessins de ces Vanuatais vivant dans
des îles longtemps isolées, peuples que nous jugeons primitifs
juchés en « haut » de notre piédestal occidental, leur
intelligence intuitive guide leurs mains pour reproduire des courbes
aux détours complexes, pour inventer une règle étonnante qui
complexifie le dessin mais lui donne une beauté étonnante au moment
du tracé. Loin, très loin des espaces occidentaux où pendant des
siècles, les scientifiques élaborent la théorie de la symétrie,
des graphiques, les Vanuatais dessinent des figures et des symboles
qui font résonner ces règles de manière poétique avec un peu de
sable et un doigt, comme si une part enfou<span style="font-weight: normal;">ie
de l'être humain savait que nous sommes produits de courbes et
d'équations infiniment complexes, mathématiques pures.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Clic
Clac la figure s'efface pour un nouveau dessin, qui, cette fois-ci, conte
une histoire d'amour entre deux êtres. La main d'Edgar encore une
fois voyage dans le sable tandis que sa douce voix conte l'histoire, le doigt vogue délicatement sur les grains infimes
en traçant sa route obstinée et à la fin de la figure, au centre
de celle-ci, il trace un cœur. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-p360xlXsk9o/U3MtbbC8JnI/AAAAAAAAApc/-bpDkqIF86U/s1600/Vanuatu+101.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-p360xlXsk9o/U3MtbbC8JnI/AAAAAAAAApc/-bpDkqIF86U/s1600/Vanuatu+101.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Voyez-vous,
entendez-vous le cœur ?</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
demande à Edgar si l'image du cœur, symbole de nos sentiments, de
l'union étroite entre deux êtres, est un élément introduit par la
culture occidentale ou s'il s'agit d'une figure de leur culture
ancestrale. Il me répond que c'est quelque chose de fondamental dans
leurs dessins depuis bien longtemps, avant l'arrivée des
Occidentaux. Il est étrange de constater que pour l'expérience de
l'effusion intime avec l'autre, du sentiment immanent de l'amour qui
conduit à celui du sentiment universel de l'union des hommes, de la
transcendance des êtres, nous pensions tous au symbole du cœur, à
ses battements, comme il y avait une sorte de continuité, un lien
intime, bien plus profond que les différences entre toutes les cultures.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vous
avancez dans votre vie. Vos premiers pas, ce sont d'autres d'abord
qui vous ont aidé à les faire, vos parents, réels ou adoptifs,
vous ont légué un patrimoine, des goûts, des élans, des
possibilités. Sur cette armature, lentement dans le sable de
l'existence, vous commencez à avancer d'un pas irrésistible, et que
ce soit au pas de marche, de course, sur terre, sur mer, dans le
ciel, vos déplacements content une histoire, c'est un sillon unique
qui jamais ne se reproduira. Jamais vous ne pouvez faire le même
chemin, même si vous repassez par les mêmes endroits, les lieux ont
changé et vous n'êtes plus le même. Impossible de repasser par le
même tracé, sinon le « rat mange le fruit de l'arbre à
pain », le temps est un arbre à pain insaisissable, qui bat en
vous, qui ne se dévore pas, dont la texture toujours se recompose.
Vous passez par certains carrefours essentiels vers lesquels vous
revenez obstinément, le hasard ou la nécessité ont guidé vos pas.
Eloignez-vous un instant de la surface de la terre, envolez-vous vers l'azur, plus loin encore, observez le tracé de votre
existence depuis le ciel, la trace lumineuse laissée par vos pas, par votre cheminement dans l'espace du monde, dans la vie.
Quelles sont les figures géométriques que vous avez composées,
celles de l'amitié et/ou de la rivalité, celles de l'égoïsme ou
de la générosité, celles de l'ambition sociale, celles de
l'énergie créatrice, celles du ressentiment, du bonheur ? Avez-vous disposé un cœur au centre de
votre dessin ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Un
jour Clic Clac votre figure s'efface et ce sont celles de vos enfants,
de vos neveux et nièces, des enfants de vos amis qui continuent à
se déployer sur la terre, sur le sable ...</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Autre
patrimoine immatériel, celui de la musique, Edgar prend une flûte
en bambou dont il joue en douceur puis joue d'une sorte de
« xylophone » en bambou, les vibrations sonores de ces
deux instruments forment un contrepoint gracile, fragile en accord
avec les dessins de leur sable et leurs histoires.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-srY-YcwFwo8/U3Mtto0LegI/AAAAAAAAApk/fpOn9yQ9SwM/s1600/Vanuatu+102.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-srY-YcwFwo8/U3Mtto0LegI/AAAAAAAAApk/fpOn9yQ9SwM/s1600/Vanuatu+102.JPG" height="400" width="300" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
flûte enchantée</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'ai
pris la décision, par goût de la course, des voyages, du jeu, de
courir sur tous les pays depuis mon premier voyage dans l'hémisphère
sud en dehors de ma demeure à Wallis-et-Futuna. Mes pas se sont
posés pour rebondir sur la terre à Nouméa en Nouvelle-Calédonie,
à Rotorua en Nouvelle-Zélande, à Sydney en Australie, à Savu Savu
à Fidji, non loin du mont Fuji au Japon et près du volcan Yasur à
Tanna. En deux ans, j'ai senti que mes pas devenaient légèrement
plus lourds, je sens le poids de la vieillesse, encore infime, à la
pression ô toujours délicate, qui commence à étourdir mon
corps. Mes pas résonnent au rythme de mon souffle qui a étreint la terre, le ciel, de mes battements de cœur Boum Boum qui ont
salué les arbres, qui ont scandé le chant des oiseaux. Que trace ma
course dans ce monde ? Vers où mes pas me mènent, vers oÙ ?</span></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-56178589733222032582014-04-19T11:22:00.001+12:002014-11-23T18:51:43.671+12:00Séjour au Vanuatu : Nostalgies et douceurs françaises à Port-Vila<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Petite histoire du Vanuatu</span></b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
suis à Port-Vila sur l'île d'Efate, dans l'archipel en « Y »
du Vanuatu, au point où les deux branches vont se séparer vers la
droite et la gauche. Les premiers découvreurs des îles du Vanuatu
sont bien sûr les navigateurs mélanésiens venus il y a environ 3
500 ans de Papouasie Nouvelle Guinée, mais culture orale oblige,
aucun navigateur ne laisse son nom à la postérité. L'archipel
fait l'objet de redécouvertes successives par les Européens et
quelques navigateurs mythiques ont accosté ces rives pour y attacher
leur nom pour la postérité : le Portugais Pedro Fernandes de
Queiros est persuadé en 1606 d'avoir atteint le continent austral
et baptise l'île découverte « Terra Australia del Espiritu
Santo » qui deviendra « Espiritu Santo » ou
« Santo », grande île du nord de l'archipel ; Louis
Antoine de Bougainville nomme un certain nombre d'îles découvertes
du nom de « Grandes Cyclades » ; James Cook dressera la
première carte marine de l'archipel qu'il baptise « Les
Nouvelles Hébrides », et d'autres navigateurs se succèdent.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tout
au long du 19ème siècle, ces îles font l'objet d'une rivalité
entre la France et les Royaume-Uni qui décident de mettre en place
une administration commune en 1906, qui prend la forme du Condominium des
Nouvelles-Hébrides. Les deux langues officielles de cette contrée
étaient le français et l'anglais, mais lentement monte en puissance
une troisième, le bichlamar, langue véhiculaire à base lexicale
anglaise, qui permet à toutes les tribus de ces îles disséminées
de communiquer entre elles, alors que plus de 100 langues
vernaculaires coexistent au Vanuatu. L'extension du bichlamar au
cours du 20ème siècle a favorisé l'émergence d'un sentiment d'appartenance à une nation commune et mènera à
l'indépendance du Vanuatu, proclamée définitivement le 30 juillet
1980.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Depuis,
des partis francophones et anglophones se succèdent à la tête du
pays. Port-Vila, capitale du Vanuatu, résonne de ses multiples
dialectes, de ses langues. Ce qui m'a intrigué, c'est la manière
dont j'étais immédiatement repéré comme Français dès le premier
regard dans de nombreux endroits. Je rentre chez un coiffeur, la
personne à l'accueil me regarde, me demande « French ? »,
j'acquiesce et elle m'attribue la coiffeuse qui s'exprime dans la
magnifique langue de Racine, Molière et Hugo, indispensable,
essentielle pour une coupe réussie, vous en conviendrez, et encore
plus mélodieuse lorsqu'il s'agit de se faire raser avec des papouilles les cheveux en ce
qui me concerne ;-) Et ainsi de suite dans deux restaurants et une
boutique de souvenirs. Par contre, hélas, personne n'a détecté
l'Alsacien enfoui en moi, je n'ai entendu trace de ce dialecte dans
aucune rue de Port-Vila, nul n'est parfait ...
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Si
l'enseignement des langues anglaises et françaises étaient à
parité il y a quelques dizaines d'années, le français perd en
importance au Vanuatu. La grande majorité des touristes sont
anglophones, ils sont particulièrement nombreux à venir de
l'Australie. Les échanges avec la grande majorité des îles aux
alentours se font en anglais, espéranto mondial. Quelques
personnes au cours du séjour me demandaient de parler en français
lorsqu'ils en connaissaient quelques bribes, qu'ils l'avaient étudié
en classe, mais me répondaient par contre en anglais. Que
restera-t-il de notre passage ici, si la langue française va
diminuant ? Il restera l'ordre de la circulation, les Vanuatais
roulent à droite, ils ont choisi le meilleur sens, celui de la
logique chère à Descartes … Nous resterons aussi sans nul doute
dans les palais vanuatais, les restaurants et café français sont
légion ici et particulièrement appréciés. Je suis allé siroter
mon breuvage noir amer " Au Café du Village " ; je suis
allé expier le crime infâme de la gourmandise deux fois en
dégustant des pâtisseries " Au Péché Mignon ", j'ai
cédé à l'appât de la chair velouteuse des crabes cocotiers et du
poisson en mangeant à "La Tentation". Lors du tour de l'île, le guide
nous a conseillé d'aller manger à "l'Houstalet", ce que j'ai fait
quelques jours plus tard, restaurant tenu par un Français depuis
quarante ans : c'est dans une de ses salles qu'est rédigé un texte
fondamental qui mènera à l'indépendance de ce pays. Les autorités vanuataises sont reconnaissantes puisque lorsque je souhaitais y retourner une deuxième fois, quelques grosses cylindrées du gouvernement étaient garées devant et je me voyais refuser l'entrée par des gardes du corps musclés mais courtois, pour cause de déjeuner des officiels. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'amour de Pilioko et
de Michoutouchkine</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Sur
le chemin qui devait me mener vers la peinture de Pilioko et
Michoutouchkine, je me suis arrêté un moment au marché des fruits
et légumes, centre névralgique de Port-Vila, ville qui garde grâce
à ce lieu un contact vital avec la vie rurale d'Efate. Le marché
constitue une belle halte colorée au milieu d'une ville qui grandit
et s'enlaidit des classiques grands hôtels qui viennent sur tous les
rivages du monde se dresser pour satisfaire nos appétits de soleil
resplendissants, de paysages océaniques, de dépaysements dans un
univers climatisé, fermé, enclos. Pamplemousses géants, régimes
de bananes, noix de coco, papayes, mangues, ignames, taros, bottes d'arachide se
pressent sur les étals ou dans des paniers tressés le long des
allées, les femmes assises par groupes de trois ou quatre bavardent
sans prêter beaucoup d'attention aux acheteurs, Vanuatais ou
touristes.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-A8Df5rSpdEI/U1Gxx58XXLI/AAAAAAAAAoE/nDBQj-7TwQw/s1600/march%C3%A9.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-A8Df5rSpdEI/U1Gxx58XXLI/AAAAAAAAAoE/nDBQj-7TwQw/s1600/march%C3%A9.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Marché
de Port-Vila</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ici,
c'est le règne de la concurrence pure et parfaite avec la rencontre
de ces multiples acheteurs en contact avec les centaines de clients
qui se pressent toute la journée, le produit est le même chez tous
les commerçants, un seul prix est affiché, celui qui permettra la
survie de ces agriculteurs venus de toute l'île pour vendre leurs
biens. Je passe entre deux tables remplies de poissons frits dont les
yeux grands ouverts tristes me contemplaient avec douceur. J'étais
déjà dans une toile de Pilioko.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour
se rendre à la fondation Michoutouchkine-Pilioko, rien de plus
simple que les transports en commun à Port-Vila. Vous prenez un
mini-bus, qui fait office de bus et taxi à la fois, qui compose son
trajet en fonction de ses clients déjà à l'intérieur et pour une
modique somme à peine supérieure à 1 euro, vous êtes transportés
vers la bonne destination. Le peintre réside sur la route de Pango
vers le sud de Port-Vila, une petite pancarte depuis la route
principale aboutit à la propriété à travers un chemin de terre
entouré d'un jardin luxuriant, planté d'espèces achetées à
travers le monde entier. Je passe dans des petites salles
d'exposition dans des cabanes en bois avec des toiles de
Michoutouchkine exposées sur les murs. Une magnifique maison en bois
sur deux étages apparaît à la gauche avant de passer sous un
portique qui m'évoque les ornementations du parc Gaudi à Barcelone.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-6MS1sdsI05E/U1GyANYvG7I/AAAAAAAAAoM/PEFO5D1hyxo/s1600/portique.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-6MS1sdsI05E/U1GyANYvG7I/AAAAAAAAAoM/PEFO5D1hyxo/s1600/portique.JPG" height="400" width="298" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Soyez
la bienvenue</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">Arrivé
dans la cour intérieure, je vois un très vieil homme
aux traits émaciés qui sort de la maison, qui me regarde avec attention, qui
m'interroge immédiatement en français avec un accent pour savoir
d'où je viens. Je lui explique que je suis Français vivant à
Wallis, il me dit être né à Wallis, je le savais déjà. Il est
indubitablement « rae rae » comme on m'avait prévenu,
nom donné aux travestis masculins dans certaines îles polynésiennes
du Pacifique dont Wallis. C'est une tradition ancienne dans ces îles
notée déjà par les premier navigateurs, </span><span lang="fr-FR">
ces garçons différents reçoivent une éducation particulière dès
l'enfance. Plus âgés, ils s'épilent, ont des manières efféminées
et se travestissent librement. </span><span style="font-weight: normal;">Aloi Pilioko est encore très coquet avec ses cheveux teints, ses bagues
immenses aux doigts, une écharpe élégante autour du cou.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nicolaï
Michoutouchkine est un artiste français d'origine russe né à
Belfort en 1929. Grand voyageur, les chemins initiatiques de la vie
le mènent vers l'Inde, l'Australie, la Nouvelle Calédonie et enfin
le Vanuatu. Chemin faisant, il croise sur sa route dans le Pacifique
le Wallisien Aloi Pilioko un peu avant 1960, ouvrier travaillant dans
le coprah avec qui il formera un couple inséparable, inaltérable.
Artiste renommé, véritable Pygmalion, Nicolaï détecte en Aloi un
amateur de peinture et lentement, irrésistiblement, va l'adouber, le
métamorphoser en papillon-artiste à ses côtés, imposant son
statut de peintre aux yeux du monde. Leurs styles resteront très
différents : Michoutouchkine a eu une éducation artistique dès le
plus jeune âge, sa technique est sûre, affirmée, ses toiles sont
des arabesques d'éléments naturels, arbres, plantes, où se
composent en surimpression des visages humains saisissants aux traits
doux et tristes, tels des vagues océaniques, dans une maîtrise de
l'art des couleurs qui courent sur la toile « comme un cheval
qui galope libre dans la steppe ». Pilioko a un art plus naïf,
primitif, ses thèmes de prédilection sont les chats, les poissons,
les êtres humains aux corps ondulés dont les traits oscillent entre
féminité et masculinité, toutes ces créatures s'enroulant entre
eux dans une danse perpétuelle. Ils composeront des toiles communes
où le haut est occupée par les arabesques de Michoutouchkine et le
bas par les personnages de Pilioko.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-xCy347KCT20/U1GyQ0SKtqI/AAAAAAAAAoU/HFypMrqFZh0/s1600/Michoutouchkine.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-xCy347KCT20/U1GyQ0SKtqI/AAAAAAAAAoU/HFypMrqFZh0/s1600/Michoutouchkine.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Toile
de Michoutouchkine</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-mMJ0ALrLPW8/U1GydDCwaKI/AAAAAAAAAoc/Bu4jAqnsFSE/s1600/pilioko.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-mMJ0ALrLPW8/U1GydDCwaKI/AAAAAAAAAoc/Bu4jAqnsFSE/s1600/pilioko.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Toile
de Pilioko</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cette
fondation est en fait leur demeure que l'on peut visiter librement,
un « anti-musée » original, inséré dans un paradis
tropical. Leur passion pour la peinture va se doubler d'une
prédilection pour la collection d'arts traditionnels d'abord
océaniens, puis de toutes les cultures. Nicolaï va communiquer désormais à Aloi sa passion des voyages, il va l'entraîner dans une
course folle pendant des décennies à travers le monde, Russie,
Canada, Japon, multiples pays du Pacifique et de l'Europe, dans le
but d'exposer et de vendre leurs toiles et les objets d'art de leur collection. Michoutouchkine meurt
le 2 mai 2010 à Nouméa.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Aloi
Pilioko me présente deux membres de sa famille, un jeune homme
d'origine wallisienne mais né au Vanuatu, s'exprimant mal en
français et son neveu, âgé d'une cinquantaine d'années, venu le
voir de Wallis. Le jardin fourmille déjà de mille objets, dont des
sculptures d'immenses chats du Bengale présentant des coupes de
fleurs, des bustes qu'il me dit avoir reçu d'artistes syriens. Nous
passons dans une cabane ouverte aux quatre vents, qui est l'atelier
du peintre, qui donne sur l'Océan Pacifique et ses rêves, ses
soleils éclatants, ses vents passionnés, ses pluies démentielles.
Une toile occupe une immense table, d'autres les murs mais aussi
étrangement les plafonds où sont suspendus des coquillages, des
coques vides de noix de coco, des ustensiles et tant d'objets encore
; l'influence russe se devine près d'une palette de couleurs à des
dizaines de bouteilles de vodka peintes ... Il me désigne à gauche
vers la sortie qui donne sur l'Océan, quatre mottes de terre où il
a enterré ses chats auxquels il était très attaché.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C'est
la visite de la maison. Au rez-de-chaussée, ce sont des toiles de
Michoutouchkine qui occupent l'espace à gauche, des portraits dont
le regard s'agrippe au vôtre. Sur une petite table, deux crucifix,
quelques images pieuses, un Boudhha, un chandelier, un plateau de
service à thé entourent un portrait de Michoutouchkine, étrange
table de prière dédié à un mort dans une forme inhabituelle,
touchante de spiritualité intime. Je visite seul le premier et
deuxième étage. Au premier, les toiles s'entremêlent à profusion,
tendues entre les espaces de pièces non closes. L'une de
Michoutouchkine recouvre parfois l'autre de Pilioko, il faut
soulever les étoffes pour pouvoir les contempler, quelques tables
regorgent également de peintures, de fresques, de portraits, de
dessins, d'esquisses dans un éclatement infini de couleurs. Je monte
d'un cran au deuxième étage, je suis sidéré par cet espace.
Dans un agencement contredisant toute logique, vous trouvez dans la
pièce un mannequin d'Indien d'Amérique, d'immenses poupées en
chiffon de taille humaine reposant sur des fauteuils à osier, des
peaux de tigre, des icônes russes sur les murs, d'innombrables
babioles et dans une petite armoire, au milieu de poteries et poupées
russes, un portrait de Sarkozy et de Poutine.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-Tes99zxU3Vc/U1GypCNakaI/AAAAAAAAAok/J2Yx-xDxzAc/s1600/%C3%A9tage2.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-Tes99zxU3Vc/U1GypCNakaI/AAAAAAAAAok/J2Yx-xDxzAc/s1600/%C3%A9tage2.JPG" height="298" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Deuxième
étage de la fondation
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Planté
au milieu de la pièce un lit à colonnes, alcôve des anciennes
amours de deux peintres, avec des étoffes en lieu et place des
rideaux tombant du toit du lit ainsi que des T-shirts à l'effigie
encore des deux chefs d'État. Je suis particulièrement intrigué
par la présence de l'actuel président russe, Pilioko semble
réellement l'admirer, je me demande s'il connaît les prises de
position, les diatribes contre l'homosexualité de Poutine.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
redescends et demande au peintre si je peux lui acheter une toile,
j'étais commissionné par un ami qui avait déjà visité la
fondation. Il me propose de manger avec lui et les membres de sa
famille, j'acquiesce, nous allons dans un restaurant pakistanais qui
propose des plats à emporter. Au retour, il me montre l'atelier de
Michoutouchkine, il m'emmène voir certaines de ses toiles. De nombreuses fois au cours de la visite, il m'a désigné un lieu où
travaillait son ancien acolyte, amoureux mort, une peinture qu'il avait composée, une photo de lui dans un article ou sur la table au rez-de-chaussée ; ses toiles, son
image, sa présence posthume, obsédante, visible et invisible hantent son compagnon vivant et les lieux. J'achète
deux dessins, que je devais perdre lors du transit à Nouméa, idiot
distrait que je suis … Il m'invite à boire de la vodka, je décline
mais j'accepte un café. Je discute avec son neveu wallisien de
la situation politique à Wallis, la royauté, les relations entre le
Nord et le reste de l'île. Aloi Pilioko n'écoute pas la
conversation, il est absent, perdu dans ses songes, dans le passé.
Je prends congé.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Regards dans le
crépuscule</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Longues
promenades de jour en jour à Port-Vila, après des excursions en
plongée ou sur l'ile d'Efate, qui me ramènent un jour vers le
marché. J'achète une botte d'arachides que je mange tranquillement
en dérivant le long du rivage. Je suis surpris en brisant la coque
jaune, pas de pellicule rouge autour des graines, il s'agit
d'arachides nouvellement coupées, au goût frais, immature. Je
croque celles-ci avec gourmandise tout en déambulant le long de la
côte. Que restera-t-il de la présence française ? Il restera la
pétanque, j'assiste à des parties passionnées sur une place
légèrement en contrebas de la rue principale. Un homme s'asseye à
côté de moi, il m'interroge sur mes origines, nous devisons
longuement, je lui offre mes arachides, je n'ai pu en manger que la
moitié. Il est pasteur, originaire de l'île de Pentecôte au nord
de l'archipel. La fête de Pentecôte désigne ce moment du nouveau
Testament où l'Esprit Saint descend sur ses apôtres, où des
langues de feu se déposent sur eux pour leur donner le don des
langues, le pasteur a été touché par cet Esprit car il est
polyglotte, il parle trois dialectes en plus du bichlamar, de
l'anglais et du français qu'il maîtrise relativement bien. Je lui
parle du guide prénommé Edgar du musée national du Vanuatu et de
ses magnifiques dessins de sable, originaire de la même île que
lui, il le connaît, bien évidemment. Les joueurs de pétanque
devinent mes origines, commencent à compter à voix haute les points
en français, à s'interpeller dans ma langue, m'invitent à jouer
avec eux. Je décline poliment, je tiens à préserver la réputation
de grand joueur de pétanque du Français en m'abstenant de perdre
contre eux ;-)</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-ThZpKaKjCUY/U1GzBxw2xVI/AAAAAAAAAo0/lVCOAQlRKIE/s1600/p%C3%A9tanque.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-ThZpKaKjCUY/U1GzBxw2xVI/AAAAAAAAAo0/lVCOAQlRKIE/s1600/p%C3%A9tanque.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tu tires ou tu pointes ?</span></div>
<div align="center" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
continue ma dérive vers la terrasse d'un restaurant qui offre une
vue magnifique vers le soleil plongeant dans la baie de Port-Vila. Le
disque solaire se dépose comme une hostie, une offrande à
l'horizon, délivre une lumière bleue métallique qui effleure avec
une douceur infinie l'Océan, vaste lit aux vagues frissonnantes prêt
à dissiper le soleil dans ses profondeurs. Irrésistiblement,
celui-ci est submergé mais lance une vaste salve de feux
jaune-orangés qui embrase les nuages, les cieux, la couche
océanique. Étrangement, le bleu envahit à nouveau le ciel, et la
lutte haletante des deux teintes se poursuit une longue demi-heure, chacune devenant à son tour dominante ou récessive.
Juste avant l'extinction, quelques nuages effilés de couleur rouge
flamboient avant que la pénombre ne s'établisse sur la terre, sur
l'eau et dans les cieux.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Un
paquebot pendant ce temps effectue ses manœuvres dans la baie, il se
tourne lentement, allume d'abord une lumière qui s'élance
vers moi comme une flèche irrésistible, puis ce sont deux feux qui
se projettent avec douceur. Les deux lueurs rondes dans leur course pour m'atteindre s'emmêlent aux vaguelettes de
l'Océan, se tendent comme des mains comblées de lumière,
me guettent, je perçois un regard se détachant dans la nuit, deux yeux d'une grande bonté venant de France, soleils délicats, fragiles dont la
tendresse maternelle, sororale, fraternelle, amicale se diffuse, se dissipe dans mes profondeurs océanes.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-1jGx5Y5s3Vw/U1Gy0iwrY4I/AAAAAAAAAos/3xMggaQ0y0A/s1600/regard+nuit.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-1jGx5Y5s3Vw/U1Gy0iwrY4I/AAAAAAAAAos/3xMggaQ0y0A/s1600/regard+nuit.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Regards
dans le noir</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
</div>
<br />Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-42058887236858555842014-04-12T10:20:00.001+12:002015-12-19T08:22:09.702+12:00Séjour au Vanuatu : Dans la lumière du volcan Yasur<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Quand le volcan s'illumine</span></b></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Mon hôte m'a réveillé vers
2h30 du matin pour une visite du volcan au lever du soleil. Je m'étais éveillé à de nombreuses reprises en
raison du son de la pluie qui ne cessait de marteler le toit, puis rendormi. Le ciel
vient de s'apaiser, nous marchons en silence dans la nuit à la
lumière d'une petite lampe torche. Dans le ciel, les nuages
s’amoncellent encore de part et d'autre d'un fin sillon qui, juste au zénith, trace le
chemin vers le volcan, quelques étoiles tremblotent dans cette
ouverture tandis qu'une demi-lune offre le réconfort de sa lumière
pâle. Nous arrivons à l'entrée où deux gardes veillent pour payer la visite de nuit. En passant sous l'immense arbre
banyan, Philip lève la tête, émet des cris rauques en direction
des branches enténébrées de l'arbre, les chauves-souris
s'éveillent, s'ébattent et déployant leurs ailes s'enfuient, je
devine leurs ombres fantastiques, enchanteresses emportant les
mauvais souvenirs qui s'éparpillent aux alentours. Montée longue,
silencieuse, je me mets au rythme de mon guide, dont j'entends le
souffle court juste à côté de moi. Dès que la pente devient plus
abrupte, je le précède et dois l'attendre quelques instants, nous
en profitons pour marquer une petite halte avant de repartir. Par
instants, le sillon du ciel s'élargit, les nuages s'écartent, la
lumière de la lune dans un halo d'arc-en-ciel devient plus intense,
je vois les ombres des arêtes des falaises se dessiner sur la route,
des palmes des cocotiers osciller sur la route, les corolles des
fougères arborescentes comme des étoiles frémissantes, ardentes
tandis que les joncs affinés s'inclinent sous le vent léger qui
commence à souffler lorsque la route s'élève. Nos propres ombres
de marcheurs poursuivent obstinément, à gauche, leur chemin à nos côtés ;
même dans la nuit, minéral, végétal, être humain, nous sommes
toujours l'ombre de la lumière du soleil. Mon guide me désigne le
poste d'observation quand le volcan a des périodes de plus forte
activité. Au loin, au détour d'un virage apparaît dans le ciel
« l'étoile du matin », Vénus resplendissante, ainsi
désignée dans la culture du Vanuatu, comme dans tant d'autres
cultures, car elle précède et annonce le soleil. Nous arrivons sur
la plaine cendrée, au pied des derniers lacets qui s'élèvent vers
le promontoire au dessus des cratères. Nous nous engageons sur le
chemin et à quelques mètres de l'objectif, une grande explosion
retentit tandis que s'élève un panache blanc démesuré. Ouf, me
dis-je, si j'avais été accueilli par de la fumée noire, moi qui ai
vu la si lointaine mer Égée, je me serais précipité dans le
cratère, j'aurais sauté vif dans celui-ci pour me fondre dans la
lave, amer, désespéré …</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je m'assieds à quelques
centimètres du précipice, tandis que mon guide prend place derrière
moi et pique un petit somme, adossé contre un rocher. A nouveau,
dans l'obscurité, feux d'artifices, explosions détonantes, fumées
sombres ou blanches s'enchaînent, s'entraînent à un rythme
régulier. Le spectacle est encore plus magnifique, hypnotique que la
dernière fois, cette fois-ci les deux bouches éjectent de la lave.
Celle de gauche envoie des fusées de lave éclairantes rouge intense
très haut dans le ciel, s'élevant à une vitesse prodigieuse tandis
que celle de droite, muette au moment du coucher du soleil deux jours
plus tôt, envoie des salves plus discrètes, petites fontaines de
lave s'élançant en flots continus. Les silhouettes, les arêtes du
versant ouest se fondent dans l'obscurité avant de brièvement se
recomposer au moment où les gerbes sanguines s'élèvent. Entraînés
par le vent, les morceaux illuminés après leur bond extraordinaire
s'en vont se déposer sur la face interne opposée du volcan,
brillent, éphémères, radieuses, rivalisent, surpassent un bref
instant leurs soeurs-étoiles éloignées comme des constellations
nouvelles sur la terre noire puis s'éteignent lentement, ivres du bonheur d'avoir transpercé les cieux, d'avoir brûlé vif dans l'air, comme
mourront un jour toutes les étoiles du ciel.
</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-JJ3WauzF9mA/U0elI2Nc3dI/AAAAAAAAAnE/T2r6cDEC-v0/s1600/eclats+de+lave.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-JJ3WauzF9mA/U0elI2Nc3dI/AAAAAAAAAnE/T2r6cDEC-v0/s1600/eclats+de+lave.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Flocons de lumière dans la nuit</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nuit complète, seules ces lumières vives dansent, brillent, meurent avec mon cœur battant la mesure, ordonnatrice secrète de cette symphonie nocturne de l'espérance. J'écoutais le sommeil du monde, le cœur des hommes, des femmes au repos qui palpitaient en sourdine. J'écoutais, je voyais, je palpais leurs rêves d'amour, de joies, de gloire, de destructions, de reconstruction, je humais, je sentais la vibration de leurs peurs, leur attirances, leurs désirs secrets …. La magie du spectacle, irréelle, sortie d'un songe est incantatoire, un dialogue muet s'instaure en moi, avec mes ombres, les miennes, celles de l'humanité : Que veut nous dire Yasur, l'homme-volcan enfoui au fond du volcan ? Pourquoi a-t-il erré toute sa vie dans le Pacifique, qu'a-t-il trouvé auprès de ces deux femmes à Tanna qu'il n'a réussi à recevoir, à capter nulle part ? Pourquoi du fond des entrailles de la terre continue-t-il à déployer vers nous sa respiration de feu ? Quelle est la signification de chacun de ses souffles enflammés ? Est-ce que ce sont les souvenirs de son ancienne vie qui remontent à la surface ou souhaite-t-il nous aider, nous envoyer des gerbes de lumière salvatrice pour nous guider dans la vie ? Toute question, comme tant d'autres dans l'existence, qui resteront sans réponse …</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Peu avant cinq heures, alors que l'on pressent que l'aube est proche, explosion magnifique, la plus resplendissante, un immense faisceau de laves enflammées s'élève infiniment haut du cratère de gauche, comme pour s'en aller effleurer, étreindre le ciel, c'est le moment que choisit celui de droite, comme deux cœurs au diapason, pour envoyer trois feux d'artifice délicats qui se déploient en bouquets successifs, leur lueur éclatant, finissant dans la pénombre le temps que les morceaux de lave du premier cratère s'éteignent définitivement. Lentement, par degrés délicats, le bleu-nuit du ciel remplace le noir tandis que Vénus à l'Est, la planète-volcan, flamboie en projetant ses derniers rayons. Une barre de nuages s'effiloche à l'horizon derrière laquelle les rayons orangés du soleil commencent à poindre pour ressusciter la lumière du jour.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-LcRklBo-VZ8/U0elSQgF9uI/AAAAAAAAAnM/LmE3UmsAl4s/s1600/lever+soleil.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-LcRklBo-VZ8/U0elSQgF9uI/AAAAAAAAAnM/LmE3UmsAl4s/s1600/lever+soleil.JPG" width="400" /></a> </div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Éveillez-vous au monde sur un volcan</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La marche sur mon passé</span></b></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Mon guide me propose de passer vers un point surélevé au sud du volcan, je l'accompagne pour admirer le cratère d'encore plus près et les couleurs de l'aube qui s'intensifient. Je le vois inquiet, nous sommes plus proches du cratère et le vent souffle vers nous. Il me demande si je souhaite traverser le flanc ouest, il me prévient du danger. C'est la direction vers laquelle se dirigent les morceaux de lave éjectés du volcan, mais ce sont surtout les vapeurs de soufre qui s'élèvent vers ce côté qui l'inquiètent, il craint l'intoxication si elles sont trop épaisses. Il réitère sa question, je réponds les yeux brillants, écarquillés, le ventre entouré de vibrations d'excitation délicieusement noué par la peur « Oui ». Nous commençons à marcher rapidement sur le flanc ouest, l'un derrière l'autre, Boum une déflagration résonne dans les airs. Je le vois devant moi qui masque son nez et sa bouche avec sa chemise pour éviter de respirer le soufre, je fais de même. Je marche courbé pour descendre mon centre de gravité puisque je longe la pente mais je suis également recroquevillé par la peur parce que je redoute de dégringoler vers le bas. Je suis sujet au vertige, je dois marcher entre deux précipices, celui de gauche avec la pente raide, cendrée qui mène vers la grande plaine lunaire où j'ai couru la veille alors qu'à ma droite, gouffre infernal bien plus vertigineux, les bouches du volcan vocifèrent leur tonnerre, leur feu vers moi. Funambule effrayé, je jette des coups d'œil à droite à gauche puis fixe des yeux mon chemin au sol pour dompter la peur des abysses qui poigne en moi. Nous nous arrêtons un petit moment, je me penche en avant, mon cœur-volcan bat la chamade, projette avec fureur mes laves de sang dans mon corps ; je vois distinctement les deux cratères évoqués par mon guide à l'intérieur de l'immense cavité de droite, celle que je voyais à gauche depuis l'autre côté, celle qui était la plus active, la plus ardente. A l'intérieur des plaques de magma incandescent tournoient, prêtes à exploser, à générer les blocs de lave qui vont déferler vers ce versant. Nous repartons, une autre explosion retentit au moment où nous nous allons atteindre notre but, le point le plus surélevé du volcan, une petite plateforme située au nord-ouest. J'exulte, j'ai le sentiment d'avoir vaincu mes peurs, d'être sur le toit du monde …</span></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-NKhpLtZQp20/U0elcAy91HI/AAAAAAAAAnU/A27Oq_PU7Ro/s1600/v+victoire.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-NKhpLtZQp20/U0elcAy91HI/AAAAAAAAAnU/A27Oq_PU7Ro/s1600/v+victoire.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">V comme Volcan, V comme Victoire</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Irradiations, illuminations de ma vie, du paysage, du monde en moi … A ma gauche, le soleil renaissant au dessus du volcan, ivre de joie à l'Est, vin-cœur de la pénombre absorbe Vénus dans son halo invincible, il entame sa longue course palpitante dans le ciel, dans mon âme. Je vais sur le bord extrême du volcan pour respirer à grandes bouffées, pour inspirer en moi pour l'éternité le panorama somptueux qui s'expose à mes regards. Au loin, à l'Ouest, quelques monts verts resplendissent recouverts d'arbres épanouis, au milieu coule la rivière qui découpe en demi-cercle le paysage avec une petite frange jaune de brousse qui serpente entre les rives et la jungle. Sur la plaine désertique et sous mes pieds, les milliards de poussière grise éjectés par Yasur depuis des siècles vibrent en résonance avec l'horizon lointain qui réclame la venue de sa Majesté le Soleil. L'enthousiasme se lit sur nos visages. Nous amorçons la descente, la pente m'impressionne mais dès les premiers pas, mes pieds s'enfoncent aisément dans la cendre, la peur, qui n'était gigantesque que dans mon imagination, disparaît instantanément. Philip s'asseye et réalise, tel un enfant euphorique, d'une agilité surprenante avec ses kilos superflus, trois sauts de kangourou, bondit, jaillit vers les airs à une hauteur surprenante pour atterrir en position assise. Je suis en baskets, il est pieds nus, j'enlève mes chaussures pour l'imiter, marcher dans la cendre anthracite, amoncellement de laves anciennes projetées par les bouches du volcan. Divine surprise, je m'attendais inconsciemment à ce que mes pas s'enfoncent dans une terre tiède à quelques encablures des cratères de magma, mais au contraire une sensation de fraîcheur indicible retentit sur la plante de mes pieds, liée aux pluies nocturnes et à la rosée du matin. Je marche dans la cendre refroidie, la terre s'enfonce jusqu'aux chevilles, recouvre mes orteils. Sensation au toucher douce, onctueuse, j'éprouve un sentiment d'allégresse, de vigueur inouïe sur la peau qui se répercute depuis la base sur tout le corps, qui flue dans mes organes, régénère mon cœur, vivifie mon souffle. C'est la lave incandescente projetée vers le ciel depuis le volcan, retombée là depuis une durée très largement supérieure à celle de l'histoire de l'humanité sur laquelle je marche, exultant de bonheur. Moi aussi, j'ai connu des explosions de joie, des élans fabuleux d'amour qui souhaitaient étreindre, capter le ciel, résident en moi désormais comme une pluie d'or inaltérable les souvenirs de ces moments de grâce non inertes, morts, mais recelant au contraire à chaque fois que je les touche par la pensée la finesse de la poussière, la fraîcheur d'une terre vive, la soie de la cendre. J'ai été aimé par ma famille, par mes amis, par quelques femmes, j'ai reçu la part d'amour que je méritais, ni plus, ni moins, en fonction de mon propre don à ceux qui m'entouraient, à la vie. J'ai aimé, j'ai brûlé maintes fois, j'ai ressuscité. Je me retourne, je vois la trace de nos pas creusés sur la terre depuis le sommet, traces qui s'effaceront bientôt.</span></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-qahNKszUv5Q/U0elmUGeX4I/AAAAAAAAAnc/4FkIVL2ssZ8/s1600/traces+pas.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://2.bp.blogspot.com/-qahNKszUv5Q/U0elmUGeX4I/AAAAAAAAAnc/4FkIVL2ssZ8/s1600/traces+pas.JPG" width="300" /></a></div>
<div align="center">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Chemins en zigzag des éblouissements</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">A mi-pente, mon guide découvre un bernard l'ermite qui monte avec persévérance la pente, le crustacé s'enfonce dans sa coquille dès que nous le prenons en main. Nous sommes stupéfaits, au train où il va, il a dû quitter les zones hospitalières de la brousse, de la jungle où il pouvait se nourrir depuis quelques jours. A l'instar des insectes venus hier se brûler à la flamme des bougies, voulait-il se précipiter vers le cratère ardent ? S'agit-il d'un ermite qui souhaitait méditer au sommet du volcan sur la vanité de la vie, sur l'inutilité des efforts dans l'existence, sur le néant qui nous compose ? Nous décidons de l'emmener jusqu'aux abords de la jungle pour le détourner de son but et le remettre dans un univers moins hostile. </span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>Qui a la plus grosse ? </b> </span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Après deux heures et demie de repos, je vais avec Frank, un autre frère de Philip, pour aller assister au spectacle des « Big Nambas ». Sur le bord de la route se dressent quelques étals sur lesquels reposent fruits et pâtisseries éloignés d'une cinquantaine de mètres des maisons, il émet un sifflement, arrive le propriétaire à qui il règle son achat. Je lui demande si ces denrées laissées sans aucune surveillance ne sont jamais volées, il me dit qu'il règne ici un respect mutuel, qu'il est impossible de se livrer à de telles pratiques. Heureux pays …</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nous arrivons sur une petite place à l'extrémité de laquelle se pavane un immense banyan. Frank m'explique qu'il s'agit de l'entrée du village des « Big Nambas ». Entre les racines démesurées de l'arbre, une fente à hauteur d'hommes permet de pénétrer dans un village dont j'aperçois les toits. J'avais interrogé la veille mon hôte pour savoir ce qu'était le spectacle des « Big Numbers » « Les Grands Nombres » . Il me révèle que nul nombre démesuré n'est à prévoir, à calculer, j'entendais mal ; il s'agit en fait de « Big Nambas », tribu locale qui a la particularité de danser avec d'immenses étuis péniens. Et les voilà, vieux, jeune, adolescent, enfant qui s'avancent, qui s'introduisent dans le petit chemin à travers les racines du banyan, débarquant avec leur pagne et leurs pénis de paille, avec force cris, chants, claquements de mains. </span> </div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-gkcAN9kIx8w/U0elwg-8ylI/AAAAAAAAAnk/Fqv_Ad46e-g/s1600/big+nambas.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://2.bp.blogspot.com/-gkcAN9kIx8w/U0elwg-8ylI/AAAAAAAAAnk/Fqv_Ad46e-g/s1600/big+nambas.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les Big Nambas en scène</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les femmes aussi arrivent par la suite, se mêlent à la fête mais éducation chrétienne oblige, elles se couvrent les seins. D'après Frank, les chants sont des invocations des esprits, des paroles de bienvenue, de glorification de l'unité nationale du Vanuatu. L'univers craint, honni par Claude Lévi-Strauss à la fin de son ouvrage « Tristes Tropiques » s'étale devant mes yeux, ils font leur petit spectacle pour les touristes dans leurs tenues ancestrales pour nous amuser, la mondialisation a porté en les germes de l'uniformisation des différences puisque je sais pertinemment qu'après la cérémonie et les danses, ils s'en iront habillés à l'occidentale grâce à notre argent, vérifier les messages de leurs portables, regarder les séries télévisées américaines sur l'écran. A qui la faute ? C'est la faute à Levi-Strauss, aux ethnologues, c'est la mienne, c'est la vôtre, à tout un chacun avide de curiosité, d'appétit de culture, et c'est même celle des peuples primitifs reposant sur les mêmes fondements psychologiques que nous, désireux de nous découvrir, intrigués, effrayés, charmés par nous qui leur transmettons nos désirs transmis à nous par d'autres, par simple capillarité. Cet univers décrié prend pour moi la forme du visage souriant du vieux chef de village, au regard malicieux, qui m'invite à le prendre en photo.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-61P643s_WaM/U0el7Dwj0NI/AAAAAAAAAns/lrBTtxo-VlA/s1600/chef+nambas.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-61P643s_WaM/U0el7Dwj0NI/AAAAAAAAAns/lrBTtxo-VlA/s1600/chef+nambas.JPG" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Perdu … C'est lui qui a la plus grosse ;-)</span></div>
<div align="CENTER" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Miam Miam chez les cannibales</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Animation du début d'après-midi, je suis entraîné vers un site cannibale, les îles de Vanuatu, comme celles de Fidji, de la Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna ont eu un passé anthropophage. Toutefois, par rapport à Wallis, où j'ai perçu toujours un rapport complexé à cette coutume de leurs ancêtres, les Vanuatais, à l'instar des Fidjiens, entretiennent une relation apaisée, ils ont pris le parti d'en rire. Ils sont dans une relation marchande avec les Occidentaux, celle-ci est un profond vecteur d'échanges, de cordialité.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">J'assiste à quelques démonstrations de leurs coutumes primitives, leurs techniques de chasse du cochon sauvage. Je suis fasciné par leur technique de cassage de la noix de coco. Nul besoin d'un outil de découpe, d'un quelconque silex, ils utilisent le pied. Ils enroulent une tige d'herbe dont ils relient les deux extrémités avec une brindille de bois, ils disposent la noix de coco sur ce fragile support reposant sur la tranche au dessus d'une pierre plane puis déposent une deuxième tige enroulé selon le même principe sur le sommet de la noix. Et Vlan un coup de pied puissant dans le fruit qui se fend en deux.</span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-PCUCsa6D5-M/U0emDXNHgGI/AAAAAAAAAn0/VHNdEUmXD8w/s1600/pied.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-PCUCsa6D5-M/U0emDXNHgGI/AAAAAAAAAn0/VHNdEUmXD8w/s1600/pied.JPG" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pied fracassant la noix de coco</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dernière course avant extinction des feux</span></b></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">En fin d'après-midi, jogging pour dévorer une dernière fois la vue de cette plaine de cendre magnifique que j'ai pu contempler le matin d'une hauteur de plus de trois cent mètres. Mes pieds sont lourds de la fatigue de la veille et des marches de la journée. Je recommence le même parcours, je vais vers les joncs, la rivière, les premières pentes du volcan. J'aperçois des traces de pas dans la terre noire humide près du cours d'eau, je suis convaincu qu'il s'agit des miennes, j'ai couru ici hier. Je tente de mettre mes pas dans mes pas précédents, mais il s'avère impossible que ce soient mes empreintes, que ce soit en accélérant, au rythme de la récupération ou à une allure normale, la foulée plus petite ne peut être que celle d'un enfant, la marque de mon passage a bien disparu. Quatre fois, le volcan se déchaîne, émet son grondement pendant ma course sur la plaine. Au retour vers le chemin de brousse, le vent est cette fois-ci contre moi, je cligne des yeux pour éviter l'aveuglement, je me courbe légèrement et tente même quelques accélérations, obstiné, rageur. Je m'engouffre dans le chemin, j'arrive devant une petite fourche avec deux trajectoires, l'une vers la droite dans laquelle je m'étais égaré la veille, et celle de gauche que j'emprunte en toute confiance pour aboutir à mon bungalow.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial";">Je me couche tôt, fatigué des efforts de la journée. Juste avant de m'endormir, mes pieds effleurent la matière douce, souple de la moustiquaire, bondissement, jaillissement de mon cœur vers le ciel qui se remémore la marche dans la cendre, la fraîcheur onctueuse de la terre, la lumière enivrante du matin qui déferlait vers moi.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-14796353550768761132014-04-06T17:21:00.000+12:002014-05-21T20:53:41.376+12:00Séjour au Vanuatu : Dans l'ombre du volcan Yasur<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En route vers l' Y du Vanuatu</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
Je m'envole vers le
Vanuatu depuis la Nouvelle-Calédonie, regard vague au début perdu
vers l'extérieur. Une pâle pleine lune trône au milieu de nuages
éblouissants formant un immense océan velouté, pacifiant les âmes
dans le soir. Je me plonge dans une lecture, je relève la tête près
d'une demi-heure plus tard, disparition complète de l'océan dans le
noir mais la pleine lune plus haute a capté, avalé la blancheur
nuageuse, elle scintille d'un éclat neuf, vif, ardent à l'horizon.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'idée d'un voyage au
Vanuatu a germé au cours des discussions avec des amis sur l'île
qui revenaient enchantés de leur séjour là bas. Et je trouvais le
nom de cette contrée magique, pays héritier des Nouvelles Hébrides
… Situé dans l'Océan Pacifique, au Sud-Ouest de Wallis et à 540
kms au Nord-Est de la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu est composé de
plus de 80 îles dessinant un « Y » incliné vers la
gauche, côté cœur, avec près de 900 kms séparant les deux
extrêmes au sud et au nord.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le pays est situé au
sud-est de la ceinture de feu, alignement de volcans qui borde
l'Océan Pacifique dans son pourtour sur 40 000 kms, qui coïncide
avec un ensemble de limites de plaques tectoniques et de failles et
qui regroupe 75% des volcans actifs et explosifs de la planète.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après quelques jours à
Efate, l'île la plus peuplée, je me dirige vers l'île de Tanna
située dans la base du « Y » pour admirer le volcan
Yasur, en activité permanente. Je suis dans un petit avion
Twinotter, je traverse l'océan, observant les traces d'écume des
vagues. Tour à tour, au gré du vent, l'océan s'emplissait de
flocons d'écume sous les fortes bourrasques puis il devenait un
immense surface frissonnante, à peine troublée, lorsque le souffle
du ciel s'apaisait. Nous sommes entre deux couches de nuages, dans
l'un d'entre eux brille la trace éphémère des couleurs d'un
arc-en-ciel. L'ombre des nuages laisse une marque sombre sur l'eau,
ombre et lumière l'océan reproduit le dessin changeant, capricieux
du ciel. Nous passons sur un amas plus gros, l'ombre de l'avion aux
ailes effilées s'inscrit nettement sur le nuage : avion-ombre sur le
nuage-ombre de l'océan, nous sommes toujours l'ombre de la lumière
du soleil.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vers le volcan Yasur</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je suis accueilli à
l'aéroport par Robert, le chauffeur et Maria, sa compagne, ainsi que
Philip chez qui je vais être hébergé, hôte qui se révèlera
affable, bavard pendant ces trois jours. Le périple pour arriver
jusqu'au logement que j'occuperai dure près de trois heures avec une
petite halte au marché. La route est un chemin cabossé tracé dans
la jungle, mettant à rude épreuve les énormes roues portant
renforcées du pick-up. Le volcan Yasur dévoile ses flancs sombres,
son panache enfumé au détour d'un virage, en haut d'une colline.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-20Gr9WPgBl0/U0DijBR7tnI/AAAAAAAAAmU/CNoKSxvIuqc/s1600/Vue+Yasur.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-20Gr9WPgBl0/U0DijBR7tnI/AAAAAAAAAmU/CNoKSxvIuqc/s1600/Vue+Yasur.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le volcan Yasur de Tanna</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le chemin s'obscurcit au
fur et à mesure de la cendre grise foncée que projette depuis des
siècles le volcan. Alors que nous ne cessions d'être balancés par
le roulis provoqué par les bosses de la route, celle-ci devient plus
lisse jusqu'à déboucher depuis la jungle sur une très grande
plaine d'aspect lunaire recouverte de cendre volcanique, désertique,
d'une beauté saisissante tandis que le volcan ne cesse de s'agrandir
lorsque le pick-up fonce vers lui. Le véhicule traverse une rivière
en s'enfonçant directement au milieu de grandes éclaboussures dans
le flanc du cours d'eau, frôle les bords du volcan et s'engage dans
une petite route située aux pieds de celui-ci. Nous voici arrivés
devant le petit bungalow serti dans un jardin au milieu de plantes
nouvellement plantées, d'un très beau banyan et de l'inévitable
poudre anthracite du sol. Le site s'appelle « Volcanoview »,
pas de mensonges à déplorer, la « vue du volcan » est
somptueuse depuis la petite terrasse. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-fVfKTQZqYEU/U0DiyleV0SI/AAAAAAAAAmc/sdayXXldjus/s1600/bungalow.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-fVfKTQZqYEU/U0DiyleV0SI/AAAAAAAAAmc/sdayXXldjus/s1600/bungalow.JPG" height="298" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La petite maison dans la
jungle</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je pars en excursion vers
la fin de l'après-midi avec pour guide Alfred, le frère de Philip.
Tanna est l'île où s'élèvent des banyans immenses et une nouvelle
fois à l'entrée de la route qui monte vers le volcan, nous passons
sous cet arbre au tronc gigantesque, aux milles racines qui pointent
vers la terre. Alfred marche vite, je le suis en pressant le pas.
Montée rude au pas de charge tandis que la vision des cocotiers, des
fougères arborescentes, des joncs rythment la cadence. Tout à coup,
un bruit de moteur derrière nous, un véhicule transportant cinq
touristes australiens s'arrête, Alfred et le chauffeur
s'entretiennent, nous voilà embarqués dans la voiture et en
quelques minutes, nous débouchons sur un espace nu, cendré à
quelques encablures du sommet, les derniers mètres s'effectuant
obligatoirement à pied sur un chemin qui serpente vers le flanc est,
surplombant un vaste cône où l'on distingue deux trous béants.
Ici, le vent souffle avec vigueur, heureusement j'ai pensé à me
munir d'un ciré coupe-vent. Alfred nous explique qu'il y a quatre
cratères en fait à l'intérieur des deux grands trous en contrebas
du flanc depuis lequel nous observons et entendons les explosions.
Deux Boum s'enchainent de manière violente, impressionnante. Nous
descendons quelques degrés, nous discutons avec Alfred lorsque Boum
une troisième déflagration résonne bien plus assourdissante que
les précédentes, l'onde de choc traverse notre corps, nous effraie,
nous avons tous un mouvement de recul.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Des deux cratères
s'éjectent parfois de la fumée. Lorsqu'elle est blanche, elle est
principalement composée de vapeur d'eau mais elle peut aussi être
d'une teinte très sombre, le panache est alors formé de différents
gaz dont le soufre mêlés à des composants solides tels que poussière, cendre
provenant de la pulvérisation de roches ou magma. Le magma s'extrait
aussi parfois dans ses explosions sous formes de jets de lave
incandescents, les éclats rouges, brûlants se projettent en gerbes
à une dizaine de mètres au dessus du cratère. La beauté du
spectacle s'intensifie lorsque le soleil plonge sur le versant opposé
du volcan. La lumière s'obscurcit, le soleil lutte contre le
ciel assombri et les fumées noires, devient une boule pâle prête à
être engloutie par la bouche du volcan, s'évanouit mais rebondit de plus belle
sous forme de projectiles de laves luttant obstinément contre
l'obscurité. Les déflagrations se succèdent à un rythme régulier,
nous sommes plus d'une vingtaine à contempler ce spectacle
hallucinant des jets de lave dans l'obscurité s'élevant haut vers le ciel ou
explosant en forme de feux d'artifice discrets en contrebas. Le
cratère de gauche délivre les salves de lave, tandis que celui de
droite délivre le plus souvent une fumée sombre qui grandit, prend
des proportions gigantesques, étranges, inquiétantes dans la nuit.
Alfred m'explique que ce n'est pas toujours le cas, que les deux
cratères peuvent cracher des morceaux de lave.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-hZmZZhMjlts/U0Di--iTTvI/AAAAAAAAAmk/TqrdRze3r3s/s1600/Au+bord+du+volcan.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-hZmZZhMjlts/U0Di--iTTvI/AAAAAAAAAmk/TqrdRze3r3s/s1600/Au+bord+du+volcan.JPG" height="400" width="300" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au bord du volcan</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La légende raconte que
Yasur est un homme qui erra dans le Pacifique sud et traversa l'ile
de Tanna pour se reposer et s'installer. Là, deux vieilles femmes lui
offrirent l'hospitalité et l'homme volcan décida de rester sur
place. Il se sentait enfin à l'aise ; l'endroit lui convenait
parfaitement. C'est alors que la terre se mit à trembler, d'immenses
failles s'ouvrirent, Yasur s'enfonça dans les entrailles de la
terre, il prit à tout jamais racine en ce lieu dans un déluge de
flammes et un tonnerre assourdissant. Et depuis, il souffle vers nous sa
respiration de feu.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C'est la nuit complète
lorsque nous descendons vers le bungalow. Je m'endors peu de temps
après avoir entendu le grondement d'une nouvelle déflagration dans
la nuit.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Danses, baignade et
course</span></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le lendemain, nous nous
rendons avec Philip et son fils Bryan vers un village traditionnel.
Marche d'une demi-heure à travers la jungle. Nous arrivons sur une
petite esplanade qui domine les alentours, le site se révèle être
un promontoire qui offre une belle vue sur le volcan. Une jeune
adolescente m'offre un collier végétal avec deux magnifiques
hibiscus rosé et rouge qui resplendissent sur ma poitrine en
médaillon. L'hibiscus est la fleur-volcan par excellence, avec son
immense pistil qui s'extrait comme un jet de lave depuis le cône
constitué de pétales aux couleurs vives. Je vais m'assoir sur un
banc pour assister à leurs cérémonies. Les femmes entretiennent un
brasier sans lequel m'explique-t-on la cérémonie ne peut avoir
lieu, comme si le feu couvant devait se communiquer à leur corps.
Quelques villageois vêtus de pagnes en fibres séchées de bourao se livrent
alors à quelques danses de célébration du volcan, enfants, femmes,
hommes, chiens participent aux mouvements effrénés. Aucun
instrument, ils entament une mélopée bruyante, claquent des mains,
l'enthousiasme se communique au groupe. Au moment où les jeunes
hommes entrent en scène, je suis impressionné par la violence de
leurs coups de pied au sol, j'ai le sentiment que je fracasserais les
miens si je déployais la même énergie. Ma danse préférée fut
celle où deux jeunes enfants échangeaient leur place en sautillant
dans l'allégresse générale.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-wGQb5uHCEHU/U0DjL_6nrMI/AAAAAAAAAms/EZQfGSiZYOk/s1600/danse+trad.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-wGQb5uHCEHU/U0DjL_6nrMI/AAAAAAAAAms/EZQfGSiZYOk/s1600/danse+trad.JPG" height="298" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A toi à moi</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ils se livrent ensuite à
un jeu qui consiste à porter un enfant avec de simples feuilles.
Dernière démonstration, celle de l'allumage du feu. J'ai bien
entendu déjà vu cette technique qui consiste à frotter deux bois
l'un contre l'autre pour enclencher un feu mais je suis ébahi par la
vitesse de l'exécution car en moins de quinze ou vingt secondes, une légère fumée s'échappe et les
petites brindilles s'enflamment au contact du bois surchauffé. Le
jeune homme s'improvise une cigarette, en enroulant un bout de papier
autour de quelques herbes tassées, qu'il allume devant moi pour
cracher la fumée en me regardant, rigolard.
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je remercie le chef du
village, nous descendons une pente très abrupte pour nous rendre
vers la rivière. Je vois Bryan disparaître sur un chemin à pic
qu'il m'est impossible d'emprunter, je suis contraint de prendre un
sentier plus praticable. En quelques secondes, agile, souple, le
voici en bas en train de nous attendre, de nous faire signe. Entrée prudente dans
l'eau froide, mais au bout de quelques secondes, elle se révèle
très agréable, rafraichissante. Le courant est fort, en nageant je
reste sur place, je descends vers le fonds à plusieurs reprises pour
jaillir à nouveau vers la surface. Je discute avec Philip qui est
venu me rejoindre. Il me mime une petite démonstration de boxe, il
fut un champion amateur à Port-Vila : seize combats pour deux
défaites seulement, deux victoires aux points et douze victoires par
KO. Ses coups, direct, crochet, uppercut sont rapides, vifs, il me
montre la garde qu'il adoptait avec les droitiers, celle réservée
aux gauchers. Il est désormais ventripotent, mais les muscles de ses bras sont
bien dessinés, impressionnants, je me garde d'évoquer mon ancienne
gloire de shadow-boxing … Il sera attachant durant ces trois jours,
il évoquera ses sacrifices financiers pour ses enfants en même temps que sa
grande fierté à faire étudier deux d'entre eux, les plus âgés,
dont l'un est à Port-Vila pour les études supérieures. Costaud au cœur tendre, il est très
apprécié par ses amis qui le charrient sur ses kilos superflus avec
malice lorsqu'au retour vers l'aéroport il prend la place dans la
benne du pick-up, et lui conseillent de faire des joggings réguliers
comme moi. Il se tapotait alors le ventre de manière comique pour
les faire rire aux éclats.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous remontons vers le
village, je traverse à nouveau le site des danses. Les villageois
ont abandonné leur tenue traditionnelle, ils vaquent à des tâches quotidiennes avec des
vêtements occidentaux, short, T-shirt, j'ai dans un premier temps du
mal à les reconnaître jusqu'à ce que j'aperçoive le chef. C'est
faux « L'habit fait le moine et l'indigène ... »</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après-midi lézard sur
la terrasse après le repas suivi d'une courte sieste. Je reste assis
sur la terrasse à écouter le pépiement des oiseaux qui se
répondent d'arbre en arbre, de branche en branche, tandis que s'élèvent au loin au rythme régulier
des détonations les fumées blanches ou sombres. Je cours en fin
d'après-midi, je débute par le chemin de brousse qui débouche sur
la grande plaine cendrée du volcan. L'espace nu désertique s'étend
aux pieds de celui-ci, mes pas lourds rebondissent avec difficulté
sur la surface de couleur grise foncée, scintillante par endroits.
Je longe quelques instants un espace de savane où s'entremêlent des
joncs, des herbes séchées. Je m'approche du cours d'eau, le même
que celui où je me suis baigné mais plus en aval. Ici la terre
devient noire sous l'effet de l'humidité, mes pas s'enfoncent sur le
terrain meuble qui semble aspirer mes pas pour me retenir, m'absorber dans les entrailles de la terre, je dois relever mes genoux
pour continuer à avancer. Mes chaussures à cet endroit laissent une
trace nette, je me retourne, je me demande : Quelle figure
géométrique tracent mes pas depuis la grande course dans le monde
entamée à la naissance ? Je cours au hasard, je monte le début de
la pente raide du volcan pour redescendre. Le vent se soulève et
souffle dans la même direction que moi, les fines particules me
dépassent, j'entame une course avec la poussière … J'accélère,
combat perdu par KO à la première reprise, je dois ralentir ... Je
reviens vers la rivière, le filet d'eau y est plus mince comparé à
l'amont, le courant durant la saison des pluies chaque année a creusé, raviné des gorges profondes en forme de canyon. Je recherche mes traces, je les retrouve avec
beaucoup de mal. Je reviens vers le bungalow, la douche n'est pas
encore aménagée, je me lave dans une cabane avec mes pieds plongés dans la terre noire, je
puise l'eau d'un seau avec un gobelet que je verse sur moi.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'attends le repas sur la
terrasse. Pas d'électricité, seule la lumière de deux bougies disposées dans de petites assiettes
m'éclaire.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-6st4ENnL8OE/U0DjWy2pJsI/AAAAAAAAAm0/9Isz480H5LY/s1600/deux+flammes.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-6st4ENnL8OE/U0DjWy2pJsI/AAAAAAAAAm0/9Isz480H5LY/s1600/deux+flammes.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Deux flammes </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les insectes viennent en
abondance, en conférence, attirés par la lumière. La cire comme une coulée de lave descend le long du cylindre. Deux fourmis
escaladent tour à tour la tige blanche, les voilà au sommet de leur vie dans la cire liquide brûlante, les frêles insectes se débattent
en vain, pétrifiés désormais pour l'éternité. Une phalène vole,
revient de manière incessante, obsédante vers la lueur, frôle la flamme,
s'éloigne à nouveau, bat des ailes, haletante, semble renoncer mais la tentation est trop grande, le papillon se
précipite dans le feu, ses ailes sont carbonisées. Consumé, il se démène, gigote, tremble dans
la coupelle avant de rendre l'âme. Ces insectes sont-ils des sages
soufis, ivres de se précipiter dans la brûlure de la vérité,
passionnés prêts à s'embraser dans le feu de l'abandon de leur enveloppe charnelle, de leur esprit ?</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le volcan continue de
tonner.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<br />Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-58408088553725643732014-03-15T19:46:00.002+12:002015-12-19T03:15:20.671+12:00Temps perdu, Temps retrouvé<br />
<div style="margin-bottom: 0.2cm; text-align: right;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">« L'amour,
c'est l'espace et le temps rendus sensibles au cœur »</span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">Marcel
Proust, La Prisonnière</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
me rends au stade en voiture alors qu'une chape de nuages démesurée
recouvre l'horizon comme un immense linceul sali, grisâtre. Je sors
de la voiture, mon lourd trousseau de clés à la main. Je me dirige
vers le stade puis j'entame mes tours de piste.</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Chaque
reprise d’entraînement m'arrache de plus en plus d'efforts avec le
temps qui passe. Désormais, j'entame une course avec mon corps qui
s'abîme, qui se régénère avec plus de lenteur, mes organes savent
qu'il est impossible de croître, de s'amplifier mais ne font que
résister, vaillamment, au mouvement irrépressible du déclin, de
l'engloutissement inévitable vers la disparition. Mes pieds sont
plus lourds à soulever, finies les années de plume, me voilà
englué dans les années de plomb. Comme un boxeur cogné de coups,
mitraillé par l'adversaire mais déterminé, obstiné, je me dois
d'avancer … Je cours, je cours, ma force vitale se déverse vers le
grand ciel qui s'obscurcit désormais de plus en plus vite avec
l'approche de l'hiver austral. Explosion des nuages dans les nuées,
la pluie qui s'éjecte des nuages crevés s'écoule sur moi, suinte
à grosses gouttes de mes vêtements, de mon corps. Au début,
la sensation est rafraîchissante mais la chaleur aidant, l'humidité
commence à devenir étouffante, j'ai le sentiment de courir dans une
étuve, un hammam. Je suis fatigué, je ralentis, je m'arrête … Je
me retourne, je regarde derrière moi, j'ai vieilli si vite, tant de
temps perdu, gâché, qu'ai-je accompli dans ma vie ? Si
seulement je pouvais entamer une cure de jouvence, me baigner à
nouveau dans l'euphorie de quelques jours anciens, dans la joie pure,
vibrante, où jamais ne pesait sur moi le sentiment
d'inaccomplissement, de néant. </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Soudain
sensation étrange, glissement irréel, j'entame à nouveau ma course
mais dans le sens inverse … Je cours dans mon propre corps en
faisant la trajectoire à l'envers, j'entame une vaste, immense
course vers mon passé, je vois dans une explosion d'éclairs les
immenses gouttes de mes pensées se former en miroir de mes organes
et miroir du miroir, je me mire dans mes pensées qui régressent,
régressent, jusqu’où ? Et alors que mes pas devenaient plus
lourds, je sens une immense, enivrante légèreté s'emparer de moi,
je cours de plus en plus vite, mon cœur Boum Boum battant la
chamade. Défilement des épisodes de ma vie dans ses moindres
détails dans ce fabuleux parcours à rebours … Je me vois entamer
les tours de piste puis me diriger vers mon véhicule Boum Boum. Je
rentre dans ma voiture, mon lourd trousseau de clés à la main Boum
Boum. Je retourne chez moi en voiture alors qu'une immense chape de
nuages démesurée recouvre l'horizon comme un immense linceul sali,
grisâtre Boum Boum.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
cours dans mon propre corps, dans mon esprit, dans ma propre vie, je
l'observe en train de se former. Chaque mouvement effectué, chaque
idée associé, je le revis avec une intensité incroyable. Je
contemple mes pensées, j'ai une envie terrible parfois de crier à
ces folles créatures « Non, pas ainsi, ne prends pas ce
chemin, fais autrement », mes pensées folâtres, immuables,
invincibles, ivres de la puissance, de l'injonction qui déferle
comme une avalanche des pensées qui les précèdent n'entendent pas
mes avertissements. Je n'ai aucune prise sur la réalité qui
poursuit son implacable déroulement. Et pauvre couillon, je continue
à me tromper à chaque fois ;-) Aïe, Ouille, ça fait mal et
puis l'on s'en remet … Je me revois sortant de l'avion à Wallis à
mon arrivée, prêt à mordre le monde comme un immense fruit qui
s'offre à mon appétit.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
cours dans mon corps, dans ma vie à l'envers et la course s'accélère
... Je suis malheureux, je suis quitté, je suis en couple, je tombe
amoureux, je suis dans l'attente de l'amour. Je plonge avec
ravissement dans le bain du présent, dans le fleuve immense des
souvenirs. Quelle chance j'ai eu, quelle chance j'ai de sentir à
nouveau le rythme désordonné de mon cœur dans le battement
fabuleux de l'attente, des erreurs, des désillusions, des
espérances.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
cours dans mon corps, dans ma vie à l'envers et la course s'accélère
… Je suis en train de contempler le corps de mon père, un jour moi
aussi je mourrais, je deviendrais matière inerte, sans vie, sans
joie, sans tristesse. Je m'arrête une fraction de seconde dans ma
course pour mirer les pensées de l’adolescent que j'étais. Je
vois que je suis incapable de comprendre qu'il s'agit d'un point
nodal de mon existence, que le souffle de mon père éteint allait
continuer de palpiter en moi, que les battements de ses poumons, de
son cœur allaient résonner comme un muezzin pulsant son éternel
appel cristallin dans ma conscience . Un immense désir de vie
me parcourt, secoue, électrise mon esprit, un merci ineffable explose envers mon
père, mon géniteur, mon guide. Je sors de la salle pour plonger
dans la poursuite folle de mon adolescence et de mes jeunes années.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
cours dans mon corps, dans ma vie à l'envers, et la course
s'accélère ... Voici l'enfance merveilleuse qui se déploie sous
mes yeux comme une sève éternelle pour le futur, je deviens rameau,
je me rapetisse sous l'ombre enchantée de mon père, ma mère, et à
chaque fois je guette l'arrivée de mes frères, ma sœur qui
bouleverse à jamais le cercle familial. Le cercle de la famille
s'amenuise, je suis seul avec ma grande sœur, mes parents, je
découvre la vie dans un « gecekondu » d'Ankara. Et dans
« cette maison posée en une nuit », dans cette arche de
Noé, le turc résonne autour de moi comme le chant pur des
commencements, son flûté, air mélodieux. Je ne suis qu'un bébé
de quelques jours, c'est le printemps en Turquie …Je me souviens,
ma mère ne cessait de me dire « Tu es né le matin, en même
temps que le soleil », je suis dans la pièce d'accouchement un
matin pour contempler ma mère adorée que vais-je voir le sang les
organes la chair à vif ... je ne vois qu'une immense nappe de soleil
qui inonde de lumière la pièce, je me dirige vers la source, je
percute le soleil Bang ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
continue ma course ivre, haletante, exaltante dans l'espace et le
temps. Je cours dans le corps du Temps, dans la vie de l'univers à
l'envers, et la course s'accélère ... J' atteins les dimensions du
monde, désormais c'est une vision totale du monde que je contemple,
je vois chaque moment de l'histoire se dérouler sur mon trajet
implacable. Tous les instants de l'humanité, les plus communs, les
plus capitaux défilent à l'envers tandis que je cours, je cours ;
je sais désormais que chacun de ces événements sont entremêlées
dans une union inextricable … Je vois dans une succession
étourdissante l'Histoire et sa grande roue écraser les individus
sur son passage. La guerre du Vietnam bat son plein, mai 1968, la
guerre d'Algérie mais je vois poindre aussi les joies infinies que
les individus cueillent au passage comme de fleurs fragiles,
éphémères et éternelles, je suis dans l'esprit des grands Hommes
comme dans celui des anonymes, des puissants et des écrasés par les
engrenages mortels de la politique du monde. Là encore, je me presse
vers ces acteurs, je les implore, je les étourdis de mes conseils
mais rien n'y fait, le monde continue son parcours vers le futur sans
coup férir.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Arrêt
brusque du mouvement, le temps se décline, se décompose à l'envers
mais au ralenti, où suis-je, où suis-je ? Fin 1944, je suis à
Berlin dans une grande salle vide de spectateurs, où les musiciens
jouent, composent dans une communion religieuse un chant symphonique,
alors que tonnent sur la ville les vibrations viles, monstrueuses de
la guerre, que déferle du ciel une vaste mitraille de bombes comme
une grande douleur. Je suis au centre de l'abject, à quelques
encablures du centre ardent du nazisme enfoui dans un blockhaus. Je
reconnais le morceau joué, c'est la symphonie n°3 de Beethoven,
l'Eroica, les vibrations du passage de la Marche funèbre me
traversent, me transpercent comme des sabres mélodieux. Il me semble
palper le son qui va s'étendre dans l'air comme une offrande
vibratoire en scrutant les gestes, l'esprit du chef d'orchestre qui
gesticule comme un pantin hanté par la musique, animé d'une volonté
supérieure à la sienne, celle du monde, celle du destin magnifique
et implacable. L'orchestre et le chef ne forment qu'un seul corps, le cœur battant au milieu avec des gestes irrationnels impulse le flux primordial de la vie avec ses accélérations, ses lenteurs. Mes cinq sens s'allient, s'aiguisent, je ressens le son progresser à
rebours, redescendre vers sa source au même tempo que le temps qui
n'est que la délicate vibration, distorsion de la matière. Au
centre de la tristesse du monde et de la beauté des accords trône
ma conscience souveraine. La musique se met au diapason du
déchirement sanglant, sanglotant du monde, je capte la conscience
commune des musiciens ivres de s'accorder dans le vaste mouvement de
l'univers au moment où les contrastes s'exacerbent ; après des
pianissimos subtils, je suis sur la crête d'une grande accélération déchirante du tempo, puis elle redescend vers sa source, je la contemple en train de se composer. Dans ce moment où chaque instrument de
musique participe à l'orage déferlant dont la grâce et la force
l'emportent sur la tourmente extérieure de la guerre, il me semble
entendre chaque instrument dans un harmonieux et subtil décalage,
comme des cœurs vifs battant la chamade mais dont on ne perçoit
qu'un seul et tumultueux écho. Pourquoi suis-je ici, me dis-je ?</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-BMlaJL7u3ZY/UyQD3fUhpjI/AAAAAAAAAl8/Bd2I1YAwaAo/s1600/furtwangler1944b.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://3.bp.blogspot.com/-BMlaJL7u3ZY/UyQD3fUhpjI/AAAAAAAAAl8/Bd2I1YAwaAo/s1600/furtwangler1944b.jpg" width="286" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0.5cm; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Furtwängler en concert</span></div>
<div style="margin-bottom: 0.5cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
repars sur ma trajectoire folle, la guerre se déploie devant moi je
descends vers son origine, je suis à nouveau au centre d'une autre
guerre, la première, matrice du monde moderne. Enfin, mon esprit se
dénoue, le cheminement naturel du temps reprend ses droits, sa
logique naturelle, celle où l'antérieur précède le postérieur.
Où suis-je, où suis-je ? Fin 1917, je suis devant un immeuble
ancien à l'allure austère à Paris, le 102 boulevard Haussmann,
alors qu'une chape de nuages démesurée recouvre l'horizon comme un
immense linceul sali, grisâtre. C'est la fin de ma course, pourquoi,
pourquoi ? Mon esprit s'élève jusqu'au deuxième étage, je
perçois une présence dans une chambre attenante. Je tente de
pénétrer dans celle-ci mais pour la première et dernière fois,
mon esprit rencontre une résistance supérieure à la sienne. Je
butte à chaque fois contre ce qui se révèle être d'épaisses
plaques de liège brut. Mon esprit s'entête ...Dans un ultime
souffle impérieux, sous les coups de mon esprit-bélier infatigable,
la paroi s’écarte et je pénètre dans la chambre. Qu'allais-je y
trouver ? Un cœur ardent tournoyant comme un derviche tourneur dans
la vibration de l'amour ? Vision céleste, je vois le dos d'une femme
assise en train d'écrire sous la dictée d'un homme qui repose sur
un lit en cuivre, à barreaux. Je suis silencieux, je comprends que
je dois simplement écouter. D'une voix douce, fluette s'écoule ces
quelques mots, comme une eau au cours limpide :« </span><span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><i>Du
moins, si elle m’était laissée assez longtemps pour accomplir mon
œuvre, ne manquerais-je pas d’abord d’y décrire les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme
occupant une place si considérable, à côté de celle si restreinte
qui leur est réservée dans l’espace, une place au contraire
prolongée sans mesure, puisqu’ils touchent simultanément comme
des géants plongés dans les années, à des époques si distantes,
entre lesquelles tant de jours sont venus se placer – dans le
Temps.</i></span><span style="font-family: "arial" , sans-serif;"> »</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
me déplace légèrement pour apercevoir l'homme qui dicte, son
visage fin semblait éclairé, apaisé, comme lorsqu'on aperçoit la
lumière au bout d'un long tunnel. Je l'ai immédiatement reconnu.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-c7uL4EGv3Yw/UyQEYJoO-JI/AAAAAAAAAmE/T7wVh-SmlJk/s1600/proust-dictionnaire-enthoven.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="253" src="http://4.bp.blogspot.com/-c7uL4EGv3Yw/UyQEYJoO-JI/AAAAAAAAAmE/T7wVh-SmlJk/s1600/proust-dictionnaire-enthoven.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0.5cm; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">M.P.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Il
lui dit que c'est fini pour aujourd'hui, qu'il ne se sentait pas la
force d'aller au delà ce soir. Ces deux êtres semblent noués l'un
à l'autre dans un don réciproque, serviteur et maître. La servante
s'affaire autour de lui, enlève un plateau d'argent à son chevet
sur une table de nuit ancienne en palissandre et à battants
encombrée de manuscrits, de porte-plumes, y dispose de la fleur de tilleul, une
petite tasse, un sucrier. Elle lui souhaite une bonne nuit, elle s'en
va discrètement.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Je
sens le cœur de l'homme battre régulièrement, les espaces de temps s'élargissent entre chaque battement, j'entends le mien
qui s'accorde au sien dans un doux frou-frou. Je me dissous dans
l'air, je deviens la Nuit qui l'enveloppe, qui le protège comme un
vaste manteau. Il prononce quelques paroles avant de s'endormir mais seule la
Nuit les entendit.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-69779932041505052542014-02-14T00:00:00.000+12:002015-12-27T09:07:51.095+12:00Florilège de poèmes pour la Saint Valentin<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;">
Commencement, choc amoureux ... Battement des cœurs, printemps des corps épris de sensualité, de tendresse dans un don simple, primitif, naturel. Moments intimes, haletants, vibrations de la matière, de la lumière et des sons.</div>
<br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><b>Green</b></span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Voici
des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches<br />Et puis voici
mon cœur qui ne bat que pour vous.<br />Ne le déchirez pas avec vos
deux mains blanches<br />Et qu’à vos yeux si beaux l’humble
présent soit doux.</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">J’arrive
tout couvert encore de rosée<br />Que le vent du matin vient glacer à
mon front.<br />Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée<br />Rêve
des chers instants qui la délasseront.</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Sur
votre jeune sein laissez rouler ma tête<br />Toute sonore encor de vos
derniers baisers ;<br />Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête.<br />Et
que je dorme un peu puisque vous reposez.</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Paul
Verlaine </span><span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;">« </span></span><i><span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;">Romances
sans paroles </span></span></i><i><span style="font-family: "arial" , sans-serif;">»</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-joSJv10pHRE/UujGkssVDTI/AAAAAAAAAlU/Frs8hMc3n00/s1600/verlaine.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-joSJv10pHRE/UujGkssVDTI/AAAAAAAAAlU/Frs8hMc3n00/s1600/verlaine.png" width="317" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Approfondissement du sentiment ... Pouvoir magnétisant du regard, qui illumine comme un soleil l'être, qui le célèbre dans l'éternité du présent. Partage dans un couple, sentiment d'une résurrection grâce à l'autre dans le jour, dans le monde, dans le cosmos. </span></div>
<br />
<span style="font-family: "arial";"><b>La courbe de tes yeux</b></span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">La
courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,<br />Un rond de danse et
de douceur,<br />Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,<br />Et si
je ne sais plus tout ce que j’ai vécu<br />C’est que tes yeux ne
m’ont pas toujours vu.</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Feuilles de jour et mousse de rosée,<br />Roseaux
du vent, sourires parfumés,<br />Ailes couvrant le monde de
lumière,<br />Bateaux chargés du ciel et de la mer,<br />Chasseurs des
bruits et sources des couleurs,</span></div>
<br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Parfums
éclos d’une couvée d’aurores<br />Qui gît toujours sur la paille
des astres,<br />Comme le jour dépend de l’innocence<br />Le monde
entier dépend de tes yeux purs<br />Et tout mon sang coule dans leurs
regards. </span>
</div>
<br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Paul
Eluard « Capitale de la douleur » </span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: x-small;"></span><br />
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><b></b></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-2wiDI6wQNk4/UujGvPXXVkI/AAAAAAAAAlc/GDo89b5f3yE/s1600/eluard.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-2wiDI6wQNk4/UujGvPXXVkI/AAAAAAAAAlc/GDo89b5f3yE/s1600/eluard.png" width="305" /></a></div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">Elle était tout pour vous, vous avez le sentiment de n'être plus rien ... Où est l'erreur ? Quête fusionnelle vaine, souffrance, enfermement, vous êtes épuisés. Restent la liberté et le souvenir, inaliénables, inaltérables. Et le sourire ...</span></div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><b>Chanson du geôlier</b></span><span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><b> </b> </span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Où vas-tu beau geôlier <br />Avec cette clé tachée de sang <br />Je vais délivrer celle que j'aime <br />S'il en est encore temps <br />Et que j'ai enfermée <br />Tendrement cruellement <br />Au plus secret de mon désir <br />Au plus profond de mon tourment <br />Dans les mensonges de l'avenir <br />Dans les bêtises des serments <br />Je veux la délivrer <br />Je veux qu'elle soit libre <br />Et même de m'oublier <br />Et même de s'en aller <br />Et même de revenir <br />Et encore de m'aimer <br />Ou d'en aimer un autre <br />Si un autre lui plaît <br />Et si je reste seul <br />Et elle en allée <br />Je garderai seulement <br />Je garderai toujours <br />Dans mes deux mains en creux <br />Jusqu'à la fin des jours <br />La douceur de ses seins modelés par l'amour. </span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Jacques Prévert « Paroles »</span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-lxzE87hEijg/UujG6GwWSfI/AAAAAAAAAlk/X6BRIX2tlFg/s1600/AVT_Jacques-Prevert_4878.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="323" src="http://1.bp.blogspot.com/-lxzE87hEijg/UujG6GwWSfI/AAAAAAAAAlk/X6BRIX2tlFg/s1600/AVT_Jacques-Prevert_4878.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ultime étape : s'élève le temps de la Poésie, amour fidèle qui se vivifie dans le cœur des lecteurs, qui trouve sa renaissance, sa reconnaissance amoureuse dans l'esprit des hommes. Fidélité sans faille des mots à travers les siècles et les siècles à venir.</span></div>
<br />
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;"><b>Allégeance</b></span></div>
<div align="LEFT" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Dans
les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le
temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne
se souvient plus; qui au juste l'aima? <br /><br />Il cherche son pareil
dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans
qu'il y prenne part. <br /><br />Je vis au fond de lui comme une épave
heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand
méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse. <br /><br />Dans
les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le
temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne
se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour
qu'il ne tombe pas?</span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">René
Char « Fureur et Mystère »</span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-DG9nAVNYqhw/UujHDgNJqtI/AAAAAAAAAls/N22ZUEM9_pk/s1600/413px-Ren%C3%A9_Char_C%C3%A9reste_1941.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-DG9nAVNYqhw/UujHDgNJqtI/AAAAAAAAAls/N22ZUEM9_pk/s1600/413px-Ren%C3%A9_Char_C%C3%A9reste_1941.jpg" width="275" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0.5cm;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-5107690758983377762014-01-29T12:00:00.000+12:002015-12-26T20:57:16.460+12:00Séjour Fidji à Taveuni : Le maître du Temps<br />
<div align="RIGHT" style="margin-bottom: 0.2cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">« Nous
ne questionnons ni l'être seul, ni le temps seul (…) mais nous
nous </span></span></div>
<div align="RIGHT" style="margin-bottom: 0.2cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">enquérons
au contraire de leur co-appartenance intime et de ce qui en jaillit »</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0.2cm; text-align: right; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">De
l'essence de la liberté humaine, Martin Heidegger</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>La
ballade des trois cascades</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">J'ai
effectué une visite de l'île de Taveuni, surnommée « L'île
Jardin » de Fidji, sur une journée. Après une traversée de
vingt minutes pour me rendre sur la côte Ouest, j'ai pris un
véhicule pour un trajet d'une heure pour faire le tour de l'île sur
une route qui longe la côte pour me retrouver sur l'autre versant,
direction le parc national « Bouma » et les célèbres
cascades de « Tavoro ». Début de la randonnée au milieu
d'une palmeraie, la première cascade, la plus populaire de Fidji, se
trouve en contrebas d'un pont. </span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-xZFTNcRZSQA/UuTLwtuisEI/AAAAAAAAAkc/JWYkOaFxHao/s1600/P1020606.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://4.bp.blogspot.com/-xZFTNcRZSQA/UuTLwtuisEI/AAAAAAAAAkc/JWYkOaFxHao/s1600/P1020606.JPG" width="298" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Tavoro – La cascade inférieure</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Elle est impressionnante, depuis une hauteur de près de 24 mètres, l'eau dévale vers une piscine dans un décor paradisiaque, au milieu d'herbes et d'arbustes d'un vert resplendissant envahissant la roche. Le cours est impétueux, la course folle et vive des gouttes écumantes commence du cours supérieur pour plonger vers le bassin en quelques secondes, formant une belle chevelure blanche. J'hésite un moment à l'idée de plonger dans l'eau mais je remets celle-ci à plus tard. J'entame la montée, sur un chemin caillouteux aménagé, bordé de barricades en bois. Le début de la randonnée est très facile, mais se profile devant moi une rivière à traverser. Elle est pavée de grosses pierres glissantes, recouvertes de mousse mais une corde permet de joindre l'autre rive. Me voilà transformé en aventurier, Indiana Jones d'un jour sautillant de roche en roche en me tenant fermement à la corde. Le chemin devient herbeux, empli de racines, de cailloux glissants lorsque se profile la deuxième cascade. Elle est moins haute, son tombant est seulement de 15 mètres, le filet d'eau est moins impétueux, il se divise en un jet principal et deux autres secondaires. Je continue la montée, la chaleur devient plus intense, le temps est lourd, pèse sur les poitrines. J'entends quelques oiseaux chanter, je n'arrive pas à les apercevoir, les distinguer dans les branchages épais mais le principal bruit est aussi celui du croassement des crapauds, de nombreux spécimens sillonnent le chemin de randonnée, fuyant dès que s'approche le géant que je suis. Le sol est de plus en plus glissant avec les feuilles gorgées d'humidité, je manque de glisser à un moment, je me rattrape au dernier moment, je dois veiller à marcher avec précaution, une légère descente et je parviens jusqu'à la troisième cascade.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-VhOa5Bm8CSo/UuTMDkS-KzI/AAAAAAAAAkk/bZTPsstACkA/s1600/P1020619.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://2.bp.blogspot.com/-VhOa5Bm8CSo/UuTMDkS-KzI/AAAAAAAAAkk/bZTPsstACkA/s1600/P1020619.JPG" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Tavoro
– La cascade supérieure</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Elle
est très belle aussi, elle se divise en trois cours de largeur inégale et le cheminement de l'eau dans la descente est plus sinueux, plus complexe. Son tombant est largement plus faible comparé aux deux autres,
la hauteur n'est que de 10 mètres et de fait le cours d'eau semble moins vif,
l'eau prend le temps de dévaler la pente en s'attardant le long des
roches dures, en rebondissant avec légèreté, allégresse. Les
trois jets semblent chanter au diapason l'un de l'autre, s'écouler en cadence,
s'élancer avec une ardeur sereine vers le large bassin. Il me semblait que
les cascades figuraient la vie elle-même, impétueuse, insouciante
au début puis au fur et à mesure que l'on s’élève dans la
courbe de l'existence, nous hésitons entre plusieurs chemins, nous
en empruntons d'autres plus variés, moins monolithiques qui se
réservent plein de surprises, de charmes apaisants, nous sommes moins capables de nous
précipiter d'un seul élan, avec les idées intransigeantes, la fougue de notre jeunesse, si belle
toutefois, mais nous devenons davantage capables de nous accorder aux
autres, au monde lui-même. Nos gestes sont moins rapides certes mais nous prenons le temps de la réflexion, le temps du regard, de la contemplation. J'espère pouvoir garder la clarté de
l'eau vive, rafraîchissante, pure en moi tandis que je m’élève
vers la deuxième moitié de la vie, pouvoir m'élancer vers des projets secrets, des pays inconnus, un bel amour, des amitiés durables, prendre des
chemins de traverse en toute confiance. </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Chemin
retour, se dresse devant moi un obstacle inattendu. Un crapaud se
plante au milieu de la route et se pose sur ses pattes arrière,
Sphinx immobile me regardant avec une attitude de défi.</span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-f2swRiSSXOg/UuTMVOjNGeI/AAAAAAAAAks/RUD13cXT4RA/s1600/P1020622.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-f2swRiSSXOg/UuTMVOjNGeI/AAAAAAAAAks/RUD13cXT4RA/s1600/P1020622.JPG" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Crôa,
Crôa, tu me cherches ?</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">J'essaie
de le raisonner, j'approche mon pied à quelques millimètres de son
nez, je le frôle mais rien n'y fait, il ne cède pas d'un pouce.
Petit David narguant l'immense Goliath, il semble indifférent à
mes mouvements, à mes menaces. Que dois-je faire face à une telle
insolence, une telle bravitude ? Je m'apprête à l'écraser, le
fouler du pied lorsque la conclusion de l'histoire de David et
Goliath me revient en mémoire, je flaire le piège, la fronde cachée sous l'abdomen, je le contourne
et poursuis mon périple. Et tandis que je m'éloigne, je me demande
si le crapaud connaissait l'histoire biblique …</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Je
parviens à la première cascade, j'enlève mes vêtements trempés
de sueur pour profiter de la fraîcheur du bassin. Les hautes parois
rocheuses qui l'entourent le préservent de la chaleur pesante environnante,
une douce torpeur m'envahit. Je m'approche de la cascade, je lève la
tête vers l'azur, je contemple un long moment l'immense féerie
blanche, comète écumante dévalant du ciel.</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>Toboggan
ou Jacuzzi ?</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Hop
Hop j'effectue la route du matin en sens inverse pour me retrouver de
nouveau sur la côte Est, direction « Waitavala Waterslide ».
Le véhicule s’arrête au bord d'un sentier étroit et après une
petite marche de dix minutes au milieu d'herbes hautes, je débouche
sur le site. Il s'agit d'une série de mini cascades qui déboulent de
bassin en bassin sur un chemin de roches polies, les Fidjiens les
utilisent comme toboggans de pierre en glissant le long du courant. </span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-9gc0jC2kUb4/UuTMm7UMfYI/AAAAAAAAAk0/ZtPi4pjEYDw/s1600/P1020626.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://4.bp.blogspot.com/-9gc0jC2kUb4/UuTMm7UMfYI/AAAAAAAAAk0/ZtPi4pjEYDw/s1600/P1020626.JPG" width="298" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Les
toboggans de pierre de Waitavala</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Il
n'est pas possible d'accéder au haut du toboggan depuis le versant
où je me trouve, je traverse le cours d'eau effréné. J'enlève mes
chaussures de sport et mon sac de randonnée, je les pose sur une
grosse pierre, je me glisse dans l'eau, je dois lutter difficilement
contre la force du jet d'eau. Je me retourne pour récupérer mon
attirail Zut je ne vois plus qu'une seule chaussure. Je ressors du
mini bassin mais l'évidence s'impose, la chaussure est tombé dans
la cascade et s'est envolé désormais loin en contrebas. Je descends
quelques mètres pour voir si un obstacle pouvait l'avoir bloqué
mais pas de chance, elle est définitivement perdue. Je traverse tout
de même le courant avec ma chaussure orpheline, je monte le long de
la pente, je m'engage dans le toboggan pour commencer la descente en
freinant au maximum, en contrôlant la progression. Mais rien n'y
fait, la pente se fait moins douce, la vitesse s'accélère, et tout
à coup se profilent des chutes plus importantes ... La première je
ne peux l'éviter, je dévale d'un bon mètre entraîné par
l'impétuosité du courant, la deuxième chute est encore plus
dangereuse, les autres je n'ose même pas y penser c'est la fracture
assurée ou pire … Je ralentis au maximum, j'écarte mes jambes
pour toucher les bords avant l'étranglement qui précède la chute
de l'eau ... Je m’agrippe, et au dernier moment, à quelques
centimètres du point de non-retour, je freine, m'immobilise ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">J'ai
eu peur, je respire avec soulagement avec cette pensée qui s'élève
en moi : J'ai perdu ma chaussure, j'ai failli me casser les
reins, l'aventurier à quat' francs six sous, l'Indiana Jones de
pacotille se doit d'arrêter son périple là, à cet endroit. Ces toboggans sont
faits pour les jeunes enfants au corps en caoutchouc, ils sont
dangereux pour des personnes plus âgées comme moi, les risques de chutes, de
brûlures, d'hématomes sont omniprésents. Je me recroqueville dans
le bassin de rétention, profitant des bouillons d'écume, du jacuzzi
improvisé pour me masser le dos. Je me mets devant l'embouchure et
puisque je ne peux prétendre au titre de grand aventurier, je me
décide à tenter un exploit extraordinaire, faire « bouchon »
à l'extrémité du bassin, l'eau me presse, me martèle, bondit autour
de moi, les flocons d'écume dansent la gigue folle sur ma peau, je
résiste des dizaines de secondes jusqu'à ce que la pression soit
trop intense. Mon ego est guéri, j'ai réussi l'opération "bouchon" ;-)</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">Sur
la suggestion du guide, hindou converti à la religion chrétienne,
je suis allé voir l'église de la mission catholique de Wairiki, bel
édifice blanc délavé, de taille modeste aux verrières en forme
romane. J'étais gêné à l'idée d'entrer dépenaillé, avec un
seul pied chaussé mais l'église est vide, elle semblait être en
cours d'aménagement pour une fête religieuse. Sur les murs, les
quatorze stations de la crucifixion du Christ étaient représentées
sur des fresques peintes en bois. Je reconnais nombre d'entre elles
mais je suis intrigué par la présence de la légende de Véronique,
absente des Évangiles canoniques, qui offre son voile à Jésus lors
de sa montée au calvaire pour qu'il puisse essuyer son front.
Lorsque celui-ci le lui rend, l'image de son visage s'y est
miraculeusement imprimée.</span></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-wYFzavVSra8/UuTM10dXpgI/AAAAAAAAAk8/JtEqdRh_Cl0/s1600/P1020629.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="298" src="http://2.bp.blogspot.com/-wYFzavVSra8/UuTM10dXpgI/AAAAAAAAAk8/JtEqdRh_Cl0/s1600/P1020629.JPG" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">Le
voile de Véronique</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>La
ligne de changement de date</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Dernière
étape de l'excursion sur Taveuni. Je laisse ma chaussure dans la
voiture, je me dirige pieds nus vers le site. L'herbe du terrain de
jeu qui jouxte l'emplacement vient d'être coupée, la sensation est
agréable même si cela pique très légèrement par moment la plante
des pieds. </span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Kézaco,
la ligne de changement de date ? C'est la ligne longitude
imaginaire du 180°, antiméridien placé à l'exact opposé du
méridien de Greenwich. La terre tourne autour de son axe en 24
heures. Le système horaire mondial est représenté par 24 lignes
de longitude éloignés chacune d'une heure ou 15° de longitude.
Imaginez que vous soyez à Greenwich le mercredi 29 janvier à 12h,
en plein midi. 15 ° de longitude à l'ouest, il est 11 h tandis que
15 ° à l'est de Greenwich, il est 13h. Bondissez ainsi de longitude
horaire en longitude horaire autour de la terre, vous vous retrouvez à l'est de
l'antiméridien, il est 1h du matin le mercredi 29 tandis qu'à
l'ouest de cette ligne, il est 23 heures de la nuit. Et au 180° de
longitude, il est très exactement minuit et un nouveau jour, le 30
janvier va naître. C'est la ligne qui marque la fin de la journée
et celle où une nouvelle journée commence ; à l'est c'est
hier, à l'ouest c'est aujourd'hui. Cette ligne n'est pas respecté
scrupuleusement par les pays, certains pays du Pacifique qui
commercent avec la Nouvelle Zélande et l'Australie préfèrent par exemple se
placer dans la même journée que ces pays, la ligne réelle de
changement d'horaire est déviée.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">Cela
implique qu'un voyageur allant vers l'ouest et franchissant la ligne
de changement de date doit ajouter un jour à la date affichée sur
sa montre. D'une façon similaire, un voyageur se déplaçant vers
l'est doit retrancher un jour, il peut arriver à un horaire qui
précède l'heure de son départ, un jour avant. La découverte de
cette étrangeté date du périple autour du monde de l'équipage de
Magellan. De retour en Espagne, les marins sont persuadés du jour de
la semaine car ils ont tenus un décompte rigoureux des jours mais on
leur assure que le jour est différent. Un marin, Antonio Pigafetta
dénoue le problème en s'appuyant sur le fait que la Terre est bien
ronde.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;">J'avais
été fasciné par la lecture du roman de Jules Verne « Le tour
du monde en quatre-vingts jours » quand j'étais adolescent, qui
utilise comme ressort dramatique dans la scène finale ce phénomène. Me voici à
l'endroit du commencement du jour en ayant suivi les traces de Phileas Fogg. Taveuni est un des rares
territoires habités traversé par la ligne de changement de date.
C'est un simple point marqué par une pancarte. Trois autres
personnes se trouvent là, deux touristes et un Fidjien avec qui je
m'entretiens quelques instants. Il me confie être pasteur de
l’Église qui se trouve à quelques mètres de l'emplacement,
j'aperçois derrière lui une baraque de fortune sens dessus dessous, dans un état de
délabrement avancé, aux tôles de fer défoncés dans lequel je
distingue quelques rangées de bancs en pagaille tandis qu'au fronton on peut
lire l'inscription « Église du méridien 180° ». Jésus
est un marqueur historique puisqu'il y a un avant Jésus Christ et un
après, mais il est aussi à l'endroit où tout nouveau jour commence
me dis-je.</span></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-aCczxZ5kd_Y/UuTNDy-UZ8I/AAAAAAAAAlE/Vb5kKtawQkQ/s1600/P1020632.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="298" src="http://3.bp.blogspot.com/-aCczxZ5kd_Y/UuTNDy-UZ8I/AAAAAAAAAlE/Vb5kKtawQkQ/s1600/P1020632.JPG" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">A
ma gauche le passé ; à ma droite l'avenir</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>Le tourbillon du derviche-tourneur</b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Je suis l'instant exact du centre de
ma vie. J'adopte la position du derviche-tourneur : Tension de
ma paume gauche tournée vers la terre et l'est, vers le passé ;
extension de ma paume droite tournée vers le ciel et l'ouest, vers le futur.
J'entends le son du tambour de la Mort qui résonne dans mon oreille
droite ; le son me parvient-il depuis demain, depuis la semaine
prochaine ou d'une distance de quarante-quatre années ? Peu importe,
je m'incline devant sa puissance, son impérieuse nécessité, ses vibrations mélodieuses, apaisantes ne quitteront plus jamais ma
mémoire. Et je commence à tournoyer sur la ligne du changement du
jour. Je ressens la grâce vive du passé transiter à travers mon
corps, les possibilités infinies du futur me sourire ; le courant
intérieur que je capte de ma main droite, depuis la terre et, que je diffuse de ma main gauche, vers le ciel démesuré, à la fois caresse et courant impétueux, s’accélère,
devient vertigineux. Je tournoie sans fin, une poussière blanche
irréelle se soulève, m'enveloppe comme une robe couleur d'astre.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm; margin-right: 0.16cm; page-break-before: auto;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Je suis l'instant exact du centre
de ma vie. Pour les peuples anciens de Mésopotamie et le peuple
Arayama, le passé connu est devant soi tandis que le futur, inconnu,
invisible est derrière. Dans nos sociétés obnubilés par l'avenir,
le passé est derrière soi tandis que l'on avance vers le futur. Au
fur et à mesure que je tournoie, je sais que le passé est la Terre,
à ma gauche, charnelle, somptueuse, irréversible tandis que le
Ciel à ma droite, ordonnance de nos esprits, est le futur, qu'il me contemple en
toute confiance, m'adresse des clins d’œil affectueux. Le Temps
s'écoule en moi, je palpite en lui ; je suis le Temps incarné. Mes atomes battent à l'unisson du soleil, des
lointaines constellations perdues dans les milliards de galaxie. Mon
corps a gardé la mémoire de leurs explosions, de leurs
jaillissements dans l'espace, mon existence est à l'instar de ses sœurs-étoiles irremplaçable, réelle à tout jamais pour l'éternité. Nous ne formons qu'une seule et même
substance. Tourbillon de mon corps, étreinte du passé et du futur
dans la vibration du présent, en accord avec le monde.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm; margin-right: 0.16cm; page-break-before: auto;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;">Je
suis l'instant exact du centre de ma vie. Épiphanie, Révélation du Semâ, Joie
parfaite en moi. Affleurement continuel du terreau du passé dans la
grâce des illuminations de l'instant présent, pont suspendu entre deux rives, je transmets cette sensation vers l'avenir, le mien ainsi que celui de l'humanité auquel je suis
arrimé, inextricablement, voluptueusement emmêlé. Je tourne de plus en plus vite, gauche-droite, gauche-droite qui désormais se confondent, passé, futur et présent vibrent à l'unisson,
je me mets au diapason de la vitesse des électrons qui palpitent
dans mon corps, je suis souffle ardent, pur. Bouillonnement de mon sang traversé par les éclairs de mes pensées ... Déchaînement des couleurs et des sons ... Ivresse charnelle et spirituelle ... Cyclone de palpitations et de frissons ... Ma chair, mon esprit
s'embrase dans le battement de l'instant présent, qui renouvelle
sans cesse le passé, j'ai la révélation dans l'éveil absolu de la
fugacité, de la radicalité merveilleuse de ce moment qui viendra
s'enfoncer dans ma mémoire, qui embrassera à tout jamais mon être
entier, devenu la durée d'une danse, d'un tournoiement autour de mon
propre axe ce qu'il ne cesse d'être, Temps pur fusionné dans
l'être. J'exulte.</span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-69180906319975083162014-01-25T17:27:00.002+12:002014-05-28T20:27:35.566+12:00 Séjour Fidji à Taveuni : Sommeils et Merveilles<br />
<div style="margin-bottom: 0.2cm; text-align: right;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">« Vous
n’êtes pas une goutte dans l’océan, vous êtes tout l’océan
dans une goutte »</span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;">Mevlana</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>D'une
rive à l'autre</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Deuxième
séjour à Fidji. Cette fois, j'avais choisi l'île de Taveuni, la
troisième île en superficie de l'archipel car je voulais réaliser
des vacances centrées sur la plongée ; ce coin du Pacifique
est mondialement célèbre pour quelques spots de plongée, c'est la
capitale mondiale des coraux mous.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Je
suis au bord de l'océan Pacifique après avoir été récupéré par
un taxi à la descente de l'avion. J'ai pris une réservation au
« Dolphin Bay Retreat » qui ne se trouve pas directement
sur l'île de Taveuni mais sur la grande île de Vanualevu après une
traversée de 11 kms qui dure normalement 20 minutes. Le ciel est
menaçant, je vois s'approcher un bateau blanc effilé avec deux
hommes qui manœuvrent pour s'approcher de la côte en éprouvant de
grandes difficultés en raison de l'agitation de l'océan. J'enlève
mes chaussures pour monter sur l'embarcation mais les vagues se
projettent sur la bas de mon pantalon, je suis trempé jusqu'aux
genoux. Je m'assieds sur un siège qu'ils ont pris soin d'essuyer,
nous prenons la direction de l'hôtel en compagnie de deux autres
membres du personnel qui attendaient avec moi ; ils m'offrent un
ciré qui s'avérera utile avec la pluie qui commence à tomber sur
nous. Je suis inquiet pendant toute la traversée. L’esquif est
frêle, les vagues sont hautes. Nous ne cessons d'être balancés par
la houle, la pluie intermittente mais après une traversée de près
de trois quarts d'heure Ouf voici la rive providentielle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Après
le repas, je rentre dans le petit bungalow que j'ai loué, au confort
fruste. La chambre à coucher est éclairée d'une lumière pâlotte,
l'ensemble des installations fonctionne à l'énergie solaire avec
une possibilité de stockage limitée. Je lis quelques instants avant
d'aller me coucher. J'entre dans le lit, en écartant les voiles d'un
grand moustiquaire qui entoure le lit à colonnes. Au début, je dois
veiller à renforcer certains interstices, la voile du moustiquaire
est à quelques endroits trouée. Je me couche sous le dôme
rectangulaire de tulle, j'ai du mal à m’endormir. Dehors, une
torche flambe en tremblant sous le vent, sa lumière décline lentement
dans la pénombre environnante. Je flotte entre vie et trépas
...Suis-je en train de mourir dans ce lit à baldaquin, prêt à devenir un gisant pétrifié, figé sur cet autel
vacillant à la dernière lueur d'un feu lointain ? Suis-je aux bornes
d'une nouvelle vie dans cette immense chrysalide en tissu, chenille en pleine métamorphose, cœur-papillon
en passe de s’éveiller d'un grand sommeil ? </span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>Émerveillements
et Tracas</b></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Première
plongée le lendemain. Principe identique au précédent plan plongée
à Savu Savu, tout est pris en charge, je n'ai malheureusement à mon
grand regret pas la possibilité de démontrer mes dons techniques en
matière de préparation du matériel technique. Nous nous dirigeons
vers le site de « Corral Garden - Le Jardin de Corail ».
Tout de suite, c'est l'enchantement. Taveuni est la capitale mondiale
des coraux mous sans doute, mais c'est aussi et surtout la profusion
des poissons rencontrés tout au long des ballades qui donne le
sentiment à chaque fois de contempler un spectacle unique. Sur
chaque amas de corail se presse une multitude de poissons colorés,
bigarrés, magnifiques. Sur le chemin, je croise une murène géante
qui ondule à coups de virages insensés le long des coraux,
cherchant vainement une cavité pour se cacher de nos regards. Je
n'avais vu cet animal que sortant la tête de sa retraite, dardant
l'extrémité de son corps pour communiquer en moi la crainte. Ici,
malgré sa taille de près de deux mètres, le poisson-serpent me
semble nu, fragile, ses ondulations frénétiques, nerveuses pour
s'échapper sont animées visiblement par le sentiment de la peur. </span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-EprASXndEhA/UuMVB5pr6kI/AAAAAAAAAjk/tmtOLMs9bCU/s1600/mur%C3%A8ne+g%C3%A9ante.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-EprASXndEhA/UuMVB5pr6kI/AAAAAAAAAjk/tmtOLMs9bCU/s1600/mur%C3%A8ne+g%C3%A9ante.jpg" height="400" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Murène
géante</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Nous
émergeons de l'eau. Je me sens mal, j'ai pris dans la
précipitation avant de monter sur le bateau des pilules contre le
mal de mer mais elles seront insuffisantes ce jour-là. Une fois à
bord, je me penche depuis la coque vers l'eau à l'abri des regards
et dans un don sublime, irrévocable, j'offre mon petit déjeuner aux
profondeurs ... Le moniteur me conseille, outre l'absorption des
pilules avant le repas, de boire du thé au lieu du café
traditionnel et de manger léger. Ces conseils me permettront d'être
en meilleure forme les jours suivants, mais en attendant la galère
s'éternise ... Après la décompression, c'est la deuxième
randonnée marine sur le site « Fish Factory – L'Usine à
Poissons ». Qui sait, peut-être une fabrique sous-marine
secrète à proximité projette à profusion des poissons pour
colorer, magnifier le paysage ? En veux-tu, en voilà, je me promène d'un
bouquet de coraux à l'autre, impressionné par ce tableau féerique.</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Le
meilleur spectacle reste à venir, nous nous approchons d'un tombant
lorsque commencent à s'entremêler trois bancs de poissons, les
balistes bleus, les fusiliers bleus rehaussés d'une nuance de jaune
et les poissons-cochers à la robe noire et jaune. J'avais déjà vu
une telle scène à Wallis mais la quantité de la faune sous-marine
est telle qu'elle semble embrasser l'ensemble de ma vision. Ils
déambulent en bande, les espèces s'entrecroisent, s'éloignent,
reviennent langoureusement. On pressent une lutte sourde entre les
trois bancs, une lutte pour l'espace, pour la nourriture, mais sans
combat direct. Ils se frôlent, s’emmêlent, se démêlent,
entament de brusques mouvements pour rejeter les autres, leurs
trajectoires se nouent comme les immenses fils d'une tapisserie
vivante, constamment renouvelée. C'est la fin, hélas ... Le temps
de la ballade, j'ai oublié mes soucis gastriques mais lors de la
remontée, je vais presque vomir dans l'embout et dès que je sors la
tête hors de l'eau, je crache, je hoquète malgré moi sans avoir le temps de m'éloigner les
derniers débris bruns de mon déjeuner sous les yeux dégoûtés de
mes compagnons de plongée qui détournent leur regard. Répugnance
pour les humains, délice pour la faune, j'aperçois un poisson qui
se jette sur mon dégueulis … Quand je rentre, fatigué par les
deux plongées de suite, je m'endors d'un sommeil de plomb. Cela
allait devenir la règle pendant les autres journées, je
suis complètement abruti à la fois par l'effort fourni dans les
plongées, le poids pesant de la pression qui s'abat encore sur moi
ainsi que l'absorption des pilules contre le mal de mer qui ont un
effet somnifère, je me réveille trois heures après, le cerveau
lourd, enténébré ... </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><b>Spectacles
féeriques</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Images
de trois randonnées qui s’enchevêtrent dans mes souvenirs au
magnifique site du « Great White Wall – Grand Mur Blanc »
… Nous descendons à une profondeur de plus de 25 mètres le long
d'un tombant. Après quelques dizaines de mètres, celui-ci tombe à
pic de manière vertigineuse, comme un immense mur d'escalade,
commencent alors à apparaître d'étranges coraux mous en forme de
duvets, de plumes émergeant de la paroi, de taille réduite et de
couleur blanche, qui scintillent dans les profondeurs. Ils se
multiplient le long de la falaise, brillent, phosphorent comme la
constellation de la Voie lactée sous nos regards étonnés. Ils sont
présents jusqu'à une profondeur de 70 à 80 mètres d'après le
moniteur. Passage à travers un tunnel qui telle une artère de roche
débouche sur une petite esplanade. Dans l'artère, des dizaines de
poissons rouges aux yeux globuleux dérangés par notre équipée
nous frôlent, nous dépassent. Dans une cavité à l'intérieur du
tunnel, une tortue endormie, rêveuse, soupire. Nous débouchons sur
une terrasse d'où surgissent une bouée attachée au sol ainsi qu'un
récif de corail. Nous entamons le tour du récif, je suis l'un des
derniers. Je me retourne, je vois un requin à pointe blanche à une
vingtaine de mètres. Aucune inquiétude, j'ai l'habitude de ces
carnassiers, j'en ai vu beaucoup à Wallis et lors de mes différentes
randonnées sous-marines. En règle générale, ils viennent par
curiosité nous regarder quelques instants, ils sont très sensibles
au bruit mais notre odeur ne les intéresse pas, ils se nourrissent
exclusivement de poissons et crustacés. De nature fondamentalement
timide et casanière, ils s'échappent en règle générale
rapidement. J'avance difficilement car un courant contraire s'est
formé. Je me retourne au bout de quelques minutes, quelle n'est pas
ma surprise de voir que le requin ne s'est pas éloigné, il s'est
même rapproché de quelques mètres ou est-ce moi qui ait reculé,
il semble me guetter, me fixer du regard, m'attendre avec un sourire
narquois. Je redouble d'énergie, je palme avec de plus en plus
d'efforts, je me retourne, il se dresse toujours face à moi. </span><br />
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-vBNpAKzlv7E/UuMVN_NDnyI/AAAAAAAAAjs/MXIizpccigQ/s1600/requin+pointe+blanche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-vBNpAKzlv7E/UuMVN_NDnyI/AAAAAAAAAjs/MXIizpccigQ/s1600/requin+pointe+blanche.jpg" height="227" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Requin
à pointe blanche</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Quoi
qu'on dise, quoi que je fasse, la légende du requin est en moi, je
sens la peur qui monte, qui commence à saisir mes entrailles.
Derrière moi se trouve un aspirant-moniteur qui perçoit ma peur, je
le vois commencer à rire mais il me vient gracieusement en aide, il
me pousse avec les mains sur les fesses. Plus expérimenté et plus
puissant des cuisses que moi, j'arrive grâce à sa propulsion à progresser
véritablement. Je me retourne une dernière fois Ouf le requin a
disparu … Nous allons nous amarrer à la bouée pour faire le
pallier de décompression lorsqu'un des compagnons de plongée fait
signe en nous montrant le sol, nous formons une petite auréole
autour de cet emplacement. Au début, je ne vois rien qu'une petite
masse gélatineuse étrange avec un point noir, qui semble légèrement
palpiter. La gélatine s'élargit, s'épaissit puis se rétrécit
tour à tour lorsque je comprends tout à coup qu'il s'agit d'un
poulpe qui a réussi à se réfugier dans un renfoncement minuscule,
c'est uniquement un petit bout de son œil effrayé qui surgit de
temps en temps pour observer ce qu'il considère être des
prédateurs. A chaque fois que l'un d'entre nous esquisse un geste
vers lui, il se ratatine dans sa retraite puis il esquisse de nouveau
une tentative pour sortir de la cavité.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-fD3EaE4fuCg/UuMVYpnSxsI/AAAAAAAAAj0/drGK1yRfZlU/s1600/Poulpe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-fD3EaE4fuCg/UuMVYpnSxsI/AAAAAAAAAj0/drGK1yRfZlU/s1600/Poulpe.jpg" height="323" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Poulpe
à propulsion</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Autre
site magnifique, celui de « Cabbage Patch » qui porte le
nom de l'étrange amoncellement de coraux feuilles qui se trouve à
cet emplacement. Belle journée quand nous nous rendons là bas, le
soleil se met de la partie, emplit l'horizon tandis que des
ribambelles de poissons minuscules verts-bleus sauteurs accompagnent
notre équipée, bondissent hors de l'eau pour replonger vers
l'océan. Début de l'exploration, le moniteur nous arrête pour nous
montrer un ver marin sur un corail dur, le ver arbre de Noël en
forme spiralée et de forme conique, aux allures de sapin, d'une couleur jaune éclatante. </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-pENoB9UOH7M/UuMVl7CdoXI/AAAAAAAAAj8/n6ksFqJUNaw/s1600/Ver-arbre+de+No%C3%ABl.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-pENoB9UOH7M/UuMVl7CdoXI/AAAAAAAAAj8/n6ksFqJUNaw/s1600/Ver-arbre+de+No%C3%ABl.jpg" height="400" width="313" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Joyeux
Noël dans l'océan ...</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Le
ver vit sur la fondation calcaire du corail, en symbiose avec
celui-ci, le protégeant de prédateurs tel que certaines espèces
d'étoiles de mer consommateurs de coraux. Lorsque nous nous
approchons encore un peu, le ver perçoit notre présence et se glisse
soudainement dans une fente du corail. Sur le chemin, un immense
bénitier, plus gros mollusque des profondeurs, posé sur les fonds
coralliens tend ses deux valves comme deux lèvres géantes ondulées,
aspirant les algues aux alentours. Autre spectacle insolite, nous
contemplons à une certaine distance une colonie d' hétérocongres,
poissons longs et surtout très minces, qui ont la particularité de
vivre à l'intérieur des fonds sablonneux, qui surgissent tels des
brins d'herbe flottants. A la moindre vibration insolite, ils
s'enfoncent dans le sol. Enfin, nous commençons à apercevoir un ou
deux amas de corail feuille. Il s'agit d'un immense corail dur de
couleur verte dont les plaques s'enroulent comme de grandes feuilles
de salade. Quelques coups de palme plus loin, c'est l’apothéose verte :
en face de nous, c'est une colline constitué de dizaines et dizaines
de coraux feuilles encastrés les uns à côté des autres. Nous
planons au dessus de ce monticule magique vert pour gagner l'autre côté
puis le moniteur nous entraîne à nouveau dans le sens inverse. Nous
sommes cette fois-ci à contre-courant, c'est plus difficile mais le
spectacle s'éternise, tandis qu'un banc de poissons fusiliers bleus
traversent comme des éclairs notre champ de vision. Autre vision
inoubliable lors d'une exploration, celle d'une méduse géante
bleue, de forme sphérique qui porte en anglais l’appellation bien
nommée de «Crown Jellyfish - Méduse Couronne ».</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-5yIa43-NJkI/UuMVvCYkp5I/AAAAAAAAAkE/NU3-xrSLtN0/s1600/Crown_jellyfish.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-5yIa43-NJkI/UuMVvCYkp5I/AAAAAAAAAkE/NU3-xrSLtN0/s1600/Crown_jellyfish.jpg" height="300" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Une
couronne pour les Rois</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Tel
un ressort gigantesque, elle ne cesse de descendre et de monter. La
méduse n'a pas de système de propulsion horizontal, elle se laisse
uniquement portée par les courants. Toute la palanquée des
plongeurs l'entoure comme une petite ronde, nous l'accompagnons un
petit moment. Le moniteur touche la méduse, et nous encourage à le
faire. Sensation étrange de sentir une masse liquide, autre que l'eau qui nous entoure, à travers une membrane qui me surprend par son épaisseur, mon index se voit opposer une nette résistance. Nous allons partir, je
lui jette un dernier regard, je rêve de porter la couronne sur mon
front, de m'écrier, « Je suis le roi du Monde, le souverain
des Océans » …</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Après
mes réveils en fin d'après-midi, je lézarde le long de la plage en
compagnie des autres hôtes en attendant le repas, en jouant aux jeux
proposés par la réception. Quelques bébés requins s'aventurent
non loin de là, ils évitent les fonds trop profonds avant d'avoir
la maturité nécessaire pour éviter les prédateurs qui les
guettent, nous passons de longs moments à essayer de capter leur
présence pour les photographier. Je joue parfois avec Keshi et Leka,
les deux chiens de l'hôtel, peu farouches, toujours en quête de
caresses comme la dizaine de chats qui se promènent dans la
propriété. J'ai la surprise de voir débarquer au bout d'une
semaine le seigneur des anneaux-bulles, Matt, que j'avais rencontré
lors de ma précédente venue à Fidji et qui était venu plonger à
Taveuni juste avant son retour en Australie. Il m'offre encore le spectacle de
beaux anneaux qui se gonflent et explosent en mille morceaux pendant
les excursions. Une très belle nuit sous les étoiles, quatre
membres du personnel, frère, sœurs, cousine, nous gratifient de
belles chansons anglaises et fidjiennes en nous offrant le kava, mais
un kava « light », allégé pour les touristes. Leurs
très belles voix s'accordent, se nouent dans l'instant présent, la
grâce dans la douce ivresse du kava pour aller se perdre dans
l'immense nuit du monde. </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.5cm;">
<b><span style="font-family: Arial, sans-serif;">Le
poids des ans</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Mes
dernières nuits sont agitées. Je commence à ressentir un mal de
dos persistant. Ce n'est que l'avant dernier jour que je comprends
que c'est lié à la ceinture de plomb que l'on doit nouer autour de
sa taille pendant les randonnées sous-marines. A Fidji, ils
emploient de bouteilles en aluminium, plus légères que les
bouteilles de plongée en acier, d'où la nécessité de lester avec
ces kilos supplémentaires. Je décide tout de même de plonger le
dernier jour au « Barracuda Point – Lieu des Barracudas ».
J'accompagne la palanquée, un peu en retrait de mes compagnons. Au début, trois barracudas, vastes poissons en forme de sabres noirs effilés transpercent notre espace. Je m'éloigne encore de mes camarades lorsque lentement, quelques vivaneaux rouges s’incrustent voluptueusement à
mes côtés comme dans un rêve éveillé. Je respire à peine les bras croisés sur ma poitrine,
j'évite de faire éclater de grosses bulles, je suis progressivement
entouré d'une vingtaine ou trentaine de poissons, je suis confondu à l'intérieur
d'eux, dans leur banc. Je me figure que je suis l'un d'entre eux, je
respire par mes branchies, je donne de légers coups de nageoire pour
avancer, mes écailles resplendissantes, rouges passion laissent
glisser l'eau avec douceur, délicatesse. Infime poisson perdu dans les profondeurs, je flotte en
harmonie avec l'océan, le monde, les incommensurables espaces du
ciel. De toute éternité, j'ai habité les fonds sous-marins, en
naviguant paresseusement avec mes congénères, je voguais ainsi me rapprochant de la surface, captant les rayons rafraîchissants du soleil le jour, palpitant aux mille feux lointains des étoiles la nuit, déambulant dans les grottes basaltiques, qui s'entrouvraient devant moi comme de vastes portiques … mais tout à coup,
dans un mouvement brusque, les vivaneaux accélèrent et me laissent
au bord de la route, orphelin. Quelques vigoureux coups de palme et je rejoins la palanquée. Nous
explorons un massif corallien, quelques diagrammes orientaux, poissons craintifs au
corps rayé blanc et noir et munies de nageoires jaunes à taches, jouent à
cache-cache dans les anfractuosités des récifs. </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-pjReS_Kdzuo/UuMV9CI8LYI/AAAAAAAAAkM/7yt3c3c4Rzo/s1600/Diagramme+oriental.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-pjReS_Kdzuo/UuMV9CI8LYI/AAAAAAAAAkM/7yt3c3c4Rzo/s1600/Diagramme+oriental.jpg" height="400" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Diagramme
oriental</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0.5cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Nous
continuons la randonnée lorsque tout à coup, un violent courant se
lève en face. J'ai trouvé les ballades de Taveuni magnifiques mais
elles ne sont pas faites pour des purs débutants, nous devons alors
lutter pied à pied avec le cours d'eau sous-marin qui entraîne avec
violence en sens contraire. La consommation d'air augmente à une
vitesse folle tandis qu'il faut palmer avec vigueur pour progresser.
Nous débouchons sur un terre-plein rempli de récifs coralliens, le
calme est revenu pour l'attente du palier de décompression. Dernière
image captée avant la remontée, de grands poissons à la robe jaune
plongent dans les interstices des coraux, comme des rayons de soleil
bondissants, pour picorer, capter la nourriture qui s'y cache.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Le
mal de dos s'est évidemment approfondi après la dernière
excursion. Je gis sur le lit, avec une grande douleur au niveau des
hanches. Toute la journée de transit à Nandi, je tente
continuellement des mouvements d'assouplissement en espérant que la
douleur passe. </span></div>
<br />
<br />Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-70498666546595174262013-11-04T19:51:00.000+12:002013-11-04T23:19:21.791+12:00Les mini Jeux du Pacifique : Mini Jeux, Maxi Joie (2)<br />
<div align="right" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: right;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 8pt;">« Mais
où sont les neiges d’antan »<o:p></o:p></span></i></div>
<div style="text-align: right;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 8pt;">François
Villon, le Grand Testament</span></i><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p></o:p></span></b></div>
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></b><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Volley-ball : Souvenirs
de belles années<o:p></o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Deux
jours plus tard, j’assiste à un match de volley-ball féminin : Tahiti
contre Papouasie Nouvelle Guinée. Les joueuses entrent dans la salle,
commencent leur échauffement. Le volley-ball est le sport le plus populaire à
Wallis, devant le rugby et le football, l’équipe masculine de Wallis-et-Futuna
étant l’une des favorites pour les mini Jeux. J’avais tenté d’assister à un
match de l’équipe de Wallis mais la salle étant bondée, l’entrée m’avait été
refusée. Je m'assieds sur les gradins, les jeunes filles s’entrainent par
petits groupes de deux ou trois, passes, attaques, réceptions. Les balles fusent,
volent, bondissent, leurs mains, leurs bras se tendent en harmonie avec la
course du ballon. Dès l’entraînement, j’estime qu’il n’y a aucune surprise à
prévoir, les Tahitiennes sont visiblement plus fortes que leurs adversaires
papoues, elles sont plus grandes de 5-10 cms en moyenne, leurs attaques sont
plus tranchantes lorsque l’entrainement passe à la phase finale au filet, les
balles des Tahitiennes tombent à pic sur le terrain adverse tandis que les
Papoues, plus petites, sont nettement moins capables de planter leurs attaques.
Le match commence, très<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>rapidement les
Tahitiennes se détachent. </span><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-5NQS9plo6kY/UndPFUfSQiI/AAAAAAAAAjI/W8MHlMdTc4w/s1600/Volley.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://4.bp.blogspot.com/-5NQS9plo6kY/UndPFUfSQiI/AAAAAAAAAjI/W8MHlMdTc4w/s400/Volley.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">En pleine action<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Le
score devient fleuve en leur faveur, les Tahitiennes allaient devenir les
futures vainqueuses ;-) de la compétition, je me détache du match pour
plonger dans le cocon des souvenirs … <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">J’ai
passionnément aimé le volley quand j’étais plus jeune, à l’adolescence,
entraîné par l’enthousiasme d’une bande d’amis de collège. Je jouais au
sein<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>d’une compétition avec le collège
Kléber, le niveau de l’équipe était remarquable. Toutefois, un seul maillon
faible diagnostiqué par l’entraîneur parmi les six joueurs qui composent
en début d’année l’équipe « une » : moi … Il avait pleinement raison,
hélas, j’étais correct au niveau des passes, de la réception, mais ma taille ne
me permettait aucune présence au filet alors que c’est d’une importance
capitale dans ce sport, j’étais incapable de dépasser de plus d’une main Mmmmm
soyons objectif de plus d’une demi-main le filet. Une très bonne détente m’aurait
permis de rattraper ce handicap de taille, mais au contraire je saute moins
haut que les autres<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>...<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>J’étais de ce fait incapable de contrer.
Autre point noir : je n’avais pas de réflexe, le coup de
jus électrique, l’impulsion nerveuse virevoltante entre l’œil et les membres
qui permet de sauter sur une balle pour la récupérer de manière décisive, désespérée,
j’étais souvent en retard sur les ballons situés à une petite distance. Je
participe aux premiers tournois, nous avançons dans la compétition, je fais
partie du six majeur malgré ce handicap. Je commence à m’enthousiasmer pour ce
sport, le sentiment d’une vie collective m’habite, la participation à un projet
commun victorieux me saisit, je fais tout mon possible<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>pour combler mes handicaps. Je passe des
heures à jongler avec la<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>balle contre un
mur, bien plus que le temps consacré à mes devoirs à la maison, et surtout je
ne cesse de sauter dans une chambre vers le plafond pour améliorer ma détente,
pour essayer de le toucher d’abord avec mes doigts puis avec la paume entière.
Un jour, ma mère qui ignore mon manège, regarde le plafond, s’agace des taches
sur celui-ci, s’interroge à haute voix sur l’origine de celles-ci. Je sais, je ne
pipe pas un mot … Et malgré mes bonds incessants vers l’azur, je n’ai jamais
atteint l’idéal, le Graal dont je rêvais, ma détente est restée médiocre ;
je suis resté ce que j’étais, ce que je suis, ce que je serai : petit.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">L’entraîneur,
enseignant de sport, repère dans une de ses classes de troisième un bon joueur
qu’il persuade d’intégrer l’équipe. Me voilà relégué sur le banc. Toutefois, en
finale départementale, le nouveau joueur est malade Hop Hop je rentre
naturellement sur le terrain, je joue presque toute la partie. Je me débrouille
bien, aux dires de mes amis, je vis l’exaltation d’une victoire à laquelle je
participe pleinement par quelques gestes, quelques mouvements du corps, je
partage avec délice la satisfaction de la participation à une âme collective. En
finale académique, le nouvel arrivant est guéri Hop Hop je suis encore rejeté
vers l’extérieur. Ce joueur a un point faible, le service, qu’il a tendance à
balancer trop fort ou à planter dans le filet. L’entraineur me fait rentrer à
deux reprises pour la mise en jeu car j’ai un service légèrement flottant qui
peut mettre en difficulté l’adversaire mais tétanisé par l’enjeu, par la peur
qui me noue les entrailles, mon bras noué frappe avec appréhension le ballon,
je le suis des yeux respiration coupée, il s’échoue à chaque fois sur le filet
… L’ensemble de l’équipe pallie ces erreurs, nous sommes victorieux encore une
fois mais ma joie n’est pas pure ; elle est mêlée à l’amertume d’avoir
failli personnellement …<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Malgré
l’échec personnel sur ce match, je perçois un formidable écho de ces souvenirs sportifs
en moi, celui de l’amitié, de la vibration de cœurs en communauté autour d’un
projet. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">J’ai
suivi trois autres matchs sur la semaine où s'est déroulé le tournoi de
volley-ball. J’ai choisi ceux-ci au hasard, en fonction de mes disponibilités
horaires, j’assiste deux fois à un match de la Papouasie Nouvelle Guinée, qui
devait remporter la médaille d’or face à Wallis-et-Futuna. Un joueur de
l’équipe papoue, le passeur, joue à un niveau largement supérieur aux autres
malgré un physique banal, il dépose les ballons avec une facilité déconcertante à l'endroit idéal pour ses partenaires, fatal pour ses adversaires, une grâce
incomparable se dégage de ses gestes, douceur, précision, légèreté s'allient dans son toucher de
balles. Il décale souvent parfaitement ses partenaires lors des combinaisons au
filet, attaque parfois en deuxième intention, contre avec efficacité. Il
réalise certaines gestes spectaculaires comme une passe tendue en manchette
d’une extrémité à l’autre du terrain, geste qui accélère le jeu, déconcerte
l’adversaire, on sent l’osmose de l’équipe autour de lui, un immense respect de
ses partenaires alors qu’il ordonnance le jeu en patron sur le terrain. Lorsque
le match commence à être largement en voie d’être gagné, on le fait sortir pour
faire jouer le banc, il arbore un large sourire de confiance, encourage ses
équipiers avec ardeur. Je me dis, il est ce que j’aurais voulu être autrefois sur
un terrain, ce que je n’ai pu être.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Où l’on découvre que
notre héros (euh … c’est moi)<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>se
découvre des dons de divination<o:p></o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je
passe au stade pour regarder quelques épreuves d’athlétisme. Le départ du
3 000 m steeple chase, course étrange avec son franchissement d’obstacle,
de rivière est donné. Sur la ligne, quatre candidates, trois Papoues et une coureuse
des îles Salomon. Tout à coup, une transe subite … une certitude interne,
absolue, transcendante … une illumination du ciel m’envahit. Je forme le pari
intérieur dès le coup de feu de départ qu’il y aura au moins deux Papoues sur
le podium. Je m’enquiers de la possibilité de parier sur cette épreuve, mais
hélas pas de paris sportifs sur les épreuves ici à Wallis-et-Futuna.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Les
coureuses commencent leur long parcours. Visiblement les athlètes ne sont pas
des spécialistes de l’épreuve, elles franchissent avec beaucoup de difficultés
les obstacles, l’épreuve de la rivière étant particulièrement difficile. Les
Papoues tentent de courir en équipe, distancent la Salomonaise. Mmmm, grâce à
moi, vous venez d’apprendre comment on appelle une habitante des îles Salomon …
Merci qui? Allez,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>un peu plus fort …
Merci qui ? Veillez désormais à étaler discrètement ce savoir lors d’un
futur cocktail … <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Mais
l’une des Papoues s’empêtre dans la rivière Gloups Gloups elle est contrainte à
l’abandon. La Salomonaise est plus mince que ses adversaires, elle est plus à
l’aise sur les obstacles, elle rattrape la troisième qui l’a un peu mauvaise … La
gagnante est une Papoue, en un temps légèrement supérieur à 12 minutes, la
Salomonaise prend la deuxième place, juste devant une autre Papoue qui complète
le podium.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">J’éprouve
alors un petit instant d’émerveillement devant ma perspicacité, ma sagacité.
Lisez les quelques lignes qui précèdent : j’avais bien pronostiqué la
présence d’au moins deux Papoues sur le podium. Comment ai-je pu arriver à une
telle perfection dans la prédiction du futur, ai-je la capacité de prémonition
me dis-je, suis-je doué d’un don divinatoire sublime, extraordinaire ? Je
ne peux que répondre par l’affirmative puisque les faits, implacables,
invincibles m’ont donné raison mais … comment en faire usage désormais ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">S’enchainent
très vite plusieurs courses, les 4 fois 100 mètres hommes et femmes, ainsi que
les 4 fois 400 mètres hommes et femmes. A chaque fois, l’officiel élève son
pistolet vers le ciel et …<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-EaxIH9DMM5E/UndOzWxxTII/AAAAAAAAAjA/q_VaVDyxUcs/s1600/Pan.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://3.bp.blogspot.com/-EaxIH9DMM5E/UndOzWxxTII/AAAAAAAAAjA/q_VaVDyxUcs/s400/Pan.JPG" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">O mon Dieu ... Pan !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">La
course en relais de 400 mètres se termine à l’arraché pour une coureuse du
Vanuatu et de la Nouvelle Calédonie. Le 400 mètres est une épreuve à la limite
du sprint et du demi-fond, demandant une énergie fabuleuse. Or, les jeunes
filles athlètes aux mini Jeux sont des amatrices, peu habituées à des efforts
aussi intenses, et la chaleur combinée à l’humidité de Wallis fait des ravages.
L’eau qui s’immisce dans les pores de la peau, le feu en abondance dérégulent
les corps. Les secours se portent rapidement à leur chevet pour soigner la
douleur, les aspergent d’eau, leur parlent avec douceur, gentillesse. Aucun
blessé grave n’a été recensé fort heureusement.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-XrhhonWtLQY/UndOc23toRI/AAAAAAAAAi4/L2hDvw8WHLk/s1600/Effort.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-XrhhonWtLQY/UndOc23toRI/AAAAAAAAAi4/L2hDvw8WHLk/s400/Effort.JPG" width="400" /></a></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Au bout de l’effort<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Où l’on se rend compte
que notre héros (euh … c’est toujours moi)<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>s’était découvert par hasard un talent indéniable pour la nage en
piscine lors d’une séance de boxe<o:p></o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je
me rends un autre jour à l’ancienne halle pour assister aux compétitions d’un
sport de combat, le taekwondo, sport apprécié à Wallis mais que je ne connais
pas bien que je l’ai vaguement entrevu à la télévision. J’ai été agréablement
surpris après avoir assisté à cinq-six matchs, de niveau junior et senior,
hommes et femmes : j’ai eu le sentiment d’assister à un sport de combat
total, d’un engagement corporel intense mais d’une grande maîtrise dans la
violence des coups. Les coups ne sont autorisés qu’au dessus de la ceinture,
avec les pieds et poings. Vivacité dans les déplacements, par petits sautillements,
très peu de temps mort avec attaque-défense permanente. Le casque et le
plastron me semblent assurer une très grande protection et leur présence donne
le sentiment d’une volonté de contrôler la puissance, la sauvagerie qui
affleure inévitablement chez l’être humain. A chaque fois qu’un combattant
wallisien se présentait sur le tatami, les clameurs s’élevaient de la foule,
c’est en taekwondo que Wallis devait remporter sa deuxième médaille d’or après
celle du lancer de javelot. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<br />
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-BSM27KfZqAw/UndN1acz4MI/AAAAAAAAAiw/K6OifcEU9k8/s1600/P1030917.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-BSM27KfZqAw/UndN1acz4MI/AAAAAAAAAiw/K6OifcEU9k8/s400/P1030917.JPG" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Mêlée de combat<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Le
sport de combat, je sais depuis belle lurette que c’est pas pour mézigue … De
nature frêle, peu porté vers la violence, je ne me suis jamais intéressé à la
pratique d’un tel sport. Seule exception qui infirme la règle (pour la
confirmer finalement …), je suis allé dans une salle de boxe sur la suggestion
de Rémy qui pratiquait ce sport. J’ai compris le sens de la phrase célèbre, de
la moquerie de Mohamed Ali avant le match mémorable contre Georges Foreman à
Kinshasa en octobre 1974 « I’ve seen Georges Foreman shadow-boxing and the
shadow won » « J’ai vu Erhan boxer contre l’ombre et celle-ci le
terrassa » …<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">L’entraineur
de la salle de boxe, Claude, décide de réunir la petite dizaine de débutants au
centre de la salle pour leur apprendre quelques gestes de base : la garde,
le direct et le crochet. Il donne d’abord les instructions puis délègue le
cours à un de ses élèves pour se rendre sur le ring. Je m’efforce de réaliser
les gestes comme il nous les a appris mais je vois bien que visiblement je n’y
arrive pas, son élève s’attarde longuement avec moi pour me corriger. Juché sur
le ring, Claude continue à suivre du coin de l’œil le cours, se dirige vers
Rémy, habitué des cours, et parle avec lui « Tu as vu les gestes du mec,
là, c’est dingue, j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi mauvais, il est ridicule,
on a le sentiment qu’il fait de la brasse ou du papillon » Le mec, c’est
moi … Rémy acquiesce car c’est la stricte vérité et n’ose pas lui dire qu’il me
connait … J’ai continué mon numéro de mime de nageur-boxeur, ils se sont
découragés à l’idée de m’enseigner quoi que ce soit. Nous avons terminé par
quelques assauts, on m’a donné pour partenaire une jeune fille, plus frêle que
moi, dont j’ai réussi à briser vaillamment les attaques furieuses contre moi,
tout en continuant avec mon style unique de boxe nage-papillon … <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Dernière
partie de l’entrainement, pompes, abdos en profusion, j’abandonne très
rapidement les séries de vingt qu’il propose. Je ressors de la salle, chair
meurtrie, exsangue liée à l’exténuement ; résonne en moi un sentiment de vide, de
désengorgement de ma substance, je n’ai jamais été aussi exténué mais en même
temps je ressens la perception vague, diffuse d’une régénération des organes. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Dans la mêlée du rugby</span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Dernier
sport un jour avant la fin des jeux, le rugby à 7. J’avais vu la veille sur un
réseau social les scores de rugby en éliminatoires, j’avais été étonné par les
scores fleuves des matchs et des équipes gagnantes avec plus de soixante points.
En visionnant les épreuves en direct, j’ai mieux compris les raisons de ces
écarts. Les deux mi-temps durent à peine dix minutes mais tout est fait pour
favoriser les attaques. Les lignes sont très étirées, les possibilités de
fendre les lignes de défense sont plus grandes, et surtout l'équipe qui marque
une pénalité ou un essai est également celle qui engage ; elle a donc la
possibilité de dérouler sans fin ses attaques, de perforer continuellement les
lignes adverses. A ce jeu, c’est Fidji l’île guerrière qui est la plus
puissante, la plus impressionnante. Les ballons volent de main en main, la
trajectoire tendue de celles-ci est parfaite ; quel que soit le sport,
quand il est exécuté à la perfection, le geste acquiert une grâce, une beauté
incomparable. Fascination devant les gestes de défis au centre de ce sport ;
un Fidjien se retrouve face à un adversaire venu tenter de le plaquer mais il
se retrouve bloqué au niveau du torse par la seule main puissante du joueur,
qui le maintient à distance pendant plusieurs mètres avec une allonge plus
grande. Ils avancent pendant plusieurs mètres, l’un tentant vainement d’attraper
le feu-follet pendant que celui-ci, confiant, inébranlable de supériorité le
repousse suffisamment pour aller marquer l’essai au final. Malgré la distance,
je palpe la rage du vaincu dans le regard, l’humiliation vécue dans ces
quelques secondes de face-à-face.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-lJZdUwJS6S4/UndMzN0b6TI/AAAAAAAAAio/ic71U0hQYZs/s1600/P1030933.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://4.bp.blogspot.com/-lJZdUwJS6S4/UndMzN0b6TI/AAAAAAAAAio/ic71U0hQYZs/s400/P1030933.JPG" width="400" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Deux équipes jouant à guili guili<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je
n’ai joué qu’une fois au rugby, en seconde lors d’une séance d’essai au stade
de l’Ill à Strasbourg. Nous avons appris le fameux geste du plaquage, qui
consiste à attraper l’adversaire à la ceinture puis à laisser glisser le long
des jambes pour bloquer l’adversaire. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Puis
s’organise un match. Je crie « A moi, A moi », je me démarque pour
que l’on puisse me passer le fameux Graal ovale. Etrangement, mes camarades me
passent rarement le ballon, doutant de ma capacité à perforer les lignes
adverses, à avancer en percutant des épaules mes vis-à-vis, à me faufiler entre
les lignes …</span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"></span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><o:p></o:p></span> </div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-24410321941683144432013-09-16T20:47:00.003+12:002013-11-09T06:48:10.334+12:00Les Mini Jeux du Pacifique : Mini Jeux, Maxi Joie (1)<title></title><style type="text/css">
<!--
@page { margin: 2cm }
P { margin-bottom: 0.21cm }
-->
</style>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>Mini
Jeux ; Maxi Préparation</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Événement
interplanétaire, cosmique à l'échelle de Wallis-et-Futuna : ce
petit territoire a organisé du lundi 2 septembre au jeudi 11
septembre les mini Jeux du Pacifique. Kezaco ? Les Jeux du Pacifique
sont une compétition sportive internationale qui rassemble les 22
États ou territoires du Pacifique. Les mini Jeux sont la compétition
sœur de ces Jeux, qui permettent aux États ou territoires ne
pouvant prétendre à l'organisation des Grands Jeux d'accueillir
tout de même un événement sportif international, avec un programme
sportif réduit. Après une candidature marquée par un échec en
2009, Wallis-et-Futuna a été retenu pour organiser les mini Jeux en
2013.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Depuis
que je suis venu, c'est le grand sujet de discussion sur l'île. Il
s'agit d'accueillir plus d'un millier d'athlètes sur deux semaines
alors qu'il y a moins de dix mille habitants à Wallis et qu'aucune
structure d'accueil n'était prévue pour un tel afflux, l'île
restant à l'écart des flux touristiques. Au début, esprit très
pessimiste, défaitiste autour de moi Bzzzz Bzzzz ils arriveront
jamais à organiser un événement de cette envergure Bzzzz Bzzzz
c'est très mal organisé, ils prennent du retard partout Bzzzz Bzzzz
… J'ai participé moi-même à ce buzz négatif au tout début.
Toutefois, j'ai observé petit à petit la forte et grande
mobilisation qui s'enclenchait, l'effervescence qui régnait avec un comité
organisateur composé de jeunes très dynamiques, j'ai réalisé que
les mini Jeux précédents s'étaient déroulés dans des îles
parfois plus petites, moins développées, qu'il s'agissait avant
tout d'un projet associatif, j'ai été dès lors convaincu que
l'organisation allait être à la hauteur. J'ai été amusé par
l'augmentation de l'agitation à l'approche des mini Jeux, le dernier
mois a été frénétique et trois jours avant l'inauguration,
jaillissement de panneaux indicateurs pour indiquer la direction des
principaux sites.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-Swj6v8_Crjc/UjbBzSQoTcI/AAAAAAAAAhQ/5srPUc5abiQ/s1600/P1030714.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-Swj6v8_Crjc/UjbBzSQoTcI/AAAAAAAAAhQ/5srPUc5abiQ/s400/P1030714.JPG" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Chemins
qui mènent aux mini Jeux</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Le
début de ces jeux a été marqué par la venue des officiels des
territoires et de la métropole, avec la deuxième visite sur l'île de Victorin Lurel, ministre des Outre-mer qui était déjà venu après le cyclone Evan, et revenu désormais dans un contexte plus festif pour inaugurer les jeux. J'ai été invité
à la séance d'ouverture de l'Assemblée territoriale à laquelle il présidait. Ici, un simple inspecteur peut se voir proposer
d'assister de telles manifestations, j'ai reçu un carton d'invitation pour me rendre deux fois à
la résidence du Préfet, je guettais à chaque fois la venue des
célèbres chocolats des soirées de l'Ambassadeur, déception
infinie à la fin des réceptions ;-) </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Mon
meilleur souvenir de ces cérémonies officielles est d'avoir été
invité pour un cocktail dinatoire à l'occasion de la commémoration
du 11 novembre sur la frégate française « Le Prairial »
qui mouillait dans le port de Wallis. Déambulation le long de
l'immense pont arrière alors que le vent cinglait ses fraiches
bouffées depuis le large, qu'un hélicoptère aux pales repliées,
comme un papillon au repos, sommeillait à l'extrémité du ponton …
C'est le seul territoire de France où une grenouille simple
inspecteur des finances peut se voir inviter sur un navire de guerre
de la Marine française, côtoyer des préfets, des ministres, et
espérer devenir aussi grosse qu'un bœuf ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>La
grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf – La
Fontaine</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Une
grenouille vit un bœuf <br />Qui lui sembla de belle taille.<br />Elle,
qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,<br />Envieuse, s'étend,
et s'enfle, et se travaille,<br />Pour égaler l'animal en
grosseur.<br />Disant : " Regardez bien ma sœur;<br />Est-ce assez
? dites-moi; n'y suis-je point encore ?<br />Nenni. - M'y voici donc ?
- Point du tout. - M'y voilà ?<br />- Vous n'en approchez point "
La chétive pécore<br />S'enfla si bien qu'elle creva.<br /><br />Le monde
est plein de gens qui ne sont pas plus sages:<br />Tout bourgeois veut
bâtir comme les grands seigneurs,<br />Tout petit prince a des
ambassadeurs,<br />Tout marquis veut avoir des pages.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Je
me rendais à la séance de l'Assemblée territoriale en remplacement
du directeur des finances publiques. Je m'étais étendu, j'avais
enflé, je m'étais travaillé en longueur, en hauteur et en largeur,
je n'égalais pas encore mes compères bœufs mais il me restait
encore une année pour y parvenir ;-) Dans l'assemblée, je cherche
désespérément ma place, elles sont toutes réservées avec une
pancarte, je n'ai pas mes lunettes et je reste peu habitué à de
telles cérémonies. La plupart des gens s'installe, je tourne encore
dans l'assemblée en guettant les chaises vides, je me dis qu'il
s'agit peut-être d'un jeu, celui des chaises musicales ils ont fait exprès d'en omettre une et
Hop au signal final (un coup de sifflet ?) tout le monde va s'asseoir, sauf
le perdant ...Ouf peu de temps avant le début de la séance, je
trouve la place réservée dans le cercle intérieur devant l'estrade
où se trouvent la présidente de l'Assemblée, le ministre des
Outre-mer et le préfet.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Je suis en contrebas d'une colonne où trônent le portrait géant de François Hollande au dessus d'un Christ en croix. La
présidente ouvre les débats en plaçant ceux-ci, ainsi que les mini
Jeux, sous le signe de Dieu. Elle demande à l'ensemble des
participants de faire de même, j'assiste ébahi, écarquillant les
yeux, au spectacle de quasiment toute une salle, y compris le préfet
et le ministre effectuant le signe de croix « Au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit, Amen » en ouverture de la séance.
Je suis toujours stupéfait de l'exception accordée à Wallis au
principe de la laïcité. Cela ne me choque pas
car je n'ai jamais perçu de signes d'intolérance religieuse chez
les Wallisiens, mais j'imagine encore et toujours en souriant un
laïcard pur et dur, bouffeur de curés, bondissant à chaque écart par rapport à la
laïcité dans l'espace public français, ses bonds lui auraient
permis ici d'atteindre la lune ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>La
cérémonie d'ouverture : « Pasifika Lena, Pasifika Pe'ia »</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Deux
jours plus tard, c'est la cérémonie d'ouverture au stade de Kafika
le lundi 3 septembre, j'ai une invitation à la tribune officielle et
je m'y rends un peu avant 14h00, heure prévue pour le début du
défilé des délégations d'athlètes. Beaucoup d'agitation dans la
tribune, et sans nul doute de stress pour les organisateurs, car au
dernier moment de nombreux changements de places pour les invités
prestigieux se décident … Enfin le défilé des athlètes
commence. S'avance en éclaireur les représentants du premier territoire tandis que le speaker annonce : les Iles Cook, sept athlètes,
huit officiels accompagnateurs … </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Passage
des vingt délégations du Pacifique sous nos regards, occasion rêvée de réviser ma
géographie pacifiquienne : je connaissais les îles Samoa mais
j'apprends qu'il y a des Samoa américaines, je suis surpris par
l'existence d'une île de Norfolk non loin de l'Australie ainsi que
deux autres îles inconnues, Palau et Niue ; les territoires au nom
enchanteur, qui frappaient l'esprit enfant en raison de l'exotisme
attaché à leur éloignement processionnent sous mon regard, mon
esprit s'évade, embrasse dans une grande effusion l'immense
Pacifique, Kiribati, Vanuatu, Guam, Tahiti, Tuvalu, les îles Salomon
... Les plus grandes délégations avaient prévu une courte
séquence de pas rythmés, dansés et/ou de chants pour se présenter face aux tribunes.
Avec l'âge, je suis en train de devenir chauve, donc soyons
chauvins, les meilleures animations furent proposées par les
délégations francophones, Wallis-et-Futuna, Tahiti et la
Nouvelle-Calédonie, avec pour ce dernier territoire à la baguette
un Kanak en tenue traditionnelle, énergique, bondissant, survolté,
menant la troupe des sportifs avec leur cri de ralliement « Cagous
Hou, Cagous Hou, Cagous Hou Hou Hou ». Le cagou est un grand
oiseau blanc endémique de la Nouvelle Calédonie et les équipes de
sport de ce territoire s'affublent de ce surnom.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-UMFr_sN1l-g/UjbCEk6dL7I/AAAAAAAAAhY/f4kwRp8CqoM/s1600/P1030741.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-UMFr_sN1l-g/UjbCEk6dL7I/AAAAAAAAAhY/f4kwRp8CqoM/s400/P1030741.JPG" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Cagou
Hou Hou Hou</span></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Après
avoir défilé, les athlètes se dirigeaient au centre du stade, le
soleil brillait de tout feux, de toutes flammes, en plein éclat ce
jour là. Ils ont été obligés de patienter en plein cagnard alors
que commence le deuxième temps de la cérémonie, celui des
discours. Je considère que ce fut la seule fausse note de la fête
car les discours du ministre des Outre-mer, du président fidjien du
Conseil des Jeux du Pacifique et du président du comité de
Wallis-et-Futuna s'éternisèrent près d'une heure avec une
traduction à chaque fois français-anglais.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-qJig6iOb3YM/UjbCTeoPcxI/AAAAAAAAAhg/Hv8Kzo74Yzg/s1600/P1030780.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-qJig6iOb3YM/UjbCTeoPcxI/AAAAAAAAAhg/Hv8Kzo74Yzg/s400/P1030780.JPG" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Le
discours de Victorin Lurel</span></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Je
compatissais à la situation de ces athlètes attendant patiemment
sous un soleil-massue, un simple « Je déclare l'ouverture des
neuvièmes mini Jeux du Pacifique » aurait largement suffi. Un
peu plus de considération pour les sportifs, foin de la politesse,
des courbettes et salamalecs …</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">La
flamme symbolique, constituée d'une sculpture en bois en forme de
flamme a été brandie à travers une haie d'honneur par le champion
du monde handisport de lancer de javelot wallisien Tony Falelavaki et
le drapeau des jeux a été hissé. Troisième temps de la cérémonie,
le spectacle d'accueil constitué par des danses de village relatant
l'histoire de Wallis, ses légendes et la diversité de ses
traditions. Les danses mêlaient tradition et modernité, elles
étaient beaucoup plus rythmées, dynamiques, enjouées que ce que
j'ai eu l'habitude de voir jusqu'ici, un chorégraphe wallisien venu
de Nouvelle Calédonie avait opéré une touche d'innovation
rafraîchissante. La mise en scène suivait les grandes étapes de
l'histoire du territoire : les contes et légendes qui façonnent la
culture, la venue des premiers Tongiens, l'apparition des missionnaires
français, le changement du statut en 1961 avec l'adhésion à la
citoyenneté française. Point d'orgue du spectacle, quelques
Tongiens sont venus se mêler avec leur drapeau aux danses évoquant
les batailles du passé, en ferraillant avec des lances en bois avec
leurs amis Wallisiens qui avaient tenu à rappeler leur ascendance
tongienne. Les athlètes de Tonga avaient fait une arrivée remarquée
quelques jours auparavant en venant en bateau de leur île pour
rappeler que les premiers Wallisiens étaient de leur souche. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-iwi5RaX7my0/UjbCf0u18WI/AAAAAAAAAho/TRrhPs4Xpu8/s1600/P1030790.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-iwi5RaX7my0/UjbCf0u18WI/AAAAAAAAAho/TRrhPs4Xpu8/s400/P1030790.JPG" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Les
danses de la cérémonie d'ouverture</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Slogan
des Jeux : « Pasifika Lena, Pasifika Pe'ia » « Le
Pacifique Autrement, le Pacifique Simplement » à l'image de la
cérémonie.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>La
danse de la victoire et de la joie</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">J'ai
essayé d'assister à un maximum de manifestations sportives. Les
compétitions se sont déroulées sur quatre sites répartis sur
deux îles, le site de Futuna accueillant le beach volley. La baie de
Gahi abritait les sites de Va'a (pirogue polynésienne) et Liku celui
de la voile. Je ne m'y suis pas rendu, je ne suis pas familier de ces
sports. Je suis allé quatre après-midi à Kafika, le cœur des mini
Jeux avec le stade pour l'athlétisme et le rugby à 7, la nouvelle
salle omnisport pour les matchs de volley et l'ancienne salle pour
le taekwondo et l'haltérophilie.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Mercredi
4 septembre, deuxième jour de compétition, je suis au stade en
début d'après-midi. J'ai la surprise d'assister à la finale
handisport du 100 m, je suis étonné par l'intégration de ces
sports dans les épreuves. Je soupçonne les malicieux organisateurs
wallisiens d'avoir incorporé quelques épreuves réservées aux
handicapés dans le but de s'assurer une médaille d'or puisque
Wallis a un champion du monde de lancer de javelot handisport.
Toutefois, à la réflexion, j'ai trouvé cette idée fantastique,
je me suis demandé si cela ne pouvait pas être généralisé aux
Jeux olympiques d'intégrer une ou deux épreuves pour personnes
handicapées au sein des épreuves traditionnelles. Deuxième
surprise, la course mêlait différents handicaps. Lutte farouche
pour la première place entre un néo-calédonien aveugle accompagné
d'un guide et un autre néo-calédonien sans doute atteint d'un
handicap mental, avant que le premier se détache nettement dans les
trente derniers mètres pour terminer en 12 ' 58, temps que je trouve
remarquable.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Deux
heures plus tard, je revenais au stade pour assister à la cérémonie
de remise des médailles, la joie de ces Néo-calédoniens handicapés
était débordante, communicative. Lorsqu'ils s'approchent des
gradins, une grande clameur s'élève des tribunes, ils commencent à
secouer le corps de manière frénétique, improvisent quelques pas
de danse encouragés par la colonie néo-calédonienne, le cri de
guerre « Cagous Hou, Cagous Hou, Cagous Hou Hou Hou »
résonne tandis que les deux compères bondissent, ivres de
l'allégresse des vainqueurs.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-CU2CjmpBAbo/UjbCvrH2rXI/AAAAAAAAAhw/T88zoC5b7bQ/s1600/P1030823.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://4.bp.blogspot.com/-CU2CjmpBAbo/UjbCvrH2rXI/AAAAAAAAAhw/T88zoC5b7bQ/s400/P1030823.JPG" width="300" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Cagou,
Où ? Ivre de joie sur terre ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>Fort
comme un Papou ; Rapide comme une Papoue</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Dans
l'après-midi, je me dirige vers l'ancienne halle de kafika pour
assister aux épreuves d'haltérophilie. S'y déroule l'épreuve
homme des – de 77 kgs, seuls les trois derniers finalistes sont
présents dans l'épreuve d'épaulé-jeté. L'athlète Toua UDIA de
la Papouasie Nouvelle Guinée affronte un champion de Kiribati et un
autre de Tuvalu. Je prends en mon for intérieur parti pour le Papou,
nom à la consonance dans mon esprit aussi mythique que le Masaï
d'Afrique Noire. </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Extraordinaire
concentration des visages au moment où ils entrent en scène. Ils
s'encouragent par des petits cris, leurs entraineurs les haranguent
jusqu'au dernier moment, on sent qu'un état de transe commence à
les envahir, un souffle intérieur les habite, une foi les mène au
combat final contre les autres pour la victoire, certes, mais avant tout à la lute contre
soi, avec soi, pour soi. Ils tentent de soulever la barre dans un immense élan qui
dynamite toutes les particules de leur corps, ils se glissent sous la
barre sous les clameurs du public. Un léger fléchissement des
jambes et Ho-hisse, les voilà tentant de soulever la barre aux
cercles lourds comme des enclumes, le visage tendu par la volonté
farouche de vaincre la pesanteur, la loi de l'espace qui s'abat sur
chacun d'entre nous. A la troisième tentative pour soulever la barre
de 150 kilos qui pouvait lui assurer la victoire finale, le Papou
arrive à tenir quelques secondes 1 … 2 … 3 </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-6A-J2bJITaA/UjbC9P20SpI/AAAAAAAAAh4/87Qx_LN8AOY/s1600/P1030807.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-6A-J2bJITaA/UjbC9P20SpI/AAAAAAAAAh4/87Qx_LN8AOY/s400/P1030807.JPG" width="300" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Papou,
Où ? Ivre de joie jusqu'au ciel ...</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Et alors
que le champion trépignait de bonheur sur la scène, je me demandais
s'il était père, s'il pouvait partager ce plaisir avec une
progéniture palpitant aux exploits de champion de leur papa Papou ;
Papou papa ou Papou pas papa ?</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br />
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Après
le lever de drapeau, je reviens vers le stade où se tiennent les
compétitions de vitesse du 100 mètres homme et femme. Je suis
particulièrement impressionné par la Papoue Toea WISIL qui déboule
la ligne comme une fusée, en donnant l'impression de laisser sur
place dès le départ les autres concurrents et gagne avec une facilité
déconcertante l'épreuve reine des 100 mètres. Le niveau de ces
mini Jeux était très variable selon les épreuves : à titre
d'exemple, le 10 000 m masculin a été gagné avec un temps
légèrement inférieur à 35 minutes ce qui place cette épreuve à
un niveau départemental en métropole, j'ai participé à de
nombreuses épreuves amateurs en Alsace où le temps du vainqueur est
largement inférieur à cela. Par contre, la championne papoue a un
meilleur temps de 11'41 au 100 mètres, ce qui la place à un niveau
de quart ou demi-finaliste des Jeux Olympiques. Elle était
impressionnante, d'une musculature diamantine taillée pour griffer
la terre, l'écorcher vive, la brûler. </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-O-V2MnF2_rQ/UjbDKfwiHjI/AAAAAAAAAiA/2XfwE3jDf8k/s1600/P1030878.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://2.bp.blogspot.com/-O-V2MnF2_rQ/UjbDKfwiHjI/AAAAAAAAAiA/2XfwE3jDf8k/s400/P1030878.JPG" width="300" /></a></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Toea
WISIL : V comme Victoire</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br />
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;"><b>Où
l'on se rend compte que notre héros (euh ...c'est moi...) est
dépositaire d'une mine de connaissances Bouuum</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br />
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">Je
suis revenu à l'ancienne halle de Kafika, le championnat
d'haltérophilie avait pris fin, une atmosphère d'être-ange
quiétude flottait dans la salle désormais muette, déserte ; la
barre et les haltères trônaient en plein milieu de la scène dans
un silence aspirant l'espace, absorbant le temps, semblant attendre
une dernière et fraternelle communion.</span><br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">J'ai
entendu en moi la voix intérieure du combat, du besoin de défi
intrinsèque à l'homme qui retentissait comme un gong, une cymbale
éclatante, qui me disait d'un ton allègre : « Mesure-toi au
Papou, tu es capable de le vaincre ... » Crôa, Crôa, comment
est-ce possible, me direz-vous, que moi si faible, quantité
négligeable sur terre je sois en mesure de le vaincre ? Mais
impossible n'est pas alsacien, impossible n'est pas wallisien,
impossible n'est qu'un terme de la langue française et vivant
maintenant éloigné de la métropole, au milieu de mes congénères
autochtones Obélix de Wallis, je pressentais que je pouvais essayer
de combattre et de vaincre ces haltérophiles musculeux,
surentraînés, au torse surpuissant. Une certitude totale, absolue,
intime s'immisçait en moi, m'envahissait puisque moi seul détenait
la connaissance suivante :</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">« Je
suis dans l'hémisphère sud. Observez attentivement un globe
terrestre, vous serez frappés par le fait irréfutable, clair,
indubitable que dans l'hémisphère sud, nous vivons forcément avec
les pieds en haut, la tête en bas dirigé vers le ciel. Or tout
objet est attiré vers le bas, vous en avez fait maintes fois
l'expérience dans votre vie, ce principe de vie est aveuglant. En
conséquence, si je soulève la barre du sol, elle sera forcément
attiré vers le bas, c'est à dire le ciel. » CQFD.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<br />
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">L'avantage
que j'avais sur les trois finalistes, c'est que j'avais eu une vie
antérieure de nordiste alors que vivant continuellement dans
l'hémisphère sud, une telle connaissance ne les avait jamais
interpellés, ils vivaient insouciants en se laissant bercer par la douce naïveté du
mythe de la gravité. J'enlève mes chaussures, et pieds nus je me
dirige avec assurance vers les haltères. Je rajoute un disque de
25 kgs de chaque côté aux 150 kilos de la barre soulevée par le
Papou pour la porter à deux quintaux, je fixe avec le petit collier l'ensemble des disques. Je
prélève au passage un peu de magnésie, poudre blanche miraculeuse,
sur les mains, m'en frotte énergiquement les mains, les grains de
poussière dansent autour de mes paumes … Je pousse un petit
hurlement d'encouragement avant de ployer mes genoux. Je noue mes
mains, crispe mes poings autour du cylindre. Dans un immense cri Hi
Han ; première tentative … Rien à faire, rien ne bouge … Je
pense que je n'y ai pas mis toute mon âme, tout mon cœur, je me
remobilise, me concentre … Hi Han ; deuxième tentative, mon visage
se convulse sous l'effort, mes bras se tendent, je frôle le ridicule
… Ai-je douté de mes forces, aveuglé par ma certitude, mon
orgueil d'expert de l'apesanteur et de la lourdeur m'a-t-il aveuglé?
Je ne me décourage pas, tant pis, le ridicule ne tue pas, je me dois
de faire une dernière tentative. Mais juste avant celle-ci,
illumination en moi, traversée du sabre de l'intuition en plein cœur
… Certes, je détiens cette connaissance, mais la barre le
sait-elle, les moindres atomes qui la constituent en savent-ils
quelque chose ? Vous conviendrez avec moi qu'un savoir, s'il n'est
pas transmis, enseigné autour de soi n'est rien qu'une coquille
vide, une noix sans coco, une perle sans huitre. Les particules
d'acier ignoraient ma démonstration de cette loi fondamentale de
leur nécessaire attirance vers le bas et le ciel dans l'hémisphère
sud, elles sont plongées dans l'ignorance, fléau de l'humanité.
J'impose à nouveau avec douceur, tendresse mes mains sur la barre,
je divulgue mes explications sur le tableau multicolore de
l'imagination, je diffuse par vibrations, par pulsions mes
explications rationnelles, paisibles à chaque particule de la
matière, sans négliger aucune d'entre elles, la myriade de
milliards d'atomes d'acier m'écoute pieusement, élèves obéissants,
en silence ... </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">Dernier
souffle avant la dernière tentative, râlement, gémissement Hi Han
… Fabuleuse poussée de la matière, mon idée première était de
soulever la barre en épaulé-jeté, en deux temps mais l'élan est
tel que je peux l'arracher directement, le brandir à bout de bras.
Tous mes muscles du bras sont tendus par l'effort, la contraction
fige mes membres, mes muscles, mon visage. Je tiens quelques moments
: Une ... deux ... trois secondes, j'exulte, c'est la victoire tant
désirée, je m'écarte de la barre pour qu'elle puisse retomber sur
le sol. Mais la barre continue à flotter, commence même lentement à
s'élever vers le bas, vers le ciel ... Je tente de l'attraper, de
m'y agripper, de lui intimer l'ordre de redescendre, mais enivré par
la nouvelle connaissance que je leur ai offerte, voilà que la barre
zélée, les disques disposées comme des ballons autour du cylindre
continuent leur invincible élévation, obéissant à l'idée fixe
première que je leur avais communiqué. Je dois relâcher mon
étreinte à deux mètres du sol, je retombe brusquement sur
l'estrade Ouf je respire enfin les deux pieds sur terre. Ainsi, il
faut bien le dire, que le cul ;-)</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"><span style="font-weight: normal;">Jusqu'à
quand, jusqu'où la barre allait-elle continuer son périple
instructif ? La barre s'approche du plafond de la salle, le heurte et
… Boum … Mine en plein ciel, elle explose en éclats infimes, en
limaille d'acier qui se répand comme une pluie fine dansant dans la
salle la gigue du ciel, la valse ivre du bas de l'hémisphère sud.
Aux particules tournoyant dans les airs, je criais : « N'exagérez
rien, il faut toujours en toutes circonstances garder les deux pieds
sur terre » « Nous n'avons pas de pieds » me
répondirent-elles.</span></span></span><br />
<br /></div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-39678520280438835432013-09-08T19:28:00.003+12:002014-06-13T20:42:12.064+12:00Montres, Fusils et Flammes<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Tic
Tac Tic Tac Tic Tac</b></span></span><br />
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">On ne nait pas inspecteur
des finances publiques, on le devient … Personne ne rêve enfant
d'occuper de telles fonctions, ce ne fut pas un aboutissement mais je
fais le job comme dirait le pauvre Job et au final, je suis heureux de réaliser ce
travail. Je fais partie de la grande famille de ce que les Évangiles
appellent « les collecteurs d'impôts et autres gens de
mauvaise réputation » avec dans cette dernière catégorie une
assimilation fréquente aux prostituées ;-)</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">J'ai pris conscience
alors d'être un rebelle, mon cœur ensauvagé, insoumis de
fonctionnaire chante depuis à tue tête la chanson de Georges
Brassens :</span></span>
</div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Au village, sans
prétention,<br />J'ai mauvaise réputation.<br />Qu'je m'démène ou
qu'je reste coi<br />Je pass' pour un je-ne-sais-quoi!<br />Je ne fais
pourtant de tort à personne<br />En vous prél'vant ça et là des
petites sommes ;-)</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Au sens strict, je n'ai
jamais contrôlé les feuilles d'impôt de quiconque, mais j'ai
exercé des tâches qui participent à la fonction coercitive
redoutée du contrôleur puisque j'ai signé des états de poursuite
remis aux huissiers, des saisies de compte bancaire ou employeurs.
Une des expériences les plus attrayantes a été d'assister à une
vente aux enchères en métropole. C'était au tout début de ma
carrière d'inspecteur lors de la période de stage avant la prise de
fonction. L'huissier du Trésor public avait saisi les biens d'un
mauvais payeur dans une ville au Nord du Bas-Rhin, qui exerçait une
profession libérale en profitant de la proximité de l'Allemagne
pour y développer sa clientèle sans payer d'impôts ni en Allemagne
ni en France. De mémoire, son ardoise constituée du principal et de
pénalités, accumulée sur plusieurs années et plusieurs types
d'impôts, avoisinait les 100 000 euros. Parmi ces biens, des meubles
d'assez grande valeur, des tableaux, du matériel Bang et Olufsen qui
s'est vendu à un prix très élevé et deux montres de qualité,
dont l'une de marque Jaeger et Lecoutre modèle Reverso. L'huissier
n'était pas certain de l'origine, c'est pourquoi il avait mis sur
l'annonce de la vente qu'il s'agissait de montres « signées »
de marque. Ces deux montres constituaient l'attraction principale de
la vente, j'ai été chargé de les garder dans mes poches pour
éviter tout vol et les montrer au fur et à mesure aux éventuels
acheteurs venus inspecter leur qualité. J'ai discuté avec ces
personnes qui étaient passionnés par l'univers de la montre,
domaine qui m'est rigoureusement étranger. Avec une petite loupe,
ils examinaient chaque parcelle de ces mécanismes délicats,
vérifiaient le poids, le numéro de série à l'arrière. Ils m'ont
tous garanti qu'il s'agissait bien d'originaux, que ce n'étaient pas
des contrefaçons.</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le mécanisme de la vente
aux enchères est passionnant, il met à nu le mécanisme fondamental
psychologique de l'homme du désir mimétique, il organise une lutte
feutrée, disciplinée par lequel on tente d'acquérir un bien sous
le regard d'autres personnes, d'autres inconnus qui peuvent se
transformer en quelques instants en adversaire acharné, avide de
triompher de la compétition. La vente avait attiré une foule
nombreuse de curieux grâce à l'encart dans le quotidien local. Les
enchères sont montées très vite. J'ai été impressionné par le
prix de vente final des biens audio et vidéo Bang et Olufsen assez
proche finalement du prix du neuf alors que nous le vendions sans
aucune garantie de fonctionnement. La vente exerce un effet
euphorisant, grisant, il était clair que les acheteurs se laissaient
entraîner dans une spirale d'achat effréné, ne voulant pas céder
à la volonté de celui qui enchérissait dans le même tempo, en
dépassant largement la limite qu'ils s'étaient imposés en début
de séance. </span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Même topo pour les
montres, du chœur des spectateurs en rang debout en face de
l'huissier faisant office de commissaire-priseur s'extrayaient
rapidement quelques enchères qui au début se succédaient en
rafale. S'imposent trois, quatre demandeurs qui au final se réduisent
à une compétition à deux, un face à face. Les enchères montent
progressivement mais parfois, pour impressionner l'adversaire, l'un
surenchérissait brusquement, d'un bond impressionnant sans doute au
niveau du prix qu'il s'était secrètement fixé au départ, histoire
de démontrer sa détermination. Mais l'atmosphère était
surchauffée ce jour là, aucun ne s'en est laissé compter, après
un léger temps d'attente, d'hésitation, la voix, le regard qui
semblait en voie de capituler calmement proposait une nouvelle
offre. Croisement des regards, détermination sans faille dans l'iris
... Va-t-il enfin céder ? … Poids du regard curieux des autres sur
soi ... Désormais je suis démasqué, mon désir est sur la place
publique, je suis à découvert, nu, je ne peux plus reculer, je dois
continuer … Course folle jusqu'à l'extinction … Les deux montres
ont été vendues pour un total avoisinant 3000 euros. </span></span>
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Les adjudicataires sont
venus récupérer leurs biens à l'issue de la vente.
Prestidigitateur sublime Abracadabra j'ai sorti les montres de la
poche de ma veste, j'ai failli les faire disparaître, les
volatiliser dans l'air mais au dernier moment armé d'une immense
bonté je les ai offertes à leurs nouveaux propriétaires ;-)</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Bang
Bang Bang</b></span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Arrivé à Wallis, les
expériences originales se sont multipliées. Le maître mot est ici
la polyvalence et non la spécialisation comme en métropole. L'une
de mes activités est d'organiser la vente des biens de l'État
sortis de l'inventaire, en majeure partie des véhicules. Jusqu'en
2011, le système des ventes publiques s'est organisé autour de
propositions d'achat par soumissions cachetées avec ouverture des
plis en commission d'attribution. Ce dispositif présentait de
nombreux inconvénients, parmi lesquels l'absence de transparence,
nous sommes passés au principe des enchères verbales directes. Par
rapport à la métropole, certains des biens mis en vente peuvent
être vraiment dans un état désastreux en raison du mauvais état
des routes, de l'humidité de l'air et de la corosité de
l'atmosphère salin mais compte tenu de la rareté des biens, ils ont
encore une valeur sur le marché. La vente permet de libérer
l'espace public de ces carcasses très rapidement remises en état par
les acheteurs après la vente ou utilisées pour les pièces
détachées.</span></span>
</div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-pBW7uJuFw1A/UiwlsnOiCjI/AAAAAAAAAgg/6tk9zwCx7eA/s1600/Tracteur.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-pBW7uJuFw1A/UiwlsnOiCjI/AAAAAAAAAgg/6tk9zwCx7eA/s400/Tracteur.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Tracteur mis en vente</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La volonté de
transparence s'est retourné un jour contre nous. Nous avions mis en
vente un véhicule en bonne qualité, une Suzuki Vitara, modèle
populaire sur l'île, puis à la suite de la demande d'un service de
l'Etat qui souhaitait le récupérer, nous l'avions retiré de la
vente qui se déroulait à 14 heures ce jour là. Le Payeur qui
organisait les enchères annonce le retrait de ce véhicule, les
esprits s'échauffent, certaines personnes le menacent verbalement,
l'accusent de favoritisme envers « les papalanis », les métropolitains, alors
que selon nos informations il devait être remis en qualité de
véhicule de service à un Wallisien travaillant dans
l'administration … A la suite de cet épisode, nous avons décidé
d'organiser les ventes le matin et non plus en début d'après-midi
car les deux ou trois personnes agressives étaient visiblement
éméchées après un repas arrosé. Cette vente constitue pour le
moment l'exception qui confirme la règle, car toutes les autres se
sont déroulées dans un esprit respectueux et cordial.</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La vente la plus
originale a eu lieu à Futuna, île distante de 250 kms de Wallis.
Première source d'originalité : nous avons vendu une tonne à
lisier, particulièrement utile dans ces contrées où le cochon est
roi, ainsi qu'un tracteur qui avaient été laissées en pleine nature.
Nous avions demandé aux travaux publics de ramener l'ensemble des biens dans
leur garage mais compte tenu de la place et de l'état des engins, cela avait été impossible.
Ils se trouvaient dans un léger virage d'une route qui montait vers
les sommets de Futuna, je n'arrivais pas à les distinguer sous
l'amoncellement de la végétation drue qui avait recouvert les
carcasses métalliques.</span></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-qTEHctI5gVU/UiwmAzAA9WI/AAAAAAAAAgo/tNwaCJLHKTQ/s1600/Nature+tonne+%C3%A0+lisier.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-qTEHctI5gVU/UiwmAzAA9WI/AAAAAAAAAgo/tNwaCJLHKTQ/s400/Nature+tonne+%C3%A0+lisier.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Tonne à
lisier </span></span><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">en tenue de camouflage
...</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Malgré cela, les biens
se sont vendus, à un tarif tout à fait correct. Et dès
l'après-midi, les Futuniens étaient à pied d'œuvre pour
débroussailler aux alentours des véhicules et les remettre en état de marche.</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Autre source
d'originalité : la vente d'armes saisies par la Douane. Les biens
doivent être déclarés à l'entrée sur le territoire et les taxes
douanières peuvent être très lourdes. En cas de non paiement, ils peuvent être mis aux enchères pour l'acquittement des taxes.
C'était la première vente d'armes que nous effectuions, la rumeur
que l'on proposait des carabines a fait le tour des deux îles.
J'avais dû informer de nombreuses personnes à Wallis qui avaient la
possibilité d'enchérir par proposition écrite. Les acheteurs
devaient déposer une demande de port d'armes dans les conditions
habituelles, les carabines étant particulièrement prisées pour la
chasse de roussettes. J'étais fasciné par ces quatre armes, je les ai
touchées, soupesées, je n' ai jamais manipulé des fusils ailleurs
que dans les fêtes foraines. Léger frisson quand vous les prenez en
main, symbole de la puissance mais aussi de la mort …</span></span>
</div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-PQog9eSAJCM/UiwmYf47QVI/AAAAAAAAAgw/o5Hsbgt-kis/s1600/Armes.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-PQog9eSAJCM/UiwmYf47QVI/AAAAAAAAAgw/o5Hsbgt-kis/s400/Armes.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Les armes de Futuna</span></span></div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">A Futuna, les ventes
mobilisent une dizaine de personnes au maximum, en règle
générale des professionnels, des garagistes. Du fait de la présence
des fusils, une masse d'une quarantaine de curieux se pressaient. Les
enchères ont démarré à un niveau élevé du fait de l'existence
de propositions écrites de Wallis pour chacune des armes, mais elles
sont tout de même montées rapidement jusqu'à l'enchère finale,
qui a retentit comme une dernière salve dans le garage.</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Pschiiit
…</b></span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Autre expérience
pédagogique et ludique, celle du stage Incendie dans le cadre de la
prévention aux risques réalisé dans le cadre du travail. Je trouve
sidérant d'avoir dû aller à Wallis pour bénéficier d'un tel
stage qui pourrait être obligatoire en métropole, ainsi que le
stage de secourisme que je viens de faire dans le cadre de la
plongée.</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">C'est évidemment la
pratique qui est le plus intéressant dans ce cadre. Nous sommes
venus en début d'après-midi à la caserne des pompiers. </span></span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/--5KJLdFbHIU/UiwmnrRVKbI/AAAAAAAAAg4/LIhn_Gy4LDA/s1600/Formateurs+pompiers.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/--5KJLdFbHIU/UiwmnrRVKbI/AAAAAAAAAg4/LIhn_Gy4LDA/s400/Formateurs+pompiers.JPG" height="400" width="233" /></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Les deux formateurs
pompiers</span></span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ils nous ont rappelé les
principaux éléments du cours théorique, les classes de feu, les
différents types d'extincteurs, la conduite à tenir en cas de
propagation de l'incendie. Ils ont mis le feu à une carcasse de pneu
qui brûlait constamment comme un amour obstiné, inextinguible, et qui se rallumait lentement
à chaque fois que l'on arrêtait de braquer l'extincteur dessus.
Hop, voilà, c'est mon tour ; j'ai dégoupillé l'extincteur comme
une grenade et les dents serrées, je me suis mis en position de
combat avec mon extincteur bazooka. Redoutable, invincible guerrier,
les yeux tendus vers la cible, je me suis approché du feu dans un grand cri de guerre …..</span></span></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-mYPByI43Uwk/Uiwm3OvcTPI/AAAAAAAAAhA/8xqpAsGoPl4/s1600/Extincteur.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-mYPByI43Uwk/Uiwm3OvcTPI/AAAAAAAAAhA/8xqpAsGoPl4/s400/Extincteur.JPG" height="307" width="400" /></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Banzaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii</span></span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-67399969932205488572013-06-13T12:00:00.000+12:002020-02-13T00:54:51.247+12:00Requiem pour Ismail<div style="text-align: right;">
<i><span style="font-size: xx-small;">O
mon père ! Est-ce toi que je sens en moi-même ?</span></i><br />
<i><span style="font-size: xx-small;">As-tu
pouvoir de vivre et de vaincre la mort ?</span></i><br />
<i><span style="font-size: xx-small;">Gérard
de Nerval, Le Christ aux oliviers</span></i></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>« Yakamoz »</b></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Aujourd'hui, j'ai l'âge
de la mort de mon père, Ismail, quarante-trois ans et vingt sept
jours.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ce n'est pas le prénom
qui figure sur son acte de naissance, pour l'état civil c'était
Şahismail. Il n'aimait pas celui-ci, avec la présence de ce préfixe
venu d'Iran (Chah ou Shah) désignant un monarque dans cette langue.
Il racontait parfois l'histoire familiale de la transformation de son
prénom car il devait normalement porter celui d'Ismail puisque
autrefois, dans les familles turques traditionnelles, le choix du
prénom des enfants qui naissent était souvent un privilège dévolu
aux anciens et que sa grand mère Emine avait exigé de son fils Ali,
le père de mon père, de nommer son ainé Ismail. Elle avait été
mariée une première fois à un homme qui portait ce prénom mais il
mourut peu de temps après, elle avait été contrainte de se
remarier au père d'Ali. Elle gardait un souvenir attendri de son
premier mariage et souhaitait perpétuer son souvenir mais cela
plaisait moyennement à son fils de devoir donner le prénom de cet
homme qu'il considérait comme un étranger à son propre enfant. Il
se rend à l'état civil et de manière malicieuse rajoute le préfixe
« Şah » pour exprimer sa désapprobation du choix
maternel, son désir de liberté par rapport à cette coutume
contraignante. Toutefois, mon père fut appelé Ismail par sa
grand-mère, au sein de sa famille, tous ses amis ne le connaissaient
qu'ainsi ; la volonté d'Emine de célébrer la fidélité de son
cœur s'imposa envers et contre tout. C'est ainsi qu'il résonne en
moi.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ce n'est pas son âge
exact, il devait sans doute être plus vieux à sa mort. Mon
père est né officiellement un premier janvier mais c'est une date
fictive comme pour de nombreuses personnes nées dans un
univers rural très pauvre en Turquie vers le milieu du siècle
dernier. Le chef-lieu du canton où la naissance devait être
enregistré était éloigné du village de naissance, les paysans de
cette Turquie qui est encore un pays largement sous-développé, où
l'illettrisme est la règle, ne s'y rendaient qu'à de rares
occasions. Ils ignoraient la date du jour, le calendrier était
composé pour eux du temps de la terre, des semailles, des récoltes,
de la succession du temps ensoleillé, du vent, de la pluie et de la
neige, de la substance même du monde. Ils attendaient souvent que
l'enfant ait survécu une première année, voire une deuxième
avant d'aller faire un détour par l'état civil, le déclaraient
comme venant de naître au premier jour de l'an par
souci de simplification, pour éviter tout tracas avec les
fonctionnaires qui sans doute n'étaient pas dupes. Je ne peux que me raccrocher
à sa date de naissance officielle pour calculer son âge à sa mort
dans l'ignorance du vrai jour de sa venue au monde.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mon père : ombre illuminée toujours vive en moi,
plus de vingt-trois ans après son départ. Il était une figure
d'autorité pour moi, crainte, respectée mais ce n'est pas une ombre
menaçante, je sens sa présence douce ondoyer en moi comme un océan
chatoyant, aux éclats veloutés miroitant sous la pleine lune. Caresse, frémissement de la lumière lunaire qui plonge dans l'eau, s'entremêle aux profondeurs
aquatiques et rejaillit aussi se répercuter vers l'espace, y déploie
un feu d'une délicatesse infinie, ténu et pourtant immense,
apaisant ; les vibrations qui se déploient de cette source lumineuse
entremêlée aux mouvements ondulants de l'eau m'effleurent, se
diffusent, grandissent en moi, deviennent part intégrante de mes
organes, cœur et battements, poumons et souffle, cerveau et âme. Il
git désormais dans un cimetière à Ankara, son corps décomposé
est venu nourrir, embrasser dans une ultime étreinte cette terre
turque, amoureuse fidèle qu'il aimait tant. Évanouissement de la
chair, retentissement de l'esprit éternel.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Entre
deux accidents</b>
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Souvenir de sa mort ...
Il se rendait aux fiançailles de la fille d'un ami et j'étais resté
à la maison, appréciant peu ces réjouissances impersonnelles, avec sa permission et même sa bénédiction, car il était légèrement en froid avec cet ami mais se sentait obligé d'y aller par politesse.
N'ayant pas le permis, il prend place pour se rendre à la mosquée
dans la voiture d'un fou du volant, petit coq ivre de puissance
venant de s'acheter une grosse cylindrée, qui s'amuse à rouler à
toutes blindes au centre-ville. Cet imbécile grille un feu rouge, heurte une
voiture qui veut tourner vers les quais, la voiture s'encastre dans
un poteau près d'un restaurant. Les autres occupants de la voiture
s'en tirent sans dommage, lui seul à l'arrière est dans un grave
état, l'équipe d'urgence venu sur les lieux tente à plusieurs
reprises de le réanimer. </div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ma mère est revenue de
la fête qui n'avait pas été interrompu, les hommes et les femmes
étaient séparés comme c'est le cas dans les familles
traditionalistes, elle n'est au courant de rien. Retentissement de la
sonnerie d'un téléphone, nous apprenons que notre père vient
d'avoir un accident, nous n'en connaissons pas encore la gravité,
nous devons nous rendre au centre de traumatologie
d'Illkirch-Graffenstaden. J'accompagne ma mère, j'explique à
l'accueil de l'hôpital la raison de ma venue, la personne passe un
coup de fil, je la vois écarquiller les yeux, lever son regard vers
nous avec un voile de tristesse et d'inquiétude. Nous passons dans
une pièce où la mauvaise nouvelle nous est annoncée. Éclatement,
déchirement en sanglots, une infirmière me prend contre elle, et là
pour la seule fois de ma vie, j'ai une légère attaque de
tachycardie, je sens mon cœur accélérer de manière impérieuse
dans ma poitrine, je sens même la peau se soulever, vibrer de
manière frénétique. Je dois me coucher sur le sol, respirer à
longues gorgées pour que le calme revienne en moi. Les médecins
nous expliquent qu'au moment où les urgences sont arrivés sur
place, ils récupéraient le pouls en tentant de le réanimer, mais à
chaque fois en vain car le cœur de mon père s'arrêtait à nouveau,
ils ont dû finalement constater sa mort clinique. Son esprit a été
incapable de passer pour une deuxième fois la barrière du feu, de
la souffrance insoutenable car il avait déjà connu un accident
terrible seize années auparavant alors qu'il venait tout juste de
nous faire venir de Turquie pour le regroupement familial.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Il n'a pas encore trente
ans, il se rendait un matin au travail en vélo. Il tourne à gauche
lorsque déboule dans cette rue une voiture contre laquelle il se
fracasse, il passe par dessus et son crâne heurte durement à la
fois la voiture et le macadam, il sombre dans le coma. Souvenirs
imprécis ; je n'ai que quatre ans à l'époque. Je me souviens de
l'effet dévastateur sur la famille qui a failli se disloquer
totalement à la suite de ce drame. Il en a gardé une infirmité
toute sa vie, une perte des sensations, des goûts, une difficulté à
réfléchir, des problèmes de mémoire et surtout une perte de
l'élan vital, de la dynamique qui le caractérisait. Il s'amusait
parfois à me faire palper sa tête cabossée pour que je puisse
sentir les cicatrices de l'opération, je plongeais ma main dans ses
cheveux, je sentais, légèrement effrayé, sur la paume de mes
doigts le long du sommet de son crâne des abîmes vertigineux, crevasses aux bords
rugueux, des points de suture, des nœuds qui stoppaient mon
cheminement. </div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ces deux chocs funèbres
sont pour moi les deux immenses portes de l'enfance sous l'égide de
mon père. Premier choc, première porte : le poids de la fragilité
humaine m'apparaît en tout éclat mais mon père revient
miraculeusement de la mort, échappe à la grande faucheuse pour me
recouvrir tendrement de son ombre. Deuxième choc, deuxième porte :
je suis désormais seul à porter ce fardeau.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Mélancolie
et faiblesses</b>
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Dans les
souvenirs pêle-mêle attachés à mon père flotte en moi le sentiment de
tristesse, d'inaccomplissement que je percevais émanant de lui. Il
traînait un sentiment d'échec social qui rejaillissait dans sa vie
courante. Il avait ardemment souhaité faire des études, il en avait
largement les capacités mais il avait dû arrêter vers treize ou
quatorze ans lors de l'enseignement secondaire, pour des raisons
essentiellement liées à la grande pauvreté de sa famille même si
une obscure historiette amoureuse avec la fille d'un notable,
réprouvée par les proches de la famille de celui-ci, semble avoir
servi de catalyseur pour l'abandon de la scolarité. Il était
définitivement fait pour réaliser des tâches intellectuelles, il
l'aurait fait dans un monde où il aurait régné un minimum de
justice sociale, d'égalité des chances, ce qui n'était pas le cas
de la Turquie dans les années soixante du siècle dernier. Il était
souvent d'une maladresse confondante quand il s'agissait de réaliser
des travaux manuels complexes. Contraint de choisir un métier manuel
à l'adolescence pour vivre puis pour subvenir aux besoins d'une
famille qui n'a cessé de s'agrandir, il s'était orienté vers le
métier de peintre en bâtiment qui est parmi les métiers du
bâtiment celui qui nécessite la plus faible qualification, où le
savoir à acquérir est minime, où seul compte essentiellement la
patience, l'ardeur à la tâche. Je l'admire pour l'accomplissement
sans fin de cette tâche rébarbative, ennuyeuse, répétitive à
l'extrême, pour la manière dont il est reparti au combat pour
reprendre ce travail qu'il détestait après son terrible accident,
avec la seule volonté d'être le soutien familial qu'il ne pouvait
pas envisager de ne pas être, alors que les médecins lui
conseillaient d'attendre mais, ainsi qu'il le disait à ma mère
« Que vont faire mes enfants si je ne retourne pas au travail
? ».</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Il était hanté par les
souvenirs de ses belles années scolaires, il parlait toujours avec
émotion de l'école, racontait ses exploits scolaires, narrait avec
fierté comment il avait un jour impressionné l'inspecteur venu
contrôler le niveau des élèves à l'école primaire en dénouant
des problèmes que n'arrivaient pas à résoudre les plus âgés de
la classe. Il racontait l'humiliation de devoir sans cesse demander
les livres qu'il ne possédait pas à ses camarades scolaires au
collège, un des premiers achats de sa vie avait été un atlas
géographique qu'il consultait toujours rêveusement. Il était
respecté par ses frères et sœurs, par ses amis pour le savoir
qu'il continuait à chérir. Je l'entendais citer des vers qu'il
avait retenus de poètes turcs tels que Yunus Emre, Necip Fazil
Kisakurek et d'autres encore devant ses amis, phrases dont je
captais rarement le sens. Il ne cessait de s'informer avec des
journaux turcs qu'il lisait avec avidité, il dévorait chaque nuit
une encyclopédie islamique vendu en supplément par un quotidien car
il était sujet à des insomnies chroniques après son accident en
vélo.</div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-VfeL7oOGuJQ/Uc_epqdAqzI/AAAAAAAAAgA/gUB-Gh47oFg/s900/P1010806.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-VfeL7oOGuJQ/Uc_epqdAqzI/AAAAAAAAAgA/gUB-Gh47oFg/s400/P1010806.JPG" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
Mère et Père</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Immense éclat dans ma
mémoire, j'ai treize-quatorze ans, je me réveille au milieu de la
nuit pour aller aux toilettes. Quand je ressors, je vois la lumière
du salon allumée, j'ouvre la porte, je le regarde un long moment, je
suis encore vaguement endormi, et les yeux mi-clos je le vois
faiblement illuminé par les deux ampoules de faible puissance ; il
est plongé dans sa lecture, le regard perdu dans son encyclopédie
comme dans les profondeurs d'un vaste océan, baignant dans cette
lueur mate aux contrastes toutefois nets, limpides, dans un
silence religieux où seul résonne en contrepoint le tambour souterrain
de mon propre cœur. Il perçoit ma présence, pose le livre, me dit
qu'il est tard, que je dois aller en classe le lendemain, qu'il doit
également se coucher. Il me raccompagne jusqu'à la porte de ma
chambre en me poussant avec douceur par l'épaule, m'effleure les
cheveux, seul geste d'effusion et de tendresse qu'il se permettait quelquefois, en me disant « Travaille bien à
l'école ». Je me rendors.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
L' accident n'a pas
seulement laissé des séquelles indélébiles sur son corps, après
celui-ci il traverse une crise identitaire profonde qui prend une
teinte religieuse. Il perd quelques amis, commence en lui une quête
intérieure et il opère une mue fondamentaliste. Son éducation
turque a mêlé une part de culture musulmane conservatrice et
d'esprit kémaliste républicain, comme dans la plupart des familles
populaires. Il a essentiellement été indécis politiquement durant
sa vie, passant de la gauche qui répondait à son sentiment
d'injustice sociale à la droite nationaliste qui épousait son amour
profond pour la Turquie. Au milieu de ce cheminement, la parenthèse
à connotation fondamentaliste a été une période pénible. Il
s'est laissé poussé la barbe et a même essayé de contraindre ma
sœur aînée à porter le voile à école. Elle a résisté, il a
vite abandonné face à sa ténacité, la volonté de ma sœur de
continuer à poursuivre ses études en toute liberté s'est imposé
envers et contre tout. En réalité, son désir de faire étudier ses
enfants, de les faire réussir là où il avait échoué était en
lui bien plus profond que cette pseudo-injonction religieuse, la
parenthèse fondamentaliste, vernis inspiré par la peur, s'est
refermé ; alors que nous allions en vacances en Turquie en voiture,
il s'est coupé la barbe en chemin.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Est-ce lié à son
accident, est-ce que cela découle d'une inaptitude naturelle
chronique à gérer le quotidien, il était dénué pour beaucoup de
choses de sens pratique, il pouvait facilement se faire escroquer, se
faire avoir par certaines personnes peu scrupuleuses. Il faisait
naturellement confiance aux personnes qui l'entouraient, qui tiraient
parti du sentiment d'amitié pour lui soutirer de l'argent au delà
du raisonnable. Comme tous les immigrés de cette génération, il
avait en lui le rêve de retourner un jour vivre en Turquie. Il
achète lors d'un voyage au pays natal un appartement avec un magasin
situé juste en dessous. Nous apprenons deux ans plus tard en parlant
avec des voisins qu'il a payé pour la boutique deux fois le prix
d'un magasin situé juste à côté, pourtant mieux situé à
l'angle et d'une superficie largement plus grande. Il l'avait acheté
à une connaissance qui se prévalait de ses liens personnels avec
mon père qui en a profiter bien entendu pour prendre ses distances avec ce
pseudo-ami. Un autre jour, il revient du travail en nous annonçant
qu'il vient d'acheter une voiture à un collègue de travail,
convaincu par ce dernier qu'il l'acquérait à un excellent prix. Ma
mère venait d'avoir le permis, mon père ne pouvait l'obtenir depuis l'accident. Nous sommes obligés d'emmener la
voiture au garage très peu de temps après, le réparateur nous
révèle que ce tacot est un véhicule gravement accidenté, il
nécessite à deux reprises des réparations très lourdes et
coûteuses. Malgré cela, la voiture fait des embardées brusques
sur la route mais mon père prétend que c'est la faute de ma mère,
qu'elle conduit mal. Un jour, nous descendons une forte pente des
Vosges en famille dans la voiture, ma mère crie, hurle, elle n'a
plus aucun contrôle sur le véhicule, nous sommes à quelques
centimètres de basculer dans la fosse, elle est obligée de ralentir
avec le frein à main. Nous arrivons tant bien que mal chez un oncle
habitant à Gerardmer mais elle refuse de reprendre place dans le
véhicule avant une inspection complète du moteur. Il s'avère que le volant de direction retenu par
quatre boulons ne tient plus que par la moitié d'un seul au bord de
la rupture, le réparateur médusé déclare que nous sommes
fous d'être venus de Strasbourg jusqu'ici. Mon père est blême,
silencieux, conscient que nous avons failli mourir. Les exemples de
sa faiblesse sont légions, je pourrais les multiplier.
Étrangement, cette inaptitude à jauger les gens, cette confiance
aveuglante qu'il donnait parfois à tort aux personnes qui se
prétendaient ses amis me le rend plus cher ; j'affectionne cette
faiblesse humaine, cet aspect velléitaire dans un monde où l'on
célèbre la réussite sociale, où tirer profit de l'autre, étaler sa force au mépris du sens élémentaire de la justice, s'en
vanter provoque l'admiration des imbéciles, je peux regarder avec fierté la conscience
de mon père comme un miroir sans tâche, poli, pur.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Mon père était d'une
rigoureuse honnêteté, je l'ai vu toujours profondément irrité,
désemparé face aux mensonges, à la mauvaise foi. Un jour, il
revient du travail, dans la colère la plus profonde qui soit,
accablé par l'épisode suivant : son chef de chantier lui avait
promis qu'en échange d'heures supplémentaires, il serait payé à
un certain montant convenu d'avance entre eux ; mon père ne ménage
pas sa peine, travaille dans les endroits les plus sales à des
heures impossibles dans la chaleur étouffante de l'été jusqu'à la
fatigue extrême, mais au moment de la réception de la fiche de
paie, le compte n'y est pas ; il se rend dans le bureau de ce chef,
lui exprime sa déconvenue, lui réclame des explications. Celui-ci
l'interroge sur le montant de la prime d'invalidité qu'il perçoit
trimestriellement de la sécurité sociale à la suite de son
accident, divise le montant par trois, le rajoute à celui inscrit
sur la fiche de paie et lui démontre ainsi qu'il a un revenu mensuel
équivalent à celui qu'il lui avait promis ; mon père indigné par
cette fourberie, humilié, froisse sa fiche de paie, le jette à la
tête de son chef en le traitant de ce qu'il était, voleur et
menteur.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Il reçoit par courrier
une mise à pied de quelques jours. Douleur de l'homme juste face à
l'hypocrisie, il ne cesse de tourner en rond, de fulminer, de
raconter éternellement avec rancœur la scène, la rumine car elle
traduit sa frustration, sa faiblesse sociale, recouvre son sentiment d'échec, son
incapacité à lutter contre la hiérarchie, à exprimer correctement
son ressentiment. Il tonne qu'il va démissionner, mais ma mère,
voix de la raison, lui rappelle la difficulté de trouver un travail,
la nécessité absolue qu'il y a de subvenir aux besoins d'une
famille nombreuse, qu'il doit s'armer de patience … Il me demande
de l'accompagner consulter un syndicat, nous sommes reçus par deux
permanents à qui il me demande de traduire son histoire. En échange
du paiement d'une cotisation depuis le début de l'année, ils
écrivent une lettre avec accusé de réception à l'employeur
rappelant les faits, expliquant posément les raisons de la colère.
Ils nous en donnent une photocopie : le contenu de la lettre est
purement administratif mais en une dizaine de lignes, la vérité est
rétablie.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Quand nous rentrons, il
me demande sans fin de lui révéler la teneur de la réponse
syndicale, je la traduis à chaque fois patiemment mais il me
sollicite avec une telle insistance qu'à la fin, n'en pouvant plus
de devoir répéter les mêmes mots, je le transcris sur une feuille
en turc pour qu'il puisse l'avoir en permanence sous les yeux. Il ne
me sollicite plus, je le vois déplier sans cesse ce papier pour le
lire avant de le replier, mais je perçois vaguement la déception de
ne plus m'entendre, d'écouter les mots de la vérité résonner
clairement dans la bouche de sa descendance, dans la bouche du
prolongement qu'il espérait glorieux de soi alors qu'il se
ressentait quantité négligeable au monde.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>La
gloire de mon père</b></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Rigoureuse honnêteté
envers les autres, chacun devait avoir son dû, ni plus, ni moins. Ni
plus : nous sortons d'une station-essence après avoir payé le plein
d'essence, il se rend compte que la personne lui a rendu la monnaie
sur un billet de 500 F et non 200 F. Il s'en assure avec ma mère qui
attend au volant, il retourne avec moi rendre l'argent à l'employée,
ébahie par le geste. Quant à moi, enfant d'une douzaine d'années,
je me dis qu'il est fou, qu'il est bête, je m'imagine toutes les
dépenses que j'aurais pu réaliser avec cette manne tombée du ciel,
mais transmission spirituelle des valeurs, je sais désormais que je
me comporterais de manière identique. Ni moins : quelques mois plus
tard, nous payons à la caisse d'un supermarché, il manque 5
centimes, il réclame avec insistance l'argent à la caissière qui
n'a pas de pièce de monnaie d'un tel montant, qui doit s'enquérir
auprès des autres collègues, que j'entends et vois auprès de
celles-ci discrètement traiter mon père de radin, alors qu'il
aurait pu selon elle ne pas réclamer une si petite somme.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<a href="http://www.blogger.com/null" name="rso"></a><a href="http://www.blogger.com/null" name="rso1"></a>
Il
était pour moi une figure crainte et respectée, une enveloppe
protectrice qui me protégeait du monde, un platane à l'ombre duquel
je mûrissais lentement, doucement. Venant d'une famille
populaire turque, il exigeait une attitude de révérence face à
lui. S'il voulait boire, nous devions lui apporter à sa demande un
verre d'eau puis nous tenir en attendant qu'il ait terminé dans une
pose équivalente à celle de la prière musulmane en station debout,
en plaçant notre main droite sur celle de gauche que l'on plaquait
au dessus du nombril. Je trouvais normal de lui ramener l'eau mais je
détestais la posture peu naturelle qu'il nous imposait,
j'accomplissais toutefois en silence sa volonté. Je faisais
l'apprentissage de l'obéissance que je considère désormais
essentiel pour accéder au bonheur, même si ce n'est pas bien
entendu la vertu suprême. Je redoutais sa colère, son attente
immense en matière de résultats scolaires. Il avait reporté sur
ses enfants son désir d'ascension sociale, il était
particulièrement exigeant pour tout ce qui touchait à l'école,
respect des maîtres, assiduité, notation. Il ne cessait de répéter
comme un mantra la maxime suivante« Oku, öğren,
ilme çalış » ce qui signifie « Lis, apprends,
travaille à la science » qu'il avait extrait d'un texte d'un
savant islamique ou d'un hadith. Il
fallait toujours viser l'excellence, être premier de la classe pour
pouvoir le satisfaire. Il regardait attentivement nos cahiers, nos
bulletins, commentait l'évolution des notes, se faisait traduire les
évaluations orales. Un jour, j'obtiens un passable sur un exercice
au lieu des biens ou très biens que j'accumule à l'école primaire
et je devais faire signer comme quasiment chaque semaine mon cahier
d'exercices par mes parents pour le présenter à l'enseignant. Dans
la crainte d'essuyer la colère paternelle, j'imite la signature de
ma mère, très facile à contrefaire. Il reprend la semaine
prochaine le cahier à partir de l'endroit où ma mère a signé
situé quelques pages après celle où s'étale mon abomination; je me dis Ouf, sacré petit malin que je suis, j'ai
échappé à la catastrophe. Lorsque le cahier est terminé, il le
signe mais mû par la curiosité le reprend entièrement. Je suis
terrorisé, tétanisé, muet, il tourne les pages avec minutie, je
prie pour qu'il ne tombe pas sur l'exercice où j'ai eu une mauvaise
note mais Dieu balaie sous un paillasson mes prières le voici sous
ses yeux. Il me demande ce que c'est, je bredouille n'importe quoi.
Il appelle ma mère qui lui confirme qu'il ne s'agit pas de sa
signature, qu'elle n'a jamais signé à cet endroit, qu'elle lui
aurait forcément signalé si j'avais eu une mauvaise note. Il élève
la voix, me tire légèrement par l'oreille, j'avoue en pleurs mon
forfait terrible, je demande pardon pour mon mensonge. Comme à
chaque fois que je fais une bêtise enfantine, la sanction est minime
au regard de ma crainte démesurée, mon père n'était absolument
pas adepte de la violence, je m'en tirais comme toujours avec une
oreille qui chauffait, une légère claque, la punition n'était
jamais en commune mesure avec la terreur éprouvée. Anecdote ridicule, dérisoire mais à l'aune de
l'enfance, nos minuscules forfaits nous apparaissent comme des péchés
étourdissants, j'étais un simple enfant chaviré par la puissance
de son attente sociale, par la force de son désir de reconnaissance
qui m'accablait de temps en temps mais qui m'a aussi et surtout
poussé vers l'avant. Je comprends avec l'âge que ce n'est pas tant
la crainte de la sanction qui me poussait à dissimuler mais celle
d'affronter le poids de la déception parentale ; le retentissement
de ce forfait futile dans ma conscience est la trace tangible de mon
propre respect pour les valeurs enseignées par mon père.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Autre formule qu'il
répétait, c'était la primauté du spirituel sur le matériel, du
« manevi » sur le « maddi », la nécessité
de suivre quelques valeurs simples et désuètes qu'il rattachait à
sa culture islamique tels que le respect de l'école, des autres, la
tolérance, la politesse, l'obéissance, l'ordre, le travail, le goût
de la connaissance. Par un inexplicable concours de circonstances, je
me retrouve propulsé un jour en sujet d'un reportage sur
l'immigration turque en Alsace et la réussite scolaire des enfants
d'immigrés alors que je suis en seconde générale au lycée. Une
équipe de télévision de FR3 de l'émission « Mosaïques »
est venu au rectorat de Strasbourg pour réaliser un reportage sur ce
thème, celui-ci a aiguillé les journalistes vers moi. Je suis
interviewé à l'école, mais timide et réservé je bredouille
quelques mots aux questions que l'on me pose. Les reporters veulent
aussi quelques images de moi en famille, nous les accueillons à la
maison. Mon père raconte longuement son histoire, lit quelques
lignes de poèmes qu'il écrivait. De cette longue interview, ils
retiennent de lui simplement un passage où il exprime exactement
cette idée, qu'il a élevé ses enfants en leur inculquant avant
tout des valeurs spirituelles, je me souviens avec force du passage
où il proclame cette vérité alors que je n'ai aucun souvenir des
scènes où j'apparais. Le jour où le reportage passe à la
télévision, nous ne sommes pas prévenus, nous ratons le début de
l'émission, nous ne pensons pas à l' enregistrer. Mon père écrit une
lettre pour demander une copie du reportage, en vain. Peut-être un
jour le reverrais-je prononcer ces paroles ...
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Le
chemin de la mort</b>
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Mort accidentelle, qui
n'a pas été précédée d'une longue maladie qui prépare au décès,
qui prépare déjà le chemin du deuil. Mort abrupte, saisissant de
court nos esprits ; les pleurs ruissellent des yeux de sa femme, de
ses enfants, lorsqu'une pensée de notre père vivant se manifeste,
lorsqu'on évoque son souvenir, que l'idée de la solitude à jamais,
de l'impossibilité matérielle de le revoir nous frappe comme une
lame en plein cœur. Douleur immense, portée par le bord extrême
d'une vague s'étendant comme une vaste onde, les larmes ruissellent
soulevant alors parfois celle des personnes qui nous entourent par
vagues successives tandis que la leur s'abat sur nous. Douleur
inexorable qui s'apaise avec le temps pour descendre
imperceptiblement au fond de nos êtres, devenir une part
nostalgique, un dépôt inextinguible en nous-mêmes, un fond
sablonneux qui se réveille, se soulève parfois au gré des
souvenirs pour retomber dans les profondeurs.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je suis à la porte de la
morgue de l'hôpital peut-être deux jours après son décès
clinique. Les amis, les proches de la famille nettoient le corps à
l'aide d'eau, rite musulman de purification avant l'envoi pour
l'enterrement en Turquie, j'attends dans l'antichambre en qualité de
fils aîné. J'entends exprimer autour de moi l'idée que je me dois
de voir une dernière fois le visage de son père, je ne dis pas un
seul mot mais la pensée que l'on va m'infliger la vision d'un
cadavre, la vue d'un corps qui a peut-être entamé le lent processus
de putréfaction, quand bien même il s'agirait de mon père que
j'aimais, me révulse. Je préférerais garder en mémoire d'autres
souvenirs, l'attacher dans mes idées à d'autres lieux que cet
endroit froid, impersonnel, clinique. On ne me demande pas mon avis,
j'obéis, je me lève, je m'avance lentement du pas du condamné vers
la salle où il gît, je vais voir le premier mort, le premier
cadavre de ma vie. Je m'approche de l'endroit où il repose avec un
drap qui le recouvre à partir du torse, seul émerge son visage
flottant dans la lumière pâle de la morgue ainsi que pour
l'éternité dans le rayonnement sacré de ma mémoire. Il est d'une
blancheur déconcertante, fortement émacié, un très beau sourire
flotte sur ses lèvres comme s'il avait trouvé un apaisement infini,
miraculeux, enchanteur. Je ressens la vibration d'un sourire
invincible qui se déclenche en moi, son visage irradie d'une grâce
vertigineuse. Je suis rentré avec la terreur de me confronter à la
mort, je ressors avec son sourire éternel en moi, celui qu'il
arborait si souvent malgré la délicate mélancolie qui émanait de
lui. L'enveloppe d'autorité, de peur à travers lequel je le
percevais avait disparu, s'était évaporé en même temps que la froideur cadavérique s'était emparé de lui, seuls en moi résonnent
la douceur et la bonté que je ressentais aussi toujours en sa
présence.
</div>
<br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-I19wvcTglWE/Uc_gU6LgoGI/AAAAAAAAAgU/C87RBc4iKq0/s1500/P1020653.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-I19wvcTglWE/Uc_gU6LgoGI/AAAAAAAAAgU/C87RBc4iKq0/s400/P1020653.JPG" width="188" /></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Calligraphie japonaise :
Père Éternel Amour</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je pars en compagnie de
ma mère en Turquie pour le convoi du cercueil. Ses frères nous
accueillent, je palpe en particulier la douleur particulièrement
vive de son frère Cemal, celui dont il était plus proche, qui est
secoué fréquemment par les sanglots. Mon père était l'aîné de
la fratrie, celui qui tentait d'apaiser les querelles familiales qui
pouvaient prendre une tournure vive. Motif de ces chamailleries : le
partage d'une maison laissée par leur père à sa mort. A chaque
fois que nous retournions en vacances en Turquie, il tentait
d'apaiser les uns et les autres, je me souviens de longues soirées
où il les réunissait pour tenter de rapprocher les points de vue,
je m'endormais en écoutant ces longues palabres. Les essais de
réconciliation furent vains, mais sa figure d'aîné conciliant,
bienveillant dominait les débats sans fin, il était respecté par
sa famille. Cemal était le plus proche en âge, ils se ressemblaient
physiquement, il avait aussi acheté une encyclopédie qu'il lisait
avec passion comme son frère, et d'une nature sensible et délicate,
il était totalement affligé par la perte de celui-ci, il ne cessait
de répéter que désormais dans la famille c'était son tour. Il avait raison.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Le décès avait eu lieu
en janvier, au milieu de la saison d'hiver. Quelques membres de sa
famille éloignée, des amis qui l'avaient connu enfant s'étaient
déplacés depuis son village d'enfance pour assister à
l'enterrement. J'écoutais ces paysans qui avaient fait un long
voyage à Ankara pour partager une douleur que je percevais totale,
sincère. J'entendais dans la bouche de ces inconnus des anecdotes,
des récits d'évènements impliquant mon père ; l'histoire qui
s'étalait était la sienne mais c'était celle bouleversante,
étrange d'un enfant, d'un adolescent, d'un jeune homme, périodes
inconnus de moi. Ils représentaient le terreau dans lequel il avait
grandi, j'étais lié à ces paysans âpres, fiers par les liens
paternels, charnels du sang.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Son cercueil s'est envolé
après nous, il est ramené dans la nuit depuis l'aéroport d'Ankara,
déposé dans une mosquée. Un homme pieux s'y rend au petit jour
pour effectuer la prière matinale ; avant de partir, il s'approche,
intrigué, pour lire le nom affiché sur la plaque: « Ismail ».
Cemil a joué un rôle fondamental d'intercesseur pour la venue de
mon père en France, il fut un de ses plus proches amis durant les
premières années d'exil avant de faire un retour définitif en
Turquie, mon père resté en France et lui s'étaient perdus de vue.
Stupéfié, bouleversé par sa découverte, il accourt nous présenter
ses condoléances. Surgissement pour moi d'une figure familière du
passé, il passait parfois à la maison ; Homme affable, souriant,
nous le surnommions affectueusement « Oncle Chocolat »
car il nous offrait des tablettes de chocolat à chaque venue.</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Voici venu l'heure de
l'ultime passage. Il est enlevé du cercueil, posé dans la tombe
enveloppé de son linceul. Les poignées de terre noire commencent à
tomber sur lui, le recouvrir comme une ultime pluie régénératrice,
le corps de mon père va recevoir cette manne, se désagréger en
poussière ; il est désormais la terre que je foule, mon énergie
vitale, le terreau vigoureux dans lequel mes racines plongeront à
tout jamais, la terre ferme sur laquelle je marche, la terre agile
sur laquelle je cours, la terre vivifiante sur laquelle je danse.
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Mon
père en moi</b>
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Mon père est mort ; Bang
Bang Bang quelques centaines de millions de battements de cœur dans
l'espace et le temps après son décès, explosions de pensées en
moi liées à lui, à nous. Il occupe l'espace des trois pères
possibles : père de sang, social, spirituel. Imaginons : si je
rencontrais au cours de mes pérégrinations exactement le même
homme, aux mêmes actes, aux mêmes pensées je sais pertinemment que
nous ne pourrions être amis. Trop de différences entre nous, nous
avons vécu des expériences personnelles, familiales, historiques,
politiques, sociales, culturelles radicalement différentes. Le monde
qui nous entoure, l'état de la technique dans lequel nous vivons
déterminent largement notre pensée. Il est né peu de temps après
la fin de la seconde guerre mondiale, dans un pays sous-développé,
dans une famille paysanne, musulmane. Il a grandi dans un berceau
moyenâgeux, à l'écart encore du monde globalisé, il a entamé une
lente course vers la modernité. Quand je vois l'espace parcouru au
cours de celle-ci, je comprends parfaitement les raisons de sa crise
identitaire, elle était inévitable compte tenu de l'effort
d'adaptation permanent, perpétuel, gigantesque qui lui a été demandée, cette
crise devait se dresser comme un vaste mur à franchir, qu'il a
traversé. Le chemin que j'ai accompli est plus balisé, le monde
dans lequel j'ai à mon tour évolué a été immédiatement
multipolaire, multisocial, multiculturel. <br />
<br />
Mon
père m'a offert un patrimoine génétique, à travers celui-ci j'ai
hérité d'un corps. Il a mieux géré le sien que je ne l'ai fais,
il a toujours été mince, son alimentation marquée par la
restriction, grâce évidemment à celle-ci, a été plus équilibrée.
Arrivé à l'âge adulte, j'ai commencé à être une victime
consentante de la société de consommation, aux tentations inoculées
par la publicité, j'ai bêlé comme tous les millions de moutons de
Panurge qui m'entourent pour assouvir mes désirs, pour poursuivre
ceux des autres, je me suis empiffré de graisse, de sucre, d'additifs. J'ai mangé, j'ai grossi plus que de raison. Puis
j'ai maigri, mais le mal est dans le fruit, je dois sans cesse me
surveiller, me restreindre. Mon père a été plus sourd que moi aux
appels des sirènes, son mode de consommation marquée par ses
origines et sa condition ouvrière a été plus intelligent. Côté
maladies corporelles, je me suis surpris à avoir quasiment aux mêmes
âges les mêmes faiblesses, des ulcères à l'estomac puis une
sciatique. Je suis heureux du corps que m'a légué à moitié mon
père, je sais que c'est le seul, que je dois composer avec lui sans
l'aduler, je le respecte car c'est de lui que procèdent mes joies,
mes peines, mes pensées. <br />
<br />
Une
coupure radicale spirituelle nous sépare : il se déclarait
musulman, croyant en Dieu ; je suis athée. Avait-il la foi ? De
toute manière, compte tenu du milieu dont il est issu, il était
inenvisageable pour lui de se proclamer incroyant. La religion
musulmane est marquée par l'observance d'obligations contraignantes
telles que les cinq prières par jour, qu'il a peu respecté comme la
grande majorité des Turcs que je connais, y compris dans sa période
fondamentaliste, ou l'interdit de l'alcool qu'il a transgressé une
grande partie de sa vie (comme la quasi totalité des Turcs que je
connais …) jusqu'à ce que l'injonction de ne pas boire s'établisse
en lui. Même rengaine pour le jeûne du Ramadan qu'il a fini par
observer à partir d'un certain âge. Je me garderai de dire qu'il
n'était pas musulman en constatant qu'il a varié dans la soumission
aux obligations islamiques, il y a une belle idée dans l'Islam où
seul Dieu juge nos actes ; l'acte de foi est personnel, intime et met
en lien directement le fidèle à Dieu. Il s'est revendiqué
musulman, la culture islamique a profondément imprégné l'univers
familial. Je me suis détaché progressivement de cette culture, je
n'éprouve aucun désir spirituel d'une transcendance mais dans mon
pays, la France, qui manifeste une peur irraisonnée de l'Islam, la
vision perpétuelle de mon père tolérant, qui n'a jamais proféré
de propos haineux vis-à-vis des autres et/ou de leur religion a eu
une valeur d'édification par l'exemple. Petite
scène du célèbre conte oriental de Medjnoun et Leila, histoire
malheureuse d'amoureux qui a traversé les siècles :
Un jour, un ami de la famille de Medjnoun lui dit : "Mais cette
Leyla que tu aimes avec tant de constance n'est pas si belle que cela
!". Medjnoun répondit: "Pour voir Leyla il faut avoir les
yeux de Medjnoun". Mon père m'a fait don de ses yeux pour
contempler la beauté idéale, la beauté réelle de l'Islam, je porte un regard positif
sur cette religion ; j'ai rencontré à travers mes lectures la
figure de Mevlana, cité parfois par mon père, écrivain-soleil
irradiant depuis des siècles l'esprit turc, sa philosophie soufie
imprègne ces lignes et ce blog.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Profonde
continuité dans le rôle assigné à l'école dans nos existences
respectives. J'ai eu la chance d'étudier dans la France des années
quatre-vingt bien plus juste au niveau social que la Turquie des années cinquante,
j'ai eu la chance d'étudier sous le regard attentif, vigilant de mon
père. Il avait cette curiosité permanente pour la politique et
l'histoire, un intérêt toujours vif pour l'actualité, ce sont des flammes qui
me dévorent aussi ; je lis avec avidité la presse, je suis en
permanence le théâtre politique, qui détermine notre lien à la
nation, qui façonne notre destin collectif, qui se cristallise en
mal ou bien pour terminer sa course dans les livres d'histoire. Je
trouve surprenant, admirable la permanence de cette attirance
culturelle de mon père car les rares fois où j'ai exercé un
travail manuel, en qualité d'ouvrier dans une boulangerie
industrielle, de peintre en bâtiment, la fatigue physique
m'empêchait une fois à la maison tout effort de lecture, j'étais incapable de me
concentrer. Sa passion pour la littérature, en particulier la
poésie, résonne aussi avec force en moi : le songe d'écrire le
traversait, il consignait des petites poésies dans un livret. Sabre
délicieux, impitoyable, ce songe me transperce à mon tour …
</div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Discordance fondamentale
dans nos vies : à sa mort, il était marié, mariage heureux,
stable, il laissait derrière lui sept enfants. A son âge, je suis célibataire,
sans enfants. Il a su assembler autour de lui une famille solidaire,
aux solides liens familiaux, aux valeurs communes, j'éprouve
toujours une joie infinie à retrouver ma mère, mes frères et
sœurs.<br />
<br />
<b>Le
temps du testament</b><br />
<br />
J'ai l'âge de la mort de
mon père. Un fossé, immense, incommensurable nous sépare, celui
qui délimite le fils du père à tout jamais. A travers les strates
imperceptibles de l'espace-temps, j'ai vieilli tandis que sa course
s'est arrêtée, nous sommes frères jumeaux malgré le temps qui
nous a désuni, grâce au temps qui miraculeusement nous rassemble,
j'arrive vers lui, mes mains tendues blanches et nues emplies de
compassion et de respect ...</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Tic Tac Tic Tac Tic Tac
... Pour quelques heures, quelques minutes, quelques secondes, il est
encore mon aîné. Mes bras mes mains mes doigts démesurés s'élancent vers
lui pour l'étreindre Bang Voici l'heure fatidique nous nous
superposons, je récite quelques sourates de mon enfance même si ne
suis plus croyant, je l'étreins en fin une dernière fois, une première fois, lui qui était pudique à l'extrême, lui qui souffrait parfois en silence, lui dont je ressentais l'amour démesuré pour ses enfants, nos cœurs se synchronisent un court, précieux battement dans le présent fugace … Nous nous éloignons à nouveau, je suis plus
âgé, je deviens son grand frère, il reste sur le chemin, je vais marcher sans lui vers le
déclin, la mort.<br />
<br />
Demain la mort ; mon père
est décédé sans rédiger de testament, sinon dans nos cœurs,
sinon spirituel. Je ne ferai pas la même erreur, Maître Notaire,
approche toi, assieds toi, écoute ma voix, note sous ma dictée :</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Écrit en juin de l'an
2013, moi, Erhan, 43 ans et 27 jours, ni tout à fait fou, ni tout à
fait sage, je veux consigner ici mes dernières volontés, toutes
irrévocables. Je n'ai pas de bien, de maison à distribuer ; fort
heureusement, pas de batailles, pas de déchirements à prévoir pour
salir ma mémoire. Le peu d'argent que j'ai mis de côté, que ma
famille se le partage, et voyage de temps en temps en pensant à moi qui ait beaucoup
voyagé.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je lègue à ma mère
Lutfiye la tendresse d'un fils aimant, l'amour filial dévorant de l'enfant
que j'ai été, l'amour serein du vieil homme que je deviens. Le
temps de la célébrer n'est pas venu, elle n'est pas morte,
heureusement ; qu'elle vive, généreuse dans le bien, encore de
longues années. Quand j'écris ces mots, peu s'en faut que mon cœur
ne se fende.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
J'offre à ma sœur Emine
en gage ma confiance éternelle de frère cadet, limpide comme l'eau
qui coule, immaculée comme le miroir le plus fidèle, irradiante
comme le soleil le plus éclatant. Qu'elle le reçoive comme toujours
avec humilité et l'insuffle autour d'elle pour venir en guérison
des cœurs malades.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je donne en legs à ma
petite sœur Derya l'écume qui danse, libre, exaltante, sur le bord
ourlé des vagues, la beauté des rayons de soleil qui s'entremêle à
l'océan, l'éclatement de l'eau que les dauphins viennent frapper dans leur
course éperdue, les milliards de coraux qui reposent
dans les profondeurs des mers.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
J'attribue à mon frère
Hakan la politesse des padischahs, l'éternel sens des
responsabilités. Qu'il lui soit octroyé la beauté des jours où
les passions éclatantes qui ornent nos existences brûlent dans le
feu du plein midi, ainsi que l'espérance qui palpite comme un trésor à dévoiler
dans les nuits illimitées.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Idem pour mon frère
Orhan, mais qu'il ait aussi en partage la droiture des sultans, le
courage dans les batailles quotidiennes de la vie. Qu'il lui soit
assigné les crépuscules où les couleurs dansent, tourbillonnent
dans une folle étreinte, ainsi que les aubes qui renouvèlent le
pacte fabuleux de la lumière.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
J'accorde à mon frère
Cihan notre fragile terre, le soleil autour duquel nous tournoyons
comme des derviches-tourneurs, les galaxies qui poursuivent leur
course folle dans l'univers tandis qu'explosent en leur sein des
milliards de soleil. Qu'il tresse quelques étoiles entre elles pour
composer un collier à offrir à ses enfants.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je donne à Fatih la soif
de conquérir le monde, d'en retirer la substantifique, vivifiante
moelle. Qu'il se l'approprie en riant à pleine dents puisque
l'univers est bruissant de désirs prêts à s'offrir à vous en échange d'un sourire, qu'il lance ses bataillons en organisant une folle
farandole, une danse effrénée. </div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je transmets à mes
neveux et nièces Edis, Teo, Camille, Sarah, Leyna, Ismail, Séline,
Ayden la mémoire de mon père, leur grand-père, que personne parmi
eux n'a connu. Que son souffle vif-ardent les transporte, les anime
au jour le jour ; l'un porte son prénom, je forme le vœu que tous
portent ses valeurs. </div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je confie à Rémy, mon
frère de souffle et d'esprit, le secret dérisoire des discussions
où nous nous sommes régénérés, le bilan comptable des victoires
et défaites des heures sportives où nous nous sommes confrontées,
les peines que nous n'avons pas pu éviter, les joies qui tombaient
comme une pluie de météores du ciel.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je laisse à tous mes
ami(e)s passé(e)s, présent(e)s, futur(e)s le soin de me juger, de
se souvenir de moi comme bon leur plaise. Je garderai d'eux
l'empreinte ineffable du bonheur qui s'inscrit au jour le jour quand
on se réunit en compagnie de ceux que notre cœur a choisi.<br />
<br />
Maître Notaire, cache ce
testament en lieu sûr, que nul ne puisse y accéder ;-)</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
<b>Vers
la vie éternelle</b><br />
<br />
Demain la mort ; où est
mon père ; où est mon père ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Chair disparue, il est le visage qui s'est inscrit en moi comme une douce
bénédiction, le sourire qui imprègne maintenant chaque moment de
mon existence, la main qui frappe délicatement mon cœur-tambourin.<br />
Demain la mort ; où est
mon père ; où est mon père ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Chair disparue, il est la douleur poignante que j'ai reçu en partage au moment
de sa mort, de ses amis, de sa famille. Il est la peine que j'ai
transmis à mon tour, qui git en moi comme une douce blessure.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Demain la mort ; où est
mon père ; où est mon père ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Chair disparue, il est là dans les réunions familiales, dans les jeux auxquels
s'adonnent ses petit-enfants, dans les rires qui prolongent les siens
comme un collier de fleurs blanches éternelles.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Demain la mort ; où est
mon père ; où est mon père ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Chair disparue, il est ces mots qui traversent l'espace, qui irradient dans
le temps, dans ces mots longuement élaborés dans le secret de la
conscience, irrigués par la sève de la vie, des rencontres, des
souvenirs, des lectures, dans ces mots aussi vifs que les globules rouges, aussi
ardents que la pompe de mon cœur, aussi frissonnants que ma propre
peau. J'écris, j'écris, les mots se multiplient, s'accumulent, mais je dois vous
laisser, j'entends un bruit …<br />
<br />
Toc Toc Toc Toc<br />
Qui frappe quatre coups
brefs sur la porte de la joie ? Je regarde par la fenêtre ; c'est
mon père ; je dois aller lui ouvrir, pour mon repos éternel, pour
son repos éternel.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: xx-small;"><i>Frères,
au plus haut des cieux</i></span><br />
<span style="font-size: xx-small;"><i>Doit
habiter un père aimé</i></span><br />
<span style="font-size: xx-small;"><i>Friedrich
Schiller, Ode à la joie</i></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-16625157308614752772013-06-02T09:06:00.003+12:002014-06-20T19:16:07.741+12:00Venue de mon frère à Wallis<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"><b>L'arrivée du petit
frère</b></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">J'attendais mon frère
Cihan à l'aéroport. Trois avions par semaine relient Wallis à
Nouméa, le lundi, mercredi et samedi. Celui de mercredi est le plus
contraignant au niveau des horaires, il arrive au petit matin, vers
5h20. J'y vais avec une petite appréhension : je voulais
l'accueillir avec un collier de fleurs pour respecter la belle
tradition de cette terre du Pacifique mais, éternel distrait devant
l'Éternel, j'ai oublié de le réserver la veille au téléphone. Je
me renseigne auprès du comptoir où l'on récupère les fleurs, en
ont-ils en rab? Ouf, me voilà soulagé, ils disposent toujours de
colliers supplémentaires … J'en achète un puis je me rends à la
buvette qui domine la piste pour prendre un café avec un croissant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">L'avion faiblement
illuminé chemine lentement alors que l'île est plongé dans
l'obscurité de l'heure matinale renforcée par une grappe de nuages
velus. Une averse légère se déverse, les hôtesses d'Air Calin
attendent les passagers au pied des marches pour leur offrir un
parapluie jusqu'au hall d'arrivée, je reconnais mon frère en
jogging en prenant un pour marcher prestement vers la porte. Je vais aller
l'attendre, il est le deuxième à sortir, je peux lui offrir le collier de fleurs blanches, dont la
signification est la communion, le partage de la joie de deux êtres
dans la rencontre ou les retrouvailles, fleurs éclatantes qui sont
des traces éphémères de la terre wallisienne, éclat semblable à
celui qui peut illuminer l'instant présent lorsque nos consciences
sont éveillées.
<br />
</span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Le venue de mon frère
est liée à un accident dont les conséquences auraient pu être
dramatiques. Il travaillait l'été dernier sur un chantier en
qualité de coffreur-grutier un vendredi lorsqu'en fin de matinée,
lors d'un moment d'inattention, il tombe dans un trou. Il essaie de
se rattraper en se retenant avec le coude gauche lors de sa chute et, douleur
intense, son épaule se démet complètement. Il aurait pu s'en tirer
avec une simple luxation à l'épaule mais cela se révèle plus
grave, la tension a conduit à une paralysie du plexus brachial,
fibre nerveuse issue de la moelle épinière qui innerve le bras et
la main. Les premiers médecins consultés sont perplexes,
l'arrachement de la fibre nerveuse peut conduire à une complète
paralysie du bras. J'arrive en vacances au mois d'août dans la
famille, j'apprends la nouvelle par ma mère, tourmentée, qui me
demande de ne rien révéler de son inquiétude à mon frère.
Lorsque je vois Cihan, il est en plein désarroi, rongé par la peur de devenir infirme, il prend des
antidouleurs, des antidépresseurs, sa main gauche gauche est inerte, je
vois pendant toute la conversation sa main droite triturer
machinalement le membre inerte, comme pour lui transmettre, lui
communiquer une vie qui lui fait désormais défaut. Et plus que
tout, c'est la perplexité des médecins qui le ronge, incapable de
lui donner une réponse franche quant à la repousse éventuelle de
la terminaison nerveuse. Après plusieurs semaines d'incertitude, il
prend rendez-vous chez une neurologue conseillée par un ami qui
pratique quelques tests et lui annonce à son grand soulagement que
le signal nerveux n'est par totalement rompu, que le nerf va
repousser, qu'il retrouvera la totalité ou une très grande partie de la force motrice de sa main mais que la
convalescence risque de durer près de deux ans. Je l'ai aidé financièrement pour
qu'il puisse venir à Wallis se changer les idées durant cette
période.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"><b>La
renaissance du corps sur terre et mer</b></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je lui avais conseillé
de venir au début du mois de mai car je profite chaque année des
nombreux ponts naturels de ce mois pour prendre deux ou trois
semaines de congés, c'est l'occasion rêvée de faire revivre son
corps par le sport, c'est mon « grand nettoyage du
printemps »;-)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je réveille Cihan tous
les matins à 5 heures pour profiter du seul petit moment de
fraîcheur de la journée. Nous nous habillons en silence, encore
enténébrés par le sommeil, nous nous rendons au stade de Kafika ;
la centrale électrique toute proche, illuminée, permet de
distinguer, quoiqu'en plissant les yeux, les lignes de démarcation
de la piste. Premières foulées, toujours lentes, toujours pesantes,
toujours accablées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Le matin serein,
silencieux opère sa magie sur les corps, les couleurs pâles,
translucides du soleil à l'est se glissent par degrés sur la peau tendue du ciel, l'éclat naissant de la lumière prend le relais de la
centrale électrique, transperce la chair, diffuse sa chaleur
souveraine. Je cours plus vite, plus longtemps que lui, j'ai
naturellement un souffle plus puissant que celui de mon frère, une
capacité d'endurance plus affirmée à la course à pied mais de
surcroît de nombreuses blessures aux genoux, aux tendons,
musculaires l'ont contraint à ralentir le rythme, à devoir
s'économiser. Mais le simple fait de sa présence, son regard, ses
encouragements me poussent à batailler sur la piste, à tenter de
retrouver le souffle perdu depuis quelques mois, la chaleur
fraternelle m'encourage à déployer mon corps, à accélérer de
temps en temps pour faire quelques fractionnés. Injonctions en moi :
tenir le buste droit, relâcher mes membres, griffer le sol, lever
les genoux ... Au bout de quelques jours, je retrouve quelques
sensations enivrantes, celles du corps qui redécouvre une puissance oubliée
mais si fragile, si éphémère.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Mon frère s'arrête
avant moi, pratique du renforcement musculaire, des exercices de gainage du corps,
des abdominaux, nous buvons quelques gorgées d'eau avant
de repartir. J'observe sa main gauche, seul un œil exercé peut
désormais discerner les marques de l'accident, il a recouvré une
grande partie de sa mobilité, la repousse du nerf est quasi complète
jusqu'au coude à ce qu'il me dit. Je lui demande si je pourrais le
battre au bras de fer avec la main gauche, il me répond que oui.
Toutefois je me méfie, je ne le provoque pas, je le vois également
effectuer des pompes pendant ces entrainements en quantité plus
grande et plus efficaces que celles que je suis capable d'effectuer,
je suis convaincu qu'il me tend un piège dans lequel je ne tombe pas
... J'ai défié au bras de fer mes frères, tous plus jeunes que moi, jusqu'à l'âge où
j'ai pressenti que je ne pouvais plus les battre, et tel Rocky
Marciano, seul champion du monde poids lourds à avoir accompli une
carrière professionnelle sans défaite, je me suis retiré invaincu
des combats, auréolé d'une gloire éternelle ;-)</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Petit déjeuner détendu,
savoureux sur la terrasse, nos langues se délient, nos discussions empruntent des méandres et des détours, nos souvenirs d'enfance y prennent une grande place,
ceux d'une famille nombreuse aux liens étroits, où chacun des
frères et sœur revendiquait une place qu'il a fini par trouver. Un
jour, la météo passe du coq à l'âne Cocoricoco le temps est
ensoleillé, lumineux à l'est Hihan-Hihan une pluie fine, légère
se déverse de quelques nuages à l'ouest de la terrasse, celle-ci
délimitant le passage du soleil à l'averse.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Après la course
matinale, nous pratiquons le canoë ; nous avons pris un abonnement
mensuel à l'association Vakala. Première tentative, je me mets à
l'arrière, nous avançons en zigzag, le canoë tangue, la distance
s'allonge démesurément jusqu'à l'ilot Tekaviki, but de notre
traversée. Je suis l'aîné des garçons, le guide naturel de la
famille mais je dois m'effacer au retour devant sa capacité à
manœuvrer supérieure à la mienne, il se révèle meilleur à
l'arrière pour mener le canoë que moi, nous avançons en cadence,
nos pagaies plongent harmonieusement dans l'eau limpide du lagon,
droit au but. Le souffle revient, s'améliore à chaque sortie, nous
sommes capables de tenir un peu plus longtemps sans nous reposer.
Nous partons face à un vent violent, les
vagues porte le bateau vers les hauteurs, nous plongeons derrière
dans des crevasses, nous labourons avec les rames à l'unisson
l'océan, droite, gauche, droite, gauche pour progresser coûte que
coûte, vaille que vaille ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Depuis l'ilot Tekaviki,
nous marchons à marée basse pour visiter la face
ouest des ilots Luaniva et Fugalei, nous flânons sur ces trois
ilots, discutons, nageons sous un soleil vif-ardent qui se déploie
dans le ciel, dans les cœurs.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-Ylt-t8Wunls/UahbyRKDn0I/AAAAAAAAAew/C39T_HDZL9s/s1600/soleil.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-Ylt-t8Wunls/UahbyRKDn0I/AAAAAAAAAew/C39T_HDZL9s/s400/soleil.JPG" height="300" width="400" /></span></a><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">La fraternité, c'est le
soleil</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Il pratique aussi le
catamaran une après-midi, mais je ne peux l'accompagner, je dois
travailler ce jour là. Nous prenons rendez-vous pour une deuxième
journée catamaran, mais c'est un véritable déluge qui s'abat dans
la matinée, nous sommes obligés d'annuler. Dans l'imaginaire
métropolitain, les iles du Pacifique sont associés au soleil. C'est
une vérité incomplète, Wallis c'est le soleil et la pluie
inextricablement liés, indissolublement noués pour l'éternité,
parfois se superposant dans l'alliance de la lumière et de l'eau,
parfois se succédant dans des courses vives, passionnelles. Il a eu
de la chance pendant son séjour, il a fait beau, mais le ciel a
soudain dégorgé ce samedi une colère incroyable, spectaculaire.
Nous étions en voiture, les trombes d'eau s'abattent dans une
mitraille dense, épaisse, sans fin, les essuie-glaces sont
incapables d'essuyer la vitre avant lorsque nous roulons dans
d'immenses flaques, l'eau débordant des fossés qui longent la route
éclate en grandes gerbes aveuglantes. Et enchantement ; cette eau
qui dégorgeait de la terre, des bas-côtés s'était asséchée en
fin de journée, nulle trace de l'avalanche qui s'était écrasée
sur nous.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Le soir, fatigué par la
journée commencée très tôt, nous nous couchons de bonne heure.
Notre corps suit le rythme du soleil, qui sur cette île se lève
quasiment toujours vers 6 h et se couche vers 18h, avec une amplitude
très faible entre hiver et été.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"><b>Les
journées de détente sur les îlots</b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Autre activité majeure
durant son séjour, les excursions sur les ilots. J'ai privilégié
la visite de ceux du sud, qui présentent l'avantage d'avoir un
tombant sur lequel nager devient un immense plaisir visuel, en
utilisant le masque et le tuba. Première sortie vers l'îlot Saint
Christophe, un bout de terre minuscule qui surgit du lagon comme une
arche verdoyante miraculeuse. Nous y allons avec un taxi boat vers 9h
du matin, l'îlot est désert et nous serons les seuls pendant toute
la journée. Nous enfilons les palmes, le masque et le tuba,
direction le tombant de Saint-Christophe. Celui-ci s'est quelque peu
abîmé avec le cyclone, mais les coraux renaissent, reprennent
vigueur ; les poissons reviennent progressivement le peupler. Nous
longeons le tombant pour explorer ses recoins, traquer les poissons
qui s'enfuient au début lorsqu'elles détectent notre présence,
mais s'habituent peu à peu à nous pour revenir se faufiler dans les
interstices des coraux.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Petite sieste dans le
hamac pour Cihan, tandis que je repose sur la serviette. A son
réveil, il tente de grimper sur un arbre pour attraper une noix de
coco</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-lBbPL-1Lo3E/UahcFe1UOPI/AAAAAAAAAe4/AdXoRfenzq0/s1600/arbre.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-lBbPL-1Lo3E/UahcFe1UOPI/AAAAAAAAAe4/AdXoRfenzq0/s400/arbre.JPG" height="400" width="300" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
<span style="font-size: small;">L'homme descend du singe,
c'est une certitude</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Il y réussit. Il se
saisit du coupe-coupe que j'ai emmené avec moi pour tailler une
fente dans la noix et goûter ainsi à l'eau légèrement sucrée de
ce fruit fraichement cueilli. C'était paraît-il un de ses rêves.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-UN9N52X_NQk/UahcVUxT6mI/AAAAAAAAAfA/y6-MHe_IFxM/s1600/coco.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-UN9N52X_NQk/UahcVUxT6mI/AAAAAAAAAfA/y6-MHe_IFxM/s400/coco.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"> <span style="font-size: small;">Un rêve exaucé …</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Après le repas, je
l'emmène en haut de l'île, à l'oratoire Saint Christophe, avec la
statue de ce saint légendaire qui porte sur une de ses épaules le
Christ. Comme à chaque fois que je monte sur ce promontoire, une
nuée d'immenses libellules rouges écarlates bourdonne sur la
végétation qui resplendit au soleil juste à côté de ce petit
sanctuaire. En début d'après-midi, il prolonge sa sieste tandis que
j'en profite pour nager dans le lagon. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Deuxième excursion,
cette fois-ci vers l'îlot de la Passe. Celui-ci est très plat,
s'étire en longueur comparé au précédent, mais il est surtout
celui qui dispose à mon avis du plus beau tombant, et il présente
aussi l'avantage d'avoir dès les premiers mètres des patates
affleurant près de la surface où se pressent de nombreux poissons.
Le bassin qui borde l'ilôt est un immense aquarium en plein air,
nous enfilons le traditionnel PMT (palmes-masque-tuba) de rigueur,
direction le royaume des merveilles. Lorsqu'on débouche sur le
tombant, à chaque fois, un essaim de vivaneaux s'enfuit, effrayé à
la vue du grand corps qui vient de surgir en surface. Je me
gargarise, j'inspire la crainte, je suis pire qu'un requin, je suis
la terreur du lagon ;-) C'est ensuite la lente progression le long
des coraux, je plisse les yeux pour guetter la faune, avec au menu
du jour les visions multicolores des perroquets, balistes clowns et
titans, poissons cochers et poissons-papillons, … Au retour, Cihan
s'improvise roi du barbecue pour un délicieux repas.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Nous revenons une
deuxième fois sur cet îlot, invités sur le bateau de Michèle et
Pascal. Après la visite du tombant, mon frère me propose d'aller
vers la grande barrière d'écume qui jouxte l'îlot de la Passe.
Nous marchons vers le récif, au fur et à mesure que nous nous en
approchons, l'eau commence à envahir l'espace, d'abord par petites
flaques que nous sommes obligés de traverser, ensuite par grandes
étendues dans lesquelles nos pieds puis nos mollets pataugent. A l'extrême bord de la barrière récifale, l'eau se déverse
vers le lagon tandis que devant nos yeux se déploient l'immense
nappe de l'océan ainsi la gigantesque coupole du ciel qui convergent
vers la barre d'horizon. L'image de cette fragile écume porté par
le bord ourlé des vagues naissant à l'infini, se déployant sur
l'océan pour déambuler dans une course folle, allègre, s'unissant
aux autres, se défaisant, se recomposant sans cesse pour venir
s'échoir dans le lagon me fait invariablement penser à ma vie,
éphémère corps apparu dans le temps, chair et esprit déambulant
une durée infime, dérisoire dans l'espace, côtoyant, se mêlant à
d'autres corps pour aller mourir, je l'espère apaisé, sur un rivage
dont j'ignore le nom. </span>
</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Au retour, place à un
nouveau barbecue. Cuisinier en chef, Pascal sollicite l'aide d'un
petit mitron, rôle que j'accepte humblement, pour surveiller la
cuisson des viandes. Petit repas entre amis, auquel se joignent des
bernard l'hermite, attirés par l'odeur de nos ripailles. Nous leur
lançons un bout de graisse ; c'est la ruée vers l'or pour les
crustacés dans une indescriptible mêlée, se piétinant leur
carapace à tour de rôle, se chevauchant farouchement pour arracher
une mince part du butin, bientôt dépecé, sauvagement
déchiqueté par les pinces des affamés.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Après un petit repos
salvateur, Pascal et Michèle nous proposent de nous rendre sur
l'ilôt des Lépreux. C'est marée haute, le bateau se faufile avec
précaution dans un chemin tracé entre les patates. Nous accostons
pour monter vers l'oratoire Sainte-Thérèse au milieu de
frangipaniers aux fleurs légères comme des plumes. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-CSjBGA5l2Bg/UahcpUYtX1I/AAAAAAAAAfI/3D5yuhc0o7Q/s1600/vahines.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-CSjBGA5l2Bg/UahcpUYtX1I/AAAAAAAAAfI/3D5yuhc0o7Q/s400/vahines.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Les vahinés du Pacifique
;-) </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">En haut, au delà de la
vue somptueuse, le surplomb donne un petit frisson, un sentiment de
vertige car il tombe à pic le long de la falaise. Pascal nous fait
remarquer près de la paroi un banc de bébés requins à pointe
blanche, une petite vingtaine d'entre eux frétille dans l'eau en
contrebas. Au retour, nous essayons avec le bateau de nous en
approcher, mais ils ont disparu, dévastés de peur devant l'ombre,
la menace des frères Kilicoglu ….</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le bateau tressaute,
frappe l'eau quand Pascal accélère pour rentrer. Le soleil avant
l'étourdissement final darde ses derniers rayons, se déverse sur la surface liquide, se fragmente ; les miettes de l'immense festin illuminé
dansent dans le lagon réfractant dans un ultime éclat les traces des secondes, des heures envolées captées dans les cœurs.</span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Règlement
de comptes à O.K Corral</b></span>
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Une violente, subite
querelle explose entre nous au début de son séjour. Je l'agrippe,
le projette au sol d'un coup de poing rageur en criant "C'est moi !". Il se relève, lance
vigoureusement son crâne vers ma tête en hurlant "Nan, c'est moi !", j'entends mon os nasal qui
se fracasse Bang en pulvérisant le cartilage que je sens flotter
dans un liquide visqueux que je devine être une mare de sang. A
l'aveugle, je lance un coup de genou qui vient se loger par miracle
entre ses cuisses, il s'affaisse mais m'entraîne dans sa chute. La
lutte acharnée, haletante se poursuit, nous trempons, aveugles et
sourds dans le sang, la sueur ... </span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Objet de la querelle ?
Qui est le plus maigre entre nous … J'ai longtemps porté le surnom
de « Gros lard » dans la famille à partir de 18 ans en
raison de mon poids qui s'était subitement élevé au début de
l'âge adulte, lié à une mauvaise hygiène alimentaire. J'ai maigri
à 34 ans, Cihan, de douze ans plus jeune, a pris du poids à son
tour et m'a remplacé dans le rôle de « Frère Dodu ».
Il a maigri à son tour mais je gardais une meilleure ligne que lui.
Horreur, à mon retour en métropole en début d'année, me voilà de
nouveau affublé de kilos supplémentaires … 1 – 0 en sa faveur.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je ne m'avoue pas vaincu,
deux semaines avant son arrivée sur le territoire, je m'astreins à
un régime alimentaire strict. Illumination en moi, je propose de liquider la dispute dans la cuisine en se fiant à
l'arbitrage impartial, équitable d'une balance. Je me pose sur
celle-ci, l'aiguille <i>tangue, oscille, vacille</i> pour se fixer
sur 69 kilos, j'ai perdu 2 kilos et demi depuis la dernière pesée
en métropole, le poids de Cihan était supérieur à ça il y a
quelques semaines, je prie intérieurement. Il monte à son tour sur
la balance, celle-ci, traîtresse infâme, véritable scélérate,
prend le parti de mon adversaire, se positionne sur 68 kilos … Et
2 – 0 en sa faveur.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ô rage ! Ô désespoir !
Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette
infamie … Je ne m'avoue pas vaincu, pendant deux semaines, je
pratique le sport de façon assidue, je me dépense bien plus que
lui. Je sais qu'il a l'avantage de l'âge, qu'il peut perdre du poids
beaucoup plus facilement, il se permet de boire davantage que moi,
grignote des apéritifs lors des soirées entre amis, se sert du plat
principal deux fois, je reprends espoir. Deuxième rendez-vous,
lundi, jour de son départ, nous revenons de la course du matin, je
n'ai pas bu une seule goutte d'eau de la bouteille que nous emmenons
à chaque fois pour éviter les quelques grammes supplémentaires du
liquide dans mon corps, je sors la balance et lui enjoins de monter
dessus, il a oublié que nous devions passer à nouveau devant le
juge. Il se pèse : 66 kilos, il a maigri de deux kilos, je blêmis,
je monte vers l'échafaud, le bourreau me projette la pointe de son
implacable aiguille au visage : 68 kilos. Et un, et deux, et 3 – 0</span>
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je ne m'avoue pas vaincu
…</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"><b>Le songe des profondeurs </b></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Sa venue à Wallis lui a
permis de concrétiser son rêve de faire de la plongée. Il a passé
son baptême hors du lagon, puis il a enchaîné avec les exercices
du niveau 1, entrecoupés par les explorations sous-marines. Il a eu
la chance de pouvoir apercevoir les requins, dont la présence est
relativement fréquente sur certains sites. Son envie de les voir le
disputait à la vague crainte liée à la réputation de grand
prédateur, d'animal dangereux entretenu par la série des Dents de
la Mer, par les articles largement commentés de leurs attaques. J'ai
eu la même appréhension mais en réalité les requins n'attaquent
jamais les plongeurs, ils n'aiment pas l'odeur humaine et ils sont
méfiants par rapport aux bulles innombrables qui s'échappent de nos
bouches. Il suffit simplement de les observer avec respect, de ne pas
les provoquer, de se fondre en silence dans l'immensité aquatique
pour les contempler.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je l'ai accompagné au
milieu de son séjour pour une exploration commune, sur le site du
« Couvent » à l'ouest de l'île. Je ne connaissais pas
celui-ci, il est particulièrement riche en corail. Durant la ballade
se succèdent les coraux cerveaux, semblables à des boules striées
évoquant les méandres de l'encéphale humain, les immenses
tabulaires, les fungia aux couleurs roses. Sur le chemin, les
poissons-demoiselles, l'anémone et son inévitable poisson-clown,
les perroquets accompagnent notre déambulation. Au retour,
j'entrevois derrière un pilier de corail desséché deux poissons flûtes, au corps fin
et allongé, à la bouche en forme de bec. Je tends le bras pour en
attraper un, le voici en main, je place ma bouche sur son bec qui
pointe comme une embouchure de flûte traversière, je pose mes
doigts sur ses branchies, j'émets un mince filet d'air pour mettre
en vibration l'instrument, je commence à jouer « la sonate de
la fraternité » en la majeur. Heureusement, le poisson, compréhensif,
fraternel, se prête au jeu, s'élèvent quelques bulles sonores qui
commencent à résonner dans l'espace aquatique …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Premier mouvement –
allegro ; j'entonne un air vigoureux aux accents printaniers,
allègres qui dansent dans l'eau, les bulles explosent dans des
battements vifs, insensés. J'entends que s'élèvent non loin de là,
en contrepoint, les battements de cœur de mon frère qui
retentissent comme les touches de piano frappant une corde, vibrant à
son rythme, les deux mouvements se superposent, s'opposent dans un
mouvement d'émulation, d'énergie communicative enthousiaste.
Deuxième mouvement – andante ; la cadence se ralentit, l'air
s'emplit d'une vitalité sereine, originaire de l'enfance, quelques
mouvements d'angoisse, de peur, de colère frôlent, interpénètrent
le duo flûte-piano qui alterne mais s'élabore un thème mélodique
commun, empli de ferveur, de grâce. Troisième mouvement – presto
; j'entonne un air optimiste et tendre auquel répond la tonalité
rapide, volubile des battements de mon frère pour se fondre dans un
final rieur. </span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je me rends compte que je
n'ai plus de souffle, je dois reprendre l'air de mon détendeur, je
suis perdu, apeuré, seul dans l'immensité. Mais je perçois
vaguement en moi la présence du groupe quelques centaines de mètres
plus loin, en battant vigoureusement des palmes, je suis de nouveau
sur leurs traces Ouf personne n'a remarqué mon absence ;-)</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Deuxième exploration le
dimanche suivant au site de « La Faille Blanche ».
Malheureusement, peu de poissons au rendez-vous hormis un gros
napoléon, poisson d'une envergure de près de deux mètres, à
l'allure débonnaire et craintive. Le site est constitué de tunnels au fond sablonneux parfois très étroits dans lesquels il faut s'engager avec précaution, la tête puis le torse encombré de la bouteille, remuer doucement les palmes pour éviter d'effleurer la roche. Mon frère est devant moi dans l'un d'entre eux, il se tourne vers moi, rieur, je le vois agiter ses palmes pour soulever le sable qui m'aveugle, je me précipite dans le prochain tunnel devant lui pour en faire de même à mon tour ... En une semaine, ses progrès sont perceptibles, il est moins agité dans l'eau et sa consommation d'air a nettement diminué, il arrive à se déplacer avec économie, à se mettre au diapason de l'espace ambiant, serein, silencieux, apaisé.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Visite de l'île : Vue du ciel ; Vue de la terre </b></span>
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">J'ai profité de son
séjour pour réaliser un tour de l'île en ULM. L'aéroclub du lagon
se trouve à quelques petites encablures de la maison, dans un hangar
près de l'aéroport, nous y sommes allés vers 8h30 après avoir
pris au préalable un rendez-vous. Nous sommes tous les deux surpris
par l'ULM, nous nous attendions à un engin en forme de deltaplane,
il s'agit davantage d'un très petit avion, le moniteur nous explique
que le sigle signifie en anglais les engins volants très légers. Je
laisse Cihan s'envoler en premier, j'attends patiemment son retour. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-aMEbh0I1_Rs/UalkgbeOigI/AAAAAAAAAfw/qmVCmJaKD4o/s1600/avion.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-aMEbh0I1_Rs/UalkgbeOigI/AAAAAAAAAfw/qmVCmJaKD4o/s400/avion.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Envole moi</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je m'installe, le pilote
me donne les explications, en cas de crise cardiaque du pilote, je
dois actionner une manette qui active le parachute de l'engin Oups …
Nous nous dirigeons vers la piste mais nous devons patienter, l'avion
qui arrive de Futuna déboule en bout de piste. Le pilote dialogue avec
la tour de contrôle qui lui indique des rafales de vent d'est à 16
miles par heure. Nous roulons lentement sur la piste, il fait
demi-tour, accélère et en quelques mètres nous voilà aspirés par
le ciel, je suis surpris par la soudaineté, la facilité de l'envol,
il m'explique que c'est lié au poids très faible de l'ULM. Nous
commençons le tour de l'île en allant vers l'îlot le plus au nord,
l'ilot aux Oiseaux, puis il longe la barrière de corail. Je lui
demande quelle est l'incidence du vent, il m'explique que cela
l'oblige à se mettre en biais par rapport à la direction des
rafales, je me rends compte de l'orientation du fuselage, l'avion
avance comme un crabe. En haut, l'île prend sa réelle dimension,
minuscule lopin de terre perdu dans l'immensité aquatique. Éphémère,
fragile, la barrière de corail qui entoure Wallis protège l'île
comme une chrysalide des agitations de l'océan, tandis que
l'activité humaine que l'on perçoit, voitures, hommes pressant le
pas est celle de fourmis frénétiques, zigzaguant vaguement vers un
but illusoire. A l'intérieur du crabe volant, je vois quelques tâches d'écume qui dansent par grappes à la
surface de l'eau, je suis sidéré par le déplacement très rapide
de l'une d'entre elles mais je comprends qu'il s'agit en réalité de
la trace des ailes d'un oiseau qui vole au ras de l'eau, fusant dans
l'espace. Le moniteur cite tous les ilôts que nous survolons
Nukuteatea, Nukuhione, Nukihifala, …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-kVuTfrgIeKY/UahdDceQAdI/AAAAAAAAAfQ/4g0WKsHfng4/s1600/faioa.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-kVuTfrgIeKY/UahdDceQAdI/AAAAAAAAAfQ/4g0WKsHfng4/s400/faioa.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Îlot de Faioa en forme
de « F »</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Nous remontons vers le
nord le long de la côte ouest, elle est véritablement déserte,
très peu de villages et d'habitations, aucun îlot face au rivage,
seul l'océan incommensurable qui happe le regard. Les ruines du fort
tongien sont perceptibles tandis que les deux immenses cratères de
deux lacs volcaniques se détachent de la verdure, gisant comme de
vastes yeux dévidés. Nous nous approchons de la piste, je ressens
les agitations, les turbulences au fur et à mesure que l'avion
descend. Quand les roues touchent le sol, tangage, le choc est
abrupt, inhabituel.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Autre visite de l'île,
en voiture. J'ai emmené Cihan une matinée faire un tour des
principaux points d'intérêt de Wallis. Le patrimoine de l'île est
essentiellement constitué d'églises et de sites chrétiens. Nous
avons commencé par un oratoire situé au carrefour de la RT3 et de
la RT2, avec l'inattendue image d'un Christ qui gît au milieu des
cocotiers. Petite montée vers le Mont Halo où se trouve le
couvent des Carmélites, qui permet d'avoir un point de vue surplombant les
flancs est et ouest. Visite de la chapelle Saint Jeanne d'Arc, de
l'église Saint Joseph, de l'église du Sacré Cœur en forme de
gâteau de mariage, constituée de tourelles emboîtées, et de la
cathédrale. Je l'ai emmené au fort tongien, sur un point surélevé
qui donne une vue sur la principale passe du lagon en cas d'attaque
ennemie ; quelques murs d'enceinte, des postes de guet pour les
soldats et les ruines de la résidence du chef coutumier sont
conservés depuis des siècles et régulièrement débroussaillés au
milieu d'arbres magnifiques. Un promontoire près de la station de
radio et télévision de Wallis au sud de l'île qui domine à l'est
l'océan Pacifique permet d'embraser en un seul regard les îlots du
sud, le lagon et l'océan. </span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je l'ai conduit à mes
deux sites de prédilection. Tout d'abord, la chapelle Saint-Pierre
Chanel située à l'ouest de l'île. Cette partie est très peu
habitée, la route qui y mène n'est pas goudronnée, cahotante,
quasi impraticable en cas de forte pluie. Et au fond de nulle part,
vous débouchez sur un espace clos où repose la chapelle à quelques
dizaines de mètres du lagon. Elle n'a rien de remarquable avec ses
pierres grises aux interstices rehaussés de blanc, son balcon bleu
où trônent trois statues dont celles du Christ et de Saint Pierre
Chanel à sa gauche, ses toits rouges, mais elle est touchante par sa
petitesse, son humilité. Improbable, miraculeuse construction née de la foi
humaine déposé sur l'extrême rivage d'une île perdue dans le
Pacifique, faisant face dans le silence, l'indifférence aux vagues
qui viennent mourir à quelques mètres, s'imprégnant lentement,
silencieusement de la beauté impassible de la Nature pour se fondre
en elle dans l'éternité.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">En continuant sur la RT1
qui mène via un léger détour à la chapelle, après une petite
croix sur le chemin, on accède au lac volcanique Lalolalo. Celui-ci
se déploie en contrebas dans une immense crevasse circulaire aux
flancs à pic entourée d'une végétation dense dont les fastes
verts se reflètent somptueusement sur l'eau.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-GBSOKCTGHV4/UahdUHTbT-I/AAAAAAAAAfY/HDnZsxXR4sA/s1600/lac.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-GBSOKCTGHV4/UahdUHTbT-I/AAAAAAAAAfY/HDnZsxXR4sA/s400/lac.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Le lac Lalolalo</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Jeu de l'écho : vous
vous tournez vers votre droite, vous criez très fort, vous entendez
les vibrations sonores qui se répercutent sur la paroi, qui tournent le
long de l'espace et qui reviennent vous frapper comme un boomerang de
la gauche ; le rendu du son est ici remarquable compte tenu de la
profondeur de la fosse, de la circularité quasi parfaite du
cratère, la trajectoire tourbillonnante de l'écho est étonnante, déconcertante. Je propose à Cihan d'y jouer, il crie spontanément le nom
de sa fille, le prénom déboule, ripe le long de la falaise, se
multiplie, revient vers nous « <span style="font-size: medium;">Sé-line</span>,
Sé-line, <span style="font-size: x-small;">Sé-line</span>, <span style="font-size: xx-small;">Sé-line,</span>
Sé-line, <span style="font-size: medium;">Sé-line ». </span>Pour ne pas faire de
jaloux, je lui dis de gueuler aussi très fort aussi le prénom de
son garçon, les syllabes « Ay-den » réalisent le tour
du cratère comme celui d'un cœur pour rebondir allègrement vers
nous. Il a écourté ses vacances d'une semaine pour les revoir, les
prénoms emmêlées de ses enfants tournoient, se poursuivent sans
fin depuis ce jour autour du lac dans une ronde joyeuse et
fraternelle ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">La visite s'est déroulé
le matin de son départ, nous sommes deux heures plus tard devant
l'aéroport. Il repart, les fleurs se sont converties en coquillages, empreintes durables, impérissables de l'instant présent fixé pour l'éternité.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-RLSPbqBU25E/UahdmZt1ZvI/AAAAAAAAAfg/KuHjbfhOL94/s1600/coquillages.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-RLSPbqBU25E/UahdmZt1ZvI/AAAAAAAAAfg/KuHjbfhOL94/s400/coquillages.JPG" height="300" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Coquillages en auréole</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-19745962234958608162013-05-17T20:32:00.002+12:002013-06-13T08:04:52.332+12:00Séjour à Fidji : Parfums d'Inde et Corail Magique<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: inherit; font-size: x-small;">"Par réalité et perfection, j'entends la même chose"</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: inherit; font-size: x-small;">Spinoza, Ethique, E2P6</span></div>
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Alors que l'avion entamait sa montée vers les cieux, je regarde à travers le hublot, l'arche incomplète d'un arc-en-ciel dont les couleurs pâles vibrent au dessus d'une petite couche de nuages. C'est la première fois que j'aperçois ce phénomène depuis le ciel, je cherche avec curiosité quelques traces d'humidité, un nuage plus gris que d'autres, mais je suis incapable de discerner les gouttelettes de pluie, l'espace immense est serein, parsemé de nuages blancs. A travers les bandes colorées, les couleurs estompées de l'île de Wallis, qui se remet lentement du passage du cyclone Evan, ainsi que celles du lagon aux nuances éternelles vert-bleu se confondent, le paysage entrevu semble palpiter sourdement, secrètement en accord avec mon être.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'avais eu un début d'année 2013 chargé au niveau du travail, j'avais décidé de prendre une petite semaine de congés du 9 au 16 février. Destination : Fidji. C'est le pays d'Océanie le plus proche de l'île de Wallis, au sud ouest, et c'est par conséquent facile d'y aller passer des vacances, même si cela demeure à près d'une heure et demie en avion. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
république de Fidji est un pays d'influence anglo-saxonne devenu
totalement indépendant de la Grande-Bretagne en 1970. La culture
fidjienne est très proche par bien des aspects de la culture
wallisienne (importance du kava, culture profondément chrétienne,
etc …) mais leur apparence est de type mélanaisienne, à l'instar des Kanaks de Nouvelle Calédonie, plus que
polynésienne.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
J'ai
été surpris par la présence d'une très forte communauté
d'origine indienne au sein de cette population. Les Européens ont
fait venir à la fin du 19ème siècle une main d'œuvre indienne
pour cultiver les champs de canne à sucre sous la forme d'un contrat
de 5 ans et celle-ci s'est graduellement implantée dans le pays. Peu
de mélanges m'a-t-il-semblé entre ces deux groupes de population, les
Fidjiens et les Indo-fidjiens, ces derniers continuant à parler en
hindi entre eux. La terre ne peut leur appartenir car ils ne
jouissent pas du statut de Fidjien de souche. La différenciation
systématique entre ces deux communautés est l'explication
principale des soubresauts politiques réguliers dans ce pays, coup
d'état, renversement de gouvernement, …<br />
<br />
<b>Visite
de Nandi et des alentours</b></span><br />
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Petite
excursion le dernier jour de mon voyage à Fidji à Nandi (ou Nadi
selon les orthographes) qui a débuté par la visite du temple Sri
Siva Subramaniya, le plus grand temple hindouiste de l'hémisphère
sud, situé à la fin de la grande route principale de la ville.
Dès l'entrée, la façade frappe le regard par son aspect vivement
coloré, ses colonnades lumineuses tandis que sur le dôme pyramidal,
tout en haut, trônent les statues des divinités hindoues.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-X5f40SDZ30g/UZCKEJK8wVI/AAAAAAAAAds/dinAUOu-ezQ/s1600/P1020561.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-X5f40SDZ30g/UZCKEJK8wVI/AAAAAAAAAds/dinAUOu-ezQ/s400/P1020561.JPG" width="300" /></span></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La façade du temple</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les
dieux principaux de l'Inde sont au nombre de trois, Trinité
représentée par Brahma, Vishnu et Shiva. C'est ce dernier qui est à
l'honneur ici avec sa descendance, Ganesh et Subramaniya. Shiva est
le Dieu de la destruction, mais celle-ci est nécessaire pour la
création d'un nouveau monde. Il est aussi le Seigneur de la danse,
il effectue avec sa compagne Parvati <span lang="fr-FR">une sublime
danse cosmique, le </span><span lang="fr-FR"><i>tandava</i></span><span lang="fr-FR">,
qui symbolise la destruction et la renaissance du monde.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
figure de Ganesh était pour moi la plus connue, il s'agit
de ce Dieu à la tête sympathique d'éléphant, avec son immense
trompe qui lui donne un air jovial, rigolard. Il est l'enfant de
Shiva et Parvati et dieu de la sagesse, de l’intelligence, de
l’éducation, de la prudence et protecteur du foyer domestique.
Dans sa représentation, il est composé d'une partie inférieure
humaine et d'une partie supérieure, la tête, éléphantine et
cosmique. Il est un homme mais son esprit-éléphant est à l’image
du cosmos, il peut donc, par la puissance de la pensée, écarter les
obstacles de l’ignorance et comprendre la nature de l’Univers. Il
est souvent accompagné d'une petite souris au caractère malicieux,
espiègle.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
temple porte le nom de Subramaniya, appelé parfois Murugan, autre
enfant de Shiva. Alors que son frère Ganesh est pacifique, il a
hérité de son père le goût de la destruction puisqu'il est le
dieu de la guerre. Il est d'une force démesurée, orgueilleux et il
a pour animal fétiche compagnon un paon.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les
plafonds étaient peints dans un style naïf, quasi enfantin. Chaque
morceau de fresque était numéroté et l'histoire de Shiva ou de
Subrahmaniya se lisait telle une bande dessinée.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-ieXmJ3Eq35c/UZCKZl5i3EI/AAAAAAAAAd0/_Xs29pHjYzs/s1600/P1020492.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://4.bp.blogspot.com/-ieXmJ3Eq35c/UZCKZl5i3EI/AAAAAAAAAd0/_Xs29pHjYzs/s400/P1020492.JPG" width="400" /></span></a></div>
</div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ganesh,
Parvati, Shiva et Subrahmanniya réunis </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Shiva
était représenté avec trois yeux. Ses trois yeux symbolisent le
soleil, la lune et le feu. Plus généralement, ce troisième œil
placé sur le front entre les sourcils qui figurait sur nombre de
statues a une signification symbolique, c'est l'œil de l'âme, celui de la connaissance
intérieure de soi. Beaucoup de statues avaient de multiples bras, des
corps qui se superposent l'un sur l'autre. Quelle en est la
signification ? En nous affleurent des individus différents,
contradictoires, avec des désirs, des pensées multiples, infinis
que seuls nos actes à chaque moment pétrifient dans le moment
présent ?</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Petit
détour rafraichissant après la visite du marché local de fruits et
légumes vers « Le Jardin du Géant Endormi », car la
colline qui jouxte la propriété ressemble à un immense homme
allongé sur le dos. C'est un jardin botanique qui appartenait à
l'acteur américain Raymond Burr, connu pour ses rôles dans les
téléfilms Perry Mason et l'Homme de Fer. Il a passé sa vie à
collectionner l'orchidée et près de 200 espèces se côtoient ici.
Très beau jardin avec un étang dégorgeant de nénuphars qui
rappelle celui de Giverny peint par Monet. Reine des orchidées au
milieu du jardin : le cattleya ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-bE9gtV7o8hY/UZCKwQ_661I/AAAAAAAAAd8/mtIXaBwsO8k/s1600/P1020515.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="400" src="http://2.bp.blogspot.com/-bE9gtV7o8hY/UZCKwQ_661I/AAAAAAAAAd8/mtIXaBwsO8k/s400/P1020515.JPG" width="300" /></span></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Hommage
à M. P.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dernière
étape ludique, les piscines de boue naturelles. Après s'être
enduit de boue, on passe dans une première piscine, source d'origine
volcanique avec quelques bulles qui viennent de temps en temps crever
en surface. Sensation visqueuse, d'aspiration vers le fonds la terre lorsqu'on
marche sur le fonds qui s'enfonce, comme des marais mouvants prêts à
vous avaler. Puis on effectue une petite marche avant de se laver
dans un bassin au fond dur, avec une eau à la température très
élevée.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-dbMDpsAGAcQ/UZCK_-02yWI/AAAAAAAAAeE/LPSE_JK_ZVg/s1600/P1020550.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="240" src="http://3.bp.blogspot.com/-dbMDpsAGAcQ/UZCK_-02yWI/AAAAAAAAAeE/LPSE_JK_ZVg/s320/P1020550.JPG" width="320" /></span></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Muddy
Muddy Muddy</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'après-midi,
je suis retourné en ville faire quelques achats. La ville de Nadi a
visiblement grandi trop vite au gré d'une mondialisation non
contrôlée, elle est constituée autour de la vertèbre d'une artère
principale toujours encombrée par les voitures qui crachent leur
plomb noir, suffocant dans l'atmosphère. Un violent orage a éclaté, j'ai attendu
près d'une heure qu'il se mette en mode pause mais rien à faire ;
j'ai dû me jeter sous les trombes dans un autobus pour rentrer. J'ai
été intrigué par ces vieux bus de Fidji qui n'ont pas de système
électrique pour prévenir le chauffeur du souhait de s'arrêter à
la station. Ici, un long fil court le long du bus en hauteur, il
suffit de s'y agripper pour actionner la sonnette. Je m'y suis
précipité et …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/--CY3ioG0NbM/UZCLrWxF5mI/AAAAAAAAAeU/axRCNXqo2jQ/s1600/P1020484.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://2.bp.blogspot.com/--CY3ioG0NbM/UZCLrWxF5mI/AAAAAAAAAeU/axRCNXqo2jQ/s400/P1020484.JPG" width="400" /></span></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dring
Dring</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dring
Dring prochaine étape …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Excursion
autour de Savu-Savu</b>
</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après
une journée consacrée au voyage de Nadi à Savu-Savu, journée
harassante car j'ai transité de très longues heures à l'aéroport
de Suva, j'ai fait une petite randonnée en compagnie d'un guide
local, Sharon, qui gérait le Naveria Lodge ainsi que d'un couple
d'amoureux qu'elle logeait en lune de miel, Andy et Iliana. Je me
trouvais sur l'île de Vanua Levu, la deuxième plus grande île de
Fidji après Viti Levu. La végétation m'est apparu beaucoup plus
luxuriante qu'à Wallis, la forêt tropicale environnante dégage une
impression de profondeur, de sauvagerie. Les lianes pendent le long
des arbres, formant une épaisse barrière à la pluie et au soleil.
Sharon, adepte assidue de la médecine naturelle, donnait de
nombreuses explications sur les vertus médicinales des plantes, en
anglais bien entendu et je ne comprenais pas tout. La ballade s'est
étirée le long de quelques crêtes qui surplombaient la forêt et
la baie de Savusavu. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-Alb1wYr2YJw/UZCLVGfxBQI/AAAAAAAAAeM/oOxgyV57skQ/s1600/P1020470.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://3.bp.blogspot.com/-Alb1wYr2YJw/UZCLVGfxBQI/AAAAAAAAAeM/oOxgyV57skQ/s400/P1020470.JPG" width="400" /></span></a></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vue
de la baie de Savusavu</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La
promenade s'est terminée dans un quartier déshérité de la ville,
un bidonville où s'entassaient des bungalows construits en tôle de
fer, dont la toiture est souvent arrimée au sol par un cordage qui
me semblait bien fragile pour lutter contre les cyclones dévastateurs
de l'été. Le contraste est saisissant entre les immenses espaces de
la nature et l'empilement de ces maisons, dont on pouvait apercevoir
à travers quelques portes entrouvertes la grande pauvreté qui y
régnait. Lorsqu'on voit la même population dans des habitats
traditionnels, des cases ou des huttes dans un dénuement extrême,
cette tendance à les plaindre disparaît en nous tandis que
l'acceptation de la société de consommation, vécue comme un
progrès par ces individus nous semble une régression intolérable,
alors que nous sommes nous même fourvoyés, prisonniers à l'intérieur de
celle-ci. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A
chaque fois que nous croisions sur le chemin un Fidjien, un sonore,
bienveillant et jovial « Bulla » s'échappait de leur
lèvres, ce qui signifie « Bonjour ».</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dring
Dring prochaine étape …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Journée
de plongée au « Koro Sun Resort »</b></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
lendemain, très tôt, Matt, le moniteur de plongée du « Koro
Sun Resort », est venu me chercher à l'hôtel pour m'emmener
au centre de plongée situé à une quinzaine de kilomètres de
Savu-Savu. J'étais en compagnie d'une dizaine d'autres plongeurs. Il
s'agit d'un centre Padi, une structure de plongée anglophone
internationale, c'est la première fois que je plongeais dans une
structure extérieure à Wallis. En fait, c'est bien plus simple,
tout est pris en charge par le personnel, le matériel est préparé,
seule préoccupation : la plongée. C'est un système qui favorise la
paresse, mais comme c'est un tropisme naturel de l'individu …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
suis tranquillement le groupe de plongée dans le premier site
intitulé « Donjons and Dragons ». Matt nous fait
découvrir le corail magique, aux polypes de couleur beige, voire
marron, qui a la particularité de changer de couleur au simple
toucher de doigts. J'en effleure deux ou trois, que Matt me désigne
à chaque fois, et comme par enchantement, une onde soudaine
invisible parcourt le corail en quelques secondes à partir de ce
point d'impact qui décolore la structure pour lui donner un aspect
blanc immaculé, sous le soleil qui illumine alors les profondeurs.
Ce sont les polypes qui en réalité se rétractent à l'intérieur,
apeurés par le contact de notre peau.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Matt me précède le long de tunnels parfois obscurs, parfois lumineux. Il
est visiblement très à l'aise dans l'eau, il plonge avec un simple
short, sans combinaison, svelte et bien bâti, il a l'adresse
que donne une jeunesse insouciante, sûre de soi dans ses gestes. A
la sortie d'un tunnel, il s'arrête près d'un récif, enlève le
détendeur de la bouche et expire par petites saccades, en
arrondissant les lèvres. Au lieu de prendre la forme d'une bulle, la
poche d'air se transforme en un anneau effilé qui s'échappe de sa
bouche pour s'agrandir puis se désagréger en centaines de bulles
plus petites au bout d'un ou deux mètres. Les anneaux d'air
s'enchaînent à un rythme constant, les cercles concentriques
s'élèvent dans un tremblement dans l'eau limpide, se froissent délicatement, se déploient
avec grâce un bref instant puis Pouf, ils éclatent comme un rêve
évanoui …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'ai
le vague souvenir d'avoir lu une scène où Gandalf et Bilbo (est-ce
dans le Seigneur des Anneaux? Bilbo le Hobbit ?) s'amusent ainsi avec
la fumée de leur pipes pour produire des anneaux et autres formes,
je décide alors de surnommer Matt …</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-d3kgveZHtXE/UZCMh_de8iI/AAAAAAAAAeg/d-TOmRH6_QI/s1600/P1020648.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://2.bp.blogspot.com/-d3kgveZHtXE/UZCMh_de8iI/AAAAAAAAAeg/d-TOmRH6_QI/s400/P1020648.JPG" width="400" /></span></a></div>
</div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">The
lord of the bubble-rings</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
seigneur des anneaux-bulles</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après
une heure de repos en surface, deuxième plongée. A nouveau, le
corail magique s'étend devant nous, à simple portée des bras. Matt
me hèle à nouveau et me propose d'en toucher un. Enchantement
soudain, éphémère, vif, le corail est immense, il occupe la moitié
d'un récif, je vois se déployer en quelques instants le souffle
invisible blanc qui foudroie en un éclair la surface. Mariszka, une
jeune hollandaise, touche le récif de l'autre côté. Répétition
de l'enchantement, les deux faces resplendissent comme les ailes
éclatantes d'un ange. Je regarde un long moment ces ailes
séraphiques qui vibrent sous la lumière fine qui se déverse depuis la
surface …</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: yellow;"><span style="background: rgb(0, 0, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'aurais
voulu que mes pensées jaunes ensoleillées se fourbissent au coeur
des étoiles étincelantes, qu'elles éclatent dans des explosions
thermo-nucléaires, qu'accompagnant les photons, elles se projettent,
fusent, se déversent dans les espaces démesurés, voyagent des
milliards d'années pour venir frapper l'eau limpide des océans.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: navy;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
rêvais que mes idées, traversées par les rayons des soleils, se
promènent dans les eaux bleues intenses, qu'elles suivent dans leurs
périples sous-marins les baleines, dauphins et poissons pour se
gorger des mystères des profondeurs, puis remontant en surface tels
des désirs impérieux, qu'elles s'évaporent dans l'air pour s'unir
aux nuages filant dans l'air.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: green;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Portés
par les nuages se répandant dans le monde, les mots lourds du poids
de ma vie s'épandraient dans les bois verts, imprégneraient les
forêts immenses de la terre, ou fragiles, évanescentes, elles
viendraient se déposer sur quelques plantes graciles se balançant
dans le vent pour resplendir dans la beauté des jours.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: red;">Mes
phrases alors s'évaporeraient, danseraient dans le monde, où que
vous soyez elles vous toucheraient comme des sabres tranchants.
Portés par leur musique unique, leur texture neuve, elles
rougeoieraient en vous comme un sang bouillonnant, elles se
fraieraient un chemin tenace pour exploser comme un soleil dans votre
coeur. </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je
suis reparti, mon langage n'est pas au centre du monde mais je sens
sa grâce étourdissante et vertigineuse en moi …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
continuons notre chemin sur le site « Turtle's Alley ». A
la sortie d'un tunnel, deux tortues
marines en point de mire. L'une des deux commence à s'éloigner mais voit soudain son chemin bloqué par un de mes compagnons de palanquée. Elle se retourne d'un
geste vif, se dirige lentement vers moi. Je bloque ma respiration
pour éviter de signaler ma présence par les bulles compromettantes,
j'évite tout mouvement brusque, elle s'approche en douceur à
quelques mètres, puis à portée de bras. Brusquement, elle
m'aperçoit, et d'un coup de nageoire appuyé semblable à un aileron
vire de bord et s'enfuit rapidement. Visiblement, la réputation de
lenteur des tortues provient de leurs cousines terrestres, car elle
nage bien plus rapidement que le meilleur des plongeurs.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dring
Dring prochaine étape …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Journée
de plongée au « Jean Yves Cousteau Resort »</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le lendemain, je partage
un taxi avec Andy et Iliana pour me rendre au « Jean Yves
Cousteau Resort » pour une deuxième journée de plongée.
Beaucoup de personnes présentes la veille sont à nouveau là, la
rumeur que nous allions nous rendre à l'île de Namena, lieu de
plongée réputé, s'est répandu dans le petit cercle de la plongée
à Savusavu. Comme je suis sujet au mal de mer, que je m'étais senti
très mal la veille en fin de journée, j'achète des pilules contre
le mal de mer que j'avale rapidement.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous nous rendons près
de l'île en moins d'une heure. Ici, ce sont des Fidjiens, souriants
et prévenants, qui se chargent des préparatifs. La guide de
palanquée donne les instructions et énumère la faune et la flore
visible sur le premier site « Grand Central Station ».
Celui-ci est réputé pour la présence des requins marteaux, le
signe pour prévenir les autres de leur présence est de se frapper le
crâne avec les deux poings comme avec un marteau. Mais elle prévient
« Sometimes they come, sometimes they don't » Parfois ils
viennent, parfois non ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bascule arrière dans
l'eau. Nous longeons un tombant pendant une vingtaine de minutes, le
guide devant moi martèle régulièrement sa bouteille avec une fine
tige de métal Ding Ding pour attirer l'attention des requins.
Franchissement d'une arche végétale, cinq six requins pointent le
bout de leur nez à quelques mètres, mais celui-ci n'est pas en
forme de marteau, ce sont des requins de récifs. Nous arrivons près
des excroissances de coraux durs, nous effectuons le palier de
sécurité de trois minutes. Juste à ce moment, quelques dizaines de
poissons de taille diverse surviennent dans un éclatement de teintes
bleue, verte, violette, jaune, orange.
</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je n'ai pas aperçu de
requins marteaux, personne ne les a vu.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La veille, à la fin de
la plongée, l'un des plongeurs m'avait dit « Unfortunately, at
the end, it was merky » Malheureusement, à la fin, c'était
merky ??? (Prononcez meuurky...). Il m'explique que cela signifie
trouble, empêchant une bonne vision. Aujourd'hui, une fois revenu
sur le bateau, je me tourne vers quelques plongeurs, je leur dis
« Unfortunately, at the beginning, it was merky »... En
fait, ce n'était pas si merky que ça, et nous étions au début à
plus de trente mètres, il était naturel que la visibilité soit
moins bonne, mais je voulais absolument placer ma nouvelle
connaissance linguistique, ils acquiescent et entament la
conversation à ce sujet. Je suis fier de ma capacité de maîtrise
de l'anglais, qui se résume là au pouvoir du perroquet ;-) </span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après
un repas léger, plongée sur le site « Mantle Mount »,
appelé ainsi car l'habitat des raies mantas se trouve non loin. Nous progressons le long
d'un falaise à laquelle s'accrochent des gorgones géantes qui
frémissent avec nonchalance dans le courant comme des palmes
caressées par le vent. C'est une dérivante, plongée que
j'apprécie car il s'agit simplement de se laisser aller dans le sens
du léger courant en profondeur. Nous remontons vers une esplanade
avec quelques récifs, Andy et Iliana avancent devant moi lorsque
tout à coup, un requin surgit de notre
droite, à une allure rapide. Iliana sursaute de peur, se tourne avec
un grand regard effrayé vers moi, je souris car le requin déjà
s'éloigne. Une dizaine de requins se pressent devant nous puis s'en
vont. Pas de raies mantas à l'horizon mais sur le bateau, quelques
plongeurs qui étaient à l'arrière de la palanquée, les yeux
émerveillés, disent en avoir vu un. L'un d'entre eux nous montre
fièrement la vidéo de l'immense raie, je vois le reflet de l'animal
qui tel un oiseau plane avec grâce dans l'eau bleue.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je n'ai pas aperçu la
raie manta, certains l'ont vu.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous rentrons, un calme
impressionnant règne sur le bateau, lié à la fatigue accumulée
des deux plongées. Tout à coup, deux plongeurs crient, se lèvent
en désignant une direction ; il s'avère qu'ils ont vu une baleine
qui vient de replonger dans l'eau. Nous guettons un moment puis
j'entends tout le monde s'extasier quelques instants plus tard.
Qu'ai-je vu ? En fait une vague ombre à deux cent, trois cent mètres
mais c'est à une distance trop grande pour que je puisse réellement
distinguer les formes compte tenu de mon absence de lunettes,
s'agit-il de la queue d'une baleine ?</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tout le monde a vu la
baleine, j'ai cru l'apercevoir, mais rien n'est moins sûr, rien
n'est moins sûr …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Tous les soirs, j'essaie
de me remettre au jogging. C'est difficile, j'ai le souffle court,
j'entame désormais une course contre la montre, contre le déclin de
mon corps, combat inégal perdu d'avance. Je pousse un peu plus loin
que les autres jours, j'arrive jusqu'à un arbre-paon, l'arbre du
voyageur qui déploie avec arrogance son éventail dans un jardin.
Est-ce le triomphant Subrahmaniya, l'impitoyable dieu-guerrier, qui vient à
sa rencontre en ces contrées? C'est un simple homme à la respiration
syncopée, aux membres fatigués, qui s'arrête pour reprendre sa respiration, toise un
instant l'immense arbre-paon pour battre en retraite.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Sur le chemin du retour,
un enfant indo-fidjéen au large sourire d'une douzaine d'années, avec de longues jambes effilées de coureur de fond, se porte à ma
hauteur. Nous partageons quelques foulées, je lui dis qu'il a l'air
sportif, il commence à me narrer fièrement ses exploits scolaires en course à
pied. Je porte une légère accélération en lui faisant un petit
clin d'oeil préalable, il répond sans souci, maintient l'effort
constant et commence à son tour à me tester, il accélère … Je
ne pense pas pouvoir tenir sur ce rythme longtemps Ouf se profile le
croisement de la route vers mon hôtel situé sur une butte. Je lui
dis que je dois tourner à droite, un petit top amical dans la main
de la graine de champion, je baisse singulièrement mon allure
juste quelques mètres après le virage ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dring Dring prochaine
étape …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Dernière
bulle ...</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je pouvais encore
consacrer la journée à la plongée, mais je suis exténué après
les quatre explorations sous-marines précédentes, je décide de
visiter le « Waisali Rainforest Reserve Park », parc
local naturel d'une grande variété de faune et de flore. Je me
renseigne sur le prix d'un taxi ; trop cher, je prends le bus qui
traverse l'île de Savusavu à Labasa. Celui-ci est d'une incroyable
lenteur, brinquebalant, il n'est pas climatisé, surchauffé, le
véhicule est particulièrement poussif sur les pentes sur lesquelles
il s'engage en première vitesse, je sue à grosses gouttes sur mon
T-shirt bientôt complètement trempé, collant à ma peau. Je
discute tout au long du trajet avec un Fidjien du nom de Bio qui
m'offre des petites graines très salées à grignoter. Le chauffeur,
prévenu de ma destination s'arrête devant le parc qui se trouve sur la pente d'une colline, je descends et
...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Très mauvaise surprise
... Un énorme cadenas bloque la porte d'entrée, je tire en vain sur
celle-ci. Je ne distingue personne dans le cabanon d'accueil de
l'autre côté, je crie « Hello, is there somebody ?»
mais en vain. Je crie de plus en plus fort, je descends, je monte le
long de la clôture, je hurle mais je dois me rendre à l'évidence, c'est le
désert complet. Une pluie drue commence à s'abattre qui se mêle à
ma sueur, je vais tenter de forcer sur la chaîne aux lourds chaînons
mais ce sont simplement mes frêles poignets qui remuent de manière
frénétique, pathétique … Je me réfugie sous un abri le long de
la route.</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je regarde derrière moi
la barrière, je pourrais l'escalader pour tenter tout de même
l'excursion désirée. La voix de l'aventure, juché sur mon épaule
gauche, voix jeune, moqueuse, me susurre de grimper, qu'il est
stupide d'être venu jusque là pour repartir, qu'il n'y a rien à
craindre. Celle de la raison, reposant sur mon épaule droite, voix
mûre, grave, m'explique qu'en cas de souci, nul ne pourra venir me
chercher, qu'il est stupide de prendre un tel risque. Mon coeur
balance, penche à droite, j'entends un rire ...</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au bout de près d'une
heure, un bus qui retourne à Savusavu descend la côte, je bondis à l'intérieur, et de nouveau,
fournaise, sueur …</span></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je suis passablement
énervé au retour à l'hôtel après plus de six heures de trajet, je demande à la réception la raison
de la fermeture, si la Saint Valentin est un jour férié à Fidji
puisque c'est le 14 février ; les deux réceptionnistes m'assurent
que non, ils sont visiblement désolés de ma mésaventure. Ils me proposent de
patienter les deux dernières heures avant le transfert à la piscine. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je rentre dans l'eau, immédiatement elle se répand sur mon corps, soulage la tension, la crispation née de la journée perdue dans les transports. Je pratique la brasse, je n'ai pas assez de souffle pour crawler, tête, épaules, torse, hanches, genoux, pieds, l'eau dans un bourdonnement claque sur mes oreilles, ruisselle, fuse le long de mon corps, ravissement progressif de mes membres, diffusion lente de cette sensation vers mes organes intérieurs, mes poumons, mon coeur, mes os. De nouveau, lente fusion vers l'instant présent.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L'heure du départ s'approche, je tente pour m'amuser de descendre au fonds de la piscine, de buller comme Matt. Mes bulles informes s'échappent de moi, mais rien à faire, elles ne prennent pas la forme d'anneaux ... Je dois m'en aller, dernière tentative, je rejette ma tête en arrière, la vision se trouble, s'obscurcit à travers mes lunettes de plongée, l'eau de la piscine et le ciel que je devine se fondent dans une même étreinte. Je ferme les yeux, j'ouvre le troisième oeil en moi, celui de la connaissance, des sens en étroite osmose avec l'esprit, celui qui lit à coeur ouvert dans votre âme, qui discerne vos rages secrètes, qui détecte vos doutes cachés, qui guette vos espérances muettes, qui participe à vos joies profondes. J'ouvre la bouche, à travers mes lèvres, mon souffle se libère. La bulle prend la forme souhaitée, elle se modèle selon mes rêves, elle s'agrandit démésurément, devient tour à tour rose aux pétales fragiles, hibiscus au pistil flamboyant, âne joyeux et braillard, dragon à la gueule enflammée, mosquée aux minarets touchant le ciel, cathédrale à la rosace battante comme un coeur, se colore aux couleurs de l'arc-en-ciel. S'unissant dans un ultime embrasement à l'univers entier, elle se désagrège en mille éclats pour se déposer sur vos cœurs.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
</div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-62526831622776570082013-02-24T20:17:00.002+12:002013-08-14T18:51:13.250+12:00En bonne compagnie dans le Pacifique (2)<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><strong>Quatrième journée</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mercredi après-midi, nous sommes tous présents pour continuer le stage. Nous nous observons les uns les autres, nous scrutons les changements intervenus depuis la veille ; il est facile de deviner grâce aux accessoires, aux déguisements que beaucoup d'entre nous arborent déjà quel sera le personnage interprété. La soeur religieuse va se réincarner en prostituée, le garagiste s'est mis dans la peau d'un jeune surfeur ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Avant la séquence de jeu de personnages, apprentissage de la manière de donner une claque sur scène ou de la recevoir, de donner l'illusion d'une violence réelle. Le plus simple consiste à porter le coup sur le visage, celui qui subit la gifle doit exagérer le mouvement de la tête et en même temps frapper sa cuisse, en prenant le soin de cacher ce dernier geste aux spectateurs avec la difficulté de coordonner ces deux mouvements qui doivent être simultanés. Pratique dans la foulée : je me suis fait démonter le visage par des femmes en furie, je me suis écroulé sous les coups retentissants d'hommes en colère ; oeil pour oeil, dent pour dent, après m'être courageusement relevé, j'ai cogné à l'aveugle avec toute la fougue dont Ricky était capable Pif Paf Boum les voilà tous KO. Un partout, la balle au centre ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour ceux qui n'avaient pas encore leurs déguisements, nous les avons enfilés pour jouer le personnage du jour. Celui que nous avions interprété spontanément mardi était une prolongation rêvée de notre imaginaire, une ébauche de tendances inconscientes au fond de nous, j'ai trouvé que malgré l'apport d'un costume, l'interprétation était rarement meilleure, elle était au mieux d'un niveau similaire mais le plus souvent d'un niveau inférieur. Seule exception à la règle, une amie, Michèle, que j'ai trouvé plus convaincante dans le rôle de voyante que dans celui de l'enfant endossé un jour auparavant.</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Je n'ai pas dérogé à la règle. Pour choisir mon personnage, j'avais adopté le raisonnement suivant : l'opposé d'un homme est une femme Abracadabra me voilà appartenant à la gente féminine. Et l'opposé de la boxe, sport d'essence masculine par excellence pour beaucoup, c'est la danse. J'étais donc devenu Sylvie, danseuse classique, censée incarner la grâce mais très imbue d'elle même. Étant naturellement viril et modeste, j'ai eu du mal à interpréter une danseuse efféminée et orgueilleuse ;-)</span></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-3IjEJsF3KPU/UScpJPSAlOI/AAAAAAAAAdA/7pNMbCcrmDI/s1600/interview.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://1.bp.blogspot.com/-3IjEJsF3KPU/UScpJPSAlOI/AAAAAAAAAdA/7pNMbCcrmDI/s400/interview.jpg" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Danseuse ou clown ?</span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-1z7xG42Q8xk/UScrUDUNS-I/AAAAAAAAAdI/rwcU2MNqIQE/s1600/danse.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="http://3.bp.blogspot.com/-1z7xG42Q8xk/UScrUDUNS-I/AAAAAAAAAdI/rwcU2MNqIQE/s400/danse.jpg" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Grâce et Légèreté ?</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Laideur et Lourdeur ?</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">La recherche du déguisement avait été simple. Je disposais d'une robe qu'une amie m'avait donnée pour une fête costumée et j'avais demandé à Michèle si elle avait en magasin une perruque féminine. Elle m'en a apportée une, qui était en fait celle d'un clown ... Encore une fois, j'ai eu du mal à être convaincant, mon interprétation de Ricky le champion du monde de shadow-boxing était largement meilleure. On m'a demandé de faire une petite démonstration, j'ai esquissé quelques entrechats grotesques, la perruque au final était parfaitement adaptée ...</span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;">Le dernier exercice a été d'une grande difficulté à exécuter. Par petit groupe de deux personnes, nous interprétions une situation où chacun d'entre nous passait du personnage de la veille à celui de la présente journée. Il fallait changer de peau en quelques fractions de secondes et donner vie ainsi à quatre personnes de la sorte. Résultat moyen car nous rajoutions à la difficulté de passer de l'un des personnages à l'autre celui d'une situation trop complexe, seul un groupe a été bon en choisissant la scène très simple d'une rencontre à un arrêt de bus.</span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><strong>Dernière journée</strong></span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le stage touche à sa fin. Les exercices de relaxation et de jeux avec le corps avaient pris une tournure divertissante. Steev avait mis en place une séquence de mouvements de bras, de jambes, de petites tapes sur les cuisses et de pas marqués au sol, que nous exécutions en ronde, qui transmettait une énergie qui naissait de l'aspect dynamique, synchronisée de l'ensemble, partage de la joie dans le groupe semblable à celle contenue dans ces flash-mobs qui abondent sur les sites de partage de vidéos sur Internet, où chaque participant se fond dans un enchaînement dansant et musical, s'adonne au plaisir de participer à une oeuvre collective amicale, s'amuse de voir son mouvement reflété dans celui d'un autre. Autre séquence mémorable : celle qui consiste à s'étendre sur le sol, à tenir le corps et les membres fermes tandis qu'un groupe de six à huit personnes vous soulèvent avec leurs mains. Impression étrange d'être happé vers le ciel, d'échapper un court moment à l'attraction terrestre. Enthousiasme vif dans la poitrine, sentiment de légèreté tandis que vous reposez sur des mains accueillantes ; Steev le Wallisien au torse puissant et aux grandes mains était très sécurisant dans cet exercice.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">La partie mime était consacrée à l'apprentissage de l'ouverture d'une porte imaginaire sur scène. Il fallait manipuler délicatement la poignée, ne pas oublier de fermer la porte derrière soi, exercice infiniment difficile, qui a réclamé de ma part une concentration, une vigilance extrême puisque je laisse souvent les portes ouvertes dans ma vie quotidienne ... L'improvisation suivante utilisait cet aspect puisqu'il fallait imaginer l'ouverture d'une porte qui débouchait sur un monde imaginaire. Quelques amis se rencontrent, décident d'aller dans un bar, un restaurant, un hammam mais lorsqu'ils ouvrent la porte, ce n'est pas du tout cet univers quotidien qu'ils découvrent. Exercice rendu plus difficile par le fait que nous ne pouvions nous concerter avant, et qu'à partir du franchissement de la porte, la communication ne pouvait se faire par les mots, l'imagination devait essentiellement reposer sur le mime. Le premier qui franchissait la porte et découvrait le monde invisible impulsait le mouvement aux autres membres du groupe, qui devaient comprendre sa proposition, enchaîner avec une gestuelle qui prolongeait l'illusion. J'ai franchi le seuil, imaginé que l'on se retrouvait dans l'océan, nous nagions avec quelques amis en faisant des bulles, des poissons et des requins flânaient tout autour, scène qui était le simple reflet de souvenirs réels ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Isabelle nous a demandé de choisir le thème de la dernière improvisation. Celui de l'année passée était parait-il "la rencontre", nous avons décidé dans le prolongement de celui-ci d'adopter comme fil conducteur "la séparation". Par groupe de trois ou quatre, nous devions mettre ce thème en scène pour 3 sketchs de quelques minutes. Les trois improvisations que nous avons enchaînées ont bien fonctionné : dans la première, nous étions des parachutistes professionnels qui sautions d'un avion pour réaliser des figures de saut lors d'un concours, nous nous séparions, nous nous reformions et à la suite du ratage de l'un des participants sur la dernière figure, arrivés au sol, nous avions une dispute ; dans la deuxième, deux soeurs siamoises arrivaient pour une petite infection dans la salle d'opérations d'un chirurgien ivre qui les séparait par erreur, elles en concevaient une grande tristesse et colère ; enfin dans la dernière, un homme et une femme venaient se marier à l'église mais une violente dispute éclatait entre eux car l'homme ne cessait de communiquer avec sa mère possessive et la jeune femme, excédée, se mettait en rage, ce qui provoquait leur séparation juste devant l'autel.</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Les progrès étaient très nets pour tous les groupes en comparaison de la première journée. L'occupation de l'espace s'était améliorée, nous jouions en fonction des spectateurs, nous étions plus réalistes et convaincants dans les rôles. Les gestes étaient plus précis, les situations s'étaient simplifiées, certains ont mobilisé les apprentissages acquis, quelques claques ont volé, nous avons ouvert des portes imaginaires, nous nous sommes assis dans un bar pour prendre un verre.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Le métier d'acteur m'a toujours fasciné. L'expérience m'a démontré que j'étais plutôt moyen dans cet exercice, mais il s'agissait de théâtre d'improvisation et je ne suis pas un instinctif, capable en quelques secondes de puiser en soi les sensations, les sentiments à fleur de peau pour les restituer aux autres. L'acte de jouer devant les autres permet de devenir le centre des regards, de l'attention, de faire vibrer le coeur des gens dans une communion brève, organique d'un corps avec d'autres corps. La sociologie, la psychologie ont déjà analysé l'idée laquelle un individu constitue sa personnalité en endossant de multiples rôles au cours de son existence. J'ai observé autour de moi, nous jouons, certains jouent faux, surjouent parfois leurs émotions ou souhaitent projeter des images fausses d'eux et les voilà affligés outre mesure, amoureux fous, ou doctes et cultivés alors qu'ils sont creux. </span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Je suis convaincu que le fait de jouer sur scène nous permet aussi d'endosser un court instant des désirs inconscients en nous, de les assumer brièvement, que cet acte peut avoir un effet catharsis. Nous sommes transpercés par le désir d'être un autre, foudroyés par l'envie de se transfigurer, de capter en nous ce que nous croyons percevoir chez nos amis, chez les étrangers, être plus libre, plus passionné, plus réfléchi, plus instinctif, plus puissant, plus sage, ce "toujours plus" d'une essence singulière que nous enrageons de ne pas avoir au fond de nous. Devenir un jeune de quartier, adopter leur ton impertinent, malpoli est un moyen d'échapper un court instant au processus de l'éducation auquel nous avons été soumis, de transgresser les règles patiemment élaborés par la société. Se changer en maquereau, en prostituée comme ce fut le cas pour certains pendant le stage nous renvoie à notre part animale, brutale, sexuelle, nous portons ce masque un court instant pour pouvoir dompter cette part obscure en nous, y faire face alors que nous en avons peur, que nous la fuyons au quotidien. L'identité est par nature plurielle, nous avons mille désirs qui affleurent à tout moment, souvent contradictoires, la publicité, la télévision, les magazines ne cesent de nous tendre de nouveaux miroirs de la tentation ; la vie est un éternel devenir, une transfiguration d'un personnage à un autre. Ce fait des sociétés modernes a été profondément combattu par les sociétés traditionnelles religieuses, en particulier monothéistes. Pour ces religions, l'homme est un, indivisible, reflet de Dieu sur terre, soumis à lui. Le théâtre a été interdit à Genève par les protestants calvinistes car il menace l'ordre social, détourne l'homme de Dieu, le distrait inutilement, Molière a dû combattre toute sa vie l'Église catholique et les dévots, le théâtre a très mauvaise presse dans les sociétés islamisées. Les croyants rejettent la possibilité de la plasticité humaine au profit du mythe d'un homme invariable dont les besoins, les pensées sont dictés par un être transcendant. Or l'homme est une explosion des possibles que le scène permet d'incarner avec toutes ses dimensions, le rire, la communion, la tristesse, l'absurde, etc ... Jouer un court instant l'autre pour apprendre à devenir soi. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<br />
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-33717277256107651442013-02-07T13:43:00.000+12:002013-02-22T19:53:26.927+12:00En bonne compagnie dans le Pacifique (1)<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">"La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus"</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial; font-size: xx-small;">Shakespeare - Macbeth</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Depuis longtemps je rêvais de participer à un stage de théâtre, de tenter une expérience d'acteur. Voilà mon rêve exaucé avec la troupe " Pacifique et Compagnie" de Nouméa, qui séjourne chaque année sur l'île pour y réaliser des</span> <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">actions en faveur de la promotion de spectacles théâtraux, en particulier auprès des jeunes et des écoles.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><strong>Première journée</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span> </div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous avons été convoqués un dimanche en fin d'après-midi dans la cour du lycée par Café Falé, association dynamique de Wallis qui a pour but de promouvoir la lecture et l'ouverture culturelle du territoire de Wallis-et-Futuna. C'est elle qui se charge chaque année d'accueillir les membres de la troupe "Pacifique et Compagnie", de les héberger, de préparer leur programme d'intervention. Le (la?) metteur en scène Isabelle et Steev, acteur permanent de la troupe, Wallisien d'origine, se sont présentés à nous, le stage a pu débuter.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Le rituel mis en place allait être immuable lors des journées suivantes. Nous commencions toujours par des exercices physiques, qui avaient pour but avant tout de détendre et relaxer le corps, instrument essentiel du jeu de l'acteur, puis Isabelle nous donnait de petits exercices à pratiquer sous forme de jeu et en fin de séance, nous terminions par des improvisations thématiques à 3 ou 4 en réutilisant les apprentissages acquis . </span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Après l'échauffement, nous avons formé une ronde et nous nous sommes assis. Le premier exercice consistait à se lever à tour de rôle, à dire son prénom en l'accompagnant d'une seule phrase de son choix. A mon tour, je me suis levé "Je m'appelle Erhan, je déteste le théâtre" , je me suis rassis. Deuxième exercice, nous nous sommes disposés derrière une ligne, même punition, il fallait marcher jusqu'à une petite distance du groupe et répéter la même phrase face à celui-ci. C'est devenu amusant et instructif à partir du moment où Isabelle a demandé à n'importe qui d'aller dire sa propre phrase mais en adoptant la démarche, les attitudes, les mimiques et l'expression d'un autre qu'il s'agissait de reconnaître. Nous avons effectivement à chaque fois reconnu chacune des personnes. Vous en avez toujours rêvé, comment devenir moi ? Steev s'est levé, il a roulé des épaules, il a dit sa phrase avec un sourire aux coin des lèvres et un léger mouvement de tête en conclusion, c'était moi, tout le monde s'est marré ... Nouvelle activité, il fallait venir dire ces mots d'une manière totalement neutre, sans expressivité, aucun mouvement du corps parasite, aucune de nos mimiques habituelles. Chassez le naturel, il revient au galop, j'ai continué à hennir en bougeant légèrement la tête à la fin de chaque intervention, mouvement qui était à chaque fois totalement inconscient, imperceptible en ce qui me concerne ... Enfin, Isabelle nous a demandé de dire une phrase sur un ton différent à chaque fois, colère, angoisse, tristesse, etc ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;">La première improvisation avait pour thème "Passer de la tristesse à la gaieté (ou inversement)", nous devions inventer une situation qui passait d'un sentiment à l'autre. Avec les deux autres compères, nous avions choisi une scène où le maire d'un petit village rendait un hommage aux soldats morts du village lors d'une cérémonie, puis il se retrouvait avec ses amis dans un bar pour faire des vannes, dire qu'il était excédé de faire le guignol lors des célébrations, que la guerre avait eu lieu il y a un siècle, que tout le monde s'en foutait, ... L'improvisation fut mauvaise, à l'instar de celle des autres, nous avions des problèmes de placement sur la scène, le scénario était mal ficelé, notre voix ne portait pas assez, et beaucoup d'autres détails qui ne collaient pas. Seule exception notable au milieu des tentatives avortées, un groupe avait imaginé le scénario de deux veuves se rendant dans le cabinet d'un notaire. L'une était la maîtresse et l'autre la femme officielle du défunt, toutes les deux affligées, en larmes apprenaient qu'elles en héritaient, mais le notaire mettait en jeu chaque part de l'héritage sous forme de jeu télévisé de questions-réponses et elles devenaient de vraies harpies pour essayer de capter les biens successifs. J'avais le vague sentiment d'avoir déjà vu ce principe d'une scène de la vie quotidienne basculant subitement en jeu télévisé, mais peu importe, l'improvisation réelle n'existe pas, nous nous servons toujours de notre mémoire en décalant des scènes lues, vues ou entendues au cinéma, à la télévision, autour de nous. L'idée de départ simple, loufoque et efficace entraînait le reste. </span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">La deuxième improvisation m'a moins plu. Nous nous sommes mis en ronde, nous avons inventé une histoire, chacun devait créer une partie en quelques phrases puis passer le relais à son voisin. Elle est devenue d'une complexité incroyable, confuse, saugrenue car chacun y rajoutait des éléments extraordinaires, animaux qui surgissaient sur scène, personnages nouveaux, lieux qui changeaient en permanence. Nous avons du réinterpréter ce scénario par groupe de 5-6 personnes ; l'histoire ne parlait sans doute à personne, il faut un minimum de conviction pour interpréter, personne n'a fait d'étincelles.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><strong>Deuxième journée</strong></span><br />
<strong><span style="font-family: Arial;"></span></strong><br />
<span style="font-family: Arial;">Les quatre séances suivantes se sont déroulées en semaine, en fin d'après-midi dans une salle de classe de l'école "Sainte Thérèse de l'enfant Jésus" à Liku. Ici, l'Education Nationale est absente du cursus primaire et maternelle, qui est concédé à la mission catholique. Un laïcard pur et dur qui débarquerait à Wallis, ennemi intime du goupillon et de la soutane ferait des bonds insensés, pousserait sans cesse des cris d'orfraie face aux atteintes à la laïcité sur ce territoire d'Océanie. Sur une étagère de la pièce, collés sur quelques étagères, les dessins d'enfant du scénario le plus célèbre de l'Histoire puisqu'il la divise en deux. </span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-vO0MzYvG1aM/URMeW9WipRI/AAAAAAAAAcQ/tCfK0nE6_10/s1600/Passion.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-vO0MzYvG1aM/URMeW9WipRI/AAAAAAAAAcQ/tCfK0nE6_10/s400/Passion.JPG" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La Passion</span></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-f7LjEhOJ8n8/URMg57_udaI/AAAAAAAAAco/PqMA5YYnJ6o/s1600/Chemin+de+croix.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-f7LjEhOJ8n8/URMg57_udaI/AAAAAAAAAco/PqMA5YYnJ6o/s400/Chemin+de+croix.JPG" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On a toujours besoin d'un(e) ami(e)</span></div>
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les intervenants étaient très bons. Steev dynamisait l'ensemble grâce à des exercices de relaxation amusants, il participait à certaines improvisations, il avait une grande présence physique, beaucoup d'imagination et son expérience </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">boostait toujours le groupe. Isabelle avait une large palette de jeux à proposer, elle a su mener une progression pédagogique raisonnée tout au long de la semaine et elle savait capter lors de ses interventions l'attention de l'ensemble des participants.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Lors de cette séance, elle nous a donné quelques rudiments sur l'art du mime, l'importance du point fixe pour donner l'illusion de l'existence de l'invisible. L'improvisation la plus marquante de la journée tenait du principe célèbre du "téléphone arabe". Nous étions divisés en deux groupes, celui qui restait dans la salle inventait une histoire. Nous avons fait venir par la suite progressivement les personnes restées à l'extérieur. L'histoire inventée était mimée, le spectateur devait commenter la scène, donner un sens à ce qu'il voyait, puis il se transformait en acteur à son tour et devait reproduire la scène pour le suivant. Il était à la fois aussi amusant de commenter puis de mimer que de faire partie du groupe qui avait imaginé le scénario, car on se rendait compte des décalages, des ruptures quelquefois subtiles, parfois brutales qui pouvaient s'opérer d'un acteur à l'autre.</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Avant de repartir, j'ai regardé la scène de la crucifixion sur les murs de la salle. Le Nouveau Testament nous est parvenu à partir de témoignages directs, puis de souvenirs de témoignages, puis de reconstructions de scribes : quelle est la part de vérité, quelle est la part inventée de cette étrange pièce de théâtre ? </span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><strong>Troisième journée</strong></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Jeu le plus marquant proposé lors de la troisième journée : sculpter le corps d'un autre participant qui devait rester inerte, les membres souples et fermes à la fois, pour lui donner l'expression que l'on souhaitait qu'il transmette au niveau du corps et du visage, surprise, joie, fureur, ... Isabelle nous a enseigné ensuite l'action mimée de boire un verre, la nécessité de détacher les gestes avec réalisme, d'exécuter le mouvement de manière très précise sans oublier aucune phase.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Exercice d'improvisation suivant : elle nous a demandé de marcher dans la salle au hasard et de nous mettre dans la peau d'un personnage, si possible éloigné de ce que nous sommes. Il a fallu lentement l'intégrer mentalement dans nos pensées, lui trouver un prénom pour se fondre petit à petit en lui, puis l'intégrer dans nos déplacements et enfin poser notre voix dans le personnage. Sculpture de la pensée, de l'allure, de la voix pour devenir un autre.</span><br />
<span style="font-family: Arial;">En qui me suis-je transformé? Au début, je voulais me mettre dans la peau d'un jeune de quartier défavorisé. Je me suis rendu compte au cours des déplacements qu'une personne avait eu la même idée puisqu'elle abordait les gens en disant "Putain, qu'est-ce que tu m'veux toi", hop hop j'ai changé de fusil d'épaule en quelques fractions de seconde pour éviter le doublon, je me suis transformé en boxeur prénommé Ricky, champion du monde de shadow-boxing. Kezaco ? C'est la discipline de "la boxe de l'ombre", qui consiste à boxer dans le vide en s'imaginant avec un adversaire devant soi. J'étais agile et souple, affûté et à l'aguet sur le ring, hop hop un direct, hop hop une esquive, hop hop un uppercut ... J'étais à fond dedans, dommage qu'aucune fédération de boxe ne crée une telle catégorie, alors qu'il y en a trois ou quatre à ma connaissance au niveau international ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Nous devions aller sur scène à tour de rôle pour présenter la personne que nous étions devenus. La transformation opérée n'est jamais le fruit du hasard, elle mobilise des choses profondes de notre passé, conscientes ou secrètes en nous, j'avais choisi dans un premier temps de faire le jeune impertinent du quartier car c'était un rôle facile en ce qui me concerne puisque j'ai grandi au milieu d'eux, que je les ai observé, que je pouvais très facilement reproduire leurs attitudes, leur morgue, leur phrasé. J'aime beaucoup le sport, j'ai regardé de nombreux combats, je me suis passionné à un moment donné pour l'histoire de ce sport, j'ai pratiqué la boxe anglaise deux fois mais j'étais un vrai bouffon sur le ring lors des assauts, je ne pouvais être qu'un clown-boxeur. Sur une quinzaine de participants, il s'est trouvé deux femmes et un homme qui ont régressé pour jouer au petit enfant en bas âge. Il y a toujours un enfant qui sommeille en nous, nostalgique du royaume perdu des commencements, nous serions prêts à troquer la liberté que nous avons contre la sécurité et l'insouciance de la prime enfance. L'une des deux Wallisiennes qui participait au stage a joué à la "bonne soeur". C'est une image du quotidien pour les Wallisiens puisqu' il existe une congrégation de soeurs religieuses à Wallis, une famille est très honoré lorsque l'une de ses enfants choisit pour son avenir le couvent.</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Ai-je réussi à sculpter mon corps, ma voix ? Chassez le naturel, il revient au triple galop, j'ai continué à hennir puisque de temps en temps les inflexions de la voix grave que je souhaitais adopter en tant que boxeur se lézardait, se transperçait pour faire place à mes intonations naturelles, un peu moins ... burnées ;-)</span><br />
<span style="font-family: Arial;">La dernière improvisation consistait à mettre en relation trois personnages, je me suis retrouvé avec une femme enceinte et un garagiste. Le scénario n'a pas du tout fonctionné dans notre groupe, nous étions convenus d'une histoire mais l'un des personnages s'en est écarté, a refusé toutes les propositions de jeu, ce qu'il ne faut jamais faire. Il y avait un manque criant de communication, la scène a fait flop, comme un flan ;-)</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Pour le lendemain, Isabelle nous a demandé de venir avec des accessoires pour incarner un personnage qui serait l'opposé de celui que nous venions d'interpréter. Quel personnage pouvais-je interpréter, me suis-je dit ? ...</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial;">. /..</span></div>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-50717351656870026302013-01-29T19:54:00.001+12:002016-05-28T21:25:24.950+12:00Strasbourg-Vienne à vélo : La conquête de Vienne (2)<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>Florilège des tableaux de Vienne (suite ...)</b></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-ogTfqXdbVcs/UPpadYrplbI/AAAAAAAAAbM/vVxAv0RJAyk/s1600/rubens2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-ogTfqXdbVcs/UPpadYrplbI/AAAAAAAAAbM/vVxAv0RJAyk/s400/rubens2.jpg" width="186" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Rubens
– La Petite Pelisse</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Rubens,
encore, au Kunsthistorisches Museum, autant à l'aise dans un
portrait érotique que dans </span><a href="http://erhanawallis.blogspot.fr/2012/01/strasbourg-vienne-velo-munich.html"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">une scène de chasse ou la mort d'un vieil homme</span></a><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">. Voici devant vous sa deuxième femme qui pose, Hélène
Fourment, qu'il a épousé quelques huit années plus tôt alors
qu'elle était âgée de seize ans. Près de trente-sept années les
séparent, le peintre deux années avant sa mort en 1640 pose un regard
enfiévré d'amour torride, non rassasié sur cette femme, mère de quatre de ses enfants. Portrait qui n'avait
sans nul doute aucune vocation à être exposé, vous pénétrez dans
le secret intime, dans l'alcôve des époux. Elle semble surprise par un inconnu
au pied du lit le matin ou au moment de se coucher, elle serre de la main gauche sa chemise de
nuit enroulée en hâte autour de son bras et de sa hanche, elle enfile rapidement
le premier vêtement qui soit là ; il s'agit par le plus grand des
hasards ... d'une fourrure, objet érotique par excellence, exprimant
par sa seule présence l'animalité présente au coeur de l'érotisme ; cette pelisse la recouvre à peine. Elle est surprise mais son
geste de pudeur pour couvrir ses seins de sa main droite ne fait que les relever,
les offrir davantage à votre vue et celle du peintre-voyeur, anti-Tartuffe par excellence "Couvrez ces seins que je puisse les voir" ;-) </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Rubens exprime
un contraste saisissant entre la fourrure noire, crue, figure allégorique du sexe féminin cachée à la vue, le rouge
couleur passion du tapis qui révèle la puissance de ses instincts, de sa
passion brûlante, dévorante et la délicatesse de la chair blanche, rosée de sa femme, la finesse de la chevelure ondulée d'une blondeur vénitienne entourée de rubans blancs. Toute la
scène est baignée d'une lumière intimiste, le corps d'Hélène émerge
nettement du fond uni, sombre. Il est difficile de déterminer la
signification de son regard : Coquine ? Fière ? Timide ?
Confiante ? Il est en tout cas baigné d'une douce lueur.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Comme
dans le portrait de la mort de Sénèque, il n'ignore rien de la
vérité de la chair, son pinceau est d'un grand réalisme, vous
devinez des cuisses amples ainsi qu'un ventre légèrement proéminent marquée par les maternités successives, on
entrevoit des affaissements de la peau autour des côtes, autant
d'éléments que l'on ferait disparaître discrètement de nos jours
avec un petit logiciel de retouche s'il s'agissait d'une photo. Ces légers défauts par rapport à l'image </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">contemporaine d'une perfection féminine dans la société occidentale ne
donnent que plus de valeur au portrait ancré dans une réalité quotidienne, celui d'une femme à la beauté naturelle simplement mis en valeur par quelques objets et le jeu subtil des couleurs. Vous
avez surpris le regard fou désirant d'un vieil homme épris de
sensualité, de beauté, de vérité sur sa jeune femme aimante, qui
le contemple généreusement en retour ; ces regards transcendent la disparition matérielle de leurs corps, traversent à la vitesse du clignement d'un cil les siècles, vous
devenez leur complice à travers le mur invincible du temps. Merci à Rubens.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-LjYFJ-odulw/UPpa5tONOLI/AAAAAAAAAbg/xtojjTmoNpA/s1600/Klimt-vie-et-mort%255B1%255D.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="361" src="https://3.bp.blogspot.com/-LjYFJ-odulw/UPpa5tONOLI/AAAAAAAAAbg/xtojjTmoNpA/s400/Klimt-vie-et-mort%255B1%255D.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Klimt
– Vie et Mort</span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je me souviens avoir été stupéfait devant la beauté de ce tableau de Klimt découvert en 2004, totalement inconnu de moi, même en reproduction. Premier choc, celui des couleurs, des formes avec la silhouette malingre de la Mort plongée dans des teintes obscures, froides, noire et bleue, ornée de formes tels que rectangles et surtout croix en profusion (critique d'une religion chrétienne mortifère?) tandis qu'en face de lui la Vie déborde d'un enchevêtrement de corps, d'une abondance de chairs, de courbes gracieuses dans une symphonie enchanteresse de couleurs très vives, chaudes tels que l'orange et le rose, que des motifs d'une grande variété verts, bleus, blancs viennent compléter. La Mort est représentée sous la forme traditionnelle du squelette, le crâne humain émerge du costume qui le recouvre, il tient dans les mains une massue avec laquelle il va étourdir les vivants. C'est un cliché que de le représenter sous cette forme, il faut une grande maîtrise pour manier les poncifs dans un chef d'oeuvre, Klimt justement possède cette grande assurance ; il s'agit d'une oeuvre testament qu'il ne cesse de travailler vers la fin de sa vie, il en existe plusieurs versions. </span></div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La Mort est dans une attitude figée, son visage aux orbites creuses est le premier point fixe de focalisation de la scène, hypnotisant pour certains, alors qu'un mouvement d'ondes, de corps vibrants parcourt la Vie, bien qu'au centre de celle-ci, deuxième point fixe plus discret, une vieille femme à la coiffe bleue, reflet des couleurs mortelles, et aux traits sévères semble dans une attitude de prière avec les mains jointes, peut-être parce qu'elle se sait au seuil du grand passage. Je voyais la figure de la mère dans cette vieille dame lorsque j'ai vu le tableau une deuxième fois en 2010. Elle est la figure nodale d'une véritable ronde de personnages qui s'organise autour de sa prière muette. "Les Trois Âges de la Vie", titre d'un autre tableau de Klimt beaucoup plus pessimiste, sont ici représentés puisqu'un enfant de sexe masculin trône au dessus de la femme âgée, que viennent compléter dans un tourbillon érotique, un élan vital les chairs à nu, les figures de six autres femmes et d'un homme musculeux. Les visages de deux personnages sont cachées au bas de la composition ; tous évitent de regarder la Mort sauf, étrangement, une femme en haut à gauche qui le scrute fixement, avec une lueur intense de défi dans les yeux et un sourire voluptueux aux lèvres.</span></div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La Vie est un déchaînement de passions, un véritable geyser de couleurs bigarrées, vives, intenses, harmonieuses. La Vie l'emporte car elle occupe la moitié du tableau. Au centre de l'ardeur vitale, le sentiment amoureux est la force organisatrice qui entraîne les êtres humains, avec une place centrale pour les femmes selon Klimt . La clé ultime de ce désir de volupté charnelle, de cette parade d'amour est le désir d'enfantement avec ces deux femmes qui tendent l'enfant à notre regard, qui ont une douceur extatique dans le visage . Nous nous laissons entraîner dans cette course éperdue de l'amour, même si parfois le désir de l'autre peut nous accabler comme semblent l'être les personnages prostrés l'un sur l'autre. La Mort est présente à chacun de nos pas, c'est elle qui donne un sens à notre existence, qui fonde le désir de procréation, du désir de continuité au centre de notre être ; la vieille dame est déjà liée à elle, elle a peut-être déjà été étourdie par sa massue, mais elle a sans doute assuré sa descendance ; Eros et Thanatos représentent les deux pôles ultimes de notre existence comme l'analyse Freud non loin de là à Vienne, mais autant se voiler la face devant le néant, sa contemplation, son attente ne sauraient guider nos existences. N'ayez pas peur de la chair décomposée, de la Mort au crâne blafard, ne vous en préoccupez pas, elle viendra en son heure, inconnue de vous, ouvrez vos yeux devant cette toile, laissez-vous captiver par la beauté vivante, colorée du monde, par l'éternel ballet du désir humain, source de votre affliction, source de vos battements de coeur effrénés. Et même, osez défier la Mort, souriez-lui sans crainte, séduisez-la, peut-être qu'elle vous sourira en retour ;-)</span></div>
<div align="justify" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-AjMdt_rNA8Y/UPpbmbv84xI/AAAAAAAAAbo/NZ54TU6NLiQ/s1600/famille_1918%255B1%255D.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="375" src="https://1.bp.blogspot.com/-AjMdt_rNA8Y/UPpbmbv84xI/AAAAAAAAAbo/NZ54TU6NLiQ/s400/famille_1918%255B1%255D.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<title></title><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Schiele
– La Famille</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Autre gloire du début du vingtième siècle à Vienne à côté de Klimt, Schiele peint ce tableau quelques mois avant sa mort en 1918 en l'intitulant "Couple accroupi". Au cours de la composition, il apprend que sa femme est enceinte, il rajoute la figure de l'enfant à naître entre les jambes de la figure féminine sur la toile. Celui-ci ne verra jamais le jour puisque sa femme Edith meurt de la grippe espagnole qui ravage l'Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale et qu'il est lui-même emporté par la maladie trois jours après. Le titre de "La Famille" s'impose lentement pour désigner ce tableau très expressif, qui par son inachèvement même marque l'esprit. Dominant la composition, Schiele se peint en position accroupie avec une jambe gauche qui semble décalée par rapport à une reproduction réelle. Comme d'habitude dans beaucoup de ses portraits, les mains occupent une place primordiale, ici sa main droite est brandie devant son torse comme pour affirmer sa puissance de peintre tandis que sa main gauche tentaculaire repose sur son genou. La femme a une expression triste et abattue, sa tête est tournée dans une autre direction que celle du peintre qui nous fixe droit dans les yeux. L'enfant est une esquisse pâle, embryonnaire, seules émergent véritablement ses mains, échos miniatures, fantasmées de celles du père-peintre ainsi que son visage avec un regard perdu vers sa gauche, à l'instar de sa mère. L'arrière plan d'une teinte froide où prédomine le brun et vert foncé contribue à détacher la couleur chair des personnages.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La tonalité dominante est donc la tristesse. Toutefois, un tableau s'apprécie aussi dans l'histoire d'un peintre, et Schiele commence à s'extraire de la tourmente, de la violence hallucinée de ses premières toiles. Les femmes y étaient représentées seules, sous des formes minces aux arêtes saillantes, dans des poses suggestives d'une sensualité débridée. Il se représentait aussi dans des autoportraits inquiétants, dérangeants, à la solitude extrême, comme dans un miroir déformant, et l'on sentait un effroi dans son regard, une douleur sauvage, prête à exploser à tout moment. Ici, la chair n'est pas encore apaisée, elle est morne, mais les formes deviennent plus charnues, plus voluptueuses que quelques années auparavant. La majorité des toiles exposées au Belvédère marque cette progression vers une vision plus sereine du peintre. Le bonheur tranquille conjugal ne semble pas encore le combler, le remplir de joie, mais il n'est plus seul dans les portraits, il est désormais en relation avec le monde aux alentours. Il semble résigné à accepter son sort, il se détache progressivement de la tourmente, du cri de sauvagerie, de révolte de ses débuts, il essaie d'avoir une meilleure prise sur le monde ou peut-être plutôt de lâcher enfin prise, d'échapper à la colère intérieure, à la crispation, à la rage ... Son énergie se canalise, sa peinture y gagne en signification, en profondeur spirituelle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Comme Klimt, son aîné avec qui il entretiendra une relation de respect, de fascination, de rivalité et d'influence réciproque, il nous suggère aussi que la question de la possible procréation, de l'engendrement est centrale dans la sexualité. La réponse de Schiele est empreinte d'une plus grande mélancolie, de doute mais elle est touchante, elle porte une profonde réflexion sur la paternité, à travers la figure délicate de cet enfant au visage de Pierrot lunaire, aux mains prêtes à perpétuer le désir artistique viscéral de son procréateur, ainsi qu' une méditation par rapport au sens de la Vie, sur les liens hélas trop fragiles entre les êtres voués à la solitude malgré le désir sexuel qui les porte l'un vers l'autre. Vers quels chemins allait-il s'orienter, vers quel pôle de l'existence allait-il se tourner, joie ou tristesse ? Allait-il saisir le monde à bras le corps, l'étreindre avec effusion ou se battre sans cesse contre la société et lui-même ? La Mort, armée de sa massue, allait le frapper, ainsi que sa femme et leur enfant à naître, avant qu'il ne puisse donner une réponse définitive ...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b> Apostrophe finale au bonheur</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nous avons continué notre visite dans la Vienne éternelle, nous avons retrouvé la cathédrale Saint Etienne, refait le tour du Ring, admiré à nouveau ses jardins, ses édifices ... Le dernier jour, nous nous sommes rendus dans une serre vivement conseillée dans le guide qui évoquait un royaume féerique. Déception dans la petite Schmetterlinghaus du Burggarten, quelques trop rares espèces de papillons voltigeaient dans l'ambiance étouffante d'une petite serre tropicale.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-V_D2is9PlLY/UPpcI4IpIvI/AAAAAAAAAbw/weSUZsoJY3Q/s1600/Papillon.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="300" src="https://2.bp.blogspot.com/-V_D2is9PlLY/UPpcI4IpIvI/AAAAAAAAAbw/weSUZsoJY3Q/s400/Papillon.JPG" width="400" /></span></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Papillon dans sa maison</span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="justify" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nous avons roulé de Strasbourg à Vienne, pendant que la Terre poursuivait sa course échevelée dans l'espace. La lumière du jour, miraculeuse, enchanteresse chaque matin nous saluait, chaque soir tirait sa révérence. Nous nous projetions vers l'avant, à la quête de la tanière du Soleil mais les particules lumineuses sans cesse s'évaporaient. Où est, où est le Soleil, me disais-je, affligé, le cœur supplicié, où a-t-il disparu ? Un jour, au milieu de la nuit, à Salzbourg, je m'éveillais, j'ai vu, </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">ce que d'autres simplement ont cru voir,</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> dans une transe mystique, que le Soleil dansait en nous.</span></div>
<div align="justify" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="justify" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Rémy ouvrait, fendait la route devant moi, intrépide, affrontant avec persévérance le vent ou la pluie tenace, Grr Grr Grr l'air craintif s'effaçait devant le colosse ; je prenais place derrière lui, aspiré par la trace rassurante, éblouissante qu'il laissait derrière lui. Nos pieds courraient, glissaient, battaient frénétiquement le long des pédaliers, dans une ronde synchronisée sans cesse renouvelée. Nos pieds tournoyaient à l'infini, s'envolaient comme des ailes ivres dans la beauté des routes tandis que les papillons aux couleurs tranchantes nous accompagnaient. Nos cœurs Tam Tam résonnaient comme des tambours dans la douceur des jours. Parfois j'essayais de le dépasser, je me rapprochais de lui, nos cœurs s'accéléraient, nos souffles s'emmêlaient le temps d'une lutte amicale, il était vainqueur le plus souvent, je le dépassais quelquefois, puis je revenais prendre ma place dévolue dans son ombre. </span></div>
<div align="justify" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nous avons traversé des voies asphaltés, emprunté des chemins de traverse, dormi dans des champs de blé et des près verdoyants. Tout à coup le Bonheur a filé devant nous ...</span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. </span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer. </span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer. </span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.</span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer. </span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">De pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer. </span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Saute par-dessus la haie, cours-y vite. Il a filé !</span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">(Paul Fort)</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Nous avions tout prévu puisqu'au au lieu de courir, un soir, nous avons rattrapé vers Salzbourg le Bonheur à vélo, Rémy l'a étreint de ses deux mains puissantes, tentaculaires, l'a tendu vers moi, je l'ai assis sur mes genoux. _ Et je l'ai trouvé suave. _ Et je l'ai remercié.</span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Tout au long du périple, dans les descentes, une légère boule d'angoisse me contractait les muscles, me serrait les dents, me chiffonnait le bas-ventre. Tout mon esprit luttait mais l'idée, lancinante, implacable, inexorable s'immisçait en moi, se déployait dans mon corps, m'intimait l'ordre de ralentir "Et si je tombais, et si je tombais, et si je tombais ?" ...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Rémy m'aurait relevé.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-_OBILRUXebs/UPpcf8CbKcI/AAAAAAAAAb4/4eGLMCDeJ2Q/s1600/R%25C3%25A9my.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="300" src="https://4.bp.blogspot.com/-_OBILRUXebs/UPpcf8CbKcI/AAAAAAAAAb4/4eGLMCDeJ2Q/s400/R%25C3%25A9my.JPG" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<title></title><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Un
ami XXL ;-)</span>
</div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-4482009000896937140.post-88482129489886148002013-01-20T16:03:00.000+12:002013-08-17T10:40:38.473+12:00Strasbourg-Vienne à vélo : La conquête de Vienne (1)<br />
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: right;">
<span style="font-size: xx-small;">"<span class="french">Car, s'ils tombent, l'un relève son compagnon; mais malheur à
celui</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: right;">
<span style="font-size: xx-small;"><span class="french">qui est seul</span></span><span class="french"><span style="font-size: xx-small;"> et qui tombe, sans avoir un compagnon pour le relever!"</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: right;">
<span class="french"><span style="font-size: xx-small;">L'Ecclésiaste</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Entrée
triomphale à Vienne</b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nous
voici enfin aux portes de Vienne. J'ai des ancêtres ottomans qui
campèrent devant cette ville en 1529 et 1683, sièges qui marquèrent l'apogée
et le début du déclin de leur avancée sur les terres européennes.
Ils voulurent y entrer par la force, avec moult canons, creusement de
galeries souterraines, charges de cavalerie effrénées, féroces,
marées d'hommes s'emmêlant dans la crainte, l'épouvante au milieu
d'explosions de mitraille, de cris de guerre enragés, des
percussions des fanfares militaires qui leur semblaient résonner
comme leur propre coeur affolé. Fatale erreur ; bien plus malin qu'eux,
instruit par l'échec de leur entreprise, je choisis la voie de la
joie et de l'amitié, dans la sérénité d'un début d'après-midi
ensoleillé. Nous choisîmes une voie située le long du Danube
tandis que sur une tour immense, démesurée, un jeune garde du nom
de Ludwig scrutait les horizons, veillait à vérifier
scrupuleusement les personnes aspirant à
s'introduire dans la ville. Ludwig parla en allemand avec un accent
autrichien, mon ami lui répondit dans cette langue avec un accent
alsacien, ils se comprirent …</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ludwig
: Qui va là ? Déclinez votre identité !</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Rémy
: Salü bisamme, che m'appelle Rémy, che suis alsacien. Kein
problem, che suis afec un ami, c'est Erhan.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ludwig
: Si c'est un ami, il peut passer.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A
l'énoncé du mot magique de l'amitié, ouvre-toi Sésame, la porte
s'entrebâilla devant nous. Dans l'ombre immense de Rémy, je me
faufilais dans le ville ...</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-Jd9NiaaF9bE/UPpX5qERbSI/AAAAAAAAAag/ArQe2F97ZKg/s1600/Panneau+Vienne.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="300" src="http://2.bp.blogspot.com/-Jd9NiaaF9bE/UPpX5qERbSI/AAAAAAAAAag/ArQe2F97ZKg/s400/Panneau+Vienne.JPG" width="400" /></span></a></div>
<div style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; text-align: center;">
<title></title>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le
conquérant de Wien</span></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'étais
très fier du chemin accompli. J'arrivais dans la capitale
autrichienne avec un sentiment d'orgueil, j'avais réussi à suivre
Rémy, à me mettre à son niveau. J'avais l'impression en effectuant
ce voyage de Strasbourg à Vienne d'avoir accompli un exploit digne
de figurer dans les livres de record, tandis que pour Rémy ce
périple n'était qu'une simple routine ; il avait déjà traversé
deux continents à vélo, seul le plus souvent, affronté des chemins
isolés, quasi impraticables, éloignés de toute civilisation, au
milieu de la neige en abondance ou de tourbillons de vents
impressionnants. Tout est relatif …</span></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ce
sentiment de fierté se doubla d'un moment de gloire intense
confinant au sublime, à l'extase, très peu de temps avant d'arriver
en ville. Nous étions encore à une dizaine de kilomètres de la
destination finale, Rémy était incapable de s'orienter sur la
carte, à déterminer précisément le lieu où nous nous trouvions.
Nous nous arrêtons à deux reprises, il cherche vainement la
localité de « Klosterneuburg ». Je suis intrigué, il
s'agit d'une direction indiqué depuis belle lurette sur des panneaux
indicateurs le long de la route cyclable, je doute qu'une ville de
cette importance soit absent du plan qu'il consulte. Nous nous
arrêtons une troisième fois, Rémy m'assure encore qu'elle n'est
pas sur la carte. Je m'empare de celle-ci, je cherche la ville au
nord-est (traduction dans ma tête, en haut à gauche,
comme Strasbourg en France …) et en quelques secondes, je repère
« Klosterneuburg » qui s'étale en caractères de police
à peine moins grands que « Wien ». Je pointe du doigt la
localité, alors qu'un sourire, quasi impalpable au début, ne cesse
de s'élargir sur mon visage. Vexé, il prétend qu'en fait, il
recherchait une inscription beaucoup plus petite que celle-ci. Tss
Tss Tss, bien tenté, cher ami, mais on me la fait pas … Moi,
petite limace incapable de savoir en règle générale s'il faut
tourner à droite ou à gauche, je donnais une leçon au grand maître Il avait un très grave problème d'orientation que moi seul
avais été en mesure de résoudre. Sans ma présence d'esprit, ma
clairvoyance, nous serions à l'heure actuelle, si je n'avais pas
énergiquement pris les affaires en main, toujours à traîner comme
des âmes errantes dans les banlieues de Vienne ;-)</span><br />
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
Hop,
hop, hop, traversée de toute la ville pour aller jusqu'au camping
sur lequel nous avions jeté notre dévolu, situé au sud.</div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
Le
soir, nous mangeons une pizza acheté dans un snack. Nous prenons
place sur une pelouse pour la déguster et au moment de repartir,
patatras, je ne retrouve plus mon portefeuille. Je l'avais délesté
au maximum avant de partir en voyage, mais il y avait tout de même
ma carte d'identité, mon permis de conduire ainsi que quarante euros
au moment de la perte. Nous faisons le chemin inverse depuis la
pelouse jusqu'au snack, dernier moment où j'ai sorti mon
portefeuille pour payer mais rien n'y fait, il est bel et bien perdu. Le
lendemain, je suis obligé d'accomplir toutes les formalités
administratives avant de commencer la visite de Vienne. Contrariétés
pénibles liées à ma distraction habituelle ...</div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
Hélas, mon
meilleur ami avait failli à sa tâche de surveillance de mes
affaires, je l'avais désigné au départ officiellement comme mon
pense-bête ;-) <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je m'étais généreusement octroyé le rôle de pense-intelligent ;-)</span></div>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<br />
Enfin
commence la principale raison de notre retour à Vienne, l'envie de
revoir les magnifiques musées de cette ville. Petit détour par un
conte avant de les visiter …<br />
<b><br /></b>
<b><br /></b>
<b>Conte
de Mevlana</b><br />
<i style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;"><br /></i>
<i style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">Un
jour, le sultan appela à son palais des peintres, venus, les uns de
Chine, les autres de Byzance pour les confronter dans leur art. Les
Chinois prétendaient être les meilleurs des artistes ; les Grecs,
de leur côté, revendiquaient la supériorité de leur art. Le
sultan les chargea de décorer d'une fresque deux murs qui se faisaient
face. Un rideau séparait les deux groupes de concurrents, qui
peignaient chacun une paroi sans savoir ce que faisaient les autres.
Les Chinois employaient toutes sortes de peintures et déployaient de
grands efforts, peignaient de magnifiques cascades, des animaux d'une
véracité incroyable. Les Grecs refusèrent de montrer leur travail,
ils se contentaient de dire au sultan intrigué « Si les
Chinois ont terminé leur fresque, nous avons fini la nôtre ».
Le sultan au bout de deux années déclara la fin de la compétition
et demanda à chacun de dévoiler son œuvre. Lorsque le rideau fut
tiré, l’on put admirer l'ouvrage des peintres chinois, toute la
cour fut ébahi par la somptueuse fresque chinoise. Puis le rideau
s'écarta, les Grecs s'étaient contentait de polir et lisser sans
relâche le mur jusqu'à ce que la fresque entière se reflète dans
le mur opposé, comme un miroir parfait. Or, tout ce que le sultan
avait vu sur le mur des Chinois semblait rehaussé dans celui des
Grecs, ils se voyaient marchant, déambulant au milieu de cette toile
vivante, reflet triomphant, exact de la vérité du mur opposé et
d'eux-mêmes.</i></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; margin-bottom: 0cm;">
<i>Le
sultan déclara les Byzantins vainqueurs.</i><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En
même temps que je me promenais dans les musées pour revoir les
tableaux que j'avais tant apprécié en 2004, je me rappelais les
découvrant pour la première fois avec Rémy, Isabelle et Candy. Je
me voyais déambulant dans ces salles, j'avais poli mon regard depuis
quelques années, mon esprit et mon cœur s'étaient aiguisés au
contact d'autres œuvres, de livres ou d'expériences de la vie, j'y
ai vu des choses que je n'avais pas perçu la première fois. Je
marchais dans mes propres pas, dans mes souvenirs ; à votre tour,
accompagnez-moi, donnez-moi la main, côté gauche, côté cœur,
montez avec moi les escaliers grandioses du Kunsthistorisches
Museum, admirez sa magnifique coupole, entrez au Leopold Museum,
attardez-vous un instant dans les jardins du Belvédère avant de
contempler ces toiles, écoutez ma voix douce, apaisée, qui vous servira d'audioguide ...</span><br />
<b style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><br /></b>
<b style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><br /></b>
<b style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">Florilège
des tableaux de Vienne</b><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-UjlqVlvu6ks/UPpYtFz8dkI/AAAAAAAAAas/tqVspUSxYlQ/s1600/Les_chasseurs_dans_la_neige_Pieter_Brueghel_l%27Ancien.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="282" src="http://4.bp.blogspot.com/-UjlqVlvu6ks/UPpYtFz8dkI/AAAAAAAAAas/tqVspUSxYlQ/s400/Les_chasseurs_dans_la_neige_Pieter_Brueghel_l%27Ancien.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"> </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">Brueghel
l'Ancien – Chasseurs dans la neige</span></div>
</div>
<div align="CENTER" style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; margin-bottom: 0cm;">
<title></title>
</div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span><br />
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Éblouissement
dans la salle des tableaux de Brueghel au Kunst dès la première
fois. On est immédiatement capté dans cette oeuvre par la difficile
avancée de ces chasseurs en haut de la colline, par la lutte qu'ils
semblent livrer aux éléments hostiles, la neige, le froid ;
quelques bruyères éplorées au premier plan viennent griffer le
regard, celui-ci s'élève verticalement le long des arbres, de leurs
branches squelettiques puis s'en va se fondre le long d'une ligne
transversale vers le ciel surplombant la scène, ainsi que les
immenses espaces montagneux enneigés à l'horizon. Le tableau est
inondé d'une puissante beauté glaciale, le blanc ainsi que la
teinte verte et blafarde du ciel, reflétée dans les lacs gelés en
contrebas prédominent dans le paysage, y introduisant ce sentiment
de froideur. Le spectateur est absorbé par un sentiment de néant,
de vertige hypnotique devant l'infini. Le tableau est sans doute une
allégorie de la mort, de l'avancée inexorable des hommes vers le
jour final ne laissant que quelques traces éphémères dans la
neige, de l'indifférence de la Nature souveraine à notre bref
passage sur terre.<br />
<br />
La
deuxième fois, mon oeil a capté plus attentivement les patineurs
s'amusant, glissant sur les grandes étendues d'eau gelé, j'ai perçu
cette fois-ci une légère nuance de joie dans leurs jeux, même
s'ils ne sont que de frêles esquisses noires ; j'ai décelé un
sentiment de solidarité dans la scène de la paysanne semblant
entraîner avec l'aide d'une corde une autre dans le coin inférieur
gauche. Brueghel est le premier à capter des scènes de vie de
paysans ; cette attention au quotidien deviendra l'apanage des
peintres hollandais. Le vaste oiseau noir planant dans le ciel
s'oppose aux autres immobiles dans les branches des arbres. Et, si la
tonalité glaciale l'emporte, les touches de couleur chaude des
maisons, du feu allumé par les paysans juste à côté, du pelage
des chiens composent un contrepoint fragile, discret qui participent
à la beauté parfaitement équilibrée du tableau. Un fil
invisible, une vibration secrète relie les hommes aux arbres, au
paysage, au ciel pour souligner la profonde unité du monde. Si
vision de mort il y a, ce n'est finalement pas celle de l'effroi,
c'est celle de la fascination apaisée devant le silence de la Nature
somptueuse, éternel vainqueur après notre mort.
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: "Courier New",Courier,monospace; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-BB0BH8a38W0/UPpZYXYgxRI/AAAAAAAAAbA/WnyzyQqTdPk/s1600/3424arcimboldo_eau.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="400" src="http://3.bp.blogspot.com/-BB0BH8a38W0/UPpZYXYgxRI/AAAAAAAAAbA/WnyzyQqTdPk/s400/3424arcimboldo_eau.jpg" width="301" /></span></a></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Arcimboldo
- L'Eau</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Arcimboldo, très connu pour ses portraits allégoriques composés de la
juxtaposition d'éléments tels que les animaux, les végétaux ou
autres objets, est un peintre italien qui se mit au service des
Habsbourg, dynastie régnante à Prague et Vienne, ce qui explique la
fabuleuse petite collection détenue par le Kunst.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L</span>es
tableaux sont des jeux intellectuels plaisants, de loin le visage
apparaît sous une forme globale, indistincte, baignant déjà dans
un halo d'étrangeté puis lorsqu'on se rapproche, les détails
commencent à se préciser, chaque partie acquiert un aspect autonome
mais chacun reste indissolublement lié aux éléments voisins car il
prend un sens par rapport à l'ensemble. Dans ce portrait de
« L'Eau » qui forment la série des quatre éléments
avec « L'Air », « La Terre » et « le
Feu », il organise le visage à partir des fruits de la pêche
et des fonds marins puisqu'on distingue clairement des poissons, des
crustacés, des serpents marins et du corail. Il peint avec une
minutie incroyable, chaque composant de la toile est reproduit avec
une précision scientifique, il travaillait en observant directement
les habitants de la mer ; les Habsbourg dépensent une fortune pour
les rapporter de Méditerranée et les mettre à disposition dans son atelier.<br />
<br />
Arcimboldo
est un peintre apprécié des surréalistes, adepte des jeux de mots
visuels, des correspondances et associations d'idées. Qu'évoque pour
vous le requin ? C'est l'animal carnassier par excellence, roi des
mers et océans ; le requin se place naturellement dans la bouche,
avec ses dents affûtées. A quoi vous fait penser un coquillage ?
Vous vous souvenez du geste que vous effectuiez enfant en le portant
à votre oreille pour y entendre le son de la mer ; le voici qui
prend donc naturellement la place de cette partie anatomique du
visage. Le corail rouge, sans doute des gorgones, sont de longs
filaments rouges qui évoque une chevelure ; Arcimboldo les place sur
la tête en forme de petite crête à l'avant. Quelle est le premier
mot que vous associez à tortue, quel est son point commun avec des
crustacés tels que crabe ou langouste ? Carapace … Ces animaux
seront disposés en vêtements protecteurs en dessous du cou. S'il
vous advient de plonger un jour, que d'aventure une raie passe, vous
admirerez, ébahi, ses vastes nageoires qui ressemblent à des ailes.
La partie la plus grande de la chair d'un visage ainsi que la plus
mobile est la joue ; le peintre se devait d'y dessiner une raie. Les
serpents de mer, comme leurs cousins terrestres, peuplent vos peurs,
se contorsionnent, ondulent, filent dans vos pensées ; les
reptiles se glissent au niveau du cou, comme des muscles mobiles permettant la
torsion de la tête.<br />
<br />
Fait
rare dans les portraits d'Arcimboldo, il s'agit d'un personnage féminin
puisqu'elle porte un collier de perles ainsi qu'une boucle d'oreille
blanche, mais seuls ces éléments permettent de déterminer le sexe
du personnage, qui sans ces ornements pourrait être asexué. Ces
parures rappellent la richesse de l'empereur auquel le tableau est
dédié. La toile dégage un sentiment de froideur, d'humidité lié
aux couleurs employées tels que les différentes nuances de
gris et brun, que quelques teintes de rouge viennent relever à l'instar de flaques de sang, comme
la langouste sur la poitrine, les gorgones ou la petite crevette
derrière l'oreille. L'abondance de ces animaux morts aux yeux
pétrifiés qui semblent vous dévisager, vous scruter lorsque vous
vous rapprochez conduit à un sentiment de malaise. Ces poissons pour
la plupart mythiques, mystérieux peuplent le fond des mers et océans ; le
travail d'Arcimboldo, peintre cérébral, est préfigurateur des analyses des profondeurs
de l'inconscient des psychologues. En nous palpite une crainte des abysses, des profondeurs infinies de l'océan dont nous sommes originaires et ces regards éteints sont comme
des voix qui murmurent en vous la plainte des regrets, immenses
gouffres du passé : Pourquoi mes parents se sont-ils séparés ?
Pourquoi ai-je renoncé à mes rêves de jeunesse ? Où sont mes
amours passées ? Questionnement toujours sans fin, sans repos ...</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div align="CENTER" lang="fr-FR" style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div lang="fr-FR" style="font-family: "Courier New",Courier,monospace; margin-bottom: 0cm; text-align: right;">
<span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">. /..</span></div>
Erhanhttp://www.blogger.com/profile/13487328522383747085noreply@blogger.com3